Le département met à profit les toits de 39 collèges pour installer des centrales solaires
La rentrée scolaire de Martine Vassal au collège Sylvain-Menu, dans le 9e arrondissement de Marseille, était l'occasion de mettre en valeur un projet de centrale solaire qui va prendre place sur les toits de l'établissement. Il s'agit de l'un des 39 sites sur lesquels la collectivité a loué ses toits à un tiers investisseur privé pour y produire de l'électricité.
Les travaux d'isolation du toit du collège Sylvain-Menu ont été réalisés au printemps. Photo : département des Bouches-du-Rhône.
Le jour de la rentrée des collèges donne toujours lieu à un ballet bien réglé : visite de la présidente du conseil départemental, flanquée du recteur, de la directrice académique et d’un quarteron d’élus dans un ou plusieurs établissements, choisis avec soin. Ce lundi après-midi, il s’agit du collège Sylvain-Menu, dans les quartiers Sud de Marseille. Martine Vassal (DVD) a ainsi l’occasion de saluer les travaux du tramway dans l’avenue qui borde le collège, pilotés par la métropole, l’autre institution qu’elle préside. “Bientôt, vous pourrez venir en tramway“, se félicite-t-elle auprès des élèves de sixième à qui elle remet le kit habituel de fournitures scolaires.
Mais l’aréopage d’élus et de fonctionnaires fait un détour inhabituel dans ce ballet bien réglé. Avant la visite du micro-collège et la distribution de matériel de sport en présence d’une athlète olympique, tout le monde passe par le toit brûlant de l’établissement. Pour l’heure, il n’y a rien à y voir, si ce n’est un revêtement flambant, d’un blanc éblouissant.
Bientôt des panneaux là-haut
Ce n’est pas le point clef de la visite : le collège fait partie des établissements choisis par l’institution pour y installer des centrales photovoltaïques pour une durée de vingt-trois ans. Trois ans de travaux, vingt ans d’exploitation. “Trente-neuf sites vont être équipés dans les prochains mois, explique Jean-Loup Soty, le directeur général adjoint de l’équipement du territoire au conseil départemental, présent lors de cette visite. À terme, en 2026, quand l’ensemble des sites seront équipés, cela permettra de produire huit mégawatts d’énergie décarbonée.”
“Malheureusement, la législation ne permet pas de produire l’électricité directement pour le collège, constate Martine Vassal. Nous sommes obligés de reverser l’électricité dans le réseau, mais l’essentiel pour nous est de contribuer à augmenter la part d’énergie décarbonée de notre territoire.” La présidente ne désespère pas de faire évoluer la législation sur ce point.
Notre souhait était d’aller vite, ce qui nous imposait de passer par un prestataire privé.
Amapola Ventron
Jointe par Marsactu, la conseillère départementale déléguée à la transition écologique, Amapola Ventron, se fait plus précise : “La législation n’autorise pas une collectivité locale à autoconsommer de l’électricité si elle n’a pas elle-même installé les panneaux, explique la maire de Cabriès. Or, notre souhait était d’aller vite, ce qui nous imposait de passer par un prestataire privé.”
En effet, comme la presse s’en est fait l’écho, le département a signé un partenariat avec la société Solarhona, une filiale de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), société anonyme d’intérêt général qui exploite déjà l’énergie du Rhône à travers une série de barrages hydroélectriques.
Sa filiale, constituée avec la Banque des territoires et le Crédit agricole, vise à développer le photovoltaïque dans la vallée du Rhône, notamment via des partenariats avec les collectivités locales, en installant des centrales sur des ombrières, des plans d’eau ou des bâtiments publics. L’installation de panneaux solaires sur des bâtiments publics ne date pas d’hier. La Ville de Marseille a déjà équipé de nombreuses écoles dès 2009 et installé une centrale de grande taille sur le site de l’ancienne décharge à ciel ouvert d’Entressen, à Istres, dont elle est propriétaire.
Partenariat public privé
“L’idée ici est de construire un partenariat gagnant-gagnant, détaille encore Amapola Ventron. En installant ces panneaux, on produit l’équivalent de 40% de ce que consomment les collèges du département. C’est l’équivalent de la production d’une petite ville. Mais, surtout, on participe à la diminution de l’effet de serre à hauteur de 346 tonnes d’équivalent CO2. C’est loin d’être négligeable“.
La redevance perçue par la collectivité est évaluée sur la durée de la convention à 1,8 million d’euros. Mais ce n’est là qu’une partie de l’équation globale. En effet, l’appel à manifestation d’intérêt lancé en février 2023 prévoyait une cinquantaine de sites aux toits plats sur lesquels les travaux pouvaient être lancés rapidement. Le lauréat des trois lots, Solarhona, en a sélectionné 39, les moins complexes à mettre en œuvre. “Cela s’est fait en fonction de plusieurs critères, explique-t-on du côté des services du département. Parfois, certains toits étaient trop facilement accessibles avec un risque de dégradation. D’autres présentaient le risque d’être masqués. Et, enfin, le critère le plus important est celui de la rentabilité : il faut que la surface soit suffisamment grande pour assurer une production à la hauteur de l’investissement.”
12,5 millions d’investissements publics
Car, pour aller vite, l’installation de ces centrales nécessite également un investissement public. “L’installation des équipements solaires est quant à lui pris en charge à 100% par Solarhona, nous explique l’entreprise. La prise en charge des rénovations des toitures qui nécessitent des travaux pour accueillir des panneaux solaires est répartie entre Solarhona et le Département. Solarhona est rémunéré par la vente de l’électricité injectée sur le réseau public de distribution“.
Sur les collèges visés, le département doit donc assurer la rénovation de 25 toitures sur ses fonds propres pour un coût global de 12,5 millions d’euros. “Mais, pour partie, c’est des travaux que nous aurions été obligés de faire, détaille-t-on au département. En face, il faut aussi prendre en compte une subvention de l’État de 4,1 millions d’euros et 1,6 million d’euros d’économie d’énergie engendrés par ces travaux. Cela signifie que sur un coût global de 12,5 millions d’euros, 7,7 sont financés d’une manière ou d’une autre. Et, entretemps, on aura réussi à multiplier par 50 notre production d’énergie renouvelable.” Avec, en ligne de mire, l’horizon de 2050 et l’objectif de neutralité carbone…
Pour atteindre cet objectif, le département ne mise pas que sur les investisseurs privés. Chaque nouveau projet de bâtiment construit par l’institution départementale prévoit sa propre centrale de production photovoltaïque, permettant d’assurer son autoconsommation. “Mais l’investissement doit être calculé finement, car le coût d’installation est élevé et qu’il est parfois proche du prix de rachat du marché“, souligne-t-on dans les services.
Un département davantage producteur d’électricité fait aussi partie du deal avec Solarhona. Au bout des vingt ans d’exploitation, les quelque 39 centrales construites reviendront à la collectivité pour au moins dix ans d’exploitation, la durée de vie d’un panneau étant évaluée à trente ans. “Mais, là encore, nous avons veillé à ce que les panneaux utilisés offrent toutes les garanties de recyclage“, assurent les services. Dans le contrat signé avec la société figure également l’obligation de réaliser des ateliers de sensibilisation aux enjeux du renouvellement durable. Pour l’heure, dans la cour de Sylvain-Menu, c’est la récré, et les sixièmes qui ont fait leur première rentrée ont bien autre chose en tête que l’avenir de la planète.
Actualisation le 4 septembre à 10h30 : ajout d’une déclaration de Solarhona.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Installer des panneaux solaires sur les toits des bâtiments publics, en l’espèce des collèges, est une mesure de bon sens.
En revanche, et encore une fois, quel gâchis lié à la complexité administrative, typique de la France! Qui sont ces gens qui ont décidé que l’autoconsommation d’électricité par les collectivités était interdite?
On marche sur la tête et l’empilement réglementaire tue le pays.
En outre, dans les PPP avec les géants du bâtiment (Vinci, Bouygues, Eiffage etc.), l’Etat ou les collectivités sont rarement gagnants. Gageons qu’avec la CNR comme partenaire cela se passera mieux.
Attendons maintenant de voir si les soi-disant écologistes d’EELV vont critiquer ce projet porté par l’autre bord politique.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Bonjour vous n’avez pas bien lu l’article l’auto conso n’est pas interdite cf lartixle de loi correspondant https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000023983208/LEGISCTA000032939883/#:~:text=L'activit%C3%A9%20d'autoconsommation%20ne,vigueur%20le%201er%20juillet%202021.
Ce qui n’est pas possible c’est de consommer l’électricité produite par un énergeticien à qui vous avez loué votre toiture ou terrain . Si les centrales avaient été réalisés par le CD sur les toits des collèges ils auraient pu auto consommé et revendre le surplus de production à EDF ou un autre énergéticien
Se connecter pour écrire un commentaire.
Plus de 49% du capital de la CNR appartient à GDF Suez dont les actionnaires sont souvent les mêmes que ceux des grands du BTP avec le gout pour les rendements élevés des actions
Se connecter pour écrire un commentaire.
@Karo, j’ai très bien lu l’article, mais merci pour la précision.
L’article du code de l’énergie que vous partagez nous informe qu’il est issu d’une loi : ce sont donc nos parlementaires qui sont à l’origine de cette absurdité. On ne les remercie pas.
Par ailleurs, le rôle du Conseil Départemental n’est pas de construire lui-même des installations électriques sur son foncier.
Ce montage est une usine à gaz (sans mauvais jeu de mot). On vit dans un monde de fous.
Se connecter pour écrire un commentaire.
@SLM aucune loi n’interdit le CD13 et sa sémillante présidente de faire appel à un prestataire pour installer des panneaux solaires, dont le coût sera amorti par l’autoconsommation si ce n’est la revente.
Martine, toujours pressée et toujours amie des grands industriels du bâtiment, a préféré un PPP.
Quand même pas de bol : pour une fois qu’une bonne décision est prise par le département, il faut que ce soit fait n’importe comment
Se connecter pour écrire un commentaire.
@ruedelapaixmarcelpaul
Et donc si une loi (une de plus…) interdisait le CG de faire appel à un prestataire, que proposeriez-vous pour que le CG installe des panneaux solaires sur les toits des collèges?
Se connecter pour écrire un commentaire.
L’installation peut être faite par n’importe qui, mais seul le producteur (l’exploitant) peut consommer sa production directement, sinon il doit la vendre avec les taxes qui s’imposent.
Se connecter pour écrire un commentaire.
@SLM on bâtit des scénarios hypothétiques sur des réalités et non sur des hypthèses
“Et donc si une loi (une de plus…) interdisait le CG de faire appel à un prestataire, que proposeriez-vous” mais rien puisque cette loi que vous venez d’inventer n’existe pas.
Poser des panneaux photovoltaiques et les relier à un circuit électrique est un métier qui n’existe pas dans la fonction publique, ce qui est bien normal. Donc il faut faire appel à un prestataire via un marché public.
Mais les marchés publics, c’est long, ça prend du temps, en plus le Préfet met son nez dedans (et Martine n’aime pas ça). Alors on va faire vite : on loue les toits à un prestataire via une partenariat PPP. Ainsi le CD valorise son foncier (pas besoin de MP pour cela), et laisse la manne énergétique aux mains du privé.
Se connecter pour écrire un commentaire.
@ruedelapaixmarcelpaul
CQFD : vous venez de rappeler la réalité qui valide donc mon point de départ.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Il existe une coopérative qui se nomme Massilia Sun System et qui est concurrente de Solarhona. Elle est très compétitive car à la différence des empires du BTP ou de l’énergie, elle n’a pas des exigences de rendement démesurées. Peut-on savoir pourquoi elle n’apparait pas dans ce marché ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Quelqu’un a-t-il eu vent d’un appel d’offre ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
La cour du collège est toujours aussi minérale. A quand la végétalisation ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Pour le jour de l’isolation renforcée
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ce n’est pas possible par PPP, faut faire appel à des entreprises en prestataires, donc des marchés publics. Pas Vassal-compatible. Donc on ne fait pas.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Pas d’appel d’offre mais un AMI ,appel à manifestation d’intérêt.
Se connecter pour écrire un commentaire.