À Arcelor Mittal, la vétusté de l’usine menace les ouvriers de chômage

Actualité
le 26 Oct 2016
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Alors que la direction d'Arcelor Mittal annonçait fin septembre 192 recrutements sur son site de Fos, la CGT alerte sur une nouvelle demande de chômage partiel. En cause cette fois-ci selon le syndicat comme la direction, non pas un carnet de commande vide du fait de la concurrence chinoise mais des installations défaillantes.

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L'usine ArcelorMittal à Fos-sur-Mer (Photo : Clémentine Vaysse)

L'usine ArcelorMittal à Fos-sur-Mer (Photo : Clémentine Vaysse)

Cette année encore, Arcelor Mittal aura eu son quota médiatique. Une annonce de chômage partiel au début de l’année, l’explosion d’une chaudière en mars, l’annonce de la cession de la centrale de production d’électricité à Veolia quelques jours auparavant, une nouvelle explosion il y a quinze jours encore sur une chaudière. Ce n’est pas la communication de la direction sur 192 postes à pourvoir sur le site fosséen qui cachera à elle seule l’arthrose dont souffre l’usine. Celle-ci emploie encore 2500 salariés et produit 4 millions de tonnes de bobines d’acier destinées en grande partie à l’industrie automobile.

Ce mardi, le syndicat CGT s’était rassemblé pour faire le point sur la situation de l’usine et le menace de chômage partiel. “La situation industrielle du site de Fos est fragilisée suite à deux événements majeurs qui ont conduit chacun à l’endommagement d’une chaudière”, justifie la direction, dans sa réponse qui nous est parvenue par mail.

18 000 jours en point d’interrogation

C’est dans ce contexte qu’elle a fait une nouvelle demande de chômage auprès de l’État. Durant cette période, les salariés voient leur durée de travail réduite et cette inactivité est en partie compensée par l’employeur et l’État. “Nous ne savons pas qui ni combien de personnes pourraient être concernées, explique Sandy Poletto, secrétaire général CGT. Nous savons juste que la demande porte sur 18 000 jours de chômage partiel”. Une étape nécessaire a déjà été franchie avec la validation de cette mesure par les services de l’État. L’entreprise est désormais libre de la déclencher ou non. “Nous confirmons avoir fait une demande d’activité partielle à titre préventif, mais le sujet n’est pas d’actualité, assure la direction. Nous rappelons à ce sujet que la dernière demande d’activité partielle n’a pas été mise en œuvre”.

Arcelor est en effet une habituée du chômage partiel. Fin 2011, 60 % des 2600 salariés de l’époque avaient été concernés lors de la deuxième quinzaine de décembre. En cause, une baisse d’activité anormale. Au début de l’année 2016, alors qu’une première annonce avait été faite sur le sujet, c’était la concurrence de l’acier chinois très bon marché qui justifiait la demande. Le mécanisme n’avait pas alors été activé. La chute des commandes explique aussi en ce mois d’octobre le chômage partiel déclenché pour la moitié des 260 salariés du site de Bourg-en-Bresse, spécialisé dans les tuyaux pétroliers en acier. Dans le cas présent, syndicat et direction s’accordent sur la cause technique de cette menace pour l’activité de l’usine des Bouches-du-Rhône.

“Carences d’entretien”

Depuis janvier, elle a connu plus de cent arrêts des hauts fourneaux selon le syndicat. Pendant trois mois, explique-t-on en interne, elle a même importé de l’acier déjà en partie transformé en provenance du Brésil, où Arcelor dispose d’installations. “Nous pâtissons de carences d’entretien des installations, accuse Sandy Poletto. Nous fêtons une décennie sous l’égide de Mittal et nous avons le plus grand mal à assurer la production d’acier. En 2017, nous investissons 35 millions d’euros dans nos machines là où nos concurrents en mettent 100. Cela peut paraître énorme mais ce n’est pas tant par rapport aux milliards de chiffre d’affaires que fait une aciérie [comprendre le groupe Arcelor-Mittal, ndlr]”. Contactée, la direction parle pour sa part de 30 millions d’euros investis cette année dans ces installations et y ajoute “190 millions d’euros pour des travaux de maintenance”.

“Ils ont mis le paquet en 2008-2010 sur les hauts fourneaux, qui étaient vétustes, explique Alain Audier, secrétaire du syndicat au comité d’établissement. Mais faute de maintenance ailleurs, des investissements sont à effectuer notamment sur la cokerie [des fours qui permettent de fournir les hauts-fourneaux en combustible, ndlr]. La question était à l’ordre du jour du dernier comité d’entreprise la semaine dernière.

L’entreprise insiste aussi sur ses embauches en cours. “Ces 192 embauches ne sont absolument pas des créations de poste, elles ne remplacent pas les nombreux départs à la retraite”, complète cependant Sandy Poletto. En 10 ans, l’entreprise a vu fondre ses effectifs de plus de 1000 postes.

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