Maryse Joissains quitte la mairie d’Aix et veut ancrer sa dynastie
La maire d'Aix a annoncé mercredi quitter le siège qu'elle occupait depuis 20 ans pour raisons de santé. Elle a désigné sa fille et adjointe Sophie Joissains pour reprendre le flambeau. Cette dernière devra toutefois imprimer sa marque pour assoir sa légitimité au conseil municipal.
Maryse Joissains le soir de sa réélection en 2020, entourée de sa fille Sophie à gauche et de son premier adjoint Gérard Bramoullé à droite. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)
Alors que toutes les caméras sont braquées sur Marseille et la visite d’Emmanuel Macron, Maryse Joissains a envoyé sa démission en toute discrétion au préfet mercredi 1er septembre, sans tambours ni trompettes. Son communiqué lui ressemble bien, mêlant étroitement une grosse dose de pathos et un solide sens politique. Selon elle, c’est le “ressentiment” de ses ennemis “souvent haut placés” qui lui aurait valu ses poursuites judiciaires. Le dernier arrêt de la cour d’appel le 7 décembre 2020, qui la condamne pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, aurait provoqué chez elle “une émotion si forte” qu’elle aurait été la cause d’une “hospitalisation en urgence en soins intensifs durant dix jours“.
À l’époque, la mairie avait gardé la plus grande discrétion sur l’absence de Maryse Joissains. Elle est réapparue depuis très diminuée physiquement. Le 14 juin encore, lors d’un meeting de Renaud Muselier au palais des congrès d’Aix, elle n’avait pu cacher le fait qu’elle était quasiment aveugle, se déplaçant avec la plus grande difficulté vers le micro avant de se lancer dans un discours enlevé et sans avoir besoin de notes.
Une succession bien préparée
C’est donc officiellement pour raison de santé, et non à cause de ses ennuis judiciaires, que Maryse Joissains, 79 ans dont 20 en tant que maire, quittera ses fonctions le 15 septembre prochain. Le prochain conseil municipal, lui, est, pour l’instant, toujours prévu le 24 septembre. L’intérim sera assuré par le premier adjoint, Gérard Bramoullé, 76 ans, un fidèle de la première heure. Mais ensuite, c’est Sophie, 51 ans, la fille d’Alain (maire entre 1978 et 1983) et Maryse, qui devrait sans surprise être élue par le conseil municipal perpétuant le règne de la dynastie Joissains à la tête de l’ancienne capitale de Provence. L’opposition n’a rien à espérer : il faudrait la démission de 19 conseillers municipaux pour provoquer de nouvelles élections. Or, Aix en Partage (union de la gauche) n’a que 6 élus, et Aix au Cœur (LREM) n’en a que 9. Le compte n’est pas bon…
La décision de la cour de cassation est attendue pour fin septembre.
Prudente, Maryse Joissains a anticipé de longue date le rejet de son pourvoi en cassation et n’a rien laissé au hasard. Elle sait que la juridiction suprême statuera définitivement fin septembre sur sa condamnation à huit mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. La maire d’Aix a donc soigneusement préparé sa succession : sa fille Sophie a lâché les ors du Sénat, dont elle avait été l’une des benjamines, juste après les municipales de 2020 pour se consacrer aux affaires locales. Élue sur la liste de sa mère, elle occupe aujourd’hui la fonction de 2e adjointe en charge de la culture, les centres sociaux, la lutte contre la radicalisation et la protection animale. En outre, en juin dernier, elle figurait en seconde position sur la liste des Bouches-du-Rhône de Renaud Muselier : son engagement a été récompensé par un poste de 4e vice-présidente déléguée à la culture de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Sophie Joissains dans un fauteuil façonné par sa mère
Voilà donc Sophie implantée localement. Mais peut-être pas encore tout à fait aussi solidement que le voudrait sa mère. “En démissionnant avant la décision de la Cour de cassation, elle peut assister au conseil municipal en tant que conseillère et faire pression jusqu’au bout pour faire élire sa fille, explique une élue. Je pense qu’en réalité, elle a des doutes sur la capacité de Sophie, qui n’ouvre pas la bouche pendant les conseils, à nous convaincre qu’elle peut gérer les dossiers.“
Elle arrive en ayant tout à prouver, et la majorité municipale est plus plurielle qu’elle ne le croit.
Marc Pena, conseiller municipal de gauche
Dans l’immédiat, la position de Sophie Joissains semble assurée. Mais l’horizon n’est pas tout à fait dégagé. Marc Pena (Aix en Partage) s’interroge sur la capacité de Sophie à “tenir politiquement une majorité que Maryse Joissains a construit pour elle-même, sur-mesure : il n’est pas sûr qu’elle parvienne à s’imposer avec la même force que la mère. Elle arrive en ayant tout à prouver, et la majorité municipale est plus plurielle qu’elle ne le croit“. Au conseil, si on trouve des fidèles de toujours de la mère, ils ne se montreront pas forcément aussi loyaux envers la fille. Et c’est sans compter les ambitions des plus jeunes, en particulier Sylvain Dijon, l’adjoint à la sécurité, et Stéphane Paoli, adjoint au tourisme, candidat (LR) malheureux aux législatives de 2017.
Un risque de perte d’influence
Les résultats aux dernières élections départementales doivent également inquiéter Maryse Joissains : dans les deux cantons d’Aix, c’est LREM qui a raflé la mise, face à la gauche dans le premier canton, et face au RN dans le second… Les adjoints LR de la majorité municipale échouant en 3e et en 4e position. Les Aixois, qui n’ignoraient pas le probable départ de Maryse Joissains avant la fin de son mandat, auraient-ils commencé à tourner la page ? “Cette démission n’est pas une mince affaire dans l’histoire d’Aix-en-Provence : Maryse Joissains, c’était la statue du Commandeur, insiste Marc Pena. Sans elle, ses héritiers seront affaiblis politiquement. Cela va nous permettre de nous positionner différemment, avec plus de poids“. Nul ne sait si Sophie Joissains (UDI) saura convaincre la droite modérée aixoise, ou si celle-ci choisira de basculer vers Anne-Laurence Petel, qui mène Aix au Cœur (LREM).
Enfin, la question de l’influence d’Aix dans la métropole Aix-Marseille-Provence va se poser, et nul ne sait si Sophie sera capable de défendre sa ville avec autant d’acharnement que sa mère. En juillet 2020, Maryse Joissains, forte de sa réélection pour un quatrième mandat, avait pesé de tout son poids pour maintenir Martine Vassal sur le perchoir métropolitain, barrant les espoirs de Nicolas Isnard, le maire (LR) de Salon-de-Provence. Cet appui avait été récompensé avec l’entrée en masse des proches de l’édile aixoise dans l’exécutif métropolitain : adversaire de toujours de l’intégration institutionnelle, Gérard Bramoullé, est aujourd’hui premier vice-président de la métropole et Sophie Joissains en est la 5e vice-présidente en charge, intitulé freudien, de “la réforme métropolitaine”.
En coulisses, Maryse Joissains avait également œuvré pour recaser son ancien adjoint à l’urbanisme, Alexandre Gallese, mis en examen, dans l’administration d’AMP. Un recrutement aux relents d’absorption d’anaconda qui avait fait jaser en interne, mais la présidente Vassal l’avait finalement adoubé. L’avenir dira si Sophie Joissains est en mesure de faire passer d’autres couleuvres dans le gosier métropolitain, à l’heure où Emmanuel Macron entend réformer l’institution. Gare aux remontées acides !
Commentaires
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Aix est une monarchie héréditaire ?
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Effarant.
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Dans d’autres lieux, au moins, ils ont connu le ” dégagisme” !
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Cette “monarchie héréditaire” ne serait pas possible sans l’onction des suffrages qui, inlassablement, viennent la conforter…
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Pourquoi les pauvres votent pour les riches???
Parce qu’ils espèrent, un jour, être comme eux…riches…!
Mais le monde ne se divise pas en pauvres ou en riches quoique ”les riches” divisent les pauvres qui ne peuvent s’unir et gouvernent le monde entier…
Petite leçon de complotisme et de conspirationnisme gratuite de ma part…Pour ceux qui ne savent pas ce que veux dire pauvres ou riches, encore que la frontière soit poreuse dans un sens …!
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Je croyais que l’on était plus sous la monarchie.
Ben ça alors j’ai du me tromper….
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G.B Shaw disait :” qu’il fallait changer les hommes et femmes politiques comme les couches , pour les mêmes raisons”. nous y sommes en plein avec la clan Joissains.
Visiblement les gens de la région sont au degré zéro, on achète ici les voix avec des sucettes . Les chiens ne faisant des chats, les aixois se promettent avec l’arrivée de la fifille du sublime et du grandiose.
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c est quand même effarant l’arrogance de ces familles qui confisquent les clés !
je crois à l’ “inné” mais les “acquis” sont essentiels… j’ai donc un doute quant à l’héritage “politique” de sophie, au vu de la personnalité effarante de maryse…
bon, je dis ça, je dis rien ! mais ça reste consternant.
les aixois voteront.
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Sophie Joissains, faite maire par sa mère (freudien, comme dirait Marsactu), est aujourd’hui vice-présidente en charge de la “réforme métropolitaine” et 2ème adjointe en charge (entre autres) de la “protection animale” ? Ce n’est pas cette compétence farfelue pour une maire qui a motivé la condamnation de sa mère ? Un mandat fictif comme un défi lancé à la Justice ?
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Je pense que Sophie, autant effacée que Maryse est éruptive, n’est que l’enjeu de deals entre Joissains, Vassal et Muselier. Ils se tiennent tous les trois par la barbichette……..
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Autrement dit Maryse,nous fait le même coup qu’avec Gaudin pour caser la fifille aux sénatoriales à l’époque.
Martine avec une barbichette, pourquoi pas ,après tout , nous avons eu droit Martine en Camargue, Martine fait de l’écologie, Martine fait la cuisine.
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Aix-en-Provence > une monarchie française
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Notre malheur et notre bonheur, c’est d’avoir dans notre métropole gigantesque, à seulement 30 kms de Marseille, une ville importante, riche, au fort passé juif et protestant, culturellement et économiquement active et visible. On voit mal comment l’héritière de Maryse Joissains va prendre une position affaiblissant sa ville, malgré le fait qu’elle “n’ouvre pas la bouche dans les conseils municipaux” dirigés énergiquement par sa mère.
Notre défi va être de construire avec elle, au profit de tous. Notre atout est qu’on ne joue pas dans la même cour, on n’a pas les mêmes besoins, on est complémentaire. Les bourgeois et notables aixois ne viendront pas s’installer à Marseille, parce que leur “commerce” est de proximité, elle n’a pas de débouché portuaire ou entrée/passage d’immigration. Quand on écoute la fille, elle semble plus éduquée que la mère. Il n’est pas dit qu’elle ne soit pas capable, si Payan et Vassal acceptent le jeu, de faire un triumvirat utile pour les gens de PACA. Il faudrait qu’ils sortent d’une vision de pouvoir de telle ou telle ville, mais qu’ils réfléchissent sur une approche de complémentarité et de soutien mutuel plutôt que de chatelain pour son fief. Espérons qu’avec l’ultimatum et les euros amenés par Macron, ils arriveront à travailler ensemble pour le bien de la population.
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Je tombe sur une video de Marsactu il y a 7 ans, interview de Sophie Joissains à propos de la métropole. Je suis un peu mal à l’aise…
https://www.dailymotion.com/video/x28jjo7
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Mal à l’aise en quoi?.
Elle décrit une métropole qui ne peut fonctionner et elle ne fonctionne pas.
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Il y a une certaine ironie à voir M Joissains démissionner au moment où E Macron critique fortement le fonctionnement de la Métropole…
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Il ne sert à rien de se lamenter.
L’opposition avait la possibilité de gagner les élections avec une alliance LREM & gauche.
Bien entendu l’idée de compromis ne les a même pas effleurés. c’est trop horrible pour eux. Grand bien leur fasse, sauf pour les Aixois.
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