IMAGINER LE FUTUR DE MARSEILLE
La municipalité dirigée par B. Payan et la gauche nous proposent de penser le futur de la ville. Après des années de monotonie et de soumission, cette initiative est bienvenue pour éveiller Marseille
Des « cahiers de doléances » à l’imaginaire, quelles sont les paroles de la cité ?
Voilà bien longtemps que celles et ceux qui habitent notre pays sont invités à formuler l’image qu’ils se font de la cité. Cela avait commencé par l’épisode des « cahiers de doléances », lors des événements de 1789. Le peuple entier était invité à formuler ses doléances, à exprimer de quoi il se plaignait, mais, au-delà, c’est une France nouvelle qui s’est dessinée au fil de ces pages Après, l’histoire de la modernité de notre pays est faite de ces expressions d’un futur nouveau à venir par les citoyennes et les citoyens – notamment au cours campagnes électorales. Peut-être même est-ce cela, une campagne électorale : un moment où les électrices et les électeurs font part de ce qu’ils veulent pour leur pays, pour leur ville, pour leur quartier. Sous différentes formes, sous divers appellations, des « comités de quartier » ont ainsi tenté de faire remonter jusqu’aux pouvoirs les souhaits des habitants. C’est même en formulant les paroles de la cité qu’ils deviennent des citoyens, en donnant une forme politique à l’énoncé de ce qui consiste, après tout, dans un ensemble de revendications. La municipalité de Marseille entend aujourd’hui proposer un espace de paroles aux habitants de cette ville. Il s’agit, ainsi, de donner une forme à l’imaginaire politique de la cité. Car n’oublions pas que le futur n’est pas un temps – puisqu’il n’existe pas encore : le futur, c’est de l’imaginaire. Peut-être même le futur est-il, pour la ville, le domaine de l’imaginaire le plus fou, parce que c’est toujours l’imaginaire fou qui sert de terreau à la ville réelle de demain ou, soyons raisonnables, d’après-demain. Elle est là, la différence entre la droite et la gauche : la droite gère et fait des profits, tandis que la gauche lutte et rêve. Ce qui est vrai à l’échelle d’un pays l’est aussi à celle d’une ville.
Le futur : un imaginaire pour la ville
Mais qu’est-ce que le futur d’une ville ? Il s’agit de ce qui associe les projets – on pourrait dire, d’un mot de la même famille, aux projections de la ville du futur. On ne peut pas se contenter de gérer la ville d’aujourd’hui. Ce n’est pas la peine de faire de la politique et de tenir des discours politiques pour cela. Non. La politique consiste justement à associer le futur au présent, à réfléchir ensemble, au cours de débats et d’échanges politiques, à ce que pourra bien être, demain la ville que nous habitons. Peut-être même est-ce cela, habiter une ville : formuler ce qui, selon nous, sera son futur. Le futur de Marseille consiste, d’abord, à mieux associer la ville et la mer : il faut cesser d’habiter la ville contre la mer ou hors d’elle, la mer doit retrouver toute sa place dans la vie de la ville – et au-delà du commerce et du tourisme. Le futur de Marseille est aussi l’élaboration d’une véritable écologie urbaine : il s’agit de construire et d’aménager une ville qui réponde aux exigences et aux contraintes de l’absence de pollution, une ville qui propose à nos regards des paysages urbains que nous prenions plaisir à regarder et dans lesquels nous puissions nous retrouver. Enfin, dans le futur, il faut que Marseille retrouve les mots et les paroles qu’elle a fini par perdre. Habiter cette vile doit signifier s’y parler, faire de l’espace urbain un espace dans lequel on puisse retrouver l’autre et se reconnaître en lui.
En quoi consiste le futur de Marseille ?
Quelles sont les significations particulières de ce futur qui nous est propre, celui de Marseille ? Pour répondre aux vœux que nous venons de formuler, il existe plusieurs politiques à mener. La première est l’élaboration d’une économie politique urbaine. La vie économique de cette ville doit cesser d’être un privilège des possédants et de leurs « entreprises », pour faire l’objet d’un débat démocratique : c’est ainsi que l’économie de la ville doit devenir pleinement une économie politique, associant sans cesse la production, les échanges et l’emploi. Par ailleurs, le futur de la ville doit être l’égalité dans la distribution du savoir. Sans doute les municipalités d’avant n’ont-elles pas assumé pleinement cette responsabilité, et celle que nous avons portée au pouvoir doit-elle finir par reconnaître que la formation, l’éducation et la culture doivent être des domaines dans lesquels sa responsabilité est d’assurer l’égalité de toutes et de tous. Enfin, le futur de Marseille doit se retrouver dans la confrontation entre des projets que nous devons tous – et pas seulement les « spécialistes » être appelés à formuler et à soumettre au débat.
La gauche et le futur
C’est que la gauche a une relation particulière au futur. Peut-être est-ce même ce qui la distingue fondamentalement de la droite et qui l’oppose à elle. À Marseille, la gauche doit imaginer un futur qui fasse retrouver à Marseille sa richesse et sa grandeur, elle doit imaginer une utopie marseillaise et la mettre en œuvre dans l’exercice des pouvoirs que nous lui avons confiés. La gauche a ce ci de plus que la droite : elle ose penser le futur et le construire : c’est l’imaginaire de ce futur qui sera l’apport essentiel de la municipalité de gauche put apporter à notre ville. La gauche doit repousser les limites de la politique, elle l’a toujours fait et c’est ce qui lui a toujours donné cette supériorité sur la droite. C’est bien cela, le futur : un horizon sans limites vers lequel nous tendons tous. Marseille doit redevenir le port du futur face à la mer des incertitudes. Pour ne pas s’éteindre, comme beaucoup de villes l’ont fait, Marseille doit retrouver le chemin des utopies. Il y a énormément de travail devant nous – et, en particulier, devant des acteurs comme Marsactu : la gauche doit nous faire retrouver les mots, les images et les projets du rêve marseillais.
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