Mes châteaux d’if : Le chanteur retrouvé

Mes châteaux d’if : Le chanteur retrouvé

Ça aurait pu être le chanteur abandonné mais c’est l’histoire d’un chanteur retrouvé. L’histoire d’un abandon choisi, désiré. Jean Claude Rémy chantait dans les années 70 et Didier Tronchet, baba cool à l’époque, est tombé sur lui, ou plutôt chez le voisin, un gars bien propre sur lui et pas si sur de lui, étudiant en gestion  mais qui secrètement écoutait de la poésie chantée. Le chanteur dont Brassens avait dit le plus grand bien a disparu après un album qui ne s’est pas vendu, produit par Pierre Perret, le gars du zizi du plombier etc.,. Didier Tronchet redessiné en bibliothécaire fatigué, crée un mise en scène de cette recherche comme dans son album sur le match de Séville dont j’avais causé dans Refaire le match que tu retrouveras, si t’es pas trop couillon, dans le blog. Il repart encore une fois, après une crise existentielle, sur les personnages de son passé. Et ça passe bien, aussi bien qu’une balle de Platini à Giresse au football.

Dans cette histoire, le héros, bibliothécaire en burn out, vide tout dans son logement et remet la main sur une cassette de Rémy Bé ( alias Jean Claude Rémy). Cette bande ou ce fil musical va le mener de Morlaix à l’océan Indien en passant par l’ Indochine.Une enquête avec des coups de chance et de la persévérance.

Didier Tronchet m’épate car il arrive à romancer sa vie personnelle, son passé. Puis il fait de la bande dessinée, c’est-à-dire un texte léger, subtil et drôle, toujours cet humour qui se moque de soi même par pur dégonflement de l’ego, un texte donc collé sur des couleurs et des formes dessinées qui en quelques traits expriment le propos. Le dessin en bande dessinée c’est ça pour moi, cette capacité à montrer comme dans un tableau des scènes et des idées. Il y a aussi ce choix des couleurs, bleu quand il fait gris dans la tête et dans le ciel, rouge pour la mémoire, vert pour les moments d’espoir et ainsi on passe d’un couleur à l’autre. C’est très agréable, sans que je sache pourquoi. En tout cas, Didier est un grand chasseur de rêves qui a une force incroyable pour mener son souvenir comme une aventure sur une pirogue. C’est aussi un amateur de chansons françaises, de chansons à textes, certainement.

Le chanteur perdu, Didier Tronchet, Aire Libre, 2020, 165 pages, 24 euros.