[Des îles et des hommes] L’île Degaby, spot branché et loge VIP pour les JO
Cet été, Marsactu met les voiles et part à la découverte de ceux qui vivent et travaillent sur les îles. À chaque épisode, c'est un monde à part qui se dévoile, insulaire et donc un peu extraordinaire. Alors que les épreuves de voile se clôturent, cap sur l'île Degaby et bar-restaurant qui propose un menu haut de gamme pour l'occasion. Un prétexte pour un instant très privilégié sur cette île longtemps fermée au public.
Arrivée sur l'île Degaby le 8 août 2024. (Photo: SH)
“Il est chouette votre métier !” Rarement cette phrase aura autant été adressée à Marsactu qu’en ce jeudi 8 août au pied du Mucem. Ici, un semi-rigide de 12 places attend quelques clients privilégiés pour se rendre sur l’île Degaby. Le restaurant de cette île privée marseillaise profite de son emplacement, en face de la marina olympique, pour proposer un menu spécial les jours d’épreuves de voile. Pas le moyen le plus économique d’observer la compétition – la formule coûte 170 euros auxquels s’ajoutent 20 euros de traversée – mais sans doute l’un des plus uniques. “J’ai vu le montant, j’ai hésité, mais je me suis dit, allez !”, confie Christine, retraitée en région parisienne.
Pour les clients du jour, l’émerveillement passe d’abord par la découverte de cette île à seulement 500 mètres de la Corniche, mais longtemps restée inaccessible. Propriété d’un groupe immobilier depuis 2002, elle n’accueillait que quelques évènements privés (mariages, réceptions, tournages, etc.). Depuis le 8 mai, date de l’arrivée de la flamme olympique dans la cité phocéenne, un bar-restaurant ouvre cinq jours par semaine le temps de la saison estivale. “C’est un endroit mystérieux depuis un moment. Quand j’ai dit à mes amis que je travaillais à l’île Degaby, ils ne me croyaient pas”, se réjouit une membre de personnel. De la cuisine au service, ils sont une douzaine de permanents, avec quelques extras.
La “famille degaby”
L’accueil commence dès l’accostage pour aider les clients à rejoindre le ponton, assez rudimentaire. L’hôte présente ensuite les services proposés par l’île : baignade “mais pas trop loin”, tables à l’ombre et apéritif de bienvenue. L’équipe, assez jeune, se dit unanimement ravie de faire cette saison ici. “On a une équipe soudée où tout le monde s’entend bien”, affirme une serveuse, “La famille Degaby !”, surenchérit son collègue. Tous issus de l’hôtellerie-restauration, un tel cadre leur est assez inhabituel.” Ça change, de travailler sur ce type d’évènements, on peut véritablement créer une relation avec les clients”. Accoudés au bar lors de l’apéritif, ces derniers ne tarissent pas de questions sur l’histoire de l’île. “Degaby, c’est le nom de la maîtresse du premier propriétaire de l’île”, rapporte un serveur face à un public conquis.
Pour le prix, les boissons et amuse-bouches sont illimités. Le personnel veille à ce que les verres de citronnade maison ou de cocktails ne restent jamais vides bien longtemps sous la chaleur de midi. L’équipe installe également une petite échelle sur le ponton pour ceux qui préfèrent se rafraîchir en mer. “Quel plaisir d’avoir une plage tranquille à Marseille !”, s’émerveille une cliente. “Il y a trop de monde en ville, n’est-ce pas ?”, répond un serveur, en face de la plagette de Maldormé effectivement bien remplie.
Chercher la discrétion
Très rapidement, Romain Nicoli, cofondateur de Mensa food and events, société qui exploite le bar-restaurant, demande à Marsactu de se faire plus discret auprès des clients. “On a des personnes importantes qui vont arriver. On a déjà eu des problèmes avec des représentants de délégations ou des personnalités politiques dérangés par la présence de la presse”, glisse-t-il discrètement. La clientèle du jour est composée de patrons d’entreprises, avocats ou encore d’entrepreneurs venus de Bretagne comme de San Francisco, en passant par Casablanca. Tous sont des habitués de la région l’été. L’exploitant du lieu, un brin embêté, veut insister sur le caractère inhabituel de cette clientèle : “Ce n’est pas représentatif, c’est un détail. Notre volonté, c’est de rendre l’île aux Marseillais. Notre offre habituelle est plus accessible, avec le bar à tapas.” En revanche, le prix de la traversée reste le même.
Plus que les JO, c’est donc l’expérience intimiste et discrète qui est recherchée par la clientèle du jour. Ce midi, l’île ne reçoit qu’une vingtaine de couverts, soit moins de la moitié de la jauge du restaurant, qui fait bien vide. “On a voulu garder un cadre exclusif avec cette formule”, confirme le personnel. Beaucoup de clients confient même avoir simplement voulu réserver un déjeuner sur l’île et être tombés par hasard sur cet évènement. “On a fait d’une pierre deux coups, on va dire”, résume Grégory, venu de Montpellier. Un homme descendu de Bretagne guette tout de même le début des épreuves avec attention, lui valant sans tarder le qualificatif d’“expert”. “C’est le premier qui suit les JO !”, ironise même le personnel en cette dernière journée de formule olympique.
Un défi logistique
Le reste du temps, le bar-restaurant peut accueillir jusqu’à 200 personnes le soir et affiche régulièrement complet. Les rotations s’enchaînent donc pour transporter personnel, public et l’ensemble des produits consommés sur des semi-rigides. L’île n’est pas raccordée à l’eau ni à l’électricité. Des panneaux solaires assurent la majorité des besoins du lieu, un générateur à essence complète. Côté eau, elle n’est servie qu’en bouteille et une cuve alimente robinets, toilettes et douche.
Cependant, le plus grand défi reste météorologique, “On ne s’en rend pas compte sur le continent, mais des fois, la mer est impraticable alors qu’il fait beau”, explique un serveur à quelques clients curieux. Chaque réservation est donc confirmée par l’île la veille uniquement. Depuis le début de la saison, l’exploitant déplore “quelques annulations à cause du vent, de la pluie, mais surtout de la houle”. Le personnel garde donc toujours un œil sur la météo marine, parfois imprévisible. “On s’est fait surprendre quelques fois”, concède l’un d’eux. Malgré ces contraintes fortes, Romain Nicoli se dit confiant pour continuer l’année prochaine avec “quelques améliorations au niveau du ponton notamment”.
les jo pour le dessert
Ce jour-là, c’est plutôt l’absence de vent qui vient incommoder les clients, alors que le soleil tape même sous l’ombrière. Cette donnée retarde aussi un point que l’on avait bien failli oublier, les épreuves de kitesurf prévues à 13h.“Ça a commencé ?”, entend-on à plusieurs reprises. Personne ne le sait vraiment. Même notre “expert” breton a abandonné ses jumelles pour déguster son repas : homard grillé, maigre laqué ou pièce de bœuf, au choix. À 14 h 30, le dessert – abricot au romarin ou raviole exotique – ne va pas tarder lorsque les athlètes s’élancent enfin. Pas d’euphorie pour autant, l’île est trop éloignée pour véritablement suivre et le début de la course passe inaperçu. “Je suis un peu déçu, il y avait quand même écrit repas spécial JO”, lâche un client après avoir cherché, en vain, un meilleur point de vue.
Cette déception vite oubliée, les clients recherchent les quelques coins d’ombre pour la deuxième partie de l’après-midi. Une offre de glaces vient les rafraîchir entre deux baignades. Seules les rondes de bateaux et hélicoptères des forces de l’ordre – chargés de surveiller la marina – viennent interrompre le calme ambiant. Pour l’équipe en revanche, une embarcation amène déjà du renfort pour préparer l’île aux 200 personnes qui arriveront à partir de 19h. L’occasion de proposer un premier retour vers la ville, proposition déclinée par l’ensemble des clients qui comptent bien rester pour la soirée. Le semi-rigide ne repart pas vide pour autant, il déposera Marsactu qui vit, à son tour, une expérience exclusive.
Commentaires
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Comment vous y allez, un îlot du patrimoine marseilais “longtemps ferrmé au public” ??? Qu’une île soit privée ou privatisée est déjà un scandale en soi. Ensuite si le “public” c’est celui qui peut payer 200 €/ pers un repas, drôle de notion du public !
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Ramenez cela à une barre de shit cela n’est pas excessif et cela fait moins mal . Rien qu’au virage nord du Vélodrome, avec ce qu’il se fume ils pourraient quintupler la clientèle.
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Vous êtes contre la propriété privée?
Si c’est le cas, allez donc vivre dans les pays qui l’ont interdite, vous devrez vous y sentir bien mieux qu’en France.
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Je préfère même pas imaginer où vont les déchets ! Ni où se déversent les toilettes!
Franchement les riches sont les gens les plus cons du monde. Tu leur vendrais n’importe quoi dès que tu leur dis qu’ils sont privilégiés. Mais, c’est l’élite parait-il…
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Visiblement, il n’y a pas que les riches .
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Le silence règne partout dans l’île du Diable (« silence de tombe », dit Dreyfus) hormis le seul bruit répétitif et lancinant du choc des vagues qui déferlent sur les rochers et le bruit du vent.
Ici, c’est payant, bruyant, et bien fréquenté .
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Cette île a été fermée pendant des années… Très peu accessible.
Voilà que s’installe un endroit soi-disant privilégié.
Bof oui peut-être mais hors jo on peut y passer boire l’apéro, manger un morceau sans payer beaucoup plus cher et même plutôt moins que dans certains rooftops installés sur les toits de Marseille.
Et ce lieu n’est pas beaucoup plus privé que certains coins de plage ou autres terrasses en ville ni réservé aux vip riches de la ville
Bien évidemment reste entier le problème des eaux usées et des déchets. Mais là la métropole doit gérer !
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