[Mer intérieure] Patrimoine mondial, tout un poème

Véronique Esterni

Cher journal,

À chaque fois que je repense à cette candidature, je me fais des boucles. Ça ressasse, tourne à l’obsession. Les critères de sélection sont pourtant de nature à rassurer. Élaborés au niveau mondial, ils lui vont comme un gant. Ils sont faits pour l’étang :

Un carrefour d’influences depuis 9000 ans ? Oui.

Une valeur scientifique universelle ? Oui aussi.

Un berceau de développements économiques et technologiques ? Évidement.

Un modèle d’interaction humaine avec l’environnement ? Absolument.

Un témoin de phénomènes naturels remarquables ? Qui l’ignore encore ?

Un théâtre d’évolution des écosystèmes ? Son cœur battant.

Je reconnais cet argumentaire expéditif, mais documents et expertises pullulent. Historiens, géographes, socio et écologues, bref, toutes les disciplines sérieuses ont démontré et attesté plus que nécessaire. On aime donc y croire, à le fantasmer : l’étang sera lauréat et classé pour l’éternité par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité.

Je sais aussi que ces critères ne disent pas tout de lui et cachent peut-être même l’essentiel.

L’étang est une musicalité, un rythme. Une beauté harmonieuse. Une figure poétique.

Et l’Unesco semble l’ignorer.

Tant de choses émanent de ces rives, et nous éloignent de tous les bruits. Impalpables et vibratoires, elles sont ses plus précieuses clés de compréhension.

La poésie en héritage. Précieux patrimoine. Une onde qui traverse.

Autour de l’étang, avec sa seule compagnie. La poésie suffit.