Conseils de couture pour Eugène Caselli

Eugène a un blog avec un header qui ressemble à une pub d’agent immobilier américain (“This port was sold by Eugene”, prononcer Iougine), mais peu importe la forme, allons voir le fond. Sur ce blog, où les commentaires sont autorisés à l’inverse de celui de Mary-Arlette (mais la modération est sévère, mon commentaire pour signaler l’existence de ce billet a été censuré…), il a écrit dernièrement : “il faut recoudre les quartiers tombés en déshérence”, une phrase qui arrive un peu comme ça et qu’il ne développe pas vraiment.

Bon, cette phrase intervient en conclusion d’un billet réclamant à corps et à cris plus de policiers municipaux et une union sacrée sur le volet sécuritaire. Mais comme Eugène est de gauche, il n’oublie pas le deuxième battant du volet. De la couture donc… Comme il a l’air déterminer à s’emparer du fil et des aiguilles, voilà quelques conseils de style.

Pour coudre, il faut avant tout du fil, beaucoup de fil ! Surtout vu la gueule du tissus marseillais : beaux imprimés mais sacrément déchirés. On peut prendre un fil couleur “voitures de flics” pour recoudre, c’est la tendance, très en vogue sur la Côte d’Azur. Certains créateurs panachent avec des motifs “caméras”, c’est un peu plus haut de gamme,  forcément plus cher, mais que voulez-vous… c’est le prix d’un look chic et moderne. Gros succès immédiat sur le tourisme de croisières mais il faut penser à changer régulièrement parce que c’est pas vraiment solide.

Moi il y a un genre de fils que j’aime bien (vous me direz, les goûts et les couleurs…), c’est le fil style TCSP. Ce créateur original nous propose des fils à base de transports en commun, il a plusieurs variétés en magasin : bus, métro, tram, téléphérique… Alors, c’est sur, c’est moins bling bling, au début ça fait un peu comme si on avait rien fait, les touristes aiment moins, les amoureux du doré qui claque non plus. Mais c’est d’une solidité à toute épreuve. C’est simple, les amateurs parlent de cicatrisation plutôt que couture.

Beaucoup de villes se sont recousues avec ce type de fils, et pas forcément les plus faciles, Medellin ou Bogota par exemple, c’était autrement plus décousu que Marseille. Et bien les transports publics ont fait un effet bœuf !

Après, je veux bien entendre que ce n’est pas le seul fil valable, et que recoudre les quartiers les uns aux autres n’est pas LA solution ultime. D’autant plus que certains m’ont l’air très contents d’être décousus du reste.

C’est pour ça qu’un peu de fil n’est pas une fin en soi, on peut le customiser un peu, profiter qu’on fait passer du fil TCSP dans un quartier pour y coudre un peu d’activité : des commerces, des lieux de socialisation (pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité : des restaurants, des cafés et des bars), donner de bonnes raisons et l’envie aux gens de réinvestir l’espace public dès qu’ils en ont envie. La couture a de nombreuses vertus, surtout quand on ne rapièce pas à la va-vite.

Alors au boulot Eugène, dis-nous comment tu vois la couture !