Samedi, la Nuit debout passe le test des quartiers Nord

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le 22 Avr 2016
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Fort de trois semaines de mobilisation, le mouvement de contestation et de débat décliné à Marseille tente de se faire rassembleur. Première tentative majeure, une délocalisation du cours Julien vers la cité des Flamants (14e arrondissement) est prévue ce samedi 23 avril. Des collectifs d'habitants se préparent à accueillir l'événement, non sans quelques réserves.

Samedi, la Nuit debout passe le test des quartiers Nord
Samedi, la Nuit debout passe le test des quartiers Nord

Samedi, la Nuit debout passe le test des quartiers Nord

Le cours Julien est leur repaire. Depuis le 31 mars, des citoyens militants ou non se réunissent en petite ou grande assemblée sur la place piétonne du 6e arrondissement pour discuter. De la loi Travail tant contestée, d’abord, puis de beaucoup d’autres choses, quasiment tous les soirs, hormis un passage par les Réformés (1er arrondissement). […]
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Commentaires

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  1. Annie Annie

    Alors, raconte, comment ça c’est passé….

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  2. JL41 JL41

    Lisa Castelly, j’ai bien aimé votre approche toute en finesse et comme Annie, je suis curieux d’une nouvelle analyse de votre part si vous êtes allée sur place.
    Pour ma part, je n’ai pas d’analyse aboutie. J’ai conscience que ceux qui parlent forment une minorité très réduite de militants et je voudrais pouvoir cerner l’isolat culturel à partir duquel ils s’expriment. Nous avons chacun le nôtre, plus ou moins étendu et ces isolats culturels ne communiquent pas facilement entre eux. Peut-être même pas les « Nuit debout » avec ceux qui dans les cités ne sont pas couchés aux mêmes heures ?
    La Provence a déjà fait une relation de cette soirée. Il n’y a que 4 commentaires. Je cite le dernier de Mastre, qui fait ressortir un clivage assez courant à gauche : « Caractéristique des mouvements d’extrême gauche, et constitué de gens qui cherchent à se mettre en place, combattre et parler de racisme et d’islamophobie est bien vu dans certains milieux, au lieu de parler vraiment social et emploi, ou ça coince grave… Une dérive pour moi qui a fait que je ne supporte plus ces discours soi disant de gauche… »
    http://www.laprovence.com/article/societe/3903376/la-nuit-debout-au-devant-des-cites-de-marseille.html

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    • Lisa Castelly Lisa Castelly

      Merci JL41 ! “C’est délicat comme questions” me disait un de mes interlocuteurs au sujet de la mobilisation dans les quartiers. La méfiance était grande, mais la soirée a bien eu lieu et tous les compte-rendus ne sont pas négatifs, certains y voient l’embryon d’un possible futur. Mais assurément, si quelque chose aboutit, cela demandera du temps et beaucoup de tact de chaque côté.

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  3. JL41 JL41

    Le Monde relate de façon assez distancée ce non évènement marseillais, qui apparaît comme une tentative de récupération assez maladroite du « malaise des quartiers », pour en reprendre cette qualification mineure. Samy Johsua, l’élu FDG du secteur était dans le même radeau : http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/24/a-marseille-la-nuit-debout-se-heurte-a-la-realite-des-quartiers-nord_4907725_3224.html
    « Tout au long de la semaine, le dialogue avec les associations et les personnalités des quartiers nord qui ont accepté de collaborer s’est ponctué d’incompréhensions, de maladresses. La diffusion du film emblématique du mouvement, Merci patron !, a été abandonnée au dernier moment. « Pour converger, il faut un sens, souffle Fatima Mostefaoui. Tu ne vas pas passer Merci patron ! à des gens qui, en majorité, n’ont pas de travail. »

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  4. Jean-Marie Leforestier Jean-Marie Leforestier

    Bonjour à tous,
    Elodie vous prépare un petit best-of des papiers parus chez nos confrères.
    https://marsactu.fr/bref/bobos-de-nuit-debout-aux-flamants-vus-presse/

    De mon côté, ma curiosité m’a poussé à me rendre aux Flamants samedi soir, non pas pour un reportage classique, mais plutôt pour écouter, comprendre ce qu’il se passe et me poser la question que vous posez JL : événement ou non-événement ?
    Longtemps, la soirée s’est résumée au contraste relaté par Lisa dans ce papier, à cette organisation balbutiante, à cette maladresse immense qui a prévalu à l’organisation de la soirée. Dit autrement, le curieux du centre-ville que j’étais attendait qu’il se passe quelque chose, qu’une étincelle vienne bousculer les positions des uns et des autres. L’affluence maigre, la quasi absence d’habitants ne m’incitaient guère à y croire
    Finalement, cette étincelle est venue en deux temps. En vingt minutes, deux femmes ont permis à la soirée de basculer. La première, une militante Nuit debout venue du Cours Julien a parlé de la fracture de la ville contre laquelle elle ne s’était pour l’heure pas levé, de sa faible connaissance des combats et des acteurs des quartiers populaires. Sans culpabilité mais avec une forme de sincérité, presque de mise à nu qui clamait ” voilà d’où je parle”. Venir “pour apprendre à se connaître, pour converger”, une posture humble qui tranchait avec les combats du départ centrés autour de la figure épouvantail du bobo et de la précarité comparée entre un habitant du centre-ville et un résident d’une cité.
    La seconde femme est une figure bien connue, Rachida Tir, la présidente de l’Alliance savinoise. A 21 h 30 passées, la Nuit debout montrait qu’elle aussi pouvait s’assoupir, chacun y étant allé de ses interventions sur la loi Travail, le statut des intermittents, les conditions de rétention au CRA de Marseille et la situation des sans-papiers… Rachida Tir a voulu vérifier que la convergence pouvait se faire en chansons, non pas les habituels chants de lutte mais des titres du répertoire populaire (quoiqu’un membre de la Nuit debout soit venu rappeler avec l’accent que “si j’avais un marteau” est bien – en anglais – un chant militant). “Ça, ce sont vos chansons”, disait-elle après avoir fait reprendre en cœur “Aux champs-elysées” ou “Siffler sur la colline”.
    Est-ce l’ambiance enfin apaisée, le formalisme de la Nuit debout (gestes codifiés, tours de parole, etc.) émoussé par trois heures de causeries, la pénombre qui avait gagné l’esplanade qui jouxte le centre social fraichement inauguré ? La parole s’est faite plus libre. Mourad s’est avancé vers le micro : “Dans nos quartiers, il faut tout reprendre à zéro, depuis la maternelle. Et d’ici vingt ou trente ans, on n’entendra peut-être plus les kalachnikovs”, a-t-il expliqué, visiblement ému.
    Ces discours-là, moins formatés, ont alors commencé à émerger à l’heure où certains avaient déjà sauté dans l’ultime bus susceptible de les ramener vers le centre-ville. Alors seulement, la promesse de se revoir a paru bien plus sincère. Les “Nuitdeboutistes” ont incité les gens du cru à créer leur propre rassemblement, comme les Madrilènes indignés avant eux, qui avaient démultiplié leur Puerta del sol en assemblées de quartier.
    L’histoire ne dit pas si la flamme prendra, si les occupants du Cours Julien réussiront un jour à projeter leur Merci patron – retoqué samedi soir – sur les murs des Flamants et si les militantes et les habitants du quartier se sentiront concernés par son propos. Elle ne raconte pas non plus si les tracts concoctés à la va-vite et appelant “les bénévoles compétents à s’engager trois heures par semaine pendant un an” dans des activités dans les quartiers ont suscité des vocations. Mais les “bienvenue” finalement lancés ont paru eux aussi bien plus sincères que ceux de convenance lancés par Fatima Mostefaoui en préambule après un long monologue marqué par la défiance : “Vous venez libérer notre parole ? Mais notre parole est libre.”

    Voilà pour mon ressenti, assez proche je crois, du papier de Libération à ce propos https://t.co/SUeNPhIhkQ.
    (Les citations de ce post, certifiées conformes par mes soins, sont empruntées à Libé et au Monde)

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      “… à l’heure où certains avaient déjà sauté dans l’ultime bus susceptible de les ramener vers le centre-ville.” Un bout de phrase qui dit, mieux qu’un long discours, cette “fracture” de la ville que certains nient : la relégation n’est pas qu’un sentiment.

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  5. Annie Annie

    merci à tous pour ces infos.

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  6. JL41 JL41

    Merci Jean-Marie et Lisa pour la délicatesse de votre approche et le respect de l’expression de ces différents courants ou de ces différentes personnes. Il faut commencer par là, mais il faut aussi, ensuite, remettre en perspective. Pour ma part je reste dubitatif. Déjà que le mouvement des lycées et collèges était comme précédemment assez «égoïste», sans connaître beaucoup la loi Travail (mais on faisait confiance à la CGT) et le monde du travail. Pas de comparaison possible avec Mai 68. La parole vient de différents isolats culturels, la question est de savoir ce qu’elle est capable chaque fois d’embrasser. Certains discours militants sont archi-ressassés.

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