Harcèlement en ligne : nouvel élément de preuve contre un des bras-droit de Raoult
Le 10 mars prochain, la justice doit rendre son jugement concernant la diffamation et les injures dont Éric Chabrière serait l'auteur sur Twitter à l'encontre de la fille et du gendre de Didier Raoult. L'avocat des deux plaignants a transmis aux juges la preuve que le chercheur est bien lié au profil anonyme mis en cause. Les débats reprendront donc à l'audience.
L'entrée de l'IHU à la Timone. (Photo : BG)
Ce devait être le jour du jugement, mais il y aura finalement encore un peu de débat. Le 10 mars prochain, le tribunal correctionnel de Marseille devait se prononcer sur le harcèlement et les injures dont s’estiment victimes Magali Carcopino-Tusoli, médecin à l’AP-HM et son mari, Xavier, de la part du professeur en biochimie Éric Chabrière, chercheur à l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection.
L’histoire n’aurait pas nourri la chronique médiatique si les deux parties n’étaient pas intimement liées à Didier Raoult et au tourbillon de controverses que ce dernier provoque depuis plusieurs années. Magali Carcopino-Tusoli est la fille aînée de l’infectiologue, avec qui elle est en froid, tandis qu’Éric Chabrière est un de ses fidèles bras droits au sein de l’IHU.
Les parties avaient eu l’occasion de s’expliquer à la barre, le 6 janvier dernier. Mais la présidente du tribunal a décidé exceptionnellement de rouvrir le débat le jour du prononcé du jugement. “J’ai été destinataire via un de mes confrères d’informations émanant de Twitter et concernant les données du compte connu sous le pseudonyme du “Professionnel”, explique Philippe Carlini, l’avocat des deux époux. “Or, ces éléments indiquent que c’est bien le numéro de téléphone personnel d’Éric Chabrière qui a été utilisé pour créer ce compte. J’ai transmis tout cela à la présidente qui m’a indiqué qu’en l’état, elle choisissait de rouvrir les débats en tout début d’audience.”
Twitter, champ clos de la controverse scientifique
L’élément est crucial dans le différend qui oppose les deux parties. En effet, c’est depuis un compte nommé “Professionnel” que les attaques les plus violentes – une cinquantaine de tweets au total – ont été lancées. C’est aussi à partir de ce compte qu’est dévoilée l’identité de Magali Carcopino-Tusoli, alors qu’elle tweete sous pseudonyme.
À l’époque, Twitter était le théâtre d’une violente controverse entre les partisans du professeur Raoult et de son traitement contre le Covid et les défenseurs de la vaccination, dont Magali Carcopino-Tusoli et son mari.
Très actif sur les réseaux depuis juin 2020, Éric Chabrière fait partie des plus ardents défenseurs de l’hydroxychloroquine et du travail de Didier Raoult en général. Lors de l’audience en janvier dernier, il disait avoir rejoint Twitter pour défendre l’IHU, sur un réseau “écouté par les politiques“.
Le shérif de Twitter
À de nombreuses reprises, cette défense s’est transformée en attaque ultra-violente à l’encontre de ceux qui critiquaient la rigueur scientifique de certaines recherches de l’IHU. Suivi par plus de 55 000 personnes, le biochimiste se définit lui-même comme le “shérif de twitter”. À ce titre, il a produit des milliers de messages agressifs, insultants ou diffamatoires visant les détracteurs de l’IHU, du professeur Raoult ou de l’hydroxychloroquine.
Mais, à la barre du tribunal correctionnel, Éric Chabrière a démenti fortement être derrière le compte du “Professionnel”. Selon 20 Minutes, il s’agissait pour lui d’une usurpation d’identité. “C’est malheureusement le sort de beaucoup de personnes, indiquait-il. Je vois beaucoup d’hommes politiques qui sont parodiés“. En l’occurrence, le compte en question apparaissait plus comme un prolongement agressif des prises de position du chercheur que comme une parodie de celle-ci.
Lien direct avec son téléphone
Or, dans une autre affaire, l’une des cibles d’Éric Chabrière sur le réseau, dont l’identifiant est “@sonic_urticant”, a obtenu la condamnation de Twitter, le 14 octobre 2022, devant le tribunal judiciaire de Paris. Ce jugement impose à la firme basée en Irlande de dévoiler les données de connexion de dix comptes, aux comportements répréhensibles. Parmi ceux-ci, le fameux “Professionnel” dont le compte public est désormais suspendu. Or, ces données transmises à la justice établissent clairement le lien entre le chercheur et ce compte diffamant. Ces liens avaient déjà été soulignés par différents acteurs sur le réseau social.
https://twitter.com/search?q=%40leprofessionne9&src=typed_query
L’avocat d’Éric Chabrière entend toutefois conserver la même position. “Je ne laisserai pas dire que seuls les éléments apportés par les parties civiles justifient la réouverture des débats, se défend Ludovic Heringuez. J’ai moi-même apporté des éléments qui seront débattus lors de cette nouvelle audience. En l’occurrence, son numéro de téléphone est dans le domaine public depuis plus de dix ans”.
À ce titre, n’importe qui aurait pu l’utiliser pour ouvrir un compte, sous-entend l’avocat. Pourtant, la procédure de Twitter prévoit une double authentification avec l’envoi d’un code sur le téléphone associé. Il ne suffit donc pas de connaître le numéro de téléphone pour activer le compte.
Lors de l’audience de janvier, les parties civiles avaient demandé 10 000 euros de dommages et intérêts pour chacun des plaignants tandis que la défense plaidait la relaxe. La réouverture du débat permettra de savoir de quel côté penche la balance judiciaire.
Commentaires
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C’est hélas très long, mais ça soulage un peu de savoir que de temps à autre ce quelques individus de ce genre sont rattrapés par la patrouille.
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Un peu de pratique d’internet et de lecture des “résosocios” amène à un très fort doute sur les allégations de M. Chabrière concernant l’usurpation d’identité dont il aurait été victime.
Et un minimum de culture scientifique amène à s’étonner de la grande popularité qu’a pu rencontrer son patron M. Raoult avec son produit miracle qui ne “guérissait” que les cas légers de covid ( il n’y avait pas de lit de réanimation covid à l’IHU !!!).
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On aurait pu imaginer une sortie par le haut : un mea culpa, “je reconnais, je suis allé trop loin”, mais non, il préfère nier, ne rien assumer, aller chercher un scenario rocambolesque. Attitude minable.
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c’est minable et en plus, largement incohérent.
mais chabrière doit être outré qu’on puisse l’accuser de la sorte !
ces gens là, s’imaginent toujours au dessus des lois, et au dessus des gens (“les gens de peu”) ils sont dans une logique où leur “position sociale” leur offre une impunité totale.
quelques uns parfois se font rattraper… mais imbus de leur position, ils sont la plupart du temps très niais.
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Pire que le nombre d’innocents en prison, le nombre d’auteurs présumés de tweets, posts, publications, sms ou textos controversés dont le compte aurait été piraté ! C’est dingue !
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Voilà une bonne raison pour ne pas publier sous pseudo !
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Si vous pouviez arréter les critiques contre l’IHU ,ça devient n’importe quoi
une infirmière
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Il ne s’agit pas là de critiques contre l’IHU, mais du procès d’un voyou qui s’est cru tout permis sur Twitter. Pour être moi-même sur ce réseau, je suis témoin de la violence que cet individu s’est autorisée. Je plains ses étudiants, tant ce professeur d’université confond la controverse scientifique et l’injure.
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