Le directeur du conservatoire d’Aix définitivement condamné pour harcèlement sexuel
Le chef d'orchestre Jean-Philippe Dambreville s'est désisté de son appel, rendant définitive sa condamnation de dix mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence.
Jean-Philippe Dambreville a été condamné à 10 mois de sursis par le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence. (Photo : CMB)
La condamnation du directeur du conservatoire d’Aix à dix mois de prison avec sursis est, finalement, définitive. Jean-Philippe Dambreville, à la tête de cette institution à rayonnement régional de 2012 et 2022, a retiré l’appel qu’il avait formulé après sa condamnation pour harcèlement sexuel le 30 juin dernier. Ce que confirme la cour d’appel d’Aix-en-Provence, contactée par Marsactu : “L’appel concernant M. Dambreville, qui devait être examiné à l’audience du 29 janvier prochain, a fait l’objet d’un désistement de l’appelant.” Ce geste signe donc la fin de cette procédure judiciaire, enclenchée à la suite de nos révélations en avril 2022.
Il y a deux ans, la mairie d’Aix-en-Provence décide d’ouvrir une enquête interne après avoir reçu le signalement d’une professeure salariée au conservatoire. Dans son témoignage, cette femme, surnommée Julie*, explique avoir subi pendant des années les “propos sexistes” et le comportement “intrusif” de son directeur. “Il me dit que je suis coincée sexuellement. (…) Quand je ripostais, ça l’amusait beaucoup“, lit-on. La victime retranscrit également les propos de son supérieur. Exemple : “Je suis très soucieux de l’épanouissement de mon personnel et je pense qu’avoir une vie sexuelle y contribue. Je ne te trouve pas très heureuse et je souhaite que tu le sois. Moi-même, j’ai besoin de le faire toutes les six heures.”
Le 7 avril 2022, Marsactu publie, aux côtés des mots de Julie*, les témoignages de nombreuses autres femmes, salariées ou anciennes élèves, se déclarant victimes des mêmes agissements. Le 23 juin, dans une seconde enquête, deux autres femmes accusent Jean-Philippe Dambreville de faits pouvant relever de harcèlement. L’une d’elle, une ancienne élève, raconte qu’un soir, l’homme a “posé sa main sur [sa] cuisse”. Elle avait alors 17 ans. “Effondrée”, elle abandonnera ses cours au conservatoire par la suite.
Condamnation judiciaire et sanction administrative
Parallèlement à cette vague de témoignages, la mairie d’Aix-en-Provence effectue un signalement au procureur de la République. Une enquête pénale est finalement ouverte, qui aboutit au procès pour harcèlement sexuel de Jean-Philippe Dambreville le 30 juin 2023 devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Lors de cette audience, seule Julie* s’est constituée partie civile, mais les témoignages de nombreuses autres femmes ont aussi été cités. De quoi “donner du crédit aux propos de la victime”, reconnaît alors le juge qui préside les débats. Tout comme l’article paru le jour du procès, dans La lettre du musicien, qui révèle les récits d’autres femmes se déclarant victimes à Rouen et Beauvais, où Jean-Philippe Dambreville a travaillé avant d’atterrir à Aix-en-Provence.
Le 4 juillet dernier, Jean-Philippe Dambreville est reconnu coupable de harcèlement sexuel et condamné à dix mois de prison avec sursis simple. Le jugement précise que cette condamnation ne sera pas inscrite au fichier des délinquants sexuels. Du côté de la mairie, l’enquête interne s’est soldée par une sanction administrative. Le chef d’orchestre est ainsi suspendu de ses fonctions au conservatoire depuis le mois de juillet 2022. Mais cette suspension court sur une période de deux ans, dont six mois avec sursis. Ainsi, le retour de Jean-Philippe Dambreville parmi les effectifs municipaux pourrait être imminent.
L’attitude de la maire d’Aix-en-Provence, qui avait reçu des premières alertes en 2016, mais attendu 2021 pour ouvrir une enquête interne, a été questionné, notamment par plusieurs représentants syndicaux et élus de l’opposition. Contactés dans le cadre de cet article, ni Jean-Philippe Dambreville, ni son avocat, Philippe Bonfils, n’ont répondu à nos sollicitations.
Commentaires
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Je trouve que ce type s’en sort bien finalement. Il va retrouver sa place malgré la condamnation.
Encore un effet “artiste de génie” “homme cultivé indispensable”…
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Les directeurs ne conservatoire n’ont pas le statut “artiste de genie” faut pas raconter n’importe quoi ni vouloir indiquer que tous les “artistes de genie” sont des harceler. Ça arrange bien les anti culture et anti artistes ce discours!
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Jean-Philippe Dambreville rend fière la France? Heureusement, Manu ne s’en est pas mêlé cette fois…
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Bonjour Marsactu, Jean-Philippe Dalvreville a été directeur du conservatoire à partir de 2012 et non 1999.
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Bien vu, c’est corrigé, merci !
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Premières alertes en 2016, la ville d’Aix n’ouvre l’enquête interne qu’en 2021.
En 2016 la maire était Maryse Joissains et l’Adjointe à la culture était Sophie Joissains ayant le Conservatoire dans sa délégation.
On peut s’interroger de l’inertie pendant 5ans de ces femmes face aux souffrance des victimes du directeur.
Quelle responsabilité juridique de la Ville d’Aix “personne morale” (sic) ?
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Je crois que dans l’article Roubaix doit être remplacé par Beauvais.
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En effet.
Quand il y était arrivé il avait déclaré au quotidien Le Parisien : “C’est un établissement qui a eu des soucis. Maintenant, il faut remettre de l’humain, de la joie de vivre.”
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