Promise par Benoît Payan, la voile pour tous les écoliers attend encore son vent portant
La mairie de Marseille entend profiter des équipements des Jeux Olympiques pour mettre les petits Marseillais à la voile. Mais la Ville a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Un groupe pratique le nautisme à la Pointe-Rouge. (Photo : Timothée Vinchon)
Ce matin, ça s’active dans la base multiclubs de Pointe-Rouge. “Notre-Dame-de-la-Garde indique le nord, cherchez un drapeau et vous pouvez connaître le sens du vent“, s’époumone un moniteur de voile de l’association Eau Large de Noé. Pas de chance ce jour, la pluie est au rendez-vous et le vent vient du Nord-Nord-Ouest. “C’est pas ça qui va empêcher les jeunes de sortir. Ils préfèrent ça qu’un cours théorique”, s’amuse Rudy Teillet, chef de base de la section voile de l’association ASPTT. ll montre la petite zone que le club va mettre à disposition des équipages finlandais, norvégiens, belges et espagnols cet été lors des Jeux Olympiques, tout en tempérant : “Il n’y a pas spécialement d’emballement des jeunes avec les Jeux, ça reste très loin d’eux“.
Avant l’inauguration de la marina olympique au Roucas-Blanc, dont Marsactu vous racontait la facture salée, le maire de Marseille Benoit Payan s’est arrêté dans La Provence sur “l’héritage” des jeux qu’il souhaite faire vivre avec cet équipement remis à neuf : “Aujourd’hui, on est à 4 500 enfants par an ; on va doubler pour passer à 9 000. D’ici quelques années, tous les enfants pourront pratiquer [la voile] avant la sixième“. La ville veut faire des Jeux un tremplin pour raccrocher les jeunes marseillais au patrimoine maritime. Si des programmes existent, seule une part mineure de chaque classe d’âge est actuellement initiée à la voile. Sur 11 000 enfants entrant en 6e, autour de 20% ont pu passer par cette initiative.
Initier à la voile, c’est bien, mais ça reste un sport élitiste. La vraie urgence, c’est les piscines.
Laurence Cetene, enseignante
De retour à Pointe-Rouge, deux classes de collège se partagent le plan d’eau, malgré une mer agitée. Une classe de 5ᵉ du collège Chape est accompagnée par l’YCPR, une autre classe de 6ᵉ à Marseilleveyre arrime deux “Pico”, un petit modèle de voilier très adapté à l’initiation. Laurence Centene, la professeure d’EPS de ces derniers, accompagne depuis des années ses élèves à la voile. “Regardez qui a une combinaison et qui n’en a pas, vous devinerez très vite de quel établissement viennent les uns et les autres”, déplore-t-elle. Avec une eau à 13°C, les valeureux matelots de l’établissement du centre-ville semblent effectivement transis de froid dans leurs joggings et tenues de sport. Malheureusement la combinaison est à la charge des parents. La professeure vante les mérites de l’apprentissage de la voile. “Les mettre sur l’eau comme ça, ça leur fait travailler énormément de choses. Esprit d’équipe, débrouillardise, compréhension de son environnement…” Si elle se réjouit que plus d’enfants apprennent la voile, elle alerte : “Initier à la voile, c’est bien, mais ça reste un sport élitiste. La vraie urgence, c’est les piscines. De plus en plus de gamins ne savent pas nager. À Marseille, c’est quand même dramatique.”
Des programmes à tous les âges
Interrogé sur les ambitions de la ville, Hervé Menchon, adjoint délégué à la mer et à la biodiversité et donc chargé du portefeuille des activités nautiques, reprécise rapidement les chiffres annoncés par le maire : “lorsque l’on parle de 4 500 enfants initiés, on compte à la fois ceux qui ont bénéficié du dispositif de « classe bleues transplantées » sur les bases de voile municipales mais aussi ceux qui ont bénéficié de programmes de sensibilisation à l’univers marin, au CIDMer par exemple“. Fruit d’un partenariat entre la Ville et les services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 13), les “classes bleues” sont le dispositif sur lequel la Ville veut s’appuyer. Grâce à celui-ci, les classes de CM1 et CM2 des écoles marseillaises découvrent la voile sur les bases municipales de Corbières et du Roucas-Blanc lors de stages de quatre jours mêlant initiation à la voile et sensibilisation avec la mer et le milieu marin. De septembre à juin 2024, les deux bases vont accueillir 157 classes, soit 4000 élèves selon Tristan Loubière, directeur académique adjoint des services de l’éducation nationale des Bouches-du-Rhône, chargé du suivi du programme. Cela représente environ 25% des classes de CM1 et CM2 de la ville.
Nous aurons la capacité d’accueillir 11 000 élèves de primaire.
Hervé Menchon, adjoint au littoral
Comment atteindre l’objectif de chaque classe d’âge sensibilisée à l’entrée en 6e ? L’élu à la mer attend énormément de la nouvelle marina du Roucas-Blanc, qui se transformera en stade municipal de voile après les Jeux : “Nous allons doper le centre municipal de voile (CMV) en termes de matériel et recruter 5 à 7 moniteurs. Nous aurons la capacité d’accueillir 11 000 élèves de primaire“. Du côté des services, Jean-Christophe Leydet, fraîchement arrivé en tant que responsable du développement des activités nautiques et subaquatiques est très optimiste : “Nous étions en fonctionnement dégradé cette année avec les Jeux. Mais dès la rentrée, vu la qualité des infrastructures, on risque plutôt d’être victimes de notre succès. Maintenant, c’est aux enseignants de s’en saisir.” Fonctionnant sous forme d’appel à projets sur la base du volontariat des enseignants, “le programme sera dimensionné en fonction des nouvelles capacités de la ville”, explique Tristan Loubière.
Deux autres programmes existent pour mettre les élèves à l’eau à partir du collège. Au niveau départemental, le dispositif “classe voile” permet à 186 classes du département de bénéficier de 8 demi-journées d’enseignement de la voile avec le CMV et des associations affiliées à la Fédération française de voile comme l’ASPTT. Depuis 2020, la région a également mis en place un dispositif “voile au lycée” qui a permis le financement de 28 actions.
voile associative espère profiter de l’élan
Le monde associatif du nautisme regarde ces initiatives publiques avec attention. “Dans les quartiers Nord, la majorité des gamins ont à peine mis les pieds à la base nautique de Corbières, s’exclame William Huet, alors avant même la voile, les vraies questions, c’est l’accès à la mer ou des bus pour aller vers les plages.” Instituteur à l’école primaire de la cité du Mail (14e arrondissement), il a lancé l’association Hatoup. Comme plusieurs autres associations du même type, elle complète l’offre publique et contribue à faire découvrir le patrimoine maritime à travers des projets artistiques, scientifiques ou de création audiovisuelle.
En 2022, les travaux de la marina avaient forcé plusieurs associations, dont Hatoup, à trouver de nouveaux ports d’attache. Le Bigorneau, le bateau de l’association, s’est retrouvé au Frioul. “On a eu de la chance, d’autres ne s’en sont pas relevés.” Il a bon espoir que les associations retrouvent une place sur la nouvelle base du Roucas-Blanc. Interrogé sur ce point, Hervé Menchon assure qu’un appel à projets “avec un vrai cahier des charges et où chacun aura sa chance“ sera organisé après les Jeux : “Il fallait remettre de l’ordre, il y avait eu trop de petits arrangements.”
L’instituteur, qui estime que la municipalité fait preuve d’une réelle envie d’amener plus de jeunes vers la mer, espère cependant que ces annonces ne seront qu’une première étape : “Renouer avec le patrimoine maritime, ce n’est pas que la voile, qui reste un sport de luxe pour les classes favorisées. C’est faire en sorte que le littoral ouvre des perspectives d’épanouissement, de mobilité et de boulot pour toutes et tous. “
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Irréaliste dès le départ. Il faudrait mieux les mettre au golf. Un bâton, une balle, un trou et roule ma poule.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Toujours la même excuse les ouvrages réalisés pour les J.O. serviront mais quand il faut trouver les budgets de fonctionnement : bâtiments, matériel, personnels la seule solution proposée par les élus c’est DSP donc privatisation avec obligation pour le délégataire de réserver quelques créneaux horaires au public
Se connecter pour écrire un commentaire.
Pour faire de la voile, il faut savoir nager sur 25 m : commençons par là.
Se connecter pour écrire un commentaire.
oui, la priorité reste les piscines.
il n’y a pas que les budgets de fonctionnement divers et de personnel, il y a le budget perso pour chaque enfant qui souhaite faire de la voile, un maillot ou un caleçon ne suffisent pas, ou alors juste sur 3 à 4 mois l’été.
même si l’idée est bonne le programme sera complexe à mettre en place (et coûteux) pour qu’un maximum d’enfants en profite.
si, et seulement si, ils savent nager, en plus !
Se connecter pour écrire un commentaire.
Pour les moins jeunes , rappelez vous cette émission avec Nounous.
“Un ours (Gros Ours, puis Nounours) rend visite à
deux enfants chaque soir avant leur coucher. Il s’enquiert de leur journée, de leurs soucis ou leur raconte une histoire et, avant de regagner son nuage, leur dit « Bonne nuit les petits, faites de beaux rêves ! » alors qu’une poignée de sable doré tombe en pluie sur les enfants endormis. L’ours repart sur un petit nuage au son d’une mélodie jouée au pipeau par Ulysse, le Marchand de sable.”
Alors concernant PM j’hésite entre Nounours ou Ulysse.Car voir jouer un Ours du pipeau serait extrêmement spectaculaire.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ah! Ah! Cher Alceste, vous m’avez rajeuni de 60 ans d’un coup!
Se connecter pour écrire un commentaire.
comme elle sera gérée par la ville, à priori, la nouvelle base nautique sera fermée le we et jours fériés, qui peut confirmer ? si c’est vrai, cela est une vraie connerie
Se connecter pour écrire un commentaire.
Comme pour la bibliothèque de l’Alcazar.
Le début d’une pétition lancée le 12 avril :
« Monsieur le Maire,
Depuis plus de 3 ans, les horaires d’ouverture au public de la BMVR Alcazar sont de 25
heures par semaine, de 13 à 18 heures du mardi au samedi, alors qu’ils étaient, avant le
COVID, de 40 heures…. »
Se connecter pour écrire un commentaire.
4500 enfants chaque année, cela fait 12 enfants par jour, pour une seule journée dans l’année, sur 3 bases nautiques. Pas vraiment du taylorisme, les centres municipaux de voile c’est la planque ?
Mais il est vrai qu’en les privant de piscine et d’apprentissage de la nage, les gosses n’ont pas trop de velléités voileuses.
Et en les privant d’accès au littoral, 7 km de digue interdits d’accès du Vieux Port à l’Estaque, pour les enfants des quartiers au nord de la ville, la mer c’est un autre monde
Se connecter pour écrire un commentaire.
Une amie s’est vue refuser l’inscription de sa fille en sport étude voile à Marseilleveyre parceque sa fille n’habitait pas dans le bon arrondissement…pas pour une question de niveaux…on est bien loin des promesses municipales..
Se connecter pour écrire un commentaire.
Et si on essayait : Moins d’ambitions plus de réalisations ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Notre “bon” maire devrait relire les grands hommes ainsi il me revient à la mémoire cette maxime ” Il y a des gens qui se croient le talent de gouverner par la seule raison qu’ils gouvernent” .( Napoléon).
Se connecter pour écrire un commentaire.
Benoît Payan est bien au dessus de l’actualité immédiate, des agendas politiques et même de ceux qui se croient « Maîtres des horloges. « Des villes sœurs pour l’éternité» a donc prophétisé notre démiurge de la Capelette en réclamant le jumelage de Marseille avec Erevan.
Se connecter pour écrire un commentaire.
“Celui qui ne peut faire une prière chez lui fait la messe chez les autres.”
Proverbe Arménien que notre “maire” devra méditer durant sa semaine “de vacances ,non je suis mauvaise langue ,d’amitiés accompagné de la brigade de zélus à Erevan pour le jumelage.
Vassal, serait t’elle du voyage?
Se connecter pour écrire un commentaire.