Marseille en grand : Martine Vassal lance les études des transports de l’an 2000

Reportage
le 15 Mar 2024
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Au terme d'une nouvelle réunion du groupement d'intérêt public qui pilote les 15 projets de transports en commun du plan Marseille en grand, les élus du territoire ont affiché leur entente. La présidente de la métropole en a profité pour présenter de nouveaux projets à l'étude.

Sabrina Agresti-Roubache, Benoît Payan et Martine Vassal dans l
Sabrina Agresti-Roubache, Benoît Payan et Martine Vassal dans l'atelier RTM, devant la rame Néomma. (Photo : B.G.)

Sabrina Agresti-Roubache, Benoît Payan et Martine Vassal dans l'atelier RTM, devant la rame Néomma. (Photo : B.G.)

Il y a un petit côté rétrofuturiste dans cette réunion du groupement d’intérêt public (GIP) sur les projets de transports en commun de Marseille en grand. Nous sommes dans les ateliers du métro à la Rose. Là même où, dans les années 70, un parterre d’hommes, le maire illustre, Gaston Defferre, au centre, coupaient le ruban du premier métro marseillais. Presque un demi-siècle plus tard, la présidente de la métropole Martine Vassal a choisi symboliquement ce lieu pour une nouvelle réunion du conseil d’administration de l’instance qui doit piloter les projets mobilité du programme voulu par le président Emmanuel Macron.

La réunion a eu lieu dans une petite salle de l’étage et le point presse se tient dans le vaste atelier de la régie des transports. La secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache, Martine Vassal (DVD) et le maire de Marseille Benoît Payan (DVG) font face à la forêt de micros avec, derrière eux, la première rame du Néomma, le métro en pilotage automatique, imaginé par le designer Ora Ito, et dont les tests sont en cours.

Devant les caméras, les deux élus et la ministre déléguée, chargée du suivi du plan Marseille en grand, affichent une belle entente. “Il nous arrive de ne pas être d’accord, avance Benoît Payan, qui le premier prend la parole. Mais il nous arrive d’être d’accord. Je tiens à saluer l’engagement de la ministre sur ce sujet, je souhaite qu’on aille encore plus loin dans le désenclavement des quartiers Nord, vers la métropole. La présidente a pris l’engagement d’accélérer et je l’en remercie. On a besoin d’aller plus loin encore sur la ville de Marseille“.

À l’Est et au Sud, de nouveaux projets à l’étude

Cela tombe bien, le maire et son équipe ont découvert à l’occasion de cette nouvelle réunion du GIP une palanquée de nouveaux projets pour lesquels Martine Vassal va lancer des études. En octobre dernier, l’État et la métropole ferraillaient sur les questions de financement. Comme Marsactu l’a raconté, l’État ouvrait la possibilité de transformer une part des avances remboursables, qui constituaient les trois-quarts du milliard d’euros promis, en subventions directes. En échange, l’État entendait voir fleurir de nouveaux projets.

Six mois et un nouveau gouvernement plus tard, il n’est plus question de financements supplémentaires. En revanche, Martine Vassal a profité de “cette revue de projets” pour présenter une liste réunie sous le titre “ambition métropole 2035″. Ils ressemblent furieusement à ce qu’auraient été les transports marseillais si la ville n’avait pas un quart de siècle de retard.

Capture d’écran de la carte qui rassemble les nouveaux projets marseillais. (Source : métropole)

On y retrouve donc le projet de prolongation du tramway du 4 septembre vers les plages du Prado en passant par la Corniche. Toujours dans le Sud de la ville, une extension du métro vers la Zac du Vallon-de-Régny. À l’Est, un prolongement du tramway des Caillols vers la Valentine avec une jonction vers la gare de la Barasse. Et, enfin, une liaison entre la Castellane et Saint-Antoine, déjà évoquée, avec le petit plus de la liaison par câble vers l’hôpital Nord. Pour faire bonne mesure, la métropole a ajouté d’autres projets hors Marseille, dont le BHNS vers La Duranne sur l’emprise de la ligne ferroviaire. Un projet ardemment défendu par Sophie Joissains, la maire d’Aix.

Mais, en face de ces projets, il n’est plus question d’un coup de pouce de l’État, dans le cadre du projet Marseille en grand. Quand on lui pose la question du financement, Martine Vassal se veut rassurante. “Vous savez, au départ, je demandais trois milliards, rappelle-t-elle. J’en ai obtenu un. Nous verrons ensuite, projet après projet, comment obtenir des financements supplémentaires“.

Points durs à aplanir

Mais, avant d’aborder la question du futur à dix ans, il s’agit déjà de boucler les 15 projets inscrits dans l’agenda de Marseille en grand. Si les élus affichent des sourires câlins en présence de la secrétaire d’État, en coulisses, cela a continué de ferrailler dur. Les jours précédents le GIP, le maire de Marseille et la présidente de la métropole échangeaient des courriers courroucés sur les sujets qui fâchent : la traversée de la Belle-de-Mai par la rue Loubon et les démolitions de maisons, le terminus du tramway Sud vers la Gaye et non plus vers la Rouvière. Et enfin, le passage du métro à travers le 14ᵉ entre Burel et Saint-Jérôme.

Sur ces trois points, le maire de Marseille estime avoir été rassuré. Il se satisfait également d’une autre annonce qui répond à un autre point d’inquiétude mis en avant par ses services. Alors que le GIP ne s’est tenu qu’une seule fois en 18 mois, il tiendra ses réunions désormais tous les trois mois. Et Martine Vassal entend associer à ces travaux l’ensemble des parties prenantes, des usagers aux entreprises. Elle se félicite d’un “GIP très constructif“. “Tout le monde est unanime : la métropole a accéléré, elle est à fond, ajoute-t-elle. Elle a remis les transports sur les rails en suivant les instructions du président de la République. Avec la ministre, nous avons mis un coup d’accélérateur vers le Nord“.

Un métro 24 heures sur 24 ?

Euphorie de la réconciliation ou surenchère en prévision des prochaines élections, Martine Vassal rêve d’un métro “ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept” quand le maire espère simplement qu’il soit accessible plus tard le soir. Comme elle l’a déjà égrainé ces derniers mois, Martine Vassal fait désormais de la mobilité sa “première des priorités“. “D’ailleurs, nous l’avons fait dès 2015 avec le département et nous continuons avec la métropole“, tient-elle à rappeler. Elle entend donc s’appuyer sur les “projets fantastiques” qui seront livrés en 2025, à la veille des prochaines municipales. Et, pour faire bonne mesure, elle annonce sans les nommer les projets “autour d’Aix” et ceux de “Fos en grand” à l’Ouest du département.

Dans l’entourage du maire, on se montre attentif à la façon dont le département pourrait venir financer à la carte les projets futurs en fonction de la couleur politique des secteurs traversés. Il n’a échappé à personne que la plupart des projets à visée 2035 se développent à l’Est et au Sud, traditionnellement plus favorables à la droite.

En conclusion de la séance de micro tendu, Sabrina Agresti-Roubache rappelle la présence du ministre des Transports, Patrice Vergriete qui a penché sa longue silhouette de basketteur “sur le berceau de Marseille“, mais en visioconférence. Une visite officielle est prévue pour “dans quelques semaines”. “Il est important de montrer que tout le gouvernement est mobilisé sur le projet Marseille en grand“, insiste la secrétaire d’État, qui doit jouer ce rôle au sein de l’équipe de Gabriel Attal. “L’investissement du président de la République doit nous permettre d’obtenir pour nos enfants, ce dont nous, enfants de Marseille, avons été privés en termes de transports en commun, rappelle-t-elle. Il ne s’agit pas seulement de rattraper le retard, mais d’avoir une longueur d’avance“. La séquence rétro-futuriste est bouclée.

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Commentaires

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  1. MarsKaa MarsKaa

    Après la galère vecue hier dans le reseau metro + bus, lire toutes ces belles annonces me fait une belle jambe. Les projets ça fait rêver. Sauf qu’il faut 30 ans pour en voir le jour. Quand ils ne sont pas ajourés. En attendant, on galère ! Ameliorez urgemment l’existant !

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  2. Alceste. Alceste.

    Tout ça pour ça.
    8ème vite votre avis ,vous êtes souvent pertinent.

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  3. Vincent Squale Vert Vincent Squale Vert

    Et le terminus de la Rouviere abandonné discrètement sans reprise du BUS…

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      La Rouviere, plus de 2000 logements qui ne seront pas reliés au réseau par tram mais l’Escale Borely 2 liaisons dont une par la Corniche (quel intérêt autre que touristique? et l’autre par le Prado ??????

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  4. Armand Louis Armand Louis

    Au lieu de se regarder à l’horizon 2035 la Métropole ferait mieux de s’occuper de la réforme des bus de 2025. Sur un autre sujet, la réforme du ramassage des poubelles dans certains arrondissements de Marseille, c’est une catastrophe depuis le début de cette semaine. Avoir une crédibilité à 10 ans, c’est être exemplaire aujourd’hui.

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  5. Dark Vador Dark Vador

    Ha les poubelles… Lire toutes ces belles déclarations de “dans dix ans” en évitant les rats en sortant son chien le soir près des conteneurs qui dégueulent jours et nuits. Les ordures diverses et variées qui encombrent toujours les rues. Sans parler des transports en commun dont on peut penser qu’ils sont en jachère… Je désespère de cette classe politique, plus je lis Marsactu et plus j’en suis las. On ne s’en débarrassera donc jamais, j’ai compris, j’en suis sûr maintenant. Amen.

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  6. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Quelques réflexions un peu désabusées à la lecture de tous ces magnifiques projets qui font rêver, mais dont l’inconvénient principal est d’être situé dans un avenir très très futur !

    Or on sait ce que vaut cet avenir lointain : pas grand chose. Si le PDU de 2006 avait été appliqué, nous aurions aujourd’hui le métro jusqu’au technopole de Château-Gombert et jusqu’à Saint-Loup, et le tramway jusqu’à la Pointe-Rouge via Michelet. Tout ceci non seulement n’a pas vu le jour, mais de surcroît a été mis à la poubelle.

    C’est la caractéristique des projets locaux de transport public : les priorités à long terme changent tout le temps, en fonction d’on ne sait quoi. Le tramway à la Rouvière : priorité hier, mais abandon aujourd’hui. Le tramway sur la Corniche : inclus dans aucun PDU
    jusqu’à présent, mais priorité aujourd’hui. C’est à se demander si des études sur l’intérêt socio-économique de ces projets sont menées, ou s’ils sortent d’un chapeau en fonction des priorités électorales du moment…

    Ce qu’on peut craindre, c’est que tout cela finisse comme d’habitude ici : par le néant. Comme le fameux “plan vélo” annoncé triomphalement en 2019, dont chacun peut voir ce qu’il a produit près de 5 ans plus tard.

    On se souvient aussi que Gaudin, en 2014, promettait le métro à Bonneveine et à la Vieille-Chapelle pour “bientôt”. Une idée ni prévue au PDU, ni financée, mais pourquoi s’encombrer de ces détails technocratiques ?

    Bref, en attendant cet avenir radieux avec un RER autour de Marseille et un tramway qui servira 2 mois par an sur la Corniche, j’ai envie de revenir sur Terre, j’ai envie de dire “Et les bus, bordel !” C’est le titre d’une note de blog déposée sur l’Agora de Marsactu il y a 10 ans : https://marsactu.fr/agora/et-les-bus-bordel/.

    Je note en effet que plus personne ne parle de la restructuration du réseau de bus – mais j’espère qu’une question a été posée hier à ce sujet autrement plus intéressant pour la vie quotidienne d’aujourd’hui que des projets à long terme ! Si cette restructuration était encore à l’ordre du jour, on devrait voir des travaux de voirie visant à créer des couloirs de bus supplémentaires, par exemple…

    Bref, on aimerait que nos zélites arrêtent de jeter des paillettes en l’air mais se préoccupent aussi de l’avenir immédiat.

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    • Alceste. Alceste.

      Merci pour cette synthèse.
      Ce qui est désolant de surcroît, c’est la pantomime à laquelle nous avons eut droit il y a une dizaine de jours entre Vassal et Payan pour en arriver là.
      Vassal nous la connaissions ,mais Payan et le PM quelle déception.

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    • petitvelo petitvelo

      D’accord avec vous : quand on s’éloigne du centre, on préfère moins de tramway, plus de métro et de BHNS.

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  7. Coquelicot Coquelicot

    Il me semblait que la mairie, comme les habitants du quartier ne voulait pas du tram au 4 septembre ?

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Le tram au 4 Septembre n’était que la première pierre du projet visionnaire du tram Corniche de Madame Vassal. Règle n° 1: Si tu veux faire accepter une décision un peu difficile, commence petit par de l’acceptable et sors ensuite le reste du chapeau.
      Encore une démonstration que les transports marseillais sont aux mains de décideurs hors sol déconnectés de la vie des habitants.

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  8. kukulkan kukulkan

    disparition du projet vers Saint-Loup et Saint-Marcel ? qui était le plus avancé au niveau des études… incroyable !

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  9. Pitxitxi Pitxitxi

    Je suis assez désespéré de voir que c’est toujours le tramway qui a la priorité, car ça coûte moins cher (et ça permet de retaper/gentrifier des quartiers entiers). Pire, ça va en faire le mode de transport structurant de tout le réseau, alors même qu’il est souvent difficile de se déplacer dans le centre en tram (manifs, problèmes de voirie et réseaux, etc.) et que les fréquences sont bien moins élevées que le métro.

    Pire, alors qu’on nous a vendu de l’extension vers Saint-Loup des années durant, on constate donc que l’extension ne concernerait désormais que 2 stations… Déjà que les délais annoncés sont très lointains (ça sera pour nos petits-enfants ?), si en plus ce qui est proposé est revu à la baisse…

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    • Thauvinus Thauvinus

      Entièrement d’accord, le signal envoyé aux quartiers périphériques est une fois de plus très mauvais : prenez votre voiture si vous voulez allez au centre sinon débrouillez-vous !
      Quant au tram, dans une ville comme Marseille, il doit être pensé comme un outil servant à la desserte plus fine en complément du métro : c’est là que l’Etat doit plus imposer sa vision ou du moins un cadre plus directif quant à l’imposition du développement d’un tel mode de transport dans le cadre de l’argent de Marseille en Grand, pour donner une utilité de fond à ce plan, au moins dans le volet transport…

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  10. Ludovic TRINITE Ludovic TRINITE

    Pas un mot sur le tram Blancarde Capelette maintenant Borely dans votre article !

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  11. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Il faudrait que Madame Vassalle teste un jour, debout, le BHNS (haut niveau de service disent-ls !) . Ces bus articulés sont d’une conduite tellement brusque qu’ils peuvent vous jeter par terre à la moindre manoeuvre, départ, ralentissemnt ou accélération, . Bravo pour le confort des personnes âgées au genoux fragiles.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Ce ne sont pas les bus articulés qui sont en cause, mais le style de conduite de celui qui est aux commandes. Dans les réseaux de transport collectif, on forme les conducteurs à “l’éco-conduite”, c’est-à-dire à la conduite en douceur, à la fois pour le confort des passagers et pour l’optimisation de la consommation de carburant.

      Apparemment, une partie des conducteurs de la RTM y a échappé, je le constate tous les jours.

      Quant aux “BHNS” à la marseillaise, il y a tromperie sur la marchandise. Seul le B3 est un “vrai” bus “à haut niveau de service, c’est-à-dire exploité comme un tramway : voie réservée, priorité aux feux, arrêts relativement espacés, etc. Le B2 est une farce, et le B1 est, sur l’essentiel de son parcours, un simple bus articulé bénéficiant certes d’un couloir, mais qui passe son trajet à s’arrêter trop souvent, tantôt aux feux (on a “oublié” sa priorité), tantôt à des arrêts trop proches les uns des autres,

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