Perquisitions à l’office HLM de Martigues : la mairie au pied du mur
La Semivim a été perquisitionnée ce mardi. Deux salariés proches du maire auraient bénéficié des largesses des prestataires de l'office HLM. Le maire PCF Gaby Charroux est désormais sommé de réagir, jusqu'au sein de sa majorité.
Le conseil municipal du 16 novembre à Martigues. (Photo : LC)
Une dizaine de policiers de l’office de lutte contre la corruption (OCLCIFF) ont débarqué ce mardi 7 décembre au matin dans les locaux de la Semivim, comme l’a annoncé Le Ravi. Des heures durant, ils ont recueilli différents documents dans plusieurs bureaux, en présence du maire et président de la société d’économie mixte, Gaby Charroux avant de procéder à des auditions de salariés. Selon nos informations, les enquêteurs cherchaient à établir un potentiel trafic d’influence. Le bailleur social de la Ville de Martigues est depuis quelques semaines sous les projecteurs après la parution d’enquêtes dans la presse, notamment chez nos confrères de Blast, qui décrivaient les lourds soupçons pesant sur deux salariés. L’arrivée des policiers de l’OCLCIFF aura confirmé à ceux qui en doutaient que la justice est bien au travail sur ce dossier.
Lors du dernier conseil municipal, le maire PCF parlait de l’affaire au conditionnel, demandant des “preuves” à son opposition qui brandissait les dernières révélations. Il avait annoncé avoir écrit au procureur pour obtenir confirmation qu’une enquête était en cours. Mardi soir, il a réagi d’un court communiqué. “Nous nous satisfaisons qu’un juge d’instruction se soit saisi de ce dossier et qu’une perquisition se soit déroulée aujourd’hui pour faire toute la lumière et que la vérité paraisse enfin. Nous laissons maintenant la justice faire son œuvre, dans le respect de la présomption d’innocence”, écrit le maire, qui indique à nouveau que la Semivim se portera partie civile si elle était “victime d’infractions”. La société prendrait alors “sans délais les mesures qui s’imposent”, conclut le communiqué, sans davantage de précisions.
Les deux salariés concernés sont toujours en exercice.
Selon Le Ravi, les enquêteurs se seraient aussi rendus au domicile des deux salariés incriminés, la directrice du patrimoine du bailleur et son compagnon. Ils sont notamment soupçonnés d’avoir profité des largesses de plusieurs entreprises prestataires de la Semivim, promoteurs et entreprises du bâtiment, par exemple sous forme de versements à l’association de ce dernier ou via le financement d’une partie d’un voyage en Crète. Devant les policiers, lors d’une garde à vue, il aurait, selon Blast expliqué avoir touché des “commissions”. À l’heure de la rédaction de cet article, tous deux sont toujours en poste, un mois après la parution de l’enquête.
La directrice du patrimoine est par ailleurs visée depuis plusieurs années par des accusations de harcèlement moral au sein des équipes du bailleur. Le maire avait indiqué en novembre que plusieurs audits des risques psychosociaux ont été menés au sein de la société d’économie mixte au cours des dernières années, dont le plus récent en septembre.
Tous deux ont été des chevilles ouvrières de la dernière campagne du maire, s’appuyant sur leurs réseaux dans les quartiers de la ville et notamment sur l’association du compagnon pour organiser des événements. Gaby Charroux est aujourd’hui accusé par son opposition d’avoir fermé les yeux sur les pratiques du couple.
Fortes tensions dans l’équipe municipale
Au fil des semaines, l’affaire commence à morceler la majorité martégale. Début décembre, l’adjoint aux quartiers, Franck Ferraro (PCF), a confirmé avoir démissionné de son poste à La Provence. L’élu, par ailleurs représentant CGT chez Kem One, n’a pas donné de raisons officielles à son départ, mais selon un connaisseur de la politique locale “ça n’arrive pas aujourd’hui par hasard”. Le sujet de son départ pourrait être abordé lors du prochain conseil municipal, ce vendredi.
Du côté des membres EELV de la majorité, les tiraillements sont de plus en plus visibles. Après une première prise de parole nuancée lors du conseil municipal du 17 novembre, le responsable du groupe écologiste et citoyen, Stéphane Delahaye (EELV) estime aujourd’hui que la situation est “choquante”. “Nous restons fidèles au programme pour lequel nous avons été élus, mais concernant les deux personnes en question, nous demandons qu’elles soient mises hors d’état d’exercer”, insiste-t-il, joint par Marsactu. Les membres de son groupe, étiquetés LFI, ont déjà, début novembre, publié un premier communiqué souhaitant que “la justice suive son cours”, et proclamant leur “solidarité” aux salariés éprouvés par cette situation “délétère”. Nul doute que l’ordre du jour du dernier conseil municipal de l’année risque d’être bouleversé.
Commentaires
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C’est l’histoire du scorpion qui veut traverser la rivière, il demande à la grenouille de le prendre sur son dos, elle hésite mais fini par accepter, le scorpion promet de ne pas la piquer, au milieu de la rivière il la pique, la grenouille lui demande pourquoi, le scorpion répond – je ne peux pas m’en empêcher
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(Cette fable a donné son titre à ‘La traversée de la rivière’, très belle pièce écrite et mise en scène par Luce Mélite, création au Théâtre de la Criée à Marseille, sous l’égide de Marcel Maréchal, du 11 au 20 avril 1985)
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Une fois de plus je vais me coucher moins bête en lisant les commentaires des articles de Marsactu. Merci à vous deux 😉
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