Vent portant

Fin de la grève CGT marins, le Stena Carrier amarré dans le port de Marseille

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le 11 Jan 2016
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Après une semaine de ronds dans l'eau, le Stena Carrier a pu accoster au port de Marseille ce lundi après-midi. Un peu plus tôt, la CGT marins levait son mouvement de grève, acceptant une proposition de table ronde au programme ambitieux de la collectivité territoriale de Corse.

Fin de la grève CGT marins, le Stena Carrier amarré dans le port de Marseille
Fin de la grève CGT marins, le Stena Carrier amarré dans le port de Marseille

Fin de la grève CGT marins, le Stena Carrier amarré dans le port de Marseille

Une à une, les pièces du conflit autour de la desserte de la Corse sont en train de se débloquer. Réunis en assemblée générale pour la deuxième fois de la journée, les marins CGT de MCM (ex-SNCM) et La Méridionale ont voté la fin de la grève ce lundi après-midi. Celle-ci durait depuis une semaine en parallèle du blocus du Stena Carrier, navire de la nouvelle compagnie concurrente Corsica Linea (lire notre article).

À son bord, sous la garde de marins polonais – une des principales critiques de la CGT – plusieurs dizaines de remorques venues de Bastia attendaient une place à quai pour décharger. Malgré un jugement du tribunal de grande instance de Marseille vendredi condamnant la CGT marins à lever le blocus, ce qu’elle a fait officiellement, les dernières tentatives d’entrée dans le port avaient été vaines. Moins d’une demi-heure après l’annonce de la suspension du mouvement, le Stena Carrier a de nouveau fait route vers le terminal roulier sud du port de Marseille, cette fois-ci sans encombre.

Week-end tendu

Dans la matinée, le patron de MCM Patrick Rocca avait annoncé la fin du conflit en lien avec la volonté de négociation affichée par la collectivité territoriale de Corse. “Dès ce déblocage mis en œuvre, l’intersyndicale sera reçue à l’Assemblée de Corse aux fins d’ouvrir un dialogue sans tabou sur l’ensemble du système de continuité territoriale”, assurait le courrier envoyé dimanche à la CGT marins.

Dans le week-end, la situation avait empiré avec la reprise d’un service minimum sur les lignes de MCM et de La Méridionale. En représailles au blocage du Stena Carrier, les partisans de Corsica Linea ont bloqué le Girolata, qui a finalement pu débarquer dimanche ses 123 passagers, et le Jean-Nicoli. Poursuivant la symétrie dans le conflit, Patrick Rocca a annoncé ce mardi un recours en référé devant le tribunal d’Ajaccio pour obtenir le déblocage de ce dernier.

Une table ronde ambitieuse

“Il fallait qu’on sorte de cette bataille navale”, commente pour sa part Pierre Maupoint de Vandeul, syndicaliste CFE-CGC. Son syndicat ne participait pas à la grève “mais l’intersyndicale est unie sur le fond”. Il estime que Corsica Linea “a fait tout ce ramdam pour pouvoir être autour de la table”. Le programme de travail fixé ne sera pas de tout repos. Il s’agit rien de moins que de remettre à plat le système de financement public de la desserte de la Corse, passagers comme marchandises.

Dans cette optique, la nouvelle majorité de la collectivité territoriale de Corse annonce le choix “d’une compagnie corse tant en ce qui concerne l’investissement que l’exploitation. Une compagnie rassemblant acteurs public et privés, maîtrisée par la CTC en ce qui concerne notamment ses choix stratégiques, et répondant aux exigences de compétitivité économique et de garanties sociales dans son fonctionnement”. Pour l’heure, on voit mal quelle montage pourrait associer Corsica Linea et MCM sans nouvelle casse sociale, après le départ de 563 salariés de l’ex-SNCM.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Dans une interview à la Provence, Philippe Martinez, pose son syndicat face au Medef « qui représente l’esclavage ».
    Dans la Marseillaise, à propos du face à face bien codifié entre la SNCM devenue MCM, et Corsica Linéa, le journaliste parle « des appétits de voraces concurrents » (qui pratiquent les mêmes prix que la SNCM) et après le passage victorieux des chaloupes de la CGT devant le Stena Carrier, il titre « La sauvagerie libérale repoussée » : http://www.lamarseillaise.fr/marseille/social/45079-cmn-et-mcm-barrent-la-route-au-low-cost
    Le journaliste ne devient-il pas metteur en scène ?

    Dans la dernière phrase de votre article, Julien Vinzent, vous nous dites : « Pour l’heure, on voit mal quel montage pourrait associer Corsica Linea et MCM sans nouvelle casse sociale, après le départ de 563 salariés de l’ex-SNCM. » Est-ce votre analyse ou relayez-vous celle de la CGT ?
    Est-ce bien « la faute des autres » qui a conduit au départ de 563 salariés, la casse sociale que vous évoquez ? Nous savons bien qu’on était en situation de sureffectif subventionnée, avec bien des manquements dans les services dont devaient bénéficier les clients. Combien de trafics aussi n’ont-ils pas émaillé l’histoire de la compagnie ? Enfin, les salariés qui ont quitté la SNCM, n’ont-ils pas bénéficié d’indemnités, au-delà même de ce que prévoyait la loi ? La SNCM, du fait du plébiscite de la concurrence par des clients qui n’hésitaient pas à aller à jusqu’à Toulon, ou de ses grèves, est passée de 50 % des parts de marché à 15 %.
    Il y a donc beaucoup à regagner et je souhaite que MCM, de concert avec ses concurrents, ou au moins de certains d’entre-eux, regagne ces parts de marché et en gagnent sur le Maghreb. La mixité/concurrence service public/compagnies privées, devrait permettre une gestion saine des prestations, un équilibre entre service du client et marge nécessaire pour entretenir la flotte et investir dans l’avenir. Pourquoi devrait-il y avoir encore de la casse sociale ?

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      @JL41. Sans chercher à justifier l’ancienne SNCM ni entrer dans les détails, je trouve que tu fais l’impasse sur un point important qui fausse complètement, dans cette affaire, la concurrence qui te paraît souhaitable. Il n’y a pas de concurrence saine et loyale entre une compagnie française battant pavillon français, soumise au droit social français et dont les marins sont français, et des compagnies battant pavillon étranger 2ème registre dont les marins sont roumains, polonais ou bulgares et payés comme tels. La première est morte avant même d’avoir combattu.

      Je n’évoque pas l’opacité des comptes de Corsica Ferries et la façon dont tout a été fait, y compris par l’Etat et par la collectivité de la Corse, pour couler la SNCM, d’autres l’ont fait en connaissant parfaitement le dossier : http://alainverdi.tumblr.com

      Ce n’est pas tout à fait par hasard, ni totalement de sa faute – même si elle ne peut pas être exonérée de toute responsabilité -, si la SNCM n’a plus aujourd’hui que 15 à 18 % de part de marché sur la desserte de la Corse.

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    • JL41 JL41

      Electeur du 8è, ceux qui sont informés de tous les tenants et aboutissants concernant la SNCM sont rares, y compris parmi ses marins. Et on ne retient le plus souvent que les vérités qui arrangent. Le journaliste peut être (doit être) quelques crans plus objectif. Je n’ai jamais commenté le sujet de façon très détaillée, j’estime que les articles lus ne m’en ont jamais donné assez. La source Alain Verdi que j’avais consultée est partielle, malgré tous ses détails, qui laissent occultés d’autres aspects.
      Contrairement à cette idée très colportée, il n’y a pas d’opacité des comptes de Corsica Ferries. Je me les étais procurés, comme ceux de la SNCM et ceux de la CMN, la compagnie certainement la mieux gérée des trois, avec des frais de personnel très mesurés. Lorsqu’on analyse les aspects financiers, ce ne sont pas les charges financières moindres du personnel de Corsica qui sont en cause dans les malheurs de la SNCM.
      La provocation un peu précipitée de Corsica Linea s’est faite avec des marins européens, mais tu as quand même lu dans Marsactu qu’il était prévu que Corsica Linea tourne dès le mois de février avec des marins vivant en Corse, français donc, ce qui fera des emplois pour un département où ils sont difficiles à créer.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Si tu as réussi à trouver les “vrais” comptes de Corsica Ferries, tu vas intéresser beaucoup de monde… Les “vrais” comptes, ce sont les comptes consolidés, pas ceux de la société commerciale CFF, qui n’est que la partie émergée d’un iceberg où chaque navire semble logé à l’étranger dans une société différente et où, au bout du bout, il y a une holding bien à l’abri en Suisse (et pas en Corse), qui ne publie pas ses comptes.

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    • JL41 JL41

      Voici les comptes déposés par Corsica Ferries, la SNCM et la CMN :
      http://www.societe.com/societe/corsica-ferries-france-496320151.html
      http://www.societe.com/societe/soc-nationale-maritime-corse-mediterra-775558463.html
      http://www.societe.com/societe/compagnie-meridionale-de-navigation-057801730.html

      Ces comptes sont toujours certifiés. Je n’ai pas cherché de version consolidée pour Corsica, l’ensemble de la nébuleuse reste probablement inconnue. Seule nous intéresse la partie comparable à la comptabilité des deux autres. Une société par bateau est une pratique courante pour la gestion d’une flotte, la CMA CGM procède de même. La comptabilité la plus opaque a toujours été celle de la SNCM.

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    • JL41 JL41

      Le décès de son fondateur, Pascal Lota, est l’occasion pour « Le Marin » de nous en die un peu plus sur Corsica Ferries qui détient maintenant 80 % des parts de marché entre la France, La Corse et l’Italie.
      Le côté plus obscur souvent reproché à la compagnie est évoqué aussi : « Le contrôle, familial, du capital de Corsica Ferries est opaque, avec une holding de tête, Lozali, basée à Genève, en Suisse. Avec le décès de son fondateur, père de quatre enfants, des recompositions sont à prévoir. Les différentes sociétés de la galaxie Corsica Ferries (qui compte 13 navires détenus par des propriétaires différents) emploient 1 000 salariés en moyenne annuelle (avec un pic de 1 700 en août). Un peu moins de 200 sédentaires travaillent à 50/50 entre Bastia et l’Italie ».
      http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/shipping/24149-corsica-ferries-mort-de-pascal-lota-fondateur-et-proprietaire

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  2. julijo julijo

    On verra ce que peut donner une telle table ronde. J’ai envie de dire “chiche”
    Laisser faire une compagnie corse, avec uniquement des corses habitants en Corse, selon les souhaits de la CTC et AUCUNE SUBVENTION DE L’ETAT COLONISATEUR !!
    Moi, je dis : chiche !
    Les “dirigeants corses” et habitants en Corse de la nouvelle Corsica Linea connaissent bien les mécanismes…ils ont créés leurs entreprises en Corse avec l’argent des subventions nationales, aide à l’emploi, à l’installation…il y a un choix large, et ils ont profité de tout. Ils ont eu raison, c’était et c’est encore parfaitement légal et ils ont créé des emplois.
    Ce qui ne l’est pas c’est d’exiger -sous le joug du STC- des marins corses, habitants en Corse…mais bon, on verra….pourquoi pas des polonais habitants en Corse (il y en a plein)….des portugais aussi.
    Laissons les, pour voir….
    Il est très dommageable que l’Etat il y a déjà environ deux dizaines d’années ait abandonné ce secteur, pas de raisons objectives pour qu’il “aide” qui que ce soit aujourd’hui…..
    Peut être nous, corses ou pas habitants “sur le continent” paieront nous moins d’impôts…..pour ce département sous perfusion quasi constante.

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  3. leravidemilo leravidemilo

    (Pl)Ouf! Le navire corso /danois , à l’équipage 100% corso/polonais à pris l’estaquo ! De la à dire que nous sommes sortis de la bataille navale… c’est un jeu où il y a des touchés et des touchés/coulés, sinon c’est pas du jeu, et ce M Maupoint n’a point du y jouer beaucoup (plutôt du genre premier rang celui là!). Bon, l’autre jeu, @julijo, c’est que sans argent public, comme dans votre louable scénario, y’aurait beaucoup moins de “concurrents”. Et la collectivité territoriale de corse d’annoncer le “choix” d'”Une compagnie rassemblant acteurs PUBLIC et privés…”,z’auraient pas oublié un S à …public ? Pour ce qui est des marins 100% corses, déjà transformés en habitants 100% en corse, la législation des travailleurs dit “détachés” devrait pouvoir y subvenir aisément. Bon, pour ce qui est que tous ces braves gens trouvent autour de la ronde table le montage associant , tout le monde, mes prochaines vacances se passeront donc en sardaigne… ou en sicile, j’hésite encore.

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