Européennes : le RN dissout Renaissance dans les Bouches-du-Rhône

La carte du vote dans les Bouches-du-Rhône lors des élections européennes du 10 juin 2024. En bleu foncé, le vote RN.

Haut la main. Avec plus de 37 % des voix dans le département aux élections européennes, le Rassemblement national (RN) a imposé sa suprématie dans les urnes des Bouches-du-Rhône. Une confirmation plus qu’une surprise : en 2022, le parti de Jordan Bardella avait déjà marqué un grand coup lors des élections législatives, en emportant six sièges de députés, dont un à Marseille.

Plus qu’une première place déjà acquise en 2019 dans la quasi totalité des 119 communes des Bouches-du-Rhône, c’est désormais l’ampleur de l’écart qui interpelle. 45 % à Istres, devant les 11 % de la liste France insoumise, 38 % à Salon où Renaissance plafonne à 13 %, idem à Aubagne ou encore Martigues…

^{Cartes Geoffrey Brossard}

Même le pays d’Aix, qui tenait encore sa ligne macroniste en 2019 et a offert deux députés à la majorité présidentielle en 2022, a lui aussi placé Jordan Bardella en tête, malgré des scores moindres. À Aix même, là où Renaissance tenait le RN à plus de 12 points de distance, la couleur de notre carte s’est inversée. Une première dans l’histoire électorale de la deuxième ville du département.

Signe de cette désaffection globale pour la majorité présidentielle : en dépit d’une mobilisation plus forte des électeurs, la liste de Valérie Hayer ne progresse qu’à Saint-Estève-Janson, l’un des plus petits villages du département. À Cassis, l’une des rares villes où la majorité présidentielle était en tête en 2019, la montée nette de la participation (+8 points), ne permet pas d’endiguer le reflux sévère (344 voix perdues), ainsi que de LR (-111). Dans ce bastion de la droite traditionnelle, le RN engrange plus de 500 voix supplémentaires, tandis que Reconquête, l’autre parti d’extrême droite, s’offre le luxe de dépasser LR. A Marseille, la droite et le centre totalisent tout juste 15 % des suffrages exprimés.

De son côté, la liste de Marion Maréchal, ancienne candidate aux régionales, s’affirme comme une force politique avec des scores frôlant souvent les 10 %, dont près de 7 % à Marseille.

Plus généralement, la liste de François-Xavier Bellamy ne réalise que quelques scores proches des 10 %, dans des petites villes, et affiche des résultats médiocres dans des grandes villes tenues par la droite (Aubagne, Salon, Gardanne…).

À gauche, les évolutions d’un scrutin à l’autre sont notables. Comme au niveau national, Europe écologie abandonne sa troisième place pour passer sous la barre des 5 %. La liste menée par Raphaël Glucksmann, allié au PS, réalise de beaux scores dans le pays d’Aix, mais bondit moins qu’au niveau national.

La France insoumise revendique en effet la primeur dans plusieurs grandes villes (Arles, Martigues, Aubagne, Istres), où elle réalise entre 10 et 15 %. Son score à Marseille, plus de 20 % à moins de dix points du RN, marque aussi sa dynamique, alors qu’elle était arrivée cinquième en 2019, avec seulement 8,2 % des voix. Surtout, alors que les législatives se mèneront à l’échelle de territoires plus restreints, cette avantage se décline dans 12 des 16 arrondissements marseillais.

D’ordinaire, ces enseignements locaux d’un scrutin national sont disséqués tranquillement par les élus et les partis, en pesant les spécificités de chaque configuration. Mais, avec un premier tour des législatives fixé au 30 juin, ce temps de l’analyse sera contraint…

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