Explosion des charges chez HMP : “Mon reste à vivre ? Je n’ose même pas le calculer”
Des locataires du bailleur social manifestaient mardi pour protester contre la hausse des charges de chauffage. Pour l'année 2023, des augmentations comprises entre 60 et 170 euros par mois suscitent l'inquiétude des familles.
À l'appel des associations de locataires, une centaine de personnes a manifesté devant le siège du bailleur social HMP à Frais-Vallon (13e). (Photo SL)
“Les locataires en colère, les locataires en colère, les locataires en colère !“. Derrière les étals du marché de Frais-Vallon, une agitation mêlée d’inquiétude règne ce mardi 24 janvier. Une centaine de personnes sont réunies devant le siège du bailleur social Habitat Marseille Provence (HMP), installé à l’entrée de cette grande cité des quartiers Nord. Au début du mois, l’office HLM de la métropole a affiché dans ses résidences les nouveaux tarifs des charges de chauffage. À Frais-Vallon, les locataires d’un T1 paieront 67,20 euros en plus sur leur facture et ceux d’un T6, 164,08 euros.
Pour s’élever contre cette explosion des coûts, ils se sont réunis à l’appel de quatre associations de locataires – CGT Indecosa, CLCV, CGL et le conseil citoyen Nord-Est. Les élus municipaux (EE-LV) Aïcha Sif et Sébastien Barles et des militants politiques étaient également présents en soutien. À la suite du rassemblement, des représentants des locataires ont été reçus par la direction.
“Mes enfants m’aident, mais comment je vais faire quand ils vont partir ?”
Louisa Zouggari, 43 ans, manifeste pour la première fois. Cette mère de cinq enfants est résidente aux Caillols (12e) et discute avec une résidente de Frais-Vallon qu’elle vient de rencontrer. “J’ai une hausse de 82 euros par mois pour les charges et pourtant mon appartement, c’est un congélateur. Je dois inscrire ma fille au basket, elle vient de faire son cours d’essai. Je lui ai dit qu’on allait attendre la réponse de HMP”, explique-t-elle. Divorcée, elle vit avec le RSA et les allocations familiales. “Mon reste à vivre ? Je n’ose même pas le calculer“.
À côté d’elle, une femme de 50 ans préfère garder l’anonymat. Elle aussi s’inquiète de ne plus pouvoir payer son loyer. Elle ne travaille pas et son mari est à la retraite. “Aujourd’hui, mes enfants m’aident, mais comment je vais faire quand ils vont partir ?“. Cette situation est semblable à celui qui se fait appeler “Papa Salem”, venu avec sa fille. Il réside dans un T6 du bâtiment G et touche environ 900 euros par mois avec sa femme. Ses charges mensuelles s’élèveront désormais à plus de 200 euros. “C’est un coup de massue pour ce quartier précaire“, appuie sa fille.
En plus des inquiétudes liées à l’augmentation des charges, c’est aussi l’occasion pour les habitants de partager d’autres problèmes de logement. Présence de rats et de cafards, fuite d’eau et chauffage en panne, ponctuent les discussions.
Les associations dénoncent un manque de transparence
En bruit de fond, la militante de longue date et membre de CLCV Fatiha Ziani, ne se démotive pas et entonne les slogans dans le mégaphone. Elle réclame la transparence sur les contrats passés avec les fournisseurs d’énergie et veut connaître l’indice de performance énergétique des résidences. “Les gens se gèlent ! S’ils sont dans un logement classé F ou G, la loi dit que le logeur ne peut pas appliquer de hausse de loyer“, pointe la militante. Elle compte aussi interpeller les députés, pour que les charges de chauffage soient comprises dans le calcul de l’aide au logement (APL). C’est la première fois en trente-cinq ans de militantisme, dit-elle, qu’elle est inquiète.
“C’est une méthode arbitraire, sans fondements. On veut les justificatifs de cette hausse“, s’agace Guy Lucchesi de la CLCV. Les associations sont unanimes et déplorent le manque de communication de la part de leur bailleur. “Ils n’ont pas organisé de conseil de concertation locative, qu’on sache au moins à quelle sauce on va être mangés !”, déplore Hervé Curtillet de l’Indecosa CGT13. “Je vous conseille de continuer à payer vos charges comme avant, sans l’augmentation. Mais mettez de l’argent de côté”, conseille-t-il à l’ensemble des locataires à la sortie de la réunion.
Un nouveau contrat à 111 euros le mégawattheure
Sollicité par Marsactu, le président d’Habitat Marseille Provence, Patrick Pappalardo dit comprendre “l’exaspération des gens“. Mais justifie cette hausse par un nouveau contrat passé avec le fournisseur d’électricité. Le précédent fixait un prix de 20,85 euros le mégawattheure. Arrivé à échéance au 31 décembre 2022, le nouveau contrat fixe à 111 euros le prix du mégawattheure, indique-t-il. Un prix qui reste en dessous de ceux du marché, qui ont atteint, en mars 2022, à 400 euros/MWh. C’est pour cette raison que le bailleur a décidé d’augmenter les charges de façon préventive, tout en prenant en compte, assure-t-il, le bouclier tarifaire 2022 fixé par le gouvernement. En fonction de la surface des logements, cette hausse n’impacte pas les foyers de la même manière.
“On a prévenu les locataires. On a préféré étaler, à la différence des autres bailleurs, chez eux il y aura une régularisation douloureuse pour leurs locataires. C’est un problème national, les prix du gaz et de l’électricité sont inouïs. C’est devant la préfecture qu’il fallait manifester“, se défend celui qui est aussi conseiller métropolitain. Il précise avoir alerté Martine Vassal, présidente de la métropole, pour lui demander la mise en place d’une aide. De leur côté, les associations de locataires prévoient une conférence de presse le vendredi 27 janvier au centre social de Frais-Vallon pour maintenir la pression.
Commentaires
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Et pendant ce temps, on entend toujours pas parler d’un plan de rénovation énergétique de ces habitats … Certes, ça ne résoudrait pas le problème actuel du prix de l’énergie, mais quand même, on peut essayer de voir à long terme, et “en Grand”, selon la terminologie présidentielle.
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C’est malheureux, mais la seule responsabilité que l’on peut incomber au bailleur, c’est d’isoler le logement. N’oublions pas que pour ceux qui ne sont pas dans un logement social, c’est encore pire et avec un loyer élevé : 73% des Marseillais sont éligibles à un logement social ! C’est du côté de l’Etat qu’il faut se tourner, mais aussi s’interroger, pour ceux que cela concerne, sur la viabilité de conserver un T6 alors que l’on est 2 à y vivre (même si cela implique une nouvelle organisation quand les enfants visitent…)
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Sur la sous-occupation dans les logements sociaux : 20% des plus de 75 ans occupent un T4 ou plus dans le logement social métropolitain ; régler ces problèmes permettrait de loger jusqu’à 120 000 personnes de plus (330 000 logés actuellement). Source Agam : https://www.agam.org/wp-content/uploads/2020/04/63.pdf
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J’ai vécu dans un T2 1 chambre parent et 1 enfant en bas âge durant des années sans possibilité d’intégrer un T3 vide dans le même bâtiment. Quant à ma voisine elle vivait dans un T3 parents plus 4 enfants sans lui accorder un T5 libre et fermé? Je crois qu’on fait tout pour que les locataires souffrent dans leur logement. Quant aux travaux qui incombent au bailleur il faut voir les prestations.
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Troublant, ces constats sur l’inadaptation du parc de logements sociaux à la composition des ménages.
J’y vois encore un problème d’investissement et de vision à long terme : reconfigurer des appartements, ça doit être faisable. Mais ça coûte des sous, et c’est long. Tout comme les isoler.
Cela dit, ce genre d’opération n’est sûrement pas simple. Il faut trouver les fonds, loger temporairement pendant les travaux, adapter finement l’offre et la demande, et proposer des solutions alternatives sur le sujet des enfants qui viennent visiter les parents … Un vrai sujet, à ne pas traiter à la Excel à coup de calculs rapides. Des réalités familiales sont en jeux. Peut être y a t il des solutions innovantes malgré tout. Les urbanistes ont bien dû plancher là dessus !
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Les élus municipaux qui manifestent !!
Quand on est élu municipal ( ou autre) on ne manifeste pas, on agit !
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Ceux qui manifestent sont souvent ceux qui voudraient agir davantage, mais en sont empêchés par un organisme ou une autre iinstitution.
Sauf à être de mauvaise foi.
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On parle ici de charges et pas de loyers, mais de toute manière il n’est interdit d’augmenter les loyers des logements classés F et G que pour les baux souscrits après le 24/08/22. Les loyers des baux antérieurs peuvent toujours être augmentés (de 3,5 % max, les APL étant également augmentées de 3,5 %). Et en plus il faut pouvoir prouver le classement F ou G si jamais vous n’êtes pas d’accord avec le DPE qui vous a été fourni par le proprio.
https://www.anil.org/parole-expert-logement-energivore-location-loyer/
https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15910
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L’électricité pour les ménages et les petites entreprises artisanales ou autres ne doit pas être pas une marchandise comme les autres soumise aux aléas de la bourse d’échange dans laquelle une bonne partie des intervenants est formée de financiers qui jouent pour gagner un maximum dans un minimum de temps. L’électricité devrait être un service public (mais service public est devenu un gros mot). https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/reforme-du-marche-de-lelectricite-en-europe-quand-les-capex-detronent-les-opex
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