Du fol espoir au cauchemar, les dérives du docteur Assor, “gourou” marseillais du genou
Pendant plusieurs mois, Marsactu s'est intéressé à la pratique médicale d'un chirurgien orthopédiste marseillais qui se présente comme un pionnier dans la résorption de l'arthrose. Mais derrière des méthodes qu'il dit miraculeuses se cachent de nombreux patients marqués à vie par leur passage entre ses mains.
Le chirurgien orthopédiste Michel Assor. (Photo : Jean-Marie Leforestier)
“Le fol espoir des cellules souches”. Il y a dix ans, Paris Match mettait en vedette un médecin marseillais qui offrait un horizon à toutes les victimes d’arthrose. Les cellules souches allaient régénérer les cartilages de leurs genoux et leur offrir une seconde jeunesse. À la clé, l’amélioration d’un quotidien devenu douloureux et que, jusqu’à présent, seule une prothèse pouvait soulager. Voire même, la possibilité de prolonger sa vie sportive.
Le promoteur de cette technique, Michel Assor, n’exerce pas dans un centre hospitalo-universitaire auprès d’unités de recherche labellisées, mais depuis son propre cabinet situé à deux pas du stade Vélodrome, le centre Arthrosport ; il opère principalement à la clinique Vert-Coteau de Marseille. Au moment où l’hebdomadaire l’interroge, c’est à partir de ces deux établissements qu’il mène un essai clinique autorisé par l’Agence nationale du sécurité du médicament (ANSM).
Mais le “fol espoir” va rapidement se transformer en cauchemar pour certains patients. Plusieurs de ceux que nous avons interrogés décrivent une vie brisée par leur passage entre les mains de ce chirurgien. Comme Marsactu l’a découvert et documenté auprès de nombre d’entre eux, de professionnels de santé et à partir des jugements issus de neuf procédures de l’ordre des médecins, le Marseillais s’est révélé un soignant aux pratiques lucratives mais traumatisantes. Se montrant parfois injurieux et insensible à la douleur des autres. Malgré des sanctions répétées et deux procédures en cours devant la justice ordinale, il continue d’exercer et d’opérer aujourd’hui. Il fait par ailleurs l’objet d’une enquête pénale tous azimuts confiée au pôle spécialisé du tribunal judiciaire de Marseille.
La promesse de “sauver” des genoux endommagés
“Michel Assor pour moi, ça se résume à une souffrance absolue”. Stéphanie I., 59 ans, ancienne cavalière de très haut niveau, s’est laissée convaincre par les techniques du médecin pour éviter la prothèse. À son grand dam aujourd’hui. “À cause de l’état de mes genoux, je ne pouvais plus pratiquer aucun sport. Le docteur Assor m’a dit qu’il pouvait « sauver mes genoux ». Ma vie ensuite, c’est une douleur démultipliée tous les jours, et pourtant je suis dure au mal. Pendant longtemps, j’ai fini toutes les nuits en pleurs, rapporte-t-elle, toujours émue cinq ans plus tard. J’avais des beaux genoux, maintenant ils divergent. Et quand je vais voir d’autres médecins, ils refusent de me prendre, ils disent qu’ils ne passent pas après lui“.
Avant, je faisais du sport trois fois par jour malgré une légère douleur ; là je ne peux plus courir ni marcher normalement, on a même un temps évoqué une amputation.
Jean-Baptiste F.
La vie de Jean-Baptiste F., 49 ans, a également été bouleversée. “Il n’y a pas une nuit sans que je ne pense au docteur Assor, confie-t-il. On me promettait une prothèse à cinquante ans et j’ai eu l’espoir d’éviter cela grâce à lui. En tout il m’a opéré cinq fois. Avant, je faisais du sport trois fois par jour malgré une légère douleur ; là je ne peux plus courir ni marcher normalement, on a même un temps évoqué une amputation. C’est une catastrophe, cela a eu des conséquences sur toute ma vie. Je travaillais dans un métier d’action, maintenant je suis dans un bureau. J’ai été un an en arrêt de travail, j’ai fait une dépression, ma femme est partie en répétant « on ne vit plus qu’à travers tes genoux »”.
Durant trois heures, Michel Assor a reçu Marsactu en présence de son avocat Alexis Reyne, dans son centre Arthrosport début février. Le médecin ne doute pas. Quand on évoque les plaintes, déposées auprès de l’ordre des médecins ou de la justice, il assure qu’il ne s’agit que de quelques cas sur les milliers d’opérations pratiquées. Jamais il ne remet en cause sa pratique.
Son parcours, il l’a débuté dans les hôpitaux de l’AP-HM, à la fin des années 80. Déjà, à l’époque, il explique avoir été animé par le souhait d’essayer d’éviter la prothèse, forcément invasive, à ses patients. Puis il rejoint la clinique Bouchard, où, il commence à mettre au point sa technique. “En 1992, j’ai développé ce qu’on appelle la libération latérale de la rotule sous arthroscopie“. Il s’agit de “détacher un demi-centimètre de l’aileron externe“, soit l’un des tendons qui tient la rotule, et “quelques millimètres du tendon rotulien“. Des découpes qui doivent permettre de relâcher la pression sur l’articulation. “Le maître-mot, c’est la décompression“, affirme le médecin. Une technique qu’il est pourtant l’un des seuls à pratiquer. Mais qui lui vaudra, pour des faits remontant à 1994, une suspension de 10 jours fermes pour des abus de prescriptions et des abus de cotation, puisque, explique-t-il, ces pratiques n’étaient alors pas référencées par l’Assurance maladie.
Un essai clinique lancé en 2010 et interrompu en 2014
Michel Assor assure avoir quitté la clinique Bouchard “en bons termes“. “Je n’ai aucun commentaire à effectuer sur ses pratiques de l’époque“, réagit de son côté Serge Paoli, l’actuel président de la commission médicale d’établissement de la clinique. Michel Assor rejoint alors Vert-Coteau, où il peaufine sa technique. “Il faut stimuler la repousse du cartilage.(…) Un bel été, en 2009, j’ai eu l’idée : il faut ajouter des cellules [souches]“, nous indique-t-il. Ces cellules dites “mésenchymateuses” prélevées dans la hanche et injectées dans des microforages réalisés dans le genou, devraient selon lui permettre de régénérer le cartilage. Pour vérifier son hypothèse, le médecin prépare un essai clinique pour 50 patients qui sera autorisé entre 2010 et début 2014 par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Mais rien ne se passe comme prévu.
“Taisez-vous et serrez les dents“. Nous sommes en juin 2013. Jean-Paul D., alors âgé de 64 ans, a déjà été opéré à plusieurs reprises par Michel Assor. La première intervention remonte à septembre 2012. L’ingénieur aixois espérait résoudre ses problèmes d’arthrose. Mais en l’absence d’amélioration, il est réopéré à deux reprises – et récolte, à l’issue de la dernière intervention, deux staphylocoques. Il revient alors en urgence à la clinique Vert-Coteau – où, selon lui, son orthopédiste décide de procéder à un nettoyage du genou… sans anesthésie. “Il introduisait les instruments dans mon genou à vif. Une douleur dont je me rappellerai toute ma vie”, nous confie-t-il. Aidé par son épouse, Jean-Paul D. réussit à sortir de la clinique et à être pris en charge dans un autre établissement marseillais, pour l’infection, mais aussi la réparation de son genou. Celui-ci est gravement abîmé, notamment par une “section massive de l’aileron rotulien externe“. Il reste ensuite alité trois mois.
Une enquête pénale est ouverte en 2016, suivie par la nomination d’un juge d’instruction en 2020. Ouverte contre X, elle porte notamment sur des faits d’escroquerie et de blessures involontaires.
Celui qui porte aujourd’hui une prothèse a porté plainte en 2017 contre le médecin. Lequel dément être intervenu sans anesthésie. Selon les informations de Marsactu, confirmées par le parquet de Marseille, une enquête pénale a été ouverte en janvier 2016 suite à un signalement de l’agence régionale de santé. Après la nomination d’un juge d’instruction en octobre 2020, une information judiciaire est toujours en cours au sein du tribunal judiciaire de Marseille. Elle est ouverte contre X pour 11 chefs, dont escroquerie et blessures involontaires. Au printemps 2023, les gendarmes chargés des investigations ont lancé auprès de plusieurs dizaines d’anciens patients du docteur Assor un appel à témoins avec un questionnaire portant sur les conditions d’information, les pratiques commerciales du médecin et les éventuelles complications post-opératoires. Avec une dernière question sans équivoque : “consentez-vous à déposer plainte ?” À ce stade, Michel Assor n’est pas mis en examen et reste présumé innocent de tous les chefs visés par cette enquête pénale.
Celle-ci n’est pas la seule à s’être penchée sur l’essai clinique. En 2014, Michel Assor décide en effet de l’élargir à 300 personnes, malgré le refus de l’ANSM d’en autoriser la poursuite – une première pour l’agence, remarquent deux avocats dans le Journal de droit de la santé et de l’Assurance maladie. Au terme d’une longue procédure, la cour administrative d’appel de Marseille confirme l’interdiction de l’essai clinique en septembre 2019. “La recherche conduite par M. Assor est affectée de graves carences concernant l’utilisation de cellules souches mésenchymateuses en dehors du cadre de l’essai clinique autorisé par l’ANSM, le recueil du consentement des patients concernés et leur couverture par une assurance de responsabilité civile“, note en particulier la juridiction.
“Négligences” et “événements indésirables graves”
Dans la foulée, la chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins sanctionne Michel Assor pour ses nombreux et graves manquements pendant l’essai clinique. L’orthopédiste a par exemple proposé à une patiente mineure, âgée de 16 ans au moment des faits, une greffe de cellules souches alors que l’autorisation initiale portait sur des patients de 35 à 75 ans, souffrant d’arthrose du genou. “Il résulte enfin de l’instruction qu’un nombre significatif de négligences est imputable au docteur Assor”, peut-on lire dans la décision en appel de décembre 2021. Elle mentionne notamment des “erreurs de latéralité”, c’est-à-dire une intervention sur le mauvais genou, ou encore “un certain nombre d’événements indésirables graves“.
La Sécurité sociale enfin, avait aussi attaqué le médecin en 2015 ; elle lui reprochait notamment un taux de complication de 55%. C’est “incroyablement faux“, se défend Michel Assor. “J’aurais été interdit“, ajoute-t-il. Lui met en avant le chiffre de 0,86 % de reprise chirurgicale, effectué à Vert-Coteau après une de ses opérations. La Sécu accuse aussi le médecin d’avoir demandé aux patients d’importants dépassements d’honoraires, allant jusqu’à 4 500 euros. Ces montants, “en l’absence de justifications particulières, [excèdent] le tact et la mesure exigés du médecin traitant, notamment dans la mesure où les résultats de sa recherche ne sont pas validés“, juge en première instance la section des affaires sociales de la chambre disciplinaire du Conseil de l’ordre Paca. Des honoraires dont le “caractère excessif” sera confirmé en appel en 2017. Au total, et suite à ces différents manquements, les deux chambres ont décidé de suspendre le médecin de façon ferme pendant six mois. “Je ne pense pas qu’il y ait eu de manquements“, maintient Michel Assor auprès de Marsactu.
Une technique chirurgicale, quand elle est efficace, tout le monde la pratique. S’il n’y a qu’un seul chirurgien qui l’utilise, c’est que ça ne marche pas !
Un ancien membre du conseil de l’ordre des Bouches-du-Rhône
Mais que pensent les professionnels de la pratique de Michel Assor ? “Une technique chirurgicale, quand elle est efficace, tout le monde la pratique. S’il n’y a qu’un seul chirurgien qui l’utilise, c’est que ça ne marche pas !”, tranche un ancien membre du conseil départemental de l’ordre des Bouches-du-Rhône sous couvert d’anonymat. Interrogé sur le principe de la libération de la rotule, Matthieu Ollivier, orthopédiste spécialiste de la chirurgie du cartilage du genou à l’AP-HM, la juge “étonnante dans la chirurgie de l’arthrose“. “Je ne suis pas au courant de cette technique“, prolonge-t-il.
Quant aux cellules souches, une étude d’ampleur a été conduite au CHU de Montpellier avec un budget important : 12 millions d’euros de financement de la Commission européenne. Le coordinateur scientifique de cette recherche, le professeur Christian Jorgensen, est aujourd’hui à la tête d’un organisme de recherche d’excellence, l’institut hospitalo-universitaire Immun4Cure. À propos des cellules mésenchymateuses, il observe : “Aujourd’hui, il n’y a pas de produit cellulaire commercial validé dans cette indication. Nous avons observé un bénéfice très modeste sur la douleur et la fonction à 12 mois mais on n’a pas pu démontrer la régénération tissulaire”.
“J’étais gouroutisée”
Confronté à ces résultats, Michel Assor ne se démonte pas. Selon lui, si la recherche montpelliéraine n’a pas fonctionné, c’est qu’il lui manquait une dimension, celle que lui-même a découverte, la fameuse “décompression”. Soit la libération de la rotule, qui pour être efficace, doit, selon Michel Assor, être suivie en post-opératoire d’une manipulation particulière, la “rotation interne forcée” pour garder la rotule en place et éliminer ses adhérences.“Je suis obligé de faire des films pour que les kinés puissent le faire”, détaille le médecin à Marsactu. Enfin, sa technique repose également sur une rééducation extrêmement exigeante : les patients reçoivent un protocole strict pendant lequel, des mois durant, il sera la seule référence.
En cas de douleur, le document leur intime de “surtout éviter d’aller aux urgences hospitalières” et de “faire confiance au chirurgien dans les bons comme dans les (rares) mauvais jours”. Jean-Baptiste F. y voit aujourd’hui une forme d’emprise : “J’ai mis très longtemps à sortir de sa coupe”, témoigne-t-il. Même mots chez Stéphanie I. : “J’étais sous l’emprise de ce sauveur, gouroutisée. J’ai pas été forcée mais j’ai bien plongé.”
Car nombreux aussi sont les patients qui soutiennent ardemment Michel Assor. Dans des lettres élogieuses de patients satisfaits que le médecin nous a fournies, on peut ainsi lire sous la plume d’un homme qui a “retrouvé toutes ses aptitudes physiques” que le spécialiste serait “l’incarnation du génie français dont l’imagination et l’audace apportent à l’humanité entière des avancées de la science considérables”. Le net regorge aussi de compliments dithyrambiques et d’encouragements aux indécis à passer entre les mains du médecin. “Vous êtes un chirurgien d’excellence et d’exception. Vous êtes un espoir, la lumière au bout du tunnel“, écrit ainsi par exemple sur la page Facebook d’Arthrosport Emma Lia, dont l’avatar est une tour Eiffel. Elle n’a jamais rien publié d’autre que cette ode au médecin. “Dr Assor vous êtes le Raoult du genou“, le félicite un autre internaute.
Sur le net, pro et anti-Assor s’affrontent
En août 2014, un véliplanchiste, Alain M., lance un sujet sur un forum de planche girondin. “Il faut y croire !!!! C’est fini les prothèses“, écrit-il pour démarrer son sujet. “Je pensais que c’était important et j’avais envie de le crier haut et fort“, se remémore-t-il, auprès de Marsactu au téléphone, racontant une opération réussie. Il est bientôt rejoint par Martine G., une autre internaute très motivée, également active sur un forum de ski, Skitour, qui décrit par le menu sa rééducation et les incroyables performances sportives post-opératoires auxquelles elle est arrivée. “J’avais un problème de rotule, et j’ai choisi, après m’être bien renseignée, de me faire opérer par Michel Assor. J’avais 56 ans. L’opération s’est très bien passée, je refais du sport aujourd’hui. Si c’était à refaire aujourd’hui, je le referai”, nous assure-t-elle, aussi par téléphone.
Ces témoignages ont convaincu Daniel F.. Policier en Occitanie, très sportif, il a 47 ans en 2015 quand on lui diagnostique une arthrose avancée. En 2017, son opération des deux genoux comprend la fameuse “libération de la rotule”, assortie de microforages dans l’os libérant des cellules souches supposées être activées par une injection de plasma riche en plaquettes (PRP). Daniel F. doit toutefois revenir peu de temps après pour une infection nosocomiale. Il décrit également une rééducation très exigeante, puis après de nouvelles douleurs, de nouvelles opérations en 2019 puis en 2020. “Aujourd’hui, ça va, nous dit-il. Je me suis beaucoup battu et cela a renforcé mon moral. Mais c’est vrai que le rendu global est mitigé et que j’ai flirté avec le ras-le-bol.”
Avant au moins je pouvais marcher. Aujourd’hui, j’ai du mal à me tenir debout.
Guillaume R.
Pour Guillaume R., l’histoire commence de façon similaire, mais elle ne se termine pas aussi bien. Ce chef d’entreprise a 43 ans quand le diagnostic d’arthrose est posé en 2016. “J’étais très sportif, je faisais 15 000 kilomètres de vélo par an, relate-t-il. Et là, il fallait tout arrêter. Ça a été un véritable coup de massue“. Le forum de planche à voile le convainc lui aussi “de tenter le coup” mais le résultat se révèle désastreux. “Avant au moins je pouvais marcher. Aujourd’hui, j’ai du mal à me tenir debout“, nous raconte celui qui est dorénavant reconnu comme travailleur handicapé. Il a dû arrêter son activité et ne retrouve plus d’emploi comme salarié. “Ma vie a basculé en juin 2016“, souffle-t-il.
En ligne, celles et ceux qui oseraient se plaindre ou remettre en question la qualité des interventions de l’orthopédiste sont immédiatement remis en cause par les profils de soutiens… ou directement insultés par le médecin. “Vous êtes un pauvre con ; les résultats insuffisants sont toujours de la responsabilité du patient“, écrit-il ainsi en 2018 à un ancien patient sur le site chirurgien.tel – son commentaire a été effacé depuis. “Ce n’était pas approprié“, reconnaît aujourd’hui Michel Assor auprès de Marsactu.
Deux procédures en cours devant la justice ordinale
À ce jour, le médecin est encore sous le coup de deux procédures prises par son ordre. Et le jugement rendu, en première instance en février 2023, fait froid dans le dos. Plusieurs patientes sont concernées, à qui le médecin a cette fois réalisé des “greffes de ménisque externe“, la dernière “amélioration” en date de sa technique, pourtant “sujette à débat, compte tenu de résultats incertains rapportés par la littérature scientifique“, note la décision.
Le docteur Assor “ne peut sérieusement justifier de la robustesse de sa méthode et écarter tout questionnement sur son recours aux greffes méniscales et aux injections de PRP (plasma riche en plaquettes) sur une base autoréférentielle”, conclut la chambre.
Auprès de ces patientes, Michel Assor a “entretenu de faux espoirs de guérison complète”. Puis réalisé des opérations sans rencontre préalable, provoqué des infections, violé le secret médical, totalement ignoré leur douleur lors de gestes réalisés sans anesthésie… La chambre décide d’interdire au médecin d’exercer de façon ferme pendant deux ans et un mois. “Je viens avec un passé chargé et ils me jugent à l’aune de ce passé“, proteste Michel Assor, qui ne peut pas croire à la véracité de ces témoignages forcément “méchants” – il répètera le terme à plusieurs reprises. Le médecin s’estime aujourd’hui victime d’une “véritable campagne de dénigrement“, poussée par “l’intention de nuire“.
Manipulations brutales et douloureuses
Particulièrement glaçant, le dernier témoignage figurant dans la décision de l’ordre émane d’une ambulancière accompagnant sa patiente de 28 ans en consultation chez le médecin pour un staphylocoque attrapé pendant l’opération. Elle témoigne des manipulations brutales du médecin, rapportées aussi par plusieurs témoins interrogés par Marsactu. “Entendre ma patiente crier comme cela alors que c’est une jeune femme discrète généralement m’a glacé le sang ! (…) Les cris ont continué puis nous avons entendu Mlle F demander au Dr Assor d’arrêter mais au vu des cris, je ne pense pas qu’il ait stoppé son action. Les cris se sont transformés en pleurs puis en sanglots, nous avions les boyaux qui se tordaient mon collègue et moi“.
Quant aux résultats, “la patiente ne peut plus envisager de reprendre une activité professionnelle en lien avec ses études au motif de son handicap qui lui rend la station debout très douloureuse“, peut-on lire dans le jugement. Pour prouver que cette patiente va bien et “marche normalement“, Michel Assor ne lésine pas sur les moyens : il explique à Marsactu avoir embauché un détective privé et nous montre des vidéos d’une jeune femme filmée à son insu et marchant sans boiter.
Une pièce qu’il prévoit sans doute de faire valoir pour sa défense. Car en homme d’expérience, Michel Assor a fait appel de la décision de son ordre, qui est donc suspendue. L’audience n’aura pas lieu “avant l’automne 2024“, nous précise le greffe de la chambre disciplinaire de l’ordre national. Entre-temps, le chirurgien aura dû se présenter le 21 mars devant la section disciplinaire du conseil régional de l’ordre pour une nouvelle affaire. Mais en attendant, il est encore et toujours possible de prendre rendez-vous avec Michel Assor.
Suite à la publication de cet article, le docteur Michel Assor nous a fait parvenir un texte, le 15 mars 2024. Bien qu’il ne remplisse pas les conditions pour constituer un droit de réponse, nous avons accepté d’insérer le message ci-dessous. Marsactu maintient l’ensemble des éléments révélés dans le cadre de son enquête.
Suite à la publication le 28 février 2024 d’un article intitulé « Du fol espoir au cauchemar, les dérives du docteur Assor, “gourou” marseillais du genou » le Dr ASSOR entend exprimer sa profonde consternation face aux allégations diffamatoires, et plus largement aux mensonges éhontés qui sont véhiculés au sein de cet article, lequel peut être assimilé à une véritable désinformation.
Il entend ainsi d’ores et déjà préciser avoir mandaté ses avocats afin de déposer une plainte pénale pour diffamation.
Dans l’attente de l’issue de cette procédure, le Dr ASSOR souhaite d’ores et déjà user de son droit de réponse et répondre aux allégations et insinuations mensongères et calomnieuses qui émaillent cet article et dont il s’étonne alors même qu’il avait pris le soin de recevoir pendant près de 3 heures les journalistes auteurs des articles, mais également de leur transmettre l’ensemble des pièces utiles qui contredisent fermement les propos qui sont tenus…
En premier lieu, le titre, comme le contenu de l’article à plusieurs reprises, insinue de manière non équivoque que l’essai clinique initiée par le Dr ASSOR en 2010 ( et alors qualifié de « fol espoir ») serait un échec, et pire encore qu’il aurait eu des répercussions dramatiques pour de « très nombreux patients » !
Rien n’est moins faux !
D’abord, il est important de préciser qu’aucune plainte n’a jamais émané des patients ayant pu bénéficier de cet essai clinique de 2010 à 2014. L’ensemble des témoignages de « patients » cité dans cet article, dont les propos sont retranscrits sous couvert d’anonymat (on peut d’ailleurs s’interroger sur la manière dont ses derniers ont pu être contacté sans violation du secret médical…) ne concerne pas cet essai clinique, de sorte que les témoignages visant à illustrer le prétendu « échec » du traitement de l’arthrose par cellules souches de moelle osseuse, sont totalement hors sujet.
Ainsi, M. Jean-Baptiste F. par exemple dont le témoignage est utilisé pour illustrer cet échec, n’a jamais été concerné par cet essai clinique.
Pire encore, ses allégations et griefs à l’encontre du Dr ASSOR ont d’ores et déjà été étudié dans le cadre d’une expertise médicale qui a conduit l’expert à rejeter l’ensemble desdits griefs et à considérer au contraire que l’indication opératoire préconisé par le Dr ASSOR avait parfaitement justifiée, que le patient avait reçu une « information parfaite loyale et claire », et que les interventions avaient été réalisées dans les « règles de l’art », ce qui a d’ailleurs permis à ce patient de reprendre ses activité et d’éviter une prothèse à 45 ans.
De plus, contrairement à ce qui est allégué ou insinué dans l’article, cet essai clinique n’a jamais été interrompu pour des « manquements » ou des « évènements indésirables graves », mais pour des raisons purement administratives liées à la requalification, par l’ARS et l’ANSM, éminemment contestable, de l’essai clinique de Concentré de Moelle Osseuse ou Produit de Concentration Tissulaire PCT, accepté au début de l’essai clinique en 2010, en Médicament de Thérapie Innovante (MTI) en novembre 2014, qui ont conduit le Dr ASSOR a suspendre son essai et à engager plusieurs procédures.
Mais surtout, si depuis désormais plus de 14 ans, le Dr ASSOR a pu, dans sa pratique, diviser le nombre de ses prothèses de genou par 2,5, c’est bien la preuve de l’efficacité de ces cellules souches mésenchymateuses CSM de moelle osseuse, qui permettent une régénération du cartilage recouvrant les zones d’arthrose, même dans l’arthrose terminale grade 4, par décompression, microforages et thérapie cellulaire.
Il convient de souligner que les facteurs de croissance de plasma riche en plaquettes PRP ont été majoritairement utilisés chez tous les patients cités dans l’article.
Ces résultats positifs ont fait l’objet de nombreuses communications scientifiques entre 2013 et 2023, que ce soit auprès de la SFA (Société Française d’Arthroscopie), de la SOFCOT (Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique), ou encore récemment le 23/09/2023 à Bruxelles, au Congrès CHIREC, Symposium International consacré à la médecine régénérative en chirurgie orthopédique où le Dr ASSOR est intervenu sur le sujet.
Aussi, et contrairement ce que l’article insinue, le Dr ASSOR est loin d’être le seul à croire et à pratiquer la régénération du cartilage par thérapie cellulaire.
Dans le monde, de très nombreux articles témoignent de la vivacité et de l’expansion de la thérapie cellulaire dans l’arthrose.
En France aussi, des chirurgiens recherchent d’autres moyens de traiter l’arthrose du genou sans passer par une prothèse surtout chez le patient jeune actif.
En 2018 déjà, lors du Congrès Société d’Orthopédie de L’Ouest SOO, les intervenants, dont les Pr DUBRANO ou GUNEPIN exploraient les possibilités de la régénération de cartilage avec les CSM et les plaquettes concentrées PRP.
Ainsi de plus en plus de chirurgie utilisent cette pratique, et se regroupent notamment au sein de la société ICRS basée en Suisse dont le Dr ASSOR est membre.
En deuxième lieu, et au-delà la seule question de la régénération du cartilage, les prétendues « dérives » du Dr ASSOR sont illustrées par une critique et une remise en cause de sa technique chirurgicale de traitement de l’arthrose rotulienne du Dr ASSOR, et alors même :
– Que cette technique de « libération latérale patellaire arthroscopique et manuelle » que Docteur ASSOR a conçue et développée depuis 1992, et qu’il pratique désormais près de 400 fois par an, a fait l’objet de plusieurs publications et notamment :
– En décembre 2003 (SFA : Toulouse 3-4-5 décembre 2003) : « Défect épaisseur totale du cartilage trochléen et rotulien libération latérale rétinaculum arthroscopique et réparation par microperforations trochléennes : étude rétrospective à 4-8 ans »
– En avril 2004 (23ème annual meeting AANA – Communication E-26): “Full Thickness Articular Cartilage defects of the Trochlea and the Patella : Lateral Release Retinaculum Arthroscopie and Microfractures of the Troclea : Long Term Outcomes at 4-8 Years »
– En mars 2005 (Congrès ISAKOS – Communication n°211): «Full Thickness Articular Cartilage defects of the Trochlea and the Patella : Latereal Release Retinaculum Arthroscopie and Microfractures of the Troclea = Long Term Outcomes»
– En décembre 2007 (SFA – 7 décembre 2007) : « La libération latérale rétinaculum élargie arthroscopique et manuelle pour douleur ou instabilité fémoro-patellaire sans dislocation: technique et résultats à long terme de 175 cas »
– Que par décision n°5242 du 5 juillet 2017, le Conseil National de l’Ordre des Médecins a entériné l’indication de cette technique qui relève aujourd’hui de l’arsenal thérapeutique ;
Aussi, outre l’ancienneté de cette technique qui a fait ses preuves, celle-ci fait l’objet d’un très large consensus, comme en témoigne les très nombreuses publications, notamment sur PubMed, par une simple recherche des mots clés suivants : « patellar arthroscopy lateral release »
Enfin, les allégations et insinuation diffamantes contenues dans cet article sont plus largement contredites par les témoignages des patients du Dr ASSOR accessibles librement sur ses pages Google et Facebook.
Tous ces témoignages qui confirment l’existence d’une très grande majorité de patients satisfaits du Dr ASSOR sont méprisés et balayés d’un revers de main par les auteurs de l’article.
Pire, ils insinuent que les patients satisfaits (même ceux qui ont pu se remettre au sport suite à l’intervention du Dr ASSOR) ne seraient en réalité que des « fidèles » sous emprise membre d’une secte dont le Dr ASSOR serait le « gourou » !
D’ailleurs, bien que l’article laisse croire par une présentation trompeuse des faits, les très rares cas de patients évoqués (sous couvert d’anonymat) ne concerne à aucun moment des patients ayant bénéficié de l’essai clinique mais des patients ayant subi des incidents médicaux principalement liés des infections nosocomiales heureusement rares, relevant malheureusement de l’aléa thérapeutique ; ou une insuffisance de résultat liés principalement à difficultés de rééducation et de contrôle des mobilités du genou, malgré les consignes, et qui relèvent de la seule responsabilité du patient et de son kinésithérapeute (comme par exemple, le cas de la patiente citée Mme Stéphanie [I.] qui n’est jamais venue au contrôle post-opératoire)
Ces difficultés de mobilités articulaires sont responsables d’adhérences cicatricielles naturelles, dont les patients sont avertis de leurs éventuelles sections en sous-cutanée, geste très simple permettant de retrouver une fonction correcte.
Ces très rares cas sont à mettre à perspective les centaines de patients qui sont traités chaque année par le Dr ASSOR et qui sont manifestement très satisfaits.
A cet égard, il convient de relever la particulière mauvaise foi des auteurs de l’article qui mettent sur le même plan les accusations grossières de l’ ARS qui en 2015 avait évoqué un taux de complication de 55 % (sic), et la réponse qui leur a été donné par le Dr ASSOR à savoir un taux de 0,86%, soit un taux de complication extrêmement faible.
De manière totalement incompréhensible, les journalistes « omettent » de rappeler que ce taux de 0,86 % n’émane pas des propres calculs du Dr ASSOR mais d’un collège de 3 experts qui à l’issue d’une expertise qui s’est déroulée pendant plusieurs mois ont retenu, en 7 ans, ce taux complication particulièrement faible de de 0,86 %, soulignant au demeurant « de nombreux témoignages de patients attestent de l’efficacité et de l’innocuité de sa pratique chirurgicale », ainsi que le parcours et des publications scientifiques du Dr ASSOR.
Les auteurs de l’article oublient également de rappeler que ce chiffre tout comme les bonnes pratiques du Dr ASSOR ont été ratifiés et reconnus il y a plusieurs années déjà, par un décision de la formation restreinte du Conseil national de l’Ordre des Médecins du 17 janvier 2017, décisions qui leur pourtant été communiquée et qui est publique…
Outre le fait d’avoir « oublié » les décisions favorables au Dr ASSOR, il ressort de la lecture de cet article une présentation trompeuse, et une véritable confusion entre les différentes procédures subies par le Dr ASSOR, et entre celles liées à l’essai clinique proprement dit, qui ont donné lieu à plusieurs instance devant les juridictions ordinales mais également le Tribunal administratif, et les procédures ordinales en cours qui n’ont, à ce jour, donné lieu à aucune condamnation définitive, sachant qu’en première instance, le Conseil régional a d’ores et déjà écarté totalement et définitivement les accusations de « charlatanisme » qui constituait le principal grief, reconnaissant notamment la pratique du Dr ASSOR dans le traitement de l’arthrose du genou avec greffe du ménisque.
Il convient également de rappeler que le Dr ASSOR n’a jamais été mis en examen, en dépit d’une instruction qui a plus de 10 ans…
…Et ce n’en déplaise aux auteurs de l’article qui souhaitent manifestement discréditer le Dr ASSOR en lui donnant une image de « voyou », voire de « boucher » pour reprendre les mots d’un commentaire sous l’article d’un internaute qui ne connait pourtant pas le Dr ASSOR …
De telles omissions ajoutées à la multiplication d’allégations dont ils ne pouvaient ignorer le caractère mensonger ne peuvent s’expliquer que pour une volonté de privilégier le sensationnel au détriment de la vérité, attitude parfaitement incompressible de la part de journalistes qui s’étaient présentés auprès du Dr ASSOR comme voulant réaliser une enquête d’investigation prétendument objective…
Quelle tristesse pour ces personnes !
Je m’interroge : entre lui, Guedj, et les autres gourous antivax locaux, est-ce une spécificité marseillaise ?
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Je me posais la même question. D’autant plus que la phrase prêtée à l’un des patients de ce “chirurgien” est à mes yeux une raison suffisante de le fuir : “Dr Assor vous êtes le Raoult du genou”.
Mais vous connaissez certainement la différence entre un chirurgien et Dieu ?
Dieu, lui, ne se prend pas pour un chirurgien.
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Après le même constat, je me suis dit:
– un niveau culturel faible ou une fragilité qui facilitent l’emprise
– une culture du passe droit et de l’escroquerie
– une élite qui n’a aucune morale quand elle veut s’enrichir
– un culte de l’ego…
Pour le moment j’ai trouvé que ça…lol
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c’est quand même étonnant, qu’après toutes ces péripéties, ce chirurgien soit toujours en activité !
la présomption d’innocence , ok, mais avec les incidents passés il aurait du être suspendu, au moins le temps des enquêtes, et du passage de la justice !
il y a des gens, qui prennent aujourd’hui des rdv avec lui, sans savoir tout ça !
très inquiétant.
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Bon courage aux journalistes. Des histoires semblables il y en a dans toute la France.
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Alors qu’on peut se faire jambiser pour presque rien.
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Abject, Patafanari. Comme d’hab.
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“Vous êtes le Raoult du genou”.
Beaucoup est dit (involontairement) en ces quelques mots d’admiration.
La mauvaise réputation de notre ville n’avait pas besoin de l’ajout de ce scandale.
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(à propos de sa ‘réponse’)
Bon ou mauvais chirurgien, va savoir …
Rhétoricien outrancier ça c’est flagrant, s’il prétend réduire le nombre de ‘jambes de bois’, l’usage immodéré de la langue de bois ne lui fait pas peur.
Restant (bêtement ?) attachée à l’usage du français, je renonce à pointer une par une les Fôtes et impropriétés qui émaillent ce texte. D’entrée, après avoir cité l’article, il s’insurge ‘Rien n’est moins faux !’ ; en français dans le texte, ça veut dire ‘tout ça est parfaitement VRAI ! Cet aveu (involontaire ?) ne m’inciterait guère à lui confier mes genoux si j’en ai besoin …
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Excellent !
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