À Frais-Vallon, la rumeur du départ de la Poste crée angoisse et colère
Affolés par des rumeurs de fermeture du bureau de poste de Frais Vallon, habitants et syndicats se mobilisent dans la peur de perdre l'un des derniers vestiges du service public dans le quartier. La Poste dément pourtant envisager cette fermeture.
À Frais-Vallon, la rumeur du départ de la Poste crée angoisse et colère
“Bien sûr que je la signe la pétition! Vous rigolez !”, n’hésite pas une seconde une habitante de Frais-Vallon (13e) en attrapant le stylo qu’on lui tend ainsi qu’une feuille blanche en haut de laquelle est inscrit en lettres capitales : “Non à la fermeture de La Poste de Frais-Vallon !”. L’instant d’après, elle la fait passer à sa voisine qui la lui réclame.
Ce vendredi matin, le collectif Habitat et cadre de vie, qui rassemble plusieurs associations de Frais-Vallon ainsi que les syndicats CGT Fapt et Sud Solidaires PTT manifestent devant le bureau de Poste du quartier. Des rumeurs courent. La Poste réfléchirait à une éventuelle fermeture. Une date circule : “Quelqu’un qui travaille à La Poste nous a parlé du premier semestre 2018”, glisse-t-on dans une conversation. Pourtant, au service communication de La Poste PACA, on est catégorique : “la fermeture du bureau de poste Frais-Vallon n’est pas du tout à l’ordre du jour. Nous sommes en dialogue avec la mairie mais c’est pour installer un relais commerçant”, affirme Laurent Mirallès qui assure en prime que ce relais n’a pas vocation à remplacer le bureau de poste mais à offrir un service supplémentaire.
Pour les syndicats, les signes d’une fermeture prochaine sont pourtant là. “D’abord ils enlèvent la machine d’affranchissement, puis ils réduisent les horaires d’ouverture, enfin ils retirent un poste, celui de conseiller financier, énumère Frédéric Béringuier, de la CGT Poste 13. Il y a dix ans, j’ai travaillé dans ce bureau, nous étions quatre, aujourd’hui ils ne sont plus que deux. C’est la politique actuelle de La Poste, mutualiser les bureaux pour réduire les effectifs et faire des économies.” Pour Sud Solidaire, il s’agirait là d’une “reculade” de la part de La Poste. Directrice du centre social de Frais-Vallon, Andrée Antolini non plus ne croit pas cette annonce de La Poste.“Nous avons écrit une lettre au directeur du réseau de La Poste des Bouches-du-Rhône le 20 septembre. S’il n’a jamais été question de fermeture pourquoi ne nous a-t-il pas répondu pour désamorcer le truc ? Ils ont bien dû l’envisager à un moment”, s’étonne Andrée Antolini.
“N’y pense même pas!”
“La Poste on l’a, on la garde! On l’a, on la garde !”, répète comme un mantra Fatiha Ziani bientôt accompagnée d’autres riverains. Militante très mobilisée dans la vie de son quartier, Fatiha Ziani esquive la question du fondement de cette rumeur de fermeture. “Y a pas de fumée sans feu, mais de toutes façons, qu’ils n’y pensent même pas !”, lance-t-elle avant de s’adresser à l’assemblée d’habitants curieux et aux quelques journalistes présents. “Une vague de fermetures est en préparation pour le premier semestre 2018 et le bureau de Frais-Vallon serait sur la liste. Cette fermeture scellerait la désertification des services dans les quartiers socialement relégués de la ville.”
L’auditoire de Fatiha Ziani applaudit sans hésitation. Ici, tout le monde est d’accord. “On nous a enlevé Pôle emploi, la sécurité sociale, et maintenant La Poste ?! Hors de question ! On va devoir aller à la Rose, nous on est jeunes on peut le faire, mais les personnes âgées vous imaginez ?”, s’agace une mère de famille passant par là. Justement, Simone Grégorio, presque 80 ans et habitante du quartier, vient d’être mise au courant de la rumeur. Les premières secondes, l’idée la chamboule. Puis rapidement la colère prend le dessus. “Je vais aller où moi ? À Perpète-les-Olivettes ?”. Et puis, une fois les questions de logistique écartées, c’est la peur de ne plus profiter de la “gentillesse” des guichetières qui mine le veille dame.
Car La Poste fait ici peut-être un peu plus qu’ailleurs office de trait d’union entre les personnes socialement isolées et le reste de la société. Elle est un des rares services qui perdurent dans le quartier et signifie donc beaucoup. “Un lieu de rencontre et de vie”, “de retrait d’espèces pour les interdits bancaires”, “où les guichetières conseillent, aident à remplir des documents”, “où l’on peut y faire des photocopies”… Le collectif Habitat et cadre de vie a dressé une liste de paroles d’habitants au sujet de leur bureau de poste. Les fonctions qu’ils lui attribuent sont nombreuses. “Quand on travaille dans des quartiers comme ici, il faut prendre le temps d’expliquer les choses. Parfois les gens ne parlent pas bien le français alors ça peu prendre plus de temps mais ça, ce n’est pas pris en compte par la direction de La Poste”, estime Frédéric Béringuier de la CGT.
En ce jour de marché, une file d’attente grossit dans le prolongement du distributeur appartenant au bureau de Poste. Les commerçants du marché eux, ne sont pas vraiment soucieux à la vue des manifestants. “Nous c’est simple, si ce bureau ferme on ira se mettre à côté d’un autre bureau. À la Rose par exemple, envisage un jeune vendeur de chaussures. De toute façon, j’ai déjà perdu 30 % de mon chiffre d’affaire quand le café à fermé” conclut-il en montrant les stores fermés du Nautile. Après le café, la Poste ? Même s’il ne s’agit que d’une rumeur à ce jour, les habitants ne veulent pas voir l’esprit de village qu’ils ont connu disparaître avec ces fermetures.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Fermer un service public dans un quartier défavorisé c’est casser volontairement un lien social, faire fi du droit d’accès des habitants au service public .
Mais qui pense en termes de service public aujourd’hui ? les ringards ,les rêveurs , les idéalistes ? ou simplement des citoyens qui n’ont pas comme objectif la rentabilité quel qu’en soit le coût social et humain ?
Se connecter pour écrire un commentaire.