La directrice des services de la mairie FN des 13/14 part, le bateau tangue

La directrice des services de la mairie FN des 13/14 part, le bateau tangue

Un nouveau départ. L’expression pourrait être positive. Elle est synonyme au contraire d’une défection supplémentaire dans l’organigramme de la mairie des 13e et 14e arrondissements. La directrice générale des services, Marie-Dominique Desportes n’était pas au côté de Stéphane Ravier, lors du conseil d’arrondissement, ce jeudi. En séance, le maire a évoqué une situation “d’intérim” liée à des congés pris par cette dernière. Pourtant ce départ, Stéphane Ravier l’a lui-même annoncé le 4 janvier lors d’un apéro de rentrée avec un groupe d’élus et de militants “méritants”. Elle sera remplacée par l’actuel directeur financier de la mairie, Jean-Jacques Cambier.

Avec ce départ, Stéphane Ravier enregistre un nouvel accroc dans le tremplin qui doit lui permettre de conquérir la Ville en 2020. Il y a quelques semaines, deux de ses élus, Karim Herzallah et Karine Harouche, ont annoncé qu’ils quittaient sa majorité pour siéger parmi les non inscrits. Côté administratif, son directeur de cabinet, Adrien Mexis, a démissionné à l’été 2015, officiellement pour poursuivre sa carrière politique, notamment auprès de Marion Maréchal-Le Pen dans la course aux régionales. Depuis, il a claqué la porte du parti et rendu son mandat de conseiller municipal d’opposition à Istres. Si les premiers mois de gestion Ravier n’ont pas créé trop de remous, la mairie de secteur est désormais au bord de la crise de nerfs.

Apéro de rentrée

Stéphane Ravier reconnaît lui-même que ses relations avec Marie-Dominique Desportes se sont tendues au fil des mois. Cette tension a connu un point culminant, début septembre 2015. À l’occasion d’un apéritif avec les agents de la mairie de secteur, l’édile se lance dans un discours étonnant.

Selon plusieurs témoins qui souhaitent garder l’anonymat, Stéphane Ravier annonce que la porte de son bureau est ouverte à tous. “Il s’est présenté comme le seul patron de la mairie. Il était à l’écoute de tout le monde, y compris sur des questions d’avancement qui ne relève pas du politique, raconte un agent présent. Pour nous, cela a sonné comme un désaveu de la directrice générale des services. C’est elle qui est censée gérer les relations avec les agents, notamment sur la question de l’avancement”.

À la bastide Saint-Joseph où crèche la mairie de secteur, les couloirs bruissent de rumeurs : Marie-Dominique Desportes restera-t-elle à son poste ? Car cette sortie publique cache une tension plus personnelle. Une étrange affaire crispe les positions et provoque de nombreux commentaires chuchotés. Ils tournent autour d’un jeune agent municipal, S. Gardien du centre d’animation de Font obscure, il y habite un logement de fonction. Il a également la charge de la piscine attenante. Non sans mal, compte tenu des nombreuses incivilités qu’il dit affronter au quotidien.

L’étrange histoire du gardien de centre d’animation

Son histoire défraie la chronique à l’été 2014 quand son chien décède d’un empoisonnement après une nouvelle intrusion nocturne dans la piscine. Le maire se rend sur les lieux et convoque la presse pour dire son mécontentement face à ces incivilités et l’inaction des forces de police, alors qu’un commissariat est situé à quelques centaines de mètres sous le centre commercial du Merlan.

À l’été 2015, les incivilités reprennent autour de la piscine. Selon nos informations, cet été-là, l’affaire prend une allure de bras-de-fer entre S. et Marie-Dominique Desportes. D’après les éléments que nous avons pu réunir, fin août, la directrice générale des services aurait demandé à S. de lui fournir le certificat de dépôt de plainte qui devrait faire suite aux incivilités constatées.

Selon plusieurs sources distinctes, la haute fonctionnaire émet des doutes quant à la véracité du document qui lui a été fourni. Dans les semaines qui suivent, ce sont les policiers de la division Nord qui interviennent. S. est convoqué au commissariat du 14e arrondissement. Il est placé en garde à vue et une perquisition est menée à son domicile. Tous ces éléments sont confirmés par la préfecture de police qui indique que le dossier a été transmis au parquet. Le procureur ne communique pas sur la suite judiciaire qui a été donnée à l’enquête policière.

Membre de la “Ravier team”

Quel que soit le bien-fondé de cette histoire, elle a clairement participé à refroidir les relations entre Stéphane Ravier et sa directrice générale des services. Car S. n’est pas n’importe qui. Le 5 septembre dernier, quelques jours avant l’apéro de rentrée, il faisait partie des militants réunis autour du stand consacré à la mairie de secteur pour les universités d’été du parti au parc Chanot. Vêtu du T-shirt siglé “Ravier’s team”, il pose au côté du maire FN ou de la candidate aux régionales, Marion-Maréchal-Le Pen et relaie ces images sur son compte Facebook. À ses côtés, un autre membre de la “team” du maire, son épouse.

Cette dernière fait désormais partie de l’organigramme du cabinet du maire, en charge de la communication. C’est aussi elle qui a entièrement refait le site internet de la mairie de secteur. Depuis l’automne, son mari n’est pas en reste dans la com’ du maire. Le couple a créé sa propre société baptisée “Instants présents”. Sur un compte Flickr à ce nom, on peut visionner l’ensemble des images des vœux du maire à la population. On peut également apercevoir la silhouette de S., appareil en main, dans de nombreuses manifestations publiques du sénateur et maire et ce, dès l’automne 2014.

Même si ce n’est sans doute pas la seule raison qui explique le divorce consommé entre le maire et sa directrice, cet épisode illustre la volonté consommée du maire de faire confiance à une petite équipe de fidèles.

Desportes à la porte

Le départ de Marie-Dominique Desportes en est sans doute la conséquence la plus symbolique. Comme dans n’importe quelle mairie, le directeur général de services est le véritable patron des employés communaux. Même si, dans le cas des mairies de secteur, ces derniers dépendent également de la mairie centrale. Cadre à la Ville de Marseille, cette dernière avait l’avantage d’afficher un profil pluriel : celui d’une fonctionnaire respectée au sein de l’administration municipale, notamment pour son intransigeance et son respect du service public, ainsi qu’une histoire commune avec le parti de Marine Le Pen.

La presse a retenu son passage à la mairie de Marignane durant le premier mandat du frontiste Daniel Simonpieri. Directrice des affaires culturelles, elle avait fait le tri dans les abonnements de la presse d’opinion. Les années passant, elle est visiblement restée attachée au parti puisque la presse “nationale” indique sa présence à l’occasion d’une fête champêtre du FN à Six-Fours en 2009. Depuis, rien ne filtre de ses convictions politiques. L’intéressée se retranche derrière son devoir de réserve et refuse de répondre aux sollicitations de la presse. Durant les mois qui ont suivi son arrivée, elle était plutôt appréciée par les agents. Aux dires de certains, elle avait établi une barrière étanche entre les agents et les élus, loin des errements passées des mairies frontistes.

Actualisation le 6 mars 2020 à 14 h 32 : Suppression des identités de personnes citées au titre du droit à l’oubli.