Mes châteaux d’If: Le tour de l’Inde en 80 trains sans passer par Brioude.

Mes châteaux d’If: Le tour de l’Inde en 80 trains sans passer par Brioude.

J’ai une amie qui non seulement est une star de musique actuelle, c’est à dire de punk-rock féministe non-queer, mais qui graffite autour de l’édition. Avant les congés, elle m’apprenait Chez Léon, qu’elle confectionnait des couvertures, pas en laine, hein, … de livres. Un domaine qui saute aux yeux comme la vérole sur le bas clergé mais qui reste inconnu du grand public.

Une couverture c’est bien souvent 50% de l’achat d’un livre.( chiffres auto vérifiés par moi même). Alors j’ai vu, j’ai lu et ça m’a bien plus. Les aléas de la jactance, voila ce que ça donne.La maison d’édition est aussi connue que la Tripode et s’appelle Les Forges de Vulcain. A coté d’Arcelor Mittal, c’est pas grand chose question chiffres d’affaires, mais bon, ils se débrouillent…

La copine m’a prêté un des titres: Le tour de l’Inde en 80 trains de Monisha Rajesh, une journaliste anglaise. J’adore la couv'( renvoi d’ascenseur ou d’escalier oblige) soit, mais j’ai eu la bonne surprise d’être emporté comme un Jean Gabin sur sa bête humaine, comme un militante trans de  Sud Rail chevauchant la grève, sur les rails du continent où vécut Gandhi, comme à bord du regretté Cévenol. Snif. L’autrice s’est donné comme objectif délirant de prendre 80 trains en Inde, le pays de ses parents, pour en découvrir la vérité ou, ce truc dingue: le réseau ferroviaire indien. Et dire que l’on se plaint de la propreté de la gare St Charles avec la grève des employés de la société de propreté Laser. Non mais.

Avec Passepartout, Monisha saute de train en train, de dysenteries en repas sublimes, de complexité administrative en politesse humaine, d’âmes en rames, d’indiens en hindous, de sikhs en tamouls, de compartiments en compliments, parfois trop appuyés. De fil en aiguille, de Dehli sans en commettre, de Trichy à Nagore,  c’est un voyage drôle, passionnant et vous avez tout le temps de le lire. Il n’est déjà plus à la mode. Elle se rend dans l’ Ashram d’Osho à Pune pour une confirmation d’arnaque religieuse. Passe plusieurs fois à Mumbai et prend même le train de banlieue pour parfaire son initiation. Monisha ne s’épargne pas durant son voyage qui ne peut être confondu avec un guide de voyage. La turista n’ a jamais fait rêvé sauf ceux qui confondent l’espagnol avec la direction des toilettes.

Si au lieu d’être dans le Kerala, vous êtes plutôt vers Brioude en Haute Loire ou passent les cévenols, ne manquez pas l’exposition proposée par Jean Louis Prat sur Ernest Pignon Ernest au Doyenné. Ernest Pignon Ernest est connu pour ses pochoirs de Rimbaud ou de  Pasolini que l’on voit  désormais partout depuis qu’il les a réalisé sur les murs de Paris et d’ailleurs dans les années 70. Son travail à Naples est fantastique.L’ illusion est impressionnante quand il colle ses œuvres sur les murs d’église de la ville italienne. Artiste de rue, ses œuvres hantent les capitales. Proche du P.C, E.P.E vit et travaille à Ivry sur Seine après avoir passé sa jeunesse à Nice. Il avait notamment réalisé les décors de Fin de partie de Beckett en 1960 pour André Riquier.

Jean Louis Prat, lui, a dirigé la fondation Maeght  et ça se voit.

Moi, pendant ce temps, j’ai fermé les volets avec ce grand soleil du 15 aout. J ‘ai équeuté mes haricots verts sur la nappe plastifiée dans la cuisine assombrie et fraiche. Comme je le faisais avec ma grand mère l’été à l’heure de la sieste, une fois qu’on avait éteint les infos de la première chaine.