Contexte défavorable pour la RTM
Tous les candidats aux Municipales nous feront leur couplet sur la nécessité de développer les transports en commun à Marseille, nous les écouterons attentivement, estimant avec raison qu’il y a urgence à agir, et à agir bien. Plus de métros, plus de tram, plus de bus, plus tard et plus souvent ! Pourtant, la tendance pourrait être exactement à l’inverse : moins de tout ça !
Au-delà des doutes légitimes que l’on peut avoir sur la sincérité et le financement de ces promesses, le dernier rapport de l’Union des Transports Publics démontre pourquoi, si rien n’est fait, il faudra se résoudre à moins de métro, moins souvent, et moins tard. Et les marmottes de se manger un beau taquet dans les dents ! A moins que…
La conférence de presse avait lieu hier, Les Echos en ont fait un haut de page : le transport public se paupériserait ! Et ce, pour une raison toute simple : “le ratio R/D (recettes/dépenses d’exploitation) ne cesse de se dégrader. Ce ratio est passé de 39 % en 2002 à 31,5 % en 2012”. En clair, même si l’on enlève les dépenses d’infrastructures, le système en soi perd de plus en plus d’argent rien qu’en fonctionnant !
A qui la faute ? C’est simple comme un cours d’économie de 1ère : la demande augmente, l’offre aussi, mais le financement ne suit pas : plus de consommateurs qui utilisent plus de services sans payer plus. Les réseaux sont plus grand, le service s’est amélioré jusqu’à l’année dernière d’où une augmentation de la dépense : “La dépense par voyageur est passée de 1,44€ à 1,52€, soit une progression de 4,7% en dix ans. Dans le même temps la recette par voyageur est passée de 0,56€ à 0,48€, soit une baisse de 15%”… pendant que les recettes baissaient, SOS !
Le transport public a trois sources de revenus : les subventions des collectivités, le versement transport acquitté par les entreprises, et le prix du ticket ou abonnement. On voit mal sur laquelle taper pour retrouver un équilibre de fonctionnement… Alors, l’UTP imagine une réduction du service : par exemple réduire la fréquence le soir (j’imagine mal encore moins de tram, métro ou fluobus…).
Bref, une tendance de fond qui pourrait venir contrarier les plans de développement des transports en commun à Marseille (si quelque plan sincère existe vraiment). A moins que…
A moins que la métropole soit un vrai facteur accélérateur qui puisse nous permettre d’évoluer à l’inverse des tendances nationales, au moins jusqu’à rattraper le retard qui nous sépare des autres grandes métropoles européennes en la matière.
A moins que certaines des préconisations faites par l’UTP, comme la décentralisation des recettes de stationnement et des amendes (seuls 35% des français paient leur stationnement et 20% leurs amendes, combien à Marseille ?) et leur fléchage vers les transports en commun. Mais aussi la prise en compte du coût des nuisances engendrées par le transport automobile, notamment :
- 442€/an/personne pour la pollution aux particules fines
- 500€/an/personne pour l’accidentologie
Ce qui m’amène à suggérer une idée qui m’avait traversé l’esprit un jour pour Marseille : pourquoi ne pas inclure un abonnement RTM pour tous dans les impôts locaux ? Il ne s’agit pas de gratuité mais d’inclure par défaut le coût du transport public dans les impôts locaux de tous les habitants, en échange d’un code valable pour un abonnement d’un an pour chaque membres du foyer fiscal.
Si la collectivité (et l’Etat) voulait bien faire une avance sur les gain à venir (moins de pollution, moins d’accidents), il serait peut-être possible de baisser la participation par personne d’un tiers… Avec 250€/an supplémentaire par adulte et 125€ par enfant, les impôts seraient certes largement élevés, mais avec les transports inclus, libre ensuite à chacun de les utiliser.
Avec 860 000 abonnés assurés, la RTM aurait une visibilité financière lui permettant d’améliorer son offre de service, et les marseillais seraient largement encouragés à prendre les transports en commun, “quitte à payer… autant les utiliser”, ce qui réduirait bon nombre des problèmes dont souffre Marseille aujourd’hui.
Et à l’inverse des systèmes dits “gratuits”, les touristes et visiteurs occasionnels continueraient de payer.
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