D’Aix à Frais Vallon, les espoirs de conquête du Nouveau Front populaire

Décryptage
le 1 Juil 2024
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Les résultats du premier tour des législatives ont mis le RN en tête mais marquent aussi le retour de la gauche sur une grande partie du département. Présents au second tour, de nombreux candidats de la gauche modérée peuvent espérer l'emporter dans une semaine.

Amine Kessaci lors d
Amine Kessaci lors d'un tractage à la Rose le 24 juin 2024. (Photo : VA)

Amine Kessaci lors d'un tractage à la Rose le 24 juin 2024. (Photo : VA)

L’un est un apparatchik qui a tout connu en politique : conseiller de Jean-Noël Guérini puis député élu en vague rose en 2012 avant d’être balayé cinq ans plus tard sous les habits d’un dissident macroniste. L’autre est un enfant des quartiers Nord, révélé à la politique par une interpellation remarquée du président à Bassens en 2021 et repéré par les hiérarques écologistes, l’eurodéputée Marie Toussaint en tête. A priori, beaucoup de choses opposent le maire du Puy-Sainte-Réparade Jean-David Ciot et le militant associatif né à Frais-Vallon Amine Kessaci. Mais dimanche prochain, ils incarneront les espoirs de conquête du Nouveau front populaire dans les Bouches-du-Rhône.

À l’arrivée, derrière le Rassemblement national, la gauche se pose incontestablement comme la deuxième force politique du département avec 273 957 voix. À Marseille, elle devance même assez largement le parti à la flamme avec 7 points d’avance à 40 % et 133 000 voix. Au bilan, elle obtient plus de secondes places qu’elle n’en espérait. Et mise désormais sur un retour du front républicain pour tenter de valider ces qualifications dimanche 7 juillet.

"Soit la justice sociale et écologique, soit le pacte brun"

Que l'on parle des quartiers nord de Marseille ou des circonscriptions hors de la ville-centre, ces deux candidats pourraient permettre à la gauche de reprendre pied sur des terres qui lui semblaient inaccessibles. À Aix-en-Provence, ils sont même deux à pouvoir espérer colorer de rose la ville dans une semaine.

À l'est d'Aix et de son pays, Jean-David Ciot n'a que deux points de retard sur le candidat du Rassemblement national Gérault Verny. "Les gens font de nouveaux confiance à une gauche social démocrate", se réjouit-il. De l'autre côté d'Aix, l'universitaire et conseiller municipal Marc Pena arrive dix points derrière l'ancien maire de Cabriès Hervé Fabre-Aubrespy. Seules les velléités des députés sortants soutiens du président qui ne se sont pas rangés pour l'heure à la consigne nationale de désistement brouillent leurs espoirs.

Dans les quartiers nord, Amine Kessaci a poursuivi les comptes jusque tard dans la nuit. "Je vous l'annonce dès à présent : le 7 juillet, la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône va basculer. Et du bon côté". Amine Kessaci prévoit une conférence de presse pour ce lundi "parce qu'on m'appelle de partout" mais il a encore la force d'une réaction à chaud : "C'est faisable parce qu'elle n'a pas de réserve de voix. [La députée sortante RN] Gisèle Lelouis a pris les siennes, il ne lui reste que quelques voix de Reconquête. Moi, j'ai des voix à prendre chez Horizons, chez les divers gauche et écolo. Le choix est simple : soit Amine Kessaci, 20 ans, un enfant des quartiers nord, fort, fier et tête haute. Ou Gisèle Lelouis, une retraitée qui n'a rien fait en deux ans à l'assemblée. Soit la justice sociale et écologique, soit le pacte brun."

Deux LFI réélus au premier tour

Si l'on ajoute Laurent Lhardit, dans la 2e circonscription (7e et 8e arrondissements de Marseille) ce sont quatre candidats de gauche qui peuvent espérer intégrer le palais Bourbon. Après sa soirée à suspense, l'adjoint à l'économie de Benoît Payan s'agace de l'absence de consignes de vote claires face au RN, au nom de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme”. Il rappelle : “Je fais partie de ceux qui ont voté Chirac, Muselier et Macron face à Le Pen”.

S'ajoutent à ce quatuor l'écologiste Christine Juste et la représentante de Place publique Pascaline Lécorché, qui mèneront à l'est de Marseille des combats difficiles contre le RN. Ils ont en commun de proposer des profils modérés. Toute élection d'un de ceux-là viendrait pondérer le poids dans le département de la France insoumise qui a comme prévu vu Manuel Bompard et Sébastien Delogu être brillamment réélus à Marseille. Hendrik Davi, s'il s'était présenté en dissident de la France insoumise, reste membre d'Ensemble, le parti de Clémentine Autain.

Cette possible embellie n'a été permise que par la dynamique d'union. Laurent Lhardit ne devance que de 900 voix la députée sortante Claire Colomb Pitollat le long du littoral sud de Marseille. Marc Pena est sur le même étiage. De quoi valider les prédictions d'un hiérarque de la gauche durant la campagne : "J'ai le sentiment qu'on a choisi des profils adaptés au territoire, ça peut faire la différence." La même recette peut-elle marcher deux fois ?

(avec Benoît Gilles, Marie Lagache et Samy Hage)

Pierre Dharréville, l'ombre au tableau
À chaque fois, l'élastique se tend un peu plus pour le député communiste de Martigues Pierre Dharréville. Cette fois encore, l'ancien journaliste réalise une "remontada". Mais, avec 36 % des voix, il reste loin des 47,5 % obtenus par l'obstiné élu Rassemblement national Emmanuel Fouquart. Il faudra mobiliser largement pour créer un nouvel exploit et le battre le 7 juillet, d'autant plus qu'un candidat Reconquête et un soutien de Nicolas Dupont-Aignan ont chacun réalisé 1,5 % des voix.
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Commentaires

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  1. MarsKaa MarsKaa

    Merci pour cette analyse des données.
    Le Front de gauche est donc la 2e force politique du département, après le RN. C’est à marteler car certains ont du mal avec les réalités, les élus macronistes en particulier, les LR aussi. Mais les électeurs de gauche aussi n’ont souvent pas conscience de leur nombre et de leur force. La gauche unie est la 2e force politique du département (je martèle).

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  2. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Pas d’espoir pour la 11 ème ? Doit on en déduire que le 3ème (Modem) soutenu par le maire des Pennes-Mirabeau (girouette tendance brune) va se maintenir ?
    RN en premier, second PS j’avais espoir, si le 3ème se maintient je m’abstiendrai.

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Je ne comprends pas vraiment votre intervention. En cas de duel RN/PS vous votez mais en cas de triangulaire RN/PS/Modem vous vous abstenez de voter?

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  3. MarsKaa MarsKaa

    L’infographie n’est pas bien lisible, le choix des couleurs ne m’apparaît pas très pertinent.

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    • Hélène Hélène

      J’ai pensé la même chose. Et nous ne sommes pas daltoniens, pour qui cette carte doit paraître complètement uniforme !

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    • Régine HAMZAOUI Régine HAMZAOUI

      Absolument d’accord, mettre de la même couleur le RN et le NFP gagnant, c’est dire blanc bonnet et bonnet blanc. Pas de bleu que du rose, on peut vouloir modifier la sémiologie politique traditionnelle des couleurs, mais ce n’est pas le bon moment. Et puis un peu pareil pour les titres le tsunami c’est une vague irrépressible, les mots un sens les employer confirme les choses.

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  4. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    A Marseille, on peut avoir 7 députés de gauche (en tout cas pas du RN !) si les “macroniens” arrivés 3e au premier tour se comportent bien.
    Il faudrait que les consciences de centre gauche se réveillent maintenant et arrêtent de s’effaroucher de l’épouvantail Mélenchon : les soutiens de Mélenchon pur sucre ont été élus au premier tour !

    Si on veut équilibrer la gauche, il reste à élire :
    – Une responsable nationale Place Publique avec Raphaël Glucksmann ,
    – Deux Ecologistes ,
    – Un socialiste ,
    – Un LFI dissident !

    On ne peut quand même pas rêver mieux en matière de Front Populaire que cet équilibre là !!

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    • MarsKaa MarsKaa

      Très bien vu.

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  5. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    Raphaël Gluksmann :

    “Les appareils politiques, Emmanuel Macron, Jean-Luc Melenchon, les étiquettes, les sigles, les adhésions aux uns et les détestations des autres n’ont plus d’importance aujourd’hui. Tout est balayé par le rendez-vous que nous devons honorer avec l’Histoire. Avec le destin de notre nation. Avec nous-mêmes.

    Seule compte désormais cette question que chacune, chacun d’entre nous doit se poser en son for intérieur, et à laquelle il ou elle doit répondre en son âme et conscience, une question à la fois éminemment politique et profondément intime : suis-je prêt à donner le pouvoir à l’extrême-droite le 7 juillet 2024 ? Vais-je laisser Le Pen, Bardella, Maréchal, Ciotti et Odoul diriger la France?

    Je les vois si nombreux, commentateurs et politiques, sur les plateaux s’exciter sur le programme économique du Nouveau Front Populaire comme si cela revêtait encore la moindre importance, taper sur Emmanuel Macron et son arrogance comme si c’était le sujet du jour, replacer constamment Jean-Luc Melenchon et ses provocations au centre du débat comme si c’était l’enjeu du moment. C’est pathétique.

    Soyons clairs et essayons d’être honnêtes car la sincérité seule peut nous hisser à la hauteur du péril : il n’y aura ni majorité macroniste, ni majorité de gauche dimanche prochain. Donc le seul, l’unique enjeu de ce second tour, c’est la majorité absolue pour le RN. Et la seule
    manière de répondre, c’est par « oui » ou par « non ».

    Ces élections impromptues et insensées sont devenues hier soir un référendum (elles l’étaient depuis le début selon moi): pour ou contre l’extrême-droite au pouvoir. C’est simple, c’est basique. Tout leader qui par narcissisme ou par calcul stratégique essaie de vous faire croire qu’il s’agit d’autre chose œuvre au triomphe du RN.

    Nous sommes toutes et tous confrontés à un choix binaire, un choix sans échappatoire. Un choix qui dessinera le visage de la France pour longtemps. Il nous reste 6 jours pour ne pas sombrer dans l’abîme. On se concentre sur l’essentiel, on puise en soi la force de combattre et on ne lâche rien.”

    Raphaël Gluksmann

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