Devant l’usine d’Eurolinks, un rassemblement demande l’arrêt des exportations vers Israël

Actualité
le 2 Avr 2024
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Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées ce lundi devant l'usine marseillaise qui fabrique des liens pour munitions, dont quelque 100 000 pièces ont été exportées fin octobre vers Israël. Les manifestants ont exigé un arrêt des exportations vers l’État hébreu.

Manifestation devant l
Manifestation devant l'usine marseillaise d'Eurolinks, le 1er avril 2024. (Photo : Nina Hubinet)

Manifestation devant l'usine marseillaise d'Eurolinks, le 1er avril 2024. (Photo : Nina Hubinet)

Il pourrait s’agir d’un groupe de randonneurs urbains, sillonnant, sous un soleil radieux, les rues bordées de fleurs de Château-Gombert. Mais au vu des banderoles et drapeaux palestiniens que portent ces quelque 400 “marcheurs”, on comprend vite qu’il ne s’agit pas d’une promenade printanière. “Ma compagne m’a dit ce matin qu’il y avait cette manif de prévue. Je me suis un peu renseigné sur cette histoire d’Eurolinks et ce que j’ai lu m’a convaincu de venir”, confie Romain, 35 ans, comédien.

“La situation actuelle à Gaza est horrible, ça me touche beaucoup. La Palestine est toujours présente dans l’actualité depuis que je suis ado, parfois plus en sourdine… mais là, c’est vraiment catastrophique”, poursuit-il. Quelques mètres plus loin, Léa*, étudiante, précise aussi les raisons de sa présence : “Ce que je veux dénoncer, c’est l’hypocrisie de notre gouvernement : ils font de belles déclarations sur la situation humanitaire désastreuse à Gaza, mais en fait, ils sont complices du massacre en cours.”

Après l’arrivée d’une vingtaine de retardataires, venus à pied du métro La Rose, le cortège s’élance sur la rue Leprince-Ringuet, vers l’usine d’Eurolinks, escorté par quelques policiers. C’est un collectif marseillais rassemblant une trentaine d’organisations locales (dont les Soulèvements de la Terre 13, Extinction Rebellion, Marseille Gaza Palestine, Urgence Palestine, Tsedek, Technopolice Marseille, BDS Provence, SFA-CGT, Sud éducation…) qui a appelé à manifester devant le site du fabricant marseillais de liens pour munitions, suite aux révélations de Disclose et Marsactu mardi dernier. Nos deux médias révélaient alors que l’entreprise a exporté plus de 100 000 de ces liens indispensables au fonctionnement des fusils mitrailleurs vers Israël, fin octobre.

“Sur la chaîne du génocide, il n’y a pas de petits maillons.”

Un keffieh rouge autour du cou, Rania, 24 ans, a bien lu la déclaration du ministre des Armées, qui a assuré le 26 mars que ces pièces n’entraient pas dans la fabrication des armes de l’armée israélienne. Mais comme les autres manifestants interrogés, elle reste sceptique. “Ils disent ça, mais n’ont aucune preuve. Comment on peut être sûr, en ce moment, que les entreprises israéliennes ne donnent pas ces armes à leurs soldats plutôt que de les exporter vers d’autres pays ?”, s’interroge cette professeure des écoles. “Après la décision de la Cour de justice internationale qui dit qu’il y a un risque de génocide à Gaza, on ne peut plus faire comme si on n’était pas au courant ! Il faut faire comme le Canada et les Pays-Bas et arrêter toutes les exportations vers Israël”, martèle-t-elle, encouragée par les hochements de tête approbateurs de deux amis.

Pierre*, un militant du comité local des Soulèvements de la Terre 13, explique que son engagement pour l’environnement le rend sensible au sujet, en raison notamment de “l’accaparement des terres et de l’eau pour asservir une population, comme c’est le cas en Palestine. L’écologie réelle est forcément décoloniale et anti-impérialiste, il faut que l’on fasse comprendre ça.

“Israël assassin ! Eurolinks complice !” ou “La France n’est pas complice, elle est coupable !”, lancent les manifestants en remontant la rue vers le bâtiment vert et noir de l’usine. Au passage, les murs d’enceinte des résidences de standing voisines sont recouverts de graffitis ou d’affiches visant l’entreprise, du simple “Eurolinks = mort” au plus élaboré : “Sur la chaîne du génocide, il n’y a pas de petits maillons.”

Une fois arrivés devant l’entrée de l’usine, protégée par six policiers, les prises de parole se succèdent. “Benoît Payan voulait faire de cette ville la capitale de la paix et de la solidarité en Méditerranée”, ironise Régine Fiorani, représentante de Marseille Gaza Palestine. “On demande un rendez-vous au maire depuis des mois… On a écrit à tous les élus du Printemps marseillais à plusieurs reprises depuis octobre, mais on a reçu aucune réponse. Ils font preuve d’un mépris total”, s’insurge la militante en aparté. “Par contre, ils ont suspendu la subvention de la ville à l’UNRWA. Et même s’ils ont finalement dit qu’ils allaient la rétablir, on attend de voir.”

QUelques élus présents

Après une demi-douzaine de déclarations de différents collectifs, les élus s’emparent du micro. “Depuis des mois La France insoumise dénonce le massacre en cours”, tonne Sébastien Delogu, député LFI de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône. “Il ne s’agit pas d’un soutien inconditionnel aux Palestiniens, mais d’une question d’humanité”, poursuit-il. Chahidati Soilihi, élue EELV à la mairie des 15-16, lui emboîte le pas. “En tant que marseillaise, je ne peux pas accepter qu’une entreprise exporte des composants qui ont pu servir pour des armes utilisées lors du massacre de la farine… Ce n’est plus possible, il faut que la Ville de Marseille se positionne et appelle à un arrêt des exportations de matériel militaire.” Et en effet, ce lundi férié, aucun élu de la majorité municipale Printemps marseillais n’a rejoint les rangs des manifestants, dont le cortège a poursuivi sa route en direction du collège Malraux.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.

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Commentaires

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  1. Christian Christian

    Bien sûr qu’il faut agir pour mettre fin au massacre de Gazaouis innocents (et de militants humanitaires !), qui entache la riposte militaire d’Israël, au début légitime après les atrocités du Hamas contre les civils israéliens des kibboutz.
    Mais le gros souci, c’est que les manifs pro Palestine qui ont lieu çà et là en France sont plus proches de l’antisémitisme d’ultragauche mal camouflé que d’une démarche pacifiste.

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    • bonaventure bonaventure

      Pur racisme !!! Fantasmer l’antisémitisme des “autres” sans aller dans les manifestations de soutien aux Palestiniens contre le génocide
      Une juive indignée

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  2. kukulkan kukulkan

    ils étaient en fait 1 200, merci marsactu de revoir vos décomptes…

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    • Tyresias Tyresias

      J’y étais, 400 me paraît correct, j’aurais dit 500
      PS Quant au post de Christian, anti-sémitisme je ne sais pas, rien entendu en ce sens. Reste des difficultés. Ma question est qui s’y colle au manifs ? On n’a pas besoin de partager tous les slogans. Exemple : on peut reprendre Palestine vivra, sans reprendre Palestine vaincra.

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  3. printemps ete 2020 printemps ete 2020

    Merci Mars actu !

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  4. 9zéros 9zéros

    Le meilleur vecteur de soutien et de prise de position est le stade vélodrome, l’enceinte sportive est représentative de l’âme profonde Marseillaise, elle se devrait de manifester son empathie pour ces cousins méditerranéens massacrés et puis aussi pour tous ceux qui fuient la misère et meurent noyés.
    Sous la coupe des pouvoirs et de l’argent nous détournons les yeux, sous prétexte de séparation des jeux et de la politique, mais le jeu est politique!! À quoi bon vaincre pendant que d’autres agonisent ? Que les supporters Marseillais se réveillent et les autres villes suivront…. on peut rêver….

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  5. Mars, et yeah. Mars, et yeah.

    Question : on fait les mêmes manifs contre les acteurs de l’armement qui équipent les terroristes ? C’est juste pour savoir hein, question d’équité dans l’humanité…

    … Ah bah non on peut pas : c’est kalash, c’est russe et ça fait peur d’y aller. Bref, les méchants c’est nous en France, c’est certain. Vision manichéenne et partiale d’un même sujet, aucune probabilité de bien agir.

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