L’assistant controversé de Jean-Marie Le Pen sera sur les listes FN
Mis en cause dans l'affaire du financement russe du Front national, Gérald Gérin est présent en 11e position sur la liste FN aux régionales. Il doit ce sauvetage à Jean-Marie Le Pen dont il est l'assistant personnel depuis des années.
Gérald Gérin, le 16 octobre,. Photo JML
Dans le hall du Sofitel Vieux-port, la candidate FN aux régionales Valérie Laupies interroge ses colistiers. “Il était en onzième position Gérin ? On l’a gardé finalement ? Avec cette grosse nouvelle mardi…” Dans la file d’attente pour l’ascenseur qui mène au toit-terrasse de l’établissement, aucun des candidats FN ne sait vraiment que Gérald Gérin est toujours sur les listes.
L’homme est revenu sur le devant de la scène, le 3 novembre dernier, dans le cadre de l’affaire de fraude fiscale qui touche Jean-Marie Le Pen. La direction des finances publiques des Hauts-de-Seine a déposé une plainte contre lui. Elle le soupçonne d’avoir joué un rôle de prête-nom pour un compte dissimulé en Suisse appartenant au fondateur du Front. Gérald Gérin serait l’ayant-droit d’un compte ouvert à la Compagnie bancaire helvétique – 2,2 millions d’euros dont 1,7 million en lingots et pièces d’or – comme l’avait révélé Mediapart.
Le jour même où de multiples perquisitions étaient menées, la liste FN des Bouches-du-Rhône était déposée. Sans états d’âme. “Nous croyons en la présomption d’innocence”, explique Stéphane Ravier, la tête de liste départementale. Gérald Gérin sera en onzième position sur la liste des Bouches-du-Rhône, une place éligible, même en cas de défaite.
Le cas Gérald Gérin a animé la constitution des listes au FN. C’est que l’homme a un profil particulier. Conseiller régional, assistant personnel de Jean-Marie Le Pen dont il a été l’attaché parlementaire avant d’être recasé chez une autre eurodéputée frontiste Marie-Christine Arnautu, Gérin est la concession faite à son grand-père par Marion Maréchal-Le Pen , comme l’avait révélé l’Agence France presse dès le 22 octobre. Il est le seul soldat rescapé des douze noms suggérés par le fondateur du Front.
Au conseil régional, aucune intervention en quatre ans
Il est ainsi un des rares conseillers régionaux sortants reconduits par le FN. Selon Stéphane Ravier, les sélections se sont faites sur la base “des compétences et du travail”. Pourtant, difficile de se rappeler les faits d’arme de Gérald Gérin dans l’hémicycle. Il se signale plutôt par la prévenance dont il fait preuve auprès de Le Pen. Régulièrement, il sort sa valise remplie de médicaments et de divers accessoires pour choyer l’octogénaire.
S’il s’est montré assidu, l’enfant de Rognac n’est plus intervenu depuis quatre ans dans l’hémicycle régional. Il s’est donc tu durant une vingtaine de séances d’une journée entière. Les compte-rendus que nous avons tous repris sont formels. Durant toute cette période, Gérald Gérin ne s’est signalé que par ses éructations. Lors de la dernière séance de la mandature, le 16 octobre, il a ainsi traité de “stalinien” l’élu Front de gauche Gérard Piel qui venait de lui rappeler ses affaires helvètes.
Joint alors qu’il est en vacances en République dominicaine avec Jean-Marie et Jany Le Pen, Gérin s’explique : “Au début, on me donnait la parole sur des sujets économiques. Et puis, on ne me l’a plus donné. Moi, je fais ce qu’on me dit de faire et on ne m’a jamais dit pourquoi.”
Ne l’appelez plus “majordome”
Quand il détaille son emploi du temps, on comprend qu’il n’ait pas eu non plus beaucoup de temps pour se rendre à l’hôtel de région. “Toute la semaine, je travaille à Bruxelles et le week-end, je suis sur Paris avec Jean-Marie Le Pen”, ajoute-t-il. Gérin occupait même une dépendance à Montretout, le manoir du fondateur du FN.
Longtemps, on a présenté l’enfant de Rognac comme un majordome. Mais Gérin rejette aujourd’hui ce terme. “Avec le contrôle de l’OLAF [l’office anti fraude de l’Europe, ndlr], je ne l’utilise plus, ça peut prêter à confusion et ça ne correspond pas à mes fonctions véritables. J’ai toujours été son assistant, je m’occupais de ses voyages, de son agenda”, détaille-t-il. Un déçu du Front le tacle : “Le parti veut éviter d’être obligé de payer Gérin, il préfère que le conseil régional le fasse.” Il faut aussi dire qu’une enquête européenne est aussi en cours pour connaître la réalité du travail européen de plusieurs assistants parlementaires frontistes dont Gérin. Il lui faut donc être prudent.
Mais il ne voit pas dans toutes ces histoires un frein à sa candidature. En regard, il vante ses participation aux législatives à Vitrollles et l’élection dans “son” canton de deux conseillers départementaux en mars dernier. En cas de victoire, lui, le diplômé de l’école hôtelière se verrait bien “vice-président au tourisme” de Maréchal-Le Pen. “Pourquoi pas si ça correspond à ses compétences”, a lâché Ravier au Sofitel. Le même Stéphane Ravier qui disait il y a quelques semaines : “Je crois que ce serait mieux pour lui qu’il ne soit pas candidat.” Depuis, la réconciliation des Le Pen est passée par là.
Ajout à 11 h 20 de la citation d’un déçu du Front et à 17 h 30 de la dépêche AFP mentionnant dès le 22 octobre l’intégration de Gérin à la liste
Réaction de Valérie Laupies après cette parution : La conseillère régionale FN estime qu’elle n’a pas tenu les propos mentionnés ci-dessus. “Pourquoi focaliser sur ce sujet puisqu’une enquête judiciaire ne signifie en rien une culpabilisation de Gérald Gérin ?”, s’interroge-t-elle. Nous maintenons bien évidemment les propos rapportés et l’angle de cet article.
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