À Allauch, la candidature fantôme de Roland Povinelli à un 9e mandat consécutif

Actualité
le 11 Déc 2019
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Cerné par les affaires judiciaires, absent de la quasi totalité des derniers conseils municipaux, Roland Povinelli, 78 ans, maire d’Allauch depuis 1975, envisage bel et bien de se représenter pour l’élection municipale de 2020.

Rolland Povinelli, lors d
Rolland Povinelli, lors d'un des rares conseils municipaux où il était présent. Photo : Marius Rivière

Rolland Povinelli, lors d'un des rares conseils municipaux où il était présent. Photo : Marius Rivière

Avec ses chalets en bois, ses santons et ses spécialités provençales, le marché de Noël d’Allauch est la fierté du “village”. Si la commune compte désormais près de 20 000 habitants, elle a conservé son goût pour les fêtes pittoresques. Emmitouflé dans son long manteau noir, escorté de sa femme et de la directrice du centre communal d’action sociale (CCAS), Roland Povinelli marche d’un pas lent, le 8 décembre dernier.

Il salue le père Noël, serre quelques mains, passe d’un chalet à un autre et repart aussitôt. Sa visite sur place aura duré une vingtaine de minutes. Le temps pour son service de presse de prendre une dizaine de clichés publiés sur le compte Facebook du maire.

Extrait de la page Facebook de Roland Povinelli, en visite sur le marché de Noël d’Allauch. DR

Depuis quelques semaines, la page multiplie les publications montrant Roland Povinelli lors de rencontres publiques. Ici au comité de jumelage, là avec les associations d’anciens combattants, là encore à un repas solidaire. Le message est clair : Monsieur le maire est en pleine forme. Il est même en campagne. À 78 ans, Roland Povinelli compte bien se représenter pour un 9e mandat consécutif. Élu le 5 octobre 1975, quelques mois après que Valéry Giscard D’Estaing a fait voter la loi instaurant le divorce par consentement mutuel, il est l’un des maires de France à son poste depuis le plus longtemps. “Il va se déclarer autour du 15 décembre”, assure Gérard Bismuth, 2e adjoint et fidèle parmi les fidèles. “Le lieu et la forme ne sont pas arrêtés mais il y aura une déclaration de candidature”, ajoute-t-il.

Une campagne à la Bouteflika ?

Ses administrés ne l’avaient pas croisé depuis quelques temps. Absent du dernier conseil municipal de sa mandature jeudi 28 novembre, Roland Povinelli aura manqué quatre des cinq dernières séances. Au mois de septembre, lors d’un conseil municipal marqué par plusieurs départs dans sa majorité, il était apparu fatigué et effacé, très loin des éclats de voix auxquels il était habitué. Depuis, les spéculations sur sa santé vont bon train. Il nous a été impossible de le joindre. “Même pour nous c’est difficile de l’avoir”, avance Gérard Bismuth en forme de justification. À trois mois des élections municipales, ses absences nourrissent les spéculations, aiguisent les ambitions.

Renvoyé au tribunal correctionnel, le maire fait l’objet de plusieurs plaintes.

“Il va beaucoup mieux, il sort tous les jours”, assure Gérard Bismuth. “Je l’ai vu dernièrement, j’ai trouvé un homme lucide et préoccupé par les affaires de sa ville”, renchérit Lionel de Cala, conseiller municipal et futur candidat Les Républicains avant d’ajouter : “Mais au vu du nombre de ses absences lors des derniers conseils municipaux, je m’interroge sur le sens de cette candidature”.

Vincent Coulomb, membre PS de la majorité municipale pendant 30 ans, aujourd’hui dans l’opposition, se veut plus direct : “Je pense qu’il n’est plus en état de diriger la ville. Il est encore moins en état de conduire une liste.” Et de renchérir : “Le dernier mandat était déjà celui de trop. La situation ressemble à s’y méprendre à celle de Bouteflika”. “Il est très affaibli. Lassé aussi. Je pense qu’il ne souhaite pas y aller [aux municipales] mais que son entourage va probablement le pousser à se représenter”, confirme un élu qui l’a côtoyé il y a peu.

Avenir judiciaire chargé

Quel que soit son état de santé et le flou qui l’entoure, les enquêtes qui le visent sont, elles, bien concrètes. Objet d’une plainte déposée par un journaliste de la Marseillaise pour menaces de mort, il est au centre d’un réquisitoire cinglant du parquet de Marseille rendu public par le même quotidien. Le parquet demande son renvoi en correctionnelle pour détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, faux et usage de faux notamment pour un emploi soupçonné d’être fictif accordé dans le cadre de son mandat de sénateur. Il est aussi visé par une information judiciaire pour harcèlement moral contre une conseillère municipale. Bref le vieux maire a un calendrier judiciaire chargé. “C’est vrai qu’il a pu déraper une fois ou deux mais c’est ce que les gens aiment chez lui : sa truculence”, justifie Gérard Bismuth. “Mais il y a eu un certain acharnement de la part de la presse”, ose-t-il.

“Vu toutes les affaires qu’il a sur le dos, il n’a plus le choix, il est obligé de se présenter pour espérer se faire élire et se faire rembourser ses frais de justice”, tacle Lucie Desblancs, conseillère municipale dans l’opposition et à nouveau candidate “citoyenne” à la prochaine élection municipale. C’est elle qui a porté plainte pour “harcèlement moral” contre le maire. Elle vient aussi d’obtenir l’annulation par le tribunal administratif de Marseille de la préemption par la mairie d’Allauch de sa villa, située sur le domaine boisé de Pichauris. Votée en conseil municipal en 2017, la préemption de cette villa devait “servir de base aux promeneurs et développer le tourisme vert, une priorité communale”, selon les mots de l’époque de Gérard Bismuth.

Le montant des frais de justice du maire dans toutes ces affaires, remboursés par la commune dans le cadre de la “protection fonctionnelle” fait d’ailleurs l’objet d’âpres débats lors des derniers conseils municipaux. Celui-ci atteint 175 968 euros selon un rapport provisoire de la chambre régionale des comptes révélé par le magazine Capital. Mais la version définitive n’a pas été arrêtée à temps pour être présentée avec la période de réserve pré-électorale.

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Commentaires

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  1. LOU GABIAN LOU GABIAN

    encore un vieux

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  2. Happy Happy

    Le peuple algérien a montré la voie. Allauch-Alger même combat ! 😀

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  3. barbapapa barbapapa

    Très distingués sur la photo du marché de Noël, lui en manteau Nosferatu et elle en veste Holstein

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    • Alceste. Alceste.

      Que voulez vous , socialiste un jour, socialiste toujours.
      Parisien il aurait habité place des Vosges.

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  4. Barbier Barbier

    Quand ces caciques du PS déshonorent la Gauche ! Il faut nettoyer les écuries d’Augias

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    • leravidemilo leravidemilo

      les caciques du P”S” déshonorent: Le P”S”. Et s’il en était besoin (c’est fait de longue date!), le P”S” bucco-rhôdanien et tendance canebière associée.

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  5. CriblédeFraise CriblédeFraise

    “Élu le 5 octobre 1975, quelques mois après que Valéry Giscard D’Estaing a fait voter la loi instaurant le divorce par consentement mutuel”.
    Marsactu, pouvez vous nous préciser la relation entre l’adoption de cette loi et l’élection pour un premier mandat du Boutef d’Allauch ? Est-ce une allusion subliminale ?

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  6. titooooooooo titooooooooo

    Ah cette photo, priceless… j’espère qu’il appartiendra bientôt au passé de l’ère Guerini, comme Gaudin, Bernardini et tous les autres caciques locaux et pourris… Je me souviens encore de la candide déclaration de sa belle-fille, “attachée sénatoriale” qui n’est “jamais montée à Paris, sauf pour visiter eurodisney”…

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  7. Alceste. Alceste.

    Et en plus ils se reproduisent

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  8. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    8 mandats!!!
    6 ans multipliés par 8 cela fait quarante huit ans que M. Povinelli occupe le fauteuil de Maire. Il y a des citoyens qui ont quarante ans qui n’ont jamais »imaginés » qu’il pouvait avoir un autre maire. J’ai déjà écrit ceci pour le bon M. Meï pour ces 7 mandats et je persisterais tant que Marsactu nous abreuvera de ces élus qui refuse de quitter le fauteuil. La Démocratie n’est pas une carrière…!
    Pourtant je suis plutôt à »gauche » et les communistes sont de »bons » maires parfois.
    Mais plus haut que les maires, il y a la Démocratie…qui consiste à faire »tourner » les élus, à brasser les populations, à modifier les perspectives.
    Les élus »démocrates » passent. Il n’y a que dans l’entreprise (quoique ! ) que l’élu fait une »carrière ». D’ailleurs pour son deuxième mandat un »bon » maire se devrait de former son suivant…Quitte à ce que les électeurs l’élisent… ou pas.
    Par ailleurs un maire qui, mandat après mandat, prend de mauvaises habitudes.
    Copains, amis, familles politiques…C’est vieux comme la démocratie athénienne.
    Enfin la pouvoir use immanquablement.
    C’est pourquoi j’aimerais que les maires ne fassent que deux mandats. Avec participation nécessaire des citoyens (Budget participatif par ex.) et référendum révocatoire ( À affiner ).

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      La référence en la matière etant Bertrand Delanoe. Elu puis réélu, il a formé et laissé sa place à sa successeure alors qu’il etait assuré de sa réélection. Les coups de chapeau à donner sont rares en ce domaine…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Il est d’ailleurs plaisant de constater que nos élus politiques n’ont pas manqué, lors de la dernière réforme du Code du travail, de plafonner le nombre de mandats successifs des représentants du personnel en entreprise : sauf dans les plus petites, où des dérogations sont possibles, ce nombre est fixé à 3, d’une durée unitaire de 4 ans au maximum, soit au total la durée de 2 mandats municipaux.

      Mais ils ont complètement oublié de s’appliquer à eux-mêmes cette mesure qu’ils ont trouvée si judicieuse pour autrui…

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  9. Massilia fai avans Massilia fai avans

    Si on veut continuer dans cette voie, G. Rosso le maire communiste du Rove depuis 1983 à décidé de se représenter à 90 ans. Qu’ont-ils fait pour mériter ça ?

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  10. jm.messin jm.messin

    STOP Rolland, STOP !

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  11. ALIBI ALIBI

    Si on pouvait avoir une liste des mecs “bien”, on gagnerait du temps.

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  12. jo147 jo147

    C’est ça ou le FN. Donc on fait quoi ?

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Il n’y a donc personne, à Allauch, qui serait doté des capacités nécessaires pour être maire, en dehors d’un vieillard qui se signale par ses dérapages ? Je comprends mieux pourquoi celui-ci affirme : “le peuple a besoin de moi” (sic).

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