Réfugiés ukrainiens : le préfet s’oppose à un coupe-file vers le logement social
Le préfet n'a pas donné suite à la proposition d'Habitat Marseille Provence de mettre à disposition 75 logements de son parc locatif à Frais Vallon dans le 13e arrondissement afin d'accueillir des réfugiés ukrainiens. La situation en matière de demande de logement social est jugée trop tendue dans le département.
La tour HMP à Frais-Vallon. (Photo : Iounes Disdier)
Il n’y aura pas de réfugiés ukrainiens dans les logements sociaux d’Habitat Marseille Provence (HMP) de Frais-Vallon. “S’il est essentiel que ces personnes puissent être accueillies, hébergées puis accompagnées et orientées vers le logement aussi rapidement que possible, il est aussi essentiel de ne pas désorganiser ou saturer les dispositifs de droit commun”, indique la préfecture des Bouches-du-Rhône auprès de Marsactu. Le 2 mars dernier, le président d’HMP, Patrick Pappalardo avait convoqué la presse pour annoncer la mise à disposition prochaine de 75 logements sociaux pour accueillir une partie des réfugiés ukrainiens attendus à Marseille.
Ces appartements, actuellement en cours de réhabilitation, devaient initialement être livrés cet été et proposés aux demandeurs, via la commission d’attribution du bailleur. HMP expliquait pouvoir rendre disponible ces logements “dès mi-avril” pour accueillir les réfugiés ukrainiens. Le bailleur affirmait cependant que ce coupe-file “ne porterait pas atteinte aux demandeurs” en raison du caractère provisoire de cet hébergement. Mais pour mettre à disposition ces logements sociaux, HMP devait obtenir des dérogations exceptionnelles de la part du préfet des Bouches-du-Rhône.
Priorité aux DALO
Plus de deux semaines après la proposition d’HMP et les premières arrivées de réfugiés ukrainiens à Marseille, les propositions du bailleur social n’ont séduit que la presse. “Je n’ai pas eu de réponse de la préfecture”, reconnaît Patrick Pappalardo le vendredi 25 mars. Les services de l’État dans les Bouches-du-Rhône confirment ce silence mais rappellent les priorités en matière de logement : “La préfecture veille à ce qu’en raison de la tension sur le département et les files d’attente DALO [procédure de droit au logement opposable, ndlr], les logements sociaux soient affectés en priorité pour ce public”. Sur le territoire, une demande de logement social sur huit est honorée, en raison de la faiblesse de l’offre.
La préfecture appuie sa décision sur les “instructions de la ministre du Logement et de la ministre chargée de la Citoyenneté”. La première, Emmanuelle Wargon, expliquait le 18 mars à l’Opinion le point de vue de l’État : “Mon objectif, c’est aussi de ne pas mettre en concurrence les personnes qui sont à la recherche d’un logement. Il est clair qu’on va plutôt aller vers des zones où il y a des logements vacants plutôt que des zones où il y a déjà une attente très importante”. L’intention est donc de répartir les réfugiés ukrainiens sur le territoire en évitant d’inonder un système déjà saturé. Dans la foulée de l’annonce du président d’HMP, l’adjoint au logement de la ville de Marseille, Patrick Amico, avait ironisé sur les réseaux sociaux au sujet de la “découverte” de ce gisement de HLM.
Une volonté de ménager les “zones tendues”
“On me reproche d’avoir ces logements, mais pour l’instant ils ne sont pas attribués, se défend Patrick Pappalardo. Oui, il y aura 75 familles logées ailleurs, mais c’est ce qu’on me demande”. Le président de HMP assure qu’il avait lancé cette initiative après plusieurs sollicitations officielles. “J’ai répondu à l’appel de Gérald Darmanin, de l’Association régionale des organismes HLM de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corseet de l’Union sociale pour l’habitat”, énumère-t-il.
Relayée par l’association régionale des offices HLM, l’USH a bien demandé à tous les bailleurs sociaux de faire un inventaire des logements éventuellement disponibles. Jointe par Marsactu, la présidente de l’USH, Emmanuelle Cosse, pose le contexte de cette démarche : “On nous a demandé dans un premier temps de ne pas prélever des logements dans les attributions classiques. Le ministre de l’Intérieur a fixé des objectifs d’accueil par région, notamment en disant qu’il ne faut pas trop loger des ménages ukrainiens dans les zones tendues”. Celle qui fût ministre du Logement, époque François Hollande, rejoint en cela la position du préfet des Bouches-du-Rhône.
“Les places d’hébergement pour les déplacés ukrainiens sont, elles, principalement situées dans des sites collectifs totalement ou partiellement inoccupés”, ajoute la préfecture dans sa réponse à Marsactu. Elle collabore d’ailleurs avec la compagnie maritime Corsica linea pour ouvrir des places d’accueil sur un ferry à Marseille dès le 29 mars. “À bord, les cabines et les espaces communs seront aménagés et équipés pour accueillir, dans les meilleures conditions, les hommes, les femmes et les enfants déplacés”, explique par communiqué les services de l’État. Ils y auront vue sur la mer, plutôt que sur les collines de Frais-Vallon.
Commentaires
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Pappalardo est le Pdt de HMP et candidat dans la 3e circo, coup du hasard, celle de Frais-Vallon.
Aurait-il tenté de faire campagne ? Ohhh enfin c’est être médisant que de penser cela
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Le préfet a du avoir pitié d’eux. Ces pauvres gens auraient eu l’impression de débarquer à Grozny.
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Le préfet a raison. Décision sage, mesurée et logique. Les familles qui attendent, depuis des années parfois, un logement, n’auraient pas compris. Accueillir et protéger nos amis Ukrainien, oui évidemment, mais avec d’autres solutions. Les pouvoirs publics précisent qu’il s’agit de solutions provisoires, le paquebot Linéa est une bonne idée.
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J’attends un logement social depuis près de 10 ans, on m’a proposé la Castellane en 2016 et Felix Pyat en 2019. Sans faire la fine bouche leurs logements à frais vallon ils peuvent bien se les garder aussi.
Plus personne ne souhaite vivre entouré de réseaux de stupéfiants la ou un drame peut vous frapper a tout moment.
Quand les pouvoirs publics nettoieront les cités on pourra peut etre espérer y vivre sereinement.
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Le préfet a pris une sage décision. Il n’y a aucune raison pour que les réfugiés ukrainiens soient prioritaires par rapport au marseillais qui attendent depuis des années un logement social.
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Nous sommes d’accord. Priorité aux marseillais
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