Le département ferme en catimini 22 consultations de santé maternelle infantile
En janvier, 22 consultations de la protection maternelle et infantile (PMI) à Marseille ont brutalement fermé, notamment dans les quartiers les plus éloignés du soin. En cause, la fin d'une convention qui liait le Département à une association partenaire, l'Apronef. La collectivité promet un retour à la normale progressif à partir d'avril, mais avec une offre revue à la baisse.
Une partie des mères du quartier de Notre-Dame-Limite fréquentent le Château en santé faute de PMI accessibles. Photo : B.G.
Dans ce petit renfoncement de la cité des Bourrrely (15e), la fermeture de la consultation de la protection maternelle et infantile (PMI) est signalée par un petit panneau en couleur où le rouge vient signaler que la consultation est fermée “jusqu’à nouvel ordre”. L’adresse de la consultation de repli est à La Viste, dans le même arrondissement mais à plusieurs kilomètres de là. Et loin, très loin quand il faut hisser dans le bus B2 un landau et plusieurs minots en bas âge pour aller consulter un pédiatre ou une puériculture.
Cette mésaventure est vécue par de nombreuses familles de Notre-Dame-Limite qui ont dû apprendre à trouver des solutions après la fermeture abrupte du lieu d’accueil. Le centre social voisin a vu défiler les mamans se cassant le nez sur la porte blindée. “C’est même nous qui avons dû coller l’écriteau pour indiquer qu’ils avaient fermé“, y peste-t-on. Le “ils” englobe le conseil départemental qui gère les PMI et l’association Apronef, son partenaire historique dans l’organisation des accueils de proximité. Depuis janvier 2023, la convention qui liait les deux institutions n’était plus reconductible et les 22 consultations conjointes, toutes situées à Marseille, ont fermé.
Pas de PMI pour Nalyia, 20 jours
Koko Athoumane en sait quelque chose. Cette mère de trois enfants a trouvé porte close quand il s’est agi de venir faire peser la toute nouvelle Nalyia qui vient de débarquer dans la famille. “J’habitais du côté de Michelet quand j’ai eu mes deux garçons, raconte l’animatrice d’éveil à temps partiel. À l’époque, j’avais l’habitude de faire tout le suivi en PMI, notamment les vaccins. Quand j’ai eu ma fille, ici, je me suis dit que j’allais faire pareil“.
Cette habitante de La Granière a une voiture et pourrait sans difficulté rejoindre le centre de la Viste. Mais elle préfère pousser la porte du Château en santé, le centre de médecine communautaire qui, depuis plusieurs années, est venu se nicher dans une bastide élégante au cœur du quartier voisin de Kalliste. Et l’afflux de jeunes mamans y est réel depuis plusieurs mois. “Déjà, nous avons dû faire avec la fermeture de la consultation de PMI de la Solidarité qui n’a pas rouvert après le confinement, regrette Apo Acikyuz, médiateur en santé auprès des nombreuses familles turques du quartier. Maintenant, il faut faire face à la fermeture des Bourrely. Je suis un peu déprimé parce qu’on se retrouve à faire le taf de la PMI et ce n’est pas exactement dans nos missions“.
Quatre enfants dont un prématuré dans un bus pour La Viste
Koko Athoumane cite volontiers le cas d’une amie proche qui vient d’accoucher d’un quatrième enfant, prématuré. “Elle est mariée, c’est elle qui gère tout, explique-t-elle. Son fils a besoin d’un suivi régulier parce qu’il est né avec une hernie. Elle ne peut pas du tout aller à La Viste en trimballant ses trois petits en bus”. Des histoires comme celle-là, les personnels des PMI en connaissent des dizaines. Dans les quartiers Nord, les centres de consultation ont dû faire face à l’arrivée de familles souvent de plus en plus éloignées. Mais ce que craignent le plus les agents du département, ce sont toutes ces familles qui n’ont plus aucun suivi, avec un risque sanitaire réel.
“Nous, on reçoit tout le monde, indique Ségolène Ernst, médecin généraliste et salariée du Château en santé. Je suis en capacité de suivre des enfants dès les premiers jours. Mais à la PMI, ils ne font pas que du sanitaire, ils sont formés à la petite enfance en général. Les puéricultrices peuvent donner des conseils sur l’allaitement, la nutrition, aider à repérer tous les retards. Autant de choses qu’on n’a pas toujours le temps de faire dans une consultation classique“.
C’est toujours mieux d’être reçu dans un lieu dédié plutôt que de s’entasser dans une salle d’attente avec des gens malades alors qu’on n’a que quelques jours de vie.
Ségolène Ernst, médecin généraliste au Château en santé
La fermeture sans réouverture de la PMI de La Solidarité laisse craindre le pire quant à l’avenir du reste du réseau. “Il y a certains vaccins que l’on trouve uniquement dans les PMI, poursuit Ségolène Ernst. Et puis c’est toujours mieux d’être reçu dans un lieu dédié plutôt que de s’entasser dans une salle d’attente avec des gens malades alors qu’on n’a que quelques jours de vie“. Cette inquiétude se ressent également dans les antennes de la protection maternelle et infantile où les personnels s’inquiètent de voir les plus fragiles s’éloigner du soin. Comme à La Cabucelle où certaines familles sont parfois en rupture de droits sociaux. En PMI, les soins et vaccins sont délivrés sans avoir à présenter de carte vitale. Là, le conseil départemental renvoie vers la permanence de l’Estaque, à plusieurs kilomètres et une petite éternité en bus.
Une reprise progressive à partir d’avril
Ce cas précis est le trou dans la raquette que les professionnels de santé s’alarment de voir venir. En effet, du côté du département comme de l’Apronef, on affirme que tout doit bientôt rentrer dans l’ordre. “J’ai pris la présidence de l’Apronef en juin 2022, explique Véronique Hazenfratz, la présidente de cette association spécialisée dans l’accompagnement de la petite enfance. L’ancien président m’a mise au courant des dossiers de passation en octobre et je me suis aussitôt attelée à la reconduction de la convention PMI avec la directrice de ce service au conseil département des Bouches-du-Rhône“. Selon elle, ce sont les délais incompressibles de la gestion administrative qui expliquent ce retard de plusieurs mois. Du côté du département, on explique que le travail sur la mise à jour de la convention date de 2021.
“Sur ce dossier, je dois dire que la directrice de la PMI au département s’est donné du mal pour trouver une solution avec l’association, détaille Valérie Marque de la CGT. On a toujours la crainte de voir réduire l’offre de service public surtout dans les quartiers populaires où les besoins sont immenses. Mais, sur ce dossier, ils ont essayé de limiter la casse“.
Cela s’est traduit pas “une période transitoire de quelques mois nécessaire aux réajustements d’implantation territoriale et à l’évaluation des moyens à mettre en place”, peut-on lire sous la plume du département. La collectivité table donc sur un retour à la normale avec “une reprise progressive” d’ici à la fin avril.
17 consultations sur 22 mais réparties sur sept sites
En réalité, ce sont 17 consultations sur 22 qui vont rouvrir dans le mois, selon la présidente de l’Apronef qui prévoit de signer une nouvelle convention avec le département avant la fin de semaine. Ces dix-sept consultations ne couvrent plus que sept sites sur les quinze que l’Apronef a gérés pendant des années. “Certains sites comme celui de Kléber dans le 3ème sont plus gérés par l’Apronef ou sont fermés depuis des années, reprend Véronique Hasenfratz. Pendant un temps nous avons eu jusqu’à 24 consultations, puis 22 et nous allons en rouvrir 17“.
Ce sera le cas notamment aux Bourrely où les permanences s’étaleront sur quatre demi-journées par semaine. Ailleurs, comme à la Rouguière (11e) ou à la Valbarelle (11e), la permanence se limitera à une demi-journée dans la semaine. En revanche, le site de la Cabucelle ne pourra être maintenu, du fait de l’obsolescence des locaux mis à disposition par l’Acadel. “C’est exactement ce qu’on craignait, note un professionnel de la PMI, sous couvert d’anonymat. Qu’ils profitent d’un problème juridique pour revoir à la baisse l’offre globale de service public“.
Actualisation le 31 mars 2023 à 15 h 17 : modification de la citation de la présidente de l’Apronef sur la fermeture de certaines PMI. Celle de Kleber est restée ouverte sans l’Apronef.
Commentaires
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Faire payer la casse aux moins fortunés encore une fois…la Macronie y’en a marre!
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Oui enfin la cest la’droite classique. Le ralliement in extremis de Martine au dernier moment pour le 2e quinquennat ne f ait pas d’elle un membre émérite de la macronie
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La macronie est elle autre chose qu’une somme de ralliements opportunistes ?
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Ne vous inquiétez pas, la Gaudinie-Vassalie n’a pas attendu de rallier son panache blanc à la Macronie pour se montrer condescendante et méprisante envers ces petties gens qui ne votent même pas pour elle.
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La paperasserie gère le pays !
Ne peut on pas imaginer une convention passerelle entre deux conventions ???
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Il y a un nombre limité aux reconductions, sinon cela s’apparente à de l’emploi déguisé.
Les crânes d’oeuf du CD13 le savent, élus comme fonctionnaires. Gouverner c’est prévoir, devinez quoi, rien n’a été prévu.
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Il faut regarder dans le budget du département comment celui-ci est fléché en fonction des compétences de celui ci ou plutôt en fonction du nombre de photos qui peuvent être faites de la tsarine de Provence . Et des photos d’elle visitant une PMI des quartiers nord ça ne fait pas rêver son électorat, du coup pas de chocolat ! Cela s appelle la gestion des priorités et il n y a pas que le Département qui a l’exclusivité de ces procédés.
C’est absolument désolant et ça mène au contexte actuel
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Comme s’il était impossible d’anticiper la fin de la convention ! Le Département s’attaque encore ici au plus démunis, aux plus faibles. Ne nous étonnons pas de voir arriver dans les écoles des enfants en piteux état. Ils sont pourtant l’avenir de la France. Quelle honte !
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Le département ferme des PMI dans les quartiers défavorisés alors que les maisons du bel âge dans les quartiers favorisés ne servent à rien et sont ouvertes.
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Oui, mais les personnes du “bel âge” (sic) votent, elles, et parfois même à l’insu de leur plein gré, sous le haut patronage de Sainte-Martine de la Procuration.
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@electeur: :))
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Cette association existe depuis 42 ans, ce qui est un gage de solidité. La dernière convention datant du 13 Décembre 2019 n’était valable qu’un an renouvelable deux fois. Il est difficile d’avoir une vision à moyen terme avec une telle convention assez précaire, d’autant plus que les montants demandés par cette association sont une goutte d’eau dans le budget départemental: 700.000 € (pour 2017) pour le fonctionnement de 19 centres de consultations (à mettre effectivement en rapport avec les coûts de fonctionnement des Maisons du Bel Age).
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APRONEF toujours présidée par monsieur Robert Gachon ? (Enquête par Jean-Marie Leforestier le 17 Juin 2020 sur des procurations électorales).
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Non Robert Gachon a quitté la présidence en juin 2022. Le Département fait état de ses difficultés à discuter avec lui de la nouvelle convention dès 2021. Nous avons tenté de le joindre à plusieurs reprises sans résultat.
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Martine a du lui imputer les 1000 voix manquantes pour dépasser Olivia Fortin. Il n’a pas assez usé ses souliers à arpenter le 8e pour recueillir les procurations
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@Patafanari en effet dommage que l’article ne mentionne pas le nom du président de l’Apronef ni sa gouvernance.
Si c’est toujours Robert Gachon, il y aurait beaucoup à dire.
Outre l’affaire des procurations des maisons « du Bel âge »j’ai le souvenir d’un excellent article de Delphine Tanguy sur La Provence à propos du CAJL (Centre amitié jeune et loisirs) présidé par le même individu et dont l’agrément avait été retiré par le préfet pour « dysfonctionnements graves » et employait plusieurs membres de la famille du président.
Robert Gachon est salarié du conseil régional PACA proche de Muselier.
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Bonjour, comme précisé plus haut, nous avons mentionné la passation entre Robert Gachon et la nouvelle présidente, citée dans l’article. Nous avons tenté de joindre l’intéressé pour vérifier si les difficultés de conventionnement étaient liés à l’affaire des procurations ou à des problèmes de gestion, plus internes, sans résultat.
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A bien y réfléchir, c’est surprenant quand même cette gestion de contrats “à la petite semaine”, ou au 3 petites années … les associations assurent le dur du service public, et on les maintient dans une forme de précarité qui les oblige à s’organiser en mode intermittence permanente.
ça frise l’aumône des riches d’antan … Les “crânes d’œuf” du département (pour reprendre l’expression) vont nous dire que c’est la loi, que c’est la gestion de l’argent public, qu’il faut mettre en “concurrence” (tiens la revoilà celle là, dans le secteur de la santé publique, qui l’eut crût ?!).
En fait, on pourrait sûrement faire autrement, c’est fou ce que les textes de loi permettent de faire si on se donne la peine de bien les comprendre et si on mets du courage pour les appliquer intelligemment.
Mais finalement, ça en arrange peut être certains, cette gestion désordonnée ? ça maintient les “pauvres” dans leur problèmes de pauvres, ça les persuaderait presque qu’on est bien assez bon pour eux … Et ça donne l’occasion de faire quelques clichées communicantes aussi !
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on fait des coquilles vides maisons du bel age et on ferme ça, mais quelle ineptie !!!
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Oui, entre coquilles vides et crânes d’œufs … (désolé ça m’a échappé).
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C’est désolant. Et scandaleux. Je dirais même à vomir. Ce sont toujours les mêmes qui trinquent….
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