À Aix, Maryse Joissains bousculée par le coronavirus et ses outsiders
La maire sortante d'Aix, Maryse Joissains se maintient avec 30% des suffrages exprimés au premier tour. Dix points derrière, la candidate LREM Anne-Laurence Petel discute pour faire alliance avec le candidat EELV Dominique Sassoon et le dissident de droite Jean-Marc Perrin.
La permanence de Maryse Joissains au soir du premier tour le 15 mars 2020. Photo : Pierre Isnard-Dupuy
Avant même l’annonce des résultats du premier tour vers 22h15, Maryse Joissains s’est enfermée dans son bureau avec son entourage. Pas de triomphe, pas de déclaration bien sentie comme elle en a l’habitude. la pandémie du coronavirus est passée par là. “Elle n’a pas la tête dans les élections. Sa priorité c’est la santé des Aixois”, confie-t-on dans son entourage.
Avant de déclencher son huis-clos, imprévu en début de soirée, la sortante LR ne laisse qu’un communiqué, imprimé à la va-vite, sans même un titre, sur une feuille A4. Elle s’y drape dans son rôle de première magistrate : “Je suis plus que jamais mobilisée dans ma fonction de maire, avec les services de la Ville, pour mettre en place l’ensemble des mesures pour les aider”. Même si elle n’y oublie pas le commentaire électoral : “Ce soir les Aixois m’ont placée très largement en tête de ce scrutin avec plus de 30% des voix, malgré une campagne difficile”, à propos de laquelle elle n’ajoutera donc rien pour ce soir. “Si je perds, c’est le coronavirus qui m’aura battue”, commentait-elle tout juste timidement avant que les bureaux ne ferment à 18 heures.
Et si celle qui promettait de rouler sur ses adversaires avait peur d’être délogée du siège qu’elle occupe depuis 2001 ? Au bout d’une campagne atypique – durant laquelle une décision de la cour de cassation confirmait sa culpabilité pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics tout en cassant sa condamnation à une peine d’inéligibilité (qui sera rejugée) – Maryse Joissains se sentirait-elle vacillante ?
Vers un “tout sauf Maryse” à trois ?
Si je perds, c’est le coronavirus qui m’aura battu
Maryse Joissains
Les circonstances pandémiques font une participation de 35%, loin des 59% de 2014. Et la marge de l’édile s’est amoindrie, huit points de moins qu’en 2014. Chez ses premiers concurrents, malgré les cernes et les mines fatiguées, la confiance s’affiche au grand jour. Anne-Laurence Petel, la candidate LREM arrivée seconde avec 20% des suffrages exprimés, pourrait prendre la tête d’un rassemblement avec la liste du candidat EELV Dominique Sassoon (9,28%), son suppléant à l’assemblée, et celle de Jean-Marc Perrin (9,09%), dissident de la majorité Joissains (lire le portrait de cet élu de la Duranne). C’est ce que laissent entendre les trois concernés au sortir de cette étrange soirée électorale, sans effusions et sans foules rassemblées dans les QG de campagne.
Si on fait une alliance intelligente et cohérente entre trois candidats, Maryse Joissains perd la mairie d’Aix
Jean-Marc Perrin, candidat DVD
En remontant la rue des Tanneurs où se trouve son local de campagne, en direction d’une réunion de négociation pour le second tour, Anne-Laurence Petel se félicite d’un “bon résultat” qui la place dans son “objectif d’être la première adversaire de Maryse Joissains”.
Dominique Sassoon lui aussi est fier de son résultat, qui “double le score des écologistes à Aix”, par rapport à 2014. Il se dit ouvert lui aussi a une alliance de circonstance, à condition que “la ligne politique que l’on défend soit très largement reprise. Je ne ferai aucune compromission avec mes convictions écologistes”, nous dit-il au téléphone.
Quant à Jean-Marc Perrin, que Marsactu a interrompu dans une réunion à son local de campagne au store déjà à moitié baissé, il se dit satisfait du score obtenu sans l’appui d’un parti. “Si on fait une alliance intelligente et cohérente entre trois candidats, Maryse Joissains perd la mairie d’Aix”, promet-il déjà. “On y réfléchit très sérieusement. Le projet que l’on a bâti et celui de Petel, ça matche ! Et celui de Sassoon, qui n’a pas envie d’un projet pour une meilleure santé des Aixois ?”, s’enthousiasme-t-il.
Si l’attelage à trois venait à se confirmer, le “tout sauf Maryse” se construirait donc sans le rassemblement de la gauche mené par Marc Pena, malgré sa troisième place à un peu plus de 15%. “Les forces de gauche se reconnaissent et ce soir sont très fières de notre combat”, réagit le candidat qui est venu jusqu’à la mairie. “Nous allons réfléchir. Pour moi l’écologie politique et la gauche ça va ensemble, ce sont des citoyens éclairés qui se retrouvent sur des valeurs morales”, affirme-t-il, sans sentir une cohérence entre les personnages et les valeurs affichées des têtes de liste que sont Sassoon et Salord (Génération écologie). Une alliance entre Aix en partage et la liste de Sassoon semble de ce point de vue improbable. “Aucun pourparler n’est engagé pour l’instant. Je vois d’abord les miens, mon collectif pour débattre”, clôt Marc Pena avant de quitter l’hôtel de ville.
D’autres candidats ont perdu gros dans ce scrutin. Stéphane Salord ne parvient pas à dépasser les 5% qui auraient pu lui permettre d’engager des négociations de fusion. Nathalie Chevillard pour le Rassemblement national (5,55%) ne participera pas au second tour. Quant au député Modem Mohamed Laqhila, il ne récolte que 1,76% des suffrages exprimés et se place derrière le Parti animaliste (1,89%). “Ce soir il y en a trois qui ont mal à la tête, Maryse Joissains, le RN et Mohamed Laqhila”, affirme Jean-Marc Perrin. À moins qu’à cause du coronavirus, le second tour ne puisse être organisé dimanche prochain, voire même que ce premier tour soit annulé. Sur ce front, à l’heure où nous terminons ces lignes lundi au petit matin, tout n’est qu’incertitudes.
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