MARSEILLE ENTRE DEUX SCRUTINS
Comme toutes les villes de France et d’Europe, Marseille a connu, dimanche 9 juin, les élections européennes. Mais que signifient, au juste, ces élections pour Marseille ?
Marseille se proclame en Europe, mais l’est-elle vraiment ?
La participation montre bien que, comme partout en France, seulement la moitié de celles et ceux qui vivent à Marseille revendiquent leur citoyenneté européenne. L’abstention est autour de la moitié des électrices et des électeurs. Cela montre que seulement la moitié des habitants de la ville expriment, par leur vote, une appartenance civique à l’Europe. Une fois de plus, il faut lire, dans les résultats de ce scrutin la double appartenance de Marseille, en Europe certes, mais aussi dans le monde méditerranéen – si loin de l’Union européenne, avec les préoccupations et les choix qui sont ceux des pays dits « du Sud ». Le sens des élections européennes est toujours le même : si la participation est toujours moins élevée dans ces scrutins que dans les autres, c’est que, malgré ses pressions économiques et règlementaires toujours aussi fortes, voire de plus en plus, Bruxelles est si loin de Marseille…Cependant, il importe d’ajouter que, cette année plus peut-être que lors des scrutins européens qui ont précédé celui d’hier, l’appartenance à l’Europe, voire l’identité politique européenne de la France, sont de plus en plus remises en question – parce que c’est l’Union européenne qui est remise en question, avec ses choix et l’hégémonie du libéralisme qui la caractérise. La question qui demeure, mais à laquelle nous ne pouvons pas répondre à l’issue de cette élection est celle de la partition de l’Europe entre le Nord et le Sud. Il ne semble pas que ce scrutin ait illustré de façon particulière ce clivage entre les « deux Europe ». Cette double appartenance de Marseille, au Nord et au Sud de l’Europe se manifeste, notamment, par la situation de la ville et de son port dans l’espace méditerranéen. Comme Marseille est la ville du Nord de la Méditerranée qui entretient, depuis toujours, des relations avec les pays du Sud, comme ceux de l’Afrique du Nord et ceux du Sud de l’Europe (Italie, Grèce, Espagne), ces élections européennes avaient une importance particulière pour notre ville. Il importe que la politique méditerranéenne du prochain Parlement européen mette fin aux inégalités entre les deux Europe, mais rien n’est moins sûr, compte tenu de la façon dont il sera désormais composé.
Des élections qui se déroulent dans une situation particulière
Comme toute la France, Marseille est dans une situation politique particulière : celle d’un rejet de l’exécutif national et d’une montée de l’extrême droite, mais aussi Marseille retrouve sa voix résistante. Immédiatement après la liste du R.N., Marseille a placé en tête des élections européennes les listes de gauche. En ce sens, il s’agit bien d’un vote de protestation. Cette protestation s’est exprimée par le choix de deux listes d’opposition à la politique de l’exécutif et aux choix d’E. Macron. Marseille a ainsi retrouvé la voix de « La Marseillaise », celle de l’opposition à l’hégémonie d’un pouvoir exécutif parisien qui ignore les particularités de la deuxième ville de France et de sa métropole. Ces élections étaient pour Marseille une occasion de plus de manifester son opposition. Elle l’a fait. L’enjeu de ces élections européennes comme celui des élections législatives à venir sera de savoir comment est orientée la vie politique de la ville.
Marseille entre deux scrutins
C’est une autre caractéristique de Marseille, car la France est entre deux scrutins depuis qu’hier soir, le président a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Il va bien falloir qu’à Marseille, comme dans toutes les villes de notre pays, les partis comptent leurs forces et décident la politique qu’ils vont choisir pour les élections législatives. Si la gauche veut gagner des sièges de députés, il faut qu’elle s’unisse, il faut qu’elle mette fin à la politique aberrante de séparation entre les partis qui la composent. C’est ce clivage qui l’a affaiblie et l’a empêchée d’avoir des résultats convenables aux élections européennes. Peut-être la gauche avait-elle « oublié » qu’il n’y a qu’un seul tour à ces élections. Mais il faut tout de même qu’elle ne mise pas sur le déroulement des élections législatives en deux tours, car encore faut-il, pour espérer quelque chose, être présent au second tour ce qui suppose d’être assez fort au premier. La dispersion des voix de la gauche lors des élections européennes ne doit pas se reproduire aux élections législatives. La gauche avait remporté les élections municipales en 2020, mais il ne faut pas qu’elle s’endorme sur ces lauriers-là. Entre les élections européennes et les élections législatives, Marseille doit demeurer une ville de gauche, et, pour cela, il importe qu’elle envisage le scrutin qui l’attend sans rejouer les mêmes erreurs que lors du premier.
La configuration de l’exécutif
Mais il faut se rappeler une autre caractéristique des élections législatives : c’est d’elles que dépend la composition du futur gouvernement de notre pays. Sur ce point, il faut choisir : si nous ne voulons pas que le R.N. gouverne, il importe de remporter les élections législatives. Sinon, ce serait l’inconnu – mais pour trois raisons. La première, c’est que nous n’avons aucune idée de ce que serait une politique dirigée par le R.N. dans notre pays – quoique nous sachions tout de même qu’elle serait réactionnaire et inégalitaire. La seconde raison de cette incertitude porte sur la politique marseillaise et méditerranéenne du futur exécutif. Marseille et la métropole risqueraient de perdre beaucoup à une telle orientation, les discriminations du R.N. étant particulièrement marquées à l’égard des pays du Sud de la Méditerranée et des personnes qui en sont issues. La troisième raison pour laquelle un tel gouvernement serait un saut dans l’inconnu, c’est que nous ne savons pas ce que serait la position du chef de l’État. En effet, on peut envisager qu’il choisisse de démissionner, ne pouvant pas envisager une « cohabitation » avec le R.N. Il y aurait alors, en France, une troisième élection – dont ne savons encore rien. La responsabilité des partis de gauche est immense.
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