À La Provence, la CMA-CGM revoit déjà ses engagements
En refusant d'indexer les salaires sur l'inflation comme il s'y était engagé, le nouveau propriétaire du quotidien jette le doute sur les promesses qu'il avait formulées auprès des salariés du journal. Une assemblée générale de la rédaction est convoquée ce mardi.
Siège du journal la Provence (Crédit : Tom Bertin)
C’est un mouvement parti de la base, une envie spontanée de ne pas laisser l’actionnaire revenir sur ses engagements sans réagir. À la mi-journée ce mardi, les journalistes de La Provence sont invités à se réunir en assemblée générale. À l’ordre du jour, les négociations salariales annuelles en cours avec le nouveau propriétaire, la CMA-CGM. L’armateur aux résultats records est en effet revenu sur une promesse formulée au printemps dernier devant le tribunal de commerce de Bobigny pour obtenir la reprise de l’entreprise de presse. Résultat : dans un journal peu habitué aux conflits sociaux, certains salariés n’hésitent pas à évoquer une grève.
Détentrice de 100 % des parts du groupe La Provence depuis le 17 octobre, l’entreprise de Rodolphe Saadé s’était engagée par écrit à augmenter les salaires au minimum à hauteur de l’inflation. Vendredi 20 janvier en fin d’après-midi, lors d’une réunion avec les représentants syndicaux, il n’était plus question que de 1%, assorti d’une prime Macron de 850 euros (pour les non-cadres), bien loin des 5,5 % logiquement espérés par les salariés. Les syndicats SNJ, CFDT et CFE-CGC ont signé une communication commune dans laquelle ils enjoignent la nouvelle direction de respecter “l’engagement pris par l’actionnaire devant les salariés et le tribunal de commerce de compenser l’inflation. On en est très loin.”
s’ils se sont fait rouler, qu’ils se retournent contre l’ancien propriétaire, pas contre les salariés !
Un journaliste
Sollicitée, la direction de La Provence répond à Marsactu que “les discussions sont en cours. Elles donneront un résultat significativement supérieur au reste de la presse régionale”. Pour justifier son changement de pied, elle met en avant la santé de l’entreprise : “Les résultats financiers 2022 sont les plus déficitaires de la profession et significativement plus importants qu’en 2021.” Ce qui agace au sein de la rédaction. “Le nouvel actionnaire et la nouvelle direction ne découvrent pas la situation. Ils sont censés être au courant de nos comptes, tout de même ! Et s’ils se sont fait rouler, qu’ils se retournent contre l’ancien propriétaire, pas contre les salariés”, argue un journaliste.
“Si cette promesse n’est pas tenue…”
La CMA-CGM avait pourtant largement usé de ses engagements sociaux pour convaincre les salariés de la soutenir dans le bras de fer engagé contre l’autre repreneur potentiel, Xavier Niel. À mesure que s’ajoutaient les promesses de démocratie interne ou d’avantages sociaux, la société de Rodolphe Saadé avait réussi à obtenir le soutien des principaux syndicats de l’entreprise, pressés de voir le groupe de presse repartir de l’avant.
Ce coup de canif dans le contrat pose donc question à plusieurs salariés interrogés par Marsactu. C’est d’ailleurs ce mouvement spontané de la rédaction, initié par des journalistes pas nécessairement syndiqués, qui a poussé les organisations syndicales à convoquer l’assemblée générale de ce mardi. “Un vote sera organisé à l’issue de cette assemblée sur la position que nous défendrons communément face à la direction”, précisent dans leur mail interne le SNJ, la CFE-CGC et la CFDT.
Notre inquiétude, si cette promesse n’est pas tenue, c’est que les autres ne le soient pas non plus à l’avenir.
Un journaliste
Avant de passer au vote, certains salariés ont prévu de donner de la voix. “C’est une question de principe. Ce n’est pas pour ce que cela va nous rapporter. Mais l’actionnaire a promis de compenser l’inflation et à la première réunion, il revient sur sa parole”, avance-t-on dans les rangs de la rédaction. Un autre journaliste marseillais abonde : “Notre inquiétude, si cette promesse n’est pas tenue, c’est que les autres ne le soient pas non plus à l’avenir. À commencer par le fait que le projet du nouvel actionnaire repose sur le remplacement des journalistes “clausistes”. S’ils ne le sont pas, ce sera une catastrophe pour le titre.”
Les départs seront-ils remplacés ?
Ces “clausistes” sont les reporters qui entendent profiter d’une règle du droit du travail propre à leur profession, appelée “clause de cession”. En cas de changement d’actionnaire principal, les journalistes peuvent en effet décider de quitter leur journal tout en touchant leurs indemnités et en percevant les allocations chômage. Alors que plusieurs dizaines de départs sont annoncés, celles et ceux qui restent ne voient pas, pour l’heure, arriver de nouvelles recrues.
La direction refuse à ce stade de dire si elle suivra à la lettre ses promesses, y compris pour ce qui est des remplacements. “Ces engagements, formule un porte-parole, ont été faits dans un contexte significativement différent. Ils ont été pris alors que l’inflation était autour de 2 %. On fait au mieux dans ce contexte-là. Il faut relire tous ces points-là à l’aune de la situation de l’entreprise telle qu’elle est actuellement.” Le même poursuit : “Les grands axes annoncés seront mis en œuvre. Peu de titres de presse bénéficient d’un engagement aussi fort de leur actionnaire.”
D’autres engagements mis à mal
Les questions des augmentations et des embauches ne sont pas les seules en litige. D’autres points ont déjà alerté les salariés, à commencer par le projet de continuité de l’imprimerie du journal. Si Rodolphe Saadé, alors conseillé par le directeur général de Libération Denis Olivennes, avait juré aux ouvriers du livre que La Provence continuerait à être imprimée depuis Marseille, il a renoncé à cette promesse, en tapant dans la main de Xavier Niel pour mettre fin à leur bataille. Le patron de Free pourra ainsi mener à bien son projet d’installer, dans le Var, des rotatives communes avec Nice-matin et Var-matin, deux journaux propriétés de sa holding NJJ Press.
Dernière entorse aux annonces de la CMA-CGM : en décembre, la nomination de David Blanchard comme directeur de la rédaction n’avait pas été soumise, comme prévu, à un vote de confiance par la rédaction. Une enquête de Marsactu révélant un management toxique et des comportements inappropriés à l’égard de certaines consœurs au sein de la rédaction 20 minutes, son précédent employeur, avait finalement eu raison de sa désignation. Le directeur général Gabriel d’Harcourt actant en interne “l’émotion” suscitée au sein du groupe.
Cette validation démocratique du patron de la rédaction constituait pourtant “un engagement clair, précis et juridiquement contraignant”, selon les mots de la CMA-CGM. Dans d’autres domaines, la rédaction attend encore la traduction des promesses de l’armateur. Il en va ainsi de la “charte d’indépendance”, du “comité d’indépendance tripartite (salariés, direction, personnalités indépendantes)” ou encore de la “représentation des salariés dans la gouvernance”. À ce stade, la composition du conseil d’administration témoigne au contraire de la mainmise de Rodolphe Saadé sur le groupe : il y a fait figurer des proches plutôt que des spécialistes de la presse.
Avant de soutenir la reprise par CMA CGM, les journalistes auraient mieux fait de réfléchir aux raisons qui poussent à racheter une activité si loin du coeur de métier de ce groupe…
…ils y ont bien sûr certainement réfléchi, mais alors ils n’en on pas tiré les conclusions : il n’y a aucune raison à dépenser de l’argent pour une activité si peu stratégique, M. Saadé ne se paie pas une danseuse pour l’entretien de laquelle il pourrait claquer du fric, non plus qu’il a une stratégie de diversification de son activité dans la presse (ce que fait Niel, à une échelle plus large). Il se paie un accessoire d’influence dans l’espace marseillais, on ne dépense pas à tort et à travers pour un accessoire dédié à un usage aussi … accessoire.
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Entièrement de votre avis, et quand on a connu le père de “Rodolphe” et sa capacité “d’influencer” on sait que ce journal ne sera malheureusement qu’un instrument à la solde des intérêts du groupe.
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Cher Félix, vous avez tort et raison.
Il ne se paye pas une “danseuse” mais un “petit rat” car la Provence n’est ni le Monde ni le Figaro, et n’est ni plus ni moins qu’une feuille de choux electorale doublée du quotidien de l’OM et accompagnée des avis de décès et des réunions d’anciens combattants .Bref adaptée aux marseillais de base.
En revanche CMA-CGM a une stratégie de diversification dans les médias,c’ est la volonté du groupe et clairement annoncé,il est déjà chez M6.
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https://www.usinenouvelle.com/article/chronique-eco-comme-d-autres-milliardaires-l-armateur-rodolphe-saade-vogue-desormais-vers-les-medias.N2050562
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Cher Braillasse,
Pour l’instant si je ne m’abuse il n’y est pas présent. De plus ce ne serait pas le premier aller-retour de CMA-CGM dans une activité “non stratégique” (et peu couteuse) dont il se débarrasse au bout de quelques temps.
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Tout est dit. Quand on connaît le background de la tribu Saadé, il faut être bien naïf pour y croire, et si les journalistes n’ont pas vu le père Joseph Olivennes caché derrière Saadé et quand on connaît le bonhomme,on n’a pas à être étonné du médiocre niveau de ce canard digne d’une sous préfecture.
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vu de l’extérieur, c’est peut être plus facile.
les diverses péripéties complexes de la reprise du journal par saade ont sûrement généré du désarroi parmi les salariés du journal.
imaginer un instant que cma-cgm souhaitait investir dans la presse pour autre chose que accroître son influence “personnelle” tient de la philosophie bisounours.
pas sûr non plus que l’autre proposition (niel) ait été meilleure….
j’ai un peu du mal à imaginer qu’une équipe de “journalistes” ait pu se tromper de la sorte sur les tenants et aboutissements d’une telle acquisition par un armateur. ils devraient être les premiers informés.
je souhaite bon courage aux équipes de ce journal.
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Les journalistes avertis sont clausistes. Les autres sont cocufiés en public, des neuneus qui croient à la parole donnée par un transporteur de conteneurs libanais ah ah ah. Et ils peuvent faire 30 ou 60 jours de grève, il s’en carre.
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A quand , pourquoi pas , une société des lecteurs de la Provence ??
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oui, mais encore faudrait-il lire le journal !!!
il reste quand même très lénifiant…
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L’idée m’avait traversé l’esprit également, pendant la saga Niel/Saadé.
Une souscription d’action à grande échelle, et hop, la Provence passait sous le contrôle de ses lecteurs … Un genre d’Après M version média !
Et quel pied, de pouvoir dire dans une soirée : “je suis propriétaire de La Provence” ! (enfin, copropriétaire …)
Personnellement, je lis la Provence en buvant un café dans les bars. On y trouve des infos sur la vie locale, malgré tout. Et je serais prêt à contribuer pour cette lecture en mode partagé, si le titre est entre de bonnes mains.
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Hum ne pas oublier que le “sortant” était Tapie et l’état moral et financier de la Provence au moment de sa cession. Ceci dit Félix Weygand a raison.
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Cet article ne me fait réagir que par des gros mots à l’encontre de la CMA-CGM. Pourris pourris pourris.
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Cher Felix , il a confirmé son intérêt pour ce secteur ( y compris les réseaux sociaux) en fin d’année , et mon petit doigt me l’a bien dit au creux de l’oreille.
Après, nous avons un autre exemple qui parti de rien avec direct 8 , se retrouve propriétaire de Vivendi: Bolloré qui fait le même mérier de base , la logistique .
A suivre…….
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Rappelons-nous du petit père Queuille et avant lui de Swift: “Comme la croûte des pâtés, les promesses sont faites pour être rompues.”
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Un journaliste doit avoir un minimum de culture, et visiblement ceux de la Provence en manquent cruellement. Ainsi ,si ils avaient ne serait ce qu’étudié que celle du plus grand des français,de Gaulle qui disait au sujet des politiques :” Comme un homme politique ne croit jamais ce qu’il dit, il est étonné quand il est cru sur parole.”,ils n’auraient pas agis comme des benêts.
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Reponse
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Réponse a julijo
Perso je lis la Provence étant abonne. Apres je persiste a penser que la création d une société des Lecteurs serait une bonne chose.
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Chic pour Marsactu, il va embaucher des journalistes de la ”Provence” pour ses reportages.
Faut du boulot pour les mettre sur les sujets d’investigations…plutôt que de recevoir des publicités de la part de la Métropole !
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