À droite, Bruno Gilles maintient le rapport de force malgré la main tendue de Martine Vassal

Actualité
par Lisa Castelly & Jean-Marie Leforestier
le 30 Mai 2020
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À trois jours du dépôt des listes pour le second tour, Martine Vassal continue les appels en direction du candidat dissident à droite Bruno Gilles et annonce le soutenir dans son secteur. Mais en dehors d'un soutien à la liste Vassal dans les 1/7, celui-ci semble décidé à maintenir sa stratégie. Un accord global entre les deux candidats paraît encore loin.

Bruno Gilles maintient sa démarche d
Bruno Gilles maintient sa démarche d'opposition à à la candidature de Martine Vassal à la mairie de Marseille.

Bruno Gilles maintient sa démarche d'opposition à à la candidature de Martine Vassal à la mairie de Marseille.

[Actualisation le 3 juin : Comme nous le pressentions, Bruno Gilles et Martine Vassal n’ont finalement pas trouvé d’accord. (Lire notre article)]

“J’espère vraiment que notre ami Bruno revienne à la raison”. Le ton se veut cordial mais le propos est ferme. À moins de trois jours de la date butoir du dépôt des listes, Martine Vassal a fait des annonces publiques en direction du candidat dissident à droite Bruno Gilles. Des mains tendues qui disent bien qu’en coulisses, le dialogue n’aboutit pas avec celui qui était jusqu’à il y a quelques mois son binôme à la tête de la fédération départementale LR. Celui-ci est en mesure de maintenir ses listes dans trois secteurs de la ville, et dans trois autres, il a dépassé les 5 %, lui permettant de fusionner avec une autre liste. La candidate doit, elle, effacer l’affront du premier tour, où elle a vu sa place de favorite lui échapper d’un point pour atterrir dans l’escarcelle de la candidate de gauche Michèle Rubirola.

Lors d’une visio-conférence de presse qu’elle a tenu samedi matin en compagnie de Renaud Muselier, la candidate a donc annoncé qu’elle soutiendrait Bruno Gilles dans son fief des 4/5. “Sans conditions”, a répété le président de région, qui avait dans un premier temps tardé à soutenir officiellement Martine Vassal. “Bien sûr, j’apprécierai qu’il prenne sur ses listes mon candidat Jean-Philippe Agresti qui est une personne de qualité”, a fini par souffler celle qui reste présidente du département et de la métropole, sans trop y croire. Le doyen de la faculté de droit ayant remporté 9,7 % des suffrages au premier tour, n’était pas en position de se maintenir, seulement de fusionner.

La réponse de Bruno Gilles est arrivée par communiqué quelques heures plus tard. Reprenant les mots de sa rivale, le sénateur a salué ce soutien, sans pour autant ouvrir la porte à un accord plus structuré, ni évoquer l’ouverture de sa liste à Jean-Philippe Agresti. Selon nos informations des échanges existent entre les deux hommes, mais rien n’est joué.

Dans les 6/8, un ralliement malgré Bruno Gilles

Deuxième annonce dont il est difficile de savoir si la candidate le voit comme une prise de guerre ou un geste généreux, Martine Vassal a déclaré “accueillir” sur sa liste du 6/8 Ludovic Perney, qui portait les couleurs de Bruno Gilles au premier tour. Arrivé à 8,8 % des voix, celui-ci n’aurait pas pu se maintenir, mais il était en position de s’allier avec un autre candidat ou tout simplement, de représenter un pouvoir de nuisance s’il ne donnait pas de consigne de vote. “Il a tenté son aventure, mais ces voix-là sont des voix de droite, c’est une question de bon sens”, a commenté Renaud Muselier au sujet de celui qui travaille à ses côtés au conseil régional.

En l’absence d’accord, il pourrait y avoir deux candidats de droite dans deux secteurs, le 2/3 et le 11/12

Dans son communiqué, Bruno Gilles indique que le ralliement s’est fait à son insu et déplore à ce sujet simplement que Ludovic Perney “n’ait pas pris la peine de me prévenir ainsi que beaucoup de ses colistiers”. Dans ses rangs, la surprise n’est pas très grande et Ludovic Perney était identifié depuis plusieurs jours comme le maillon faible parmi les têtes de listes, susceptible de rentrer dans le rang du parti LR duquel il est toujours adhérent.

Tensions dans les 2/3

Le ton de la réponse de Bruno Gilles aux annonces de Martine Vassal donne en tout cas l’impression que le sénateur entend parlementer d’égal à égal et maintiendra le rapport de force jusqu’au bout. “Je prends acte du retour à la raison de Martine Vassal et de Renaud Muselier : ils ont enfin compris qu’il y avait un réel danger que la gauche l’emporte dans les deux secteurs où je suis arrivé juste derrière le Printemps marseillais”, comprendre les 4/5, mais aussi les 2/3 pour lequel il “prend acte” aussi “du possible retrait de Solange Biaggi”.

Une lecture optimiste des propos de Martine Vassal et Renaud Muselier qui sont restés prudents au sujet de ce secteur tendu où Benoît Payan (Printemps marseillais) est arrivé en tête avec 10 points d’avance sur la maire sortante, alliée à Bruno Gilles, Lisette Narducci. La candidate et amie fidèle de Martine Vassal, Solange Biaggi, la talonne de très près. “Mme Narducci et Mme Biaggi ne sont pas les meilleures amies du monde, on l’a compris, mais c’est dans un mouchoir de poche. Si vous additionnez, vous gagnez”, a lancé le président de région. Martine Vassal n’a pas commenté davantage la situation à cet endroit.

Bruno gilles espère toujours être “le plus petit dénominateur commun au 3e tour”

Seul geste d’ouverture de la part du sénateur, il indique que dans les 1/7, où son candidat René Baccino a fait 5,7% des voix, il appellera à “faire barrage à la liste emmenée par la suppléante de Jean-Luc Mélenchon, Sophie Camard”. Mais aucun élément n’est annoncé pour le 11/12, 9/10 et 13/14 où ses listes peuvent encore fusionner, et où des contacts sont pris, selon nos informations, tous azimuts, que ce soit avec les écologistes, LREM ou Samia Ghali. Par endroits, les tensions entre les deux listes de droite qui ont fait campagne l’une contre l’autre durant des semaines, peuvent être rédhibitoires. Dans le 11/12, Robert Assante réitère sa détermination auprès de Marsactu : “Non, non et non, je n’irai jamais avec Vassal, [Julien] Ravier et Boyer. Mon engagement, c’est Bruno Gilles.”

En privé, le sénateur se dit toujours convaincu que Vassal serait une mauvaise maire pour Marseille et espère toujours être “le plus petit dénominateur commun au 3e tour”, dans le cas où ni Martine Vassal, ni Michèle Rubirola ne parviendraient à asseoir une majorité absolue. Une posture qui met son proche, Renaud Muselier, dans un état de nervosité palpable. “Les discussions avec Bruno sont difficiles depuis longtemps, et j’en suis très malheureux. Je comprends son raisonnement, mais je ne comprends pas qu’il ne veuille pas entendre. Mettre en péril sa famille politique et faire perdre la ville, je ne comprendrais pas”, a-t-il déclaré, allant jusqu’à craindre de voir Bruno Gilles “se radicaliser”.

Martine Vassal, elle, maintient qu’elle ne transigera pas sur son souhait de vouloir gérer la ville et la métropole, ce que lui demande Bruno Gilles depuis des mois. “Les discussions de place c’est pour le premier tour, maintenant, il faut choisir. Est-ce qu’on veut que cette ville passe au rouge ?, renvoie la candidate. Ville et métropole sont liées. Mme Rubirola, elle en parle, de la métropole ? Le Printemps marseillais n’a aucune vision sur ce sujet”.

La menace brandie du “péril rouge”

Lors de la conférence de presse de samedi, Martine Vassal a en tout cas esquissé ses nouveaux axes de campagne autour de sa volonté de “protéger” les Marseillais et de “relancer” l’économie après la crise sanitaire. Elle a aussi confirmé ses angles d’attaque en direction de l’union de la gauche qu’elle qualifie “d’ultra-gauche”, évoquant à plusieurs reprises le “péril rouge”.

La candidate brandit pêle-mêle “les chocs, la violence, les collectifs qui cassent tout dans le centre-ville”“les salles de shoots” et “les centres d’accueil de migrants” qu’elle associe au Printemps marseillais. Renaud Muselier a quant à lui ciblé ses attaques sur le caractère “très hétéroclite” du mouvement et “le manque d’expérience” supposé de ses membres. “Je ne vois pas une équipe capable de piloter une ville qui a besoin d’être redressée”, a-t-il plaidé, plus prompt à critiquer le bilan Gaudin que sa camarade de parti.

Le président de région, qui se pose en rassembleur dans un paysage balkanisé, compte aussi sur les trois jours restants pour convaincre Yvon Berland, candidat soutenu par LREM, de travailler avec LR. “C’est plutôt un homme de notre sensibilité il ne faut pas se mentir”, lance-t-il. Mais aux dernières nouvelles, les instances locales LREM sont prises dans des déchirements sans fin, avec, selon La Provence, une interdiction venue de Paris de s’allier avec la gauche, tandis que bon nombre de militants s’opposent catégoriquement à travailler avec la majorité sortante, quand d’autres, affichent leur intérêt pour les écologistes et Bruno Gilles, qui se serait d’ailleurs entretenu avec le médecin jeudi.

En off, un cadre LR estime probable un ralliement d’Yvon Berland à titre personnel seulement dans les 6/8. “Je suis plus réservé sur une alliance de partis. Il faut être sûr que la fidélité et la loyauté seront là, à commencer par le troisième tour et ensuite toute la durée du mandat”, craint cette source. Mais sans accord clair avec Bruno Gilles ou les marcheurs, l’équipe de Martine Vassal partirait au combat bien seule.

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Lisa Castelly
Journaliste
Jean-Marie Leforestier
Journaliste | jm.leforestier@marsactu.fr

Commentaires

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  1. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Vivement l’alternance

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  2. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Vivement l’alternance

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  3. Alceste. Alceste.

    Martine fait les yeux de biches, la moue mutine, Elle m’évoque Dunyazad l’instigatrice des contes des mille et une nuits. Le jeu de la séduction est en route.
    Chaud, très chaud la danse des 7 voiles est amorcée

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “Le péril rouge, les chocs, la violence, les collectifs qui cassent tout dans le centre-ville, les salles de shoots, les centres d’accueil de migrants…” Je croyais que l’héritière voulait parler projet – à défaut de mettre en avant le bilan catastrophique de son maître en politique -, je constate qu’elle n’est capable que d’aligner des clichés usés.

    Quant à M. Muselier, il devrait savoir qui l’a fait roi. Si l’ultra-gauche rouge vif, ses casseurs et ses drogués n’avaient pas fait preuve de responsabilité il y a quelques années, ce n’est pas lui qui dirigerait la région.

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    • GlenRunciter GlenRunciter

      C’est ce qui s’appelle un rappel cinglant ! Ceci dit vous êtes dur, ce n’est pas Muso qui a sorti ces gros poncifs au sujet du PM.

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    • leravidemilo leravidemilo

      A ce rythme, Vassal risque l’explosion en vol à tout instant… On commence à mieux comprendre son mépris des salles de shoots; certains n’ont aucun besoin de ces lieux de perdition, ils sont branchés sous perfusion, en permanence, et en ambulatoire!!!
      Quant à Bruno Gilles, il a choisi un angle d’attaque fort étroit pour sa com’, même si ça finit par le rendre plus humain et bien plus sincère que l’héritière hystérisante (c’est vrai que c’est quand même assez facile) : Son histoire du plus petit dénominateur commun, ce sont des choses qui se pensent mais qui ne se disent pas (le b a ba du politique). Il reste maintenant aux Marseillaises et Marseillais à se montrer à la hauteur d’une telle ambition pour leur ville :
      Voter pour le P.P.D.C !!! (allez, soyons fou, osons…).

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  5. barbapapa barbapapa

    Ouah Ouah la droite est aux abois ouah

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  6. Alceste. Alceste.

    La VASSAL est complètement dans les alléluia , elle n’a pas compris que le péril c’est elle . Cette ville est ruinée financièrement , rongée de ce cancer que sont les relations incestueuses entre l’administration municipale est les professionnels du bâtiments au sens large( promotion et construction) , cette séparation entre le nord et le sud est insupportable, cet abandon de la moitie de la population a minima sur tous les plans et surtout au niveau des enfants est criminel, la politique de la santé abandonnée au privé en laissant tomber l’hôpital public.Pollution, transport, saleté , confusion des intérêts personnels et publics. La liste est longue, trop longue.
    Il faut dégager cette équipe . Et là ,nous allons voir ce que vaut Bruno GILLES, vraiment.

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