Pas de licenciement en vue pour le cadre de la métropole condamné dans l’affaire Guérini
Deux ans après sa condamnation dans l'affaire Guérini, Michel Karabadjakian est passé devant le conseil de discipline mardi 25 avril. Celui-ci recommande deux ans d'exclusion quand la métropole envisageait sa révocation. La présidente Martine Vassal, qui prendra la décision finale, devrait suivre cet avis.
Michel Karabadjakian lors du procès Guérini en mars 2021. (Dessin : Ben8)
Michel Karabadjakian devrait échapper à un licenciement pur et dur. C’est en tout cas le sort qui semble se décider pour ce cadre de la métropole, explique-t-on de source métropolitaine. La présidente de la métropole, Martine Vassal, s’apprête en effet à trancher sur son cas en suivant l’avis du conseil de discipline. Cette instance paritaire regroupe au niveau départemental des représentants des administrations et des principales forces syndicales. Le 25 avril dernier, elle s’est penchée sur son cas et a proposé une suspension de deux ans de la fonction publique pour celui qui est aussi un cadre du syndicat Force ouvrière.
Le dossier Karabadjakian a donné lieu à de vifs débats dans cette instance. Il a obligé ses membres à un exercice qui confine à l’histoire politique de l’institution. Michel Karabadjakian va en effet être sanctionné pour des faits datant des années 2008 et 2009, quand la collectivité, alors circonscrite à 18 communes, venait de passer de manière inattendue sous la coupe de la gauche, incarnée par le président PS Eugène Caselli. Ce sont les mêmes événements qui lui ont valu une condamnation au pénal dans l’affaire Guérini, du nom de l’ancien président du département des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël, et de son frère Alexandre, entrepreneur multi-casquettes.
Il avait “servi des intérêts privés”
Michel Karabadjakian, alors directeur de la propreté, a été reconnu coupable d’avoir permis à ce dernier de s’immiscer dans l’administration de la collectivité. Persuadé qu’il devait son poste au frère du président du conseil général, Michel Karabadjakian lui avait notamment fourni tous les détails d’un marché public de collecte des ordures qui étaient encore confidentiels. Le jugement rendu par le tribunal judiciaire de Marseille avait défini son rôle ainsi : “Michel Karabdjakian a délibérément servi des intérêts privés en lieu et place du seul intérêt général.”
Le tribunal l’a condamné à deux ans de prison avec sursis pour favoritisme et violation du secret professionnel. Il n’a en revanche pas décidé de l’écarter définitivement de la fonction publique en inscrivant sa condamnation à son casier judiciaire, laissant ainsi son sort professionnel entre les mains de son employeur.
La métropole s’est appuyée sur l’argumentaire des juges pénaux pour lancer la procédure de sanction à la fin de l’été 2022. Elle a non seulement retenu que les agissements de Michel Karabadjakian constituaient une entorse à la probité, mais aussi qu’ils avaient contribué à la “dégradation forte de l’image de la métropole”. Elle demandait initialement sa révocation, équivalent du licenciement pour faute dans le privé, une sanction refusée par le conseil de discipline.
Karabadjakian se présente comme un simple rouage
Michel Karabadjakian, conseillé par l’avocat Serge Tavitian, s’est appuyé sur un autre pan des motivations du jugement pour sa défense. Il se présente comme “un homme sous pression qui s’est montré rapidement dépassé par ce qui lui était demandé et par le conflit qui prenait corps en lui entre les respects des règles et de la déontologie et le retour d’ascenseur auquel il pensait être assujetti”.
Il a aussi tenté de se présenter en rouage d’une institution elle-même “sous influence” comme l’avait affirmé le parquet de Marseille dans son réquisitoire définitif. Il entendait démontrer les multiples points d’entrée dont disposait au sein de l’institution Alexandre Guérini. Ce dernier a été condamné en appel pour de nombreuses entorses à la probité à six ans de prison ferme et attend la décision de la Cour de cassation.
Le fonctionnaire a ainsi rappelé comment, en cours de procédure, avait pu être documentée la proximité du directeur de cabinet d’alors, Franck Dumontel, avec les frères Guérini. Il a aussi souligné que le président Caselli avait admis consentir à des échanges réguliers avec Alexandre Guérini pour ne pas froisser son frère qui était alors son patron en politique.
Mais la justice n’a pas poursuivi ces acteurs politiques devant un tribunal, faute de renseignements concrets fournis à l’entrepreneur, contrairement à Michel Karabadjakian. C’est ce rôle actif qui lui vaut aujourd’hui à 60 ans de devoir quitter l’institution, sans salaire ni droit au chômage. À son retour à son poste de chargé de mission, il ne devrait lui rester que quelques mois de service avant la retraite.
Commentaires
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des faits datant de 2008 et 2009…condamné en 2020…lancement de procédure fin de l’été 2022, conseil de discipline 25 avril 2023….
les arcanes et les lenteurs de la justice sont impénétrables.
et vu la nouvelle réforme il a peut être encore 4 ans à faire….
en fonction des délais… on s’en fout, non ?
surtout que maintenant il n’a plus de “pression”
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On pourra reprocher à ce fonctionnaire d’avoir accepté le “marché” (sans jeu de mots) de la promotion et d’avoir capitulé devant la pression politico-mafieuse. Vue sa position dans la hiérarchie, les faits sont graves mais les pressions devaient être très fortes. En l’occurrence, on n’est plus dans un univers administratif mais, concernant ces pressions, carrément dans le monde du bandistisme et ses pratiques;
Il ne faudrait pas, quels que soient ses torts, que ce fonctionnaire soit l’arbre qui cache la forêt ou, plus justement, le tas d’immondices.
Car, qui sont les autres principaux potagonistes? Jean-Noel Guerrini et son frère Alexandre.
Il était de notoriété publique, bien avant” l’affaire Guerrini” en 2011, qu’ Alexandre Guerrini, homme d’affaire sulfureux, avait des pratiques carrément mafieuses. On disait même, en exagérant sans doute un peu, que c’était lui et non pas son frère Jean-Noel qui prenait les décisions au CG 13. Mais il n’y a pas de fumée…En 2008, quand Jean-Noel a perdu les municipales contre Gaudin, les fonctionnaires municipaux ont dit “ouf”, avec une pensée émue pour ceux du CG13!
Ces pratiques, je le répète, étaient de notoriété publique et notamment dans la classe politique. Condamné deux fois dont une fois en appel, mis en examen trois fois, doté d’un joli bracelet, cela n’a pas empêché Jean-Noel Guerrini de rester Président du CG de 1998 à 2015, d’être élu au Sénat où il siège toujours officiellement et d’avoir eu, au niveau national, l’oreille de Valls, Collomb, Ségolène Royal…
Et le système continue. Bernardini est toujours à Istres, les anciens acolytes politiques de Guerrini sont à la mairie de Marseille avec Samia Ghali, Jibrayel ( le fils), Lisette Narducci…
Alors, dans tout ça, ce fonctionnaire, sans vouloir le disculper aucunement, n’est qu’un pion, un objet flottant emporté par un torrent de boue.
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Aux dernières nouvelles il était trésorier de la Mutuelle des territoriaux présidée par Patrick Rué donc pas de soucis pour son avenir professionnel
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SYSTEME MAFIEUX
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Plus que le procès d’un individu, celui d’un système … Mais la justice est aveugle, sur “les systèmes”. Elle ne peut en juger que les acteurs. Dommage, car il y aurait matière à sanctions pour beaucoup de monde finalement.
1/ Comment se fait il que ce Monsieur accède à une telle position hiérarchique ? Le système toujours … On promeut les individus qui le font tourner, ce système, au lieu de ceux qui pourraient faire tourner la boutique efficacement.
2/ A qui profite “le crime” ? Ben quasiment à tout le monde. A lui même, certes, il avait des satisfactions ; à son “corrupteur” Alexandre Guérini, qui lui avait des intérêts ; aux rois et notables de la place, Jean-Noël du même nom et l’équipe Eugène Caselli, qui accèdent au rôle de pilotes dudit système (sans forcément bien comprendre qui tient les manettes, ou sans vouloir trop comprendre) ; et enfin … au syndicat “majoritaire”, qui a poussé en la personne de Michel Karabadjakian un cheval bien coaché et nourri du support des camarades, stratégie classique pour bénéficier du cheval dans les postes de décisions (enfin, les décisions d’embauche principalement, pas de marchés publics !).
3/ Certain-e-s veulent maintenant laver plus blanc que blanc : Martine Vassal se montre intransigeante. Belle rigueur morale que voilà. Mais elle et ses alliés politiques de l’époque y étaient bien, dans les rouages dudit système.
Je serais curieux de voir les leçons que toutes ces administrations en ont tirées. Des “process” R.H plus clairs ? plus transparents ? Des déontologues ? Des gardes-fous par ci par là ? des chartes ? Soit, c’est déjà ça.
Mais la probité, c’est une plante assez difficile à faire pousser. Messieurs Dames, à vos bêches, pelles, charrues, arrosoirs …
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Entièrement d’accord. Derrière le fonctionnaire en question, il y a tout un système, corrompu et corrupteur.
Il a fallu l’affaire du terrain de La Ciotat pour, qu’en 2011, les tribunaux s’emparent de ce que tout le monde savait déjà depuis longtemps. Et pas seulement dans les B du Rh.
La question est : comment un personnage comme Jean-Noel Guerrini a-t-il peut exercer les plus hautes fonctions départementales pendant autant d’années, puis entrer au Sénat où il siège encore, rétribué avec l’argent du contribuable?
Et Guerrini n’est que la partie la plus visible de ce système. Système qui perdure car beaucoup de ceux qui y ont trempé à des degrés divers exercent encore des fonctions politiques.
Avant de cultiver la probité sur ce terrain, un peu de désherbant (bio!) serait nécessaire.
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Quelle inégalité entre le public et le privé. Et après on s’étonnera que les grandes entreprises privées foutent le camp hors de Marseille
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“des représentants des administrations et des principales forces syndicales”:
Il ne risquait pas grand chose! Ils ne lui ont pas pas octroyé une prime?
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Est-il vrai qu’il vient de saisir le TA en demandant l’annulation de cette exclusion de deux ans ? Ca semble énorme mais on n’en n’est plus à une énormité près dans cette affaire…
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