Combinaison
[C’est mon data] Plongée aux fonds de la baie
Activité portuaire, rejets industriels, mais aussi nos toilettes : de Martigues à La Ciotat et en remontant jusqu'à la Sainte-Baume, tout finit dans la baie de Marseille. Un plan d'action chiffré à 265 millions d'euros sur six ans a été signé ce jeudi pour réduire les pollutions marines mais aussi les risques d'inondation.
Le dossier pour faire classer la baie a été déposé pour la première fois en 2002. (Photo JV)
Le préfet et beaucoup d’élus sont sur un bateau, mais ce sont les millions qui tombent à l’eau. Ou plus précisément pour l’eau, avec la signature à bord du Green Calanques d’un contrat de baie regroupant 89 actions sur six ans en faveur du milieu marin. Une demi-douzaine de collectivités locales, ainsi que des structures comme le port, Euroméditerranée ou le parc des Calanques, s’y engagent à hauteur d’un peu moins de 200 millions d’euros. En face, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, dont le budget est constitué par une taxe sur les factures d’eau, débloque près de 70 millions d’euros. Marseille rejoint ainsi (tardivement) Toulon, qui a validé en 2013 son deuxième contrat de baie.
À l’image de notre visualisation interactive ci-dessous, qui détaille les actions prévues, ce contrat en emboite en fait plusieurs. “C’est un document ensemblier. Il comprend de nombreuses briques, beaucoup de démarches auxquelles ce contrat de baie donne toute sa cohérence. La politique de l’eau ne se découpe pas bien par secteurs”, justifie Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau. Une manière polie de dire que le recyclage est aussi budgétaire, avec une agglomération d’initiatives déjà dans les tuyaux. Mais il est vrai que géographiquement, toute cette eau finit dans la même rade, qu’elle vienne d’un rejet sauvage dans l’Huveaune à Auriol, de la station d’épuration de Carry-le-Rouet ou d’huiles de vidange dans le port de La Ciotat.
Avant le départ du bateau, avec passage dans les bassins Est du port et accostage au Frioul, le préfet Stéphane Bouillon tente un résumé un brin flagorneur : “Nos concitoyens cherchent un sens à l’action publique, là le sens est simple : sécurité, écologie, économie. J’ajouterais le patrimoine car la baie de Marseille fait partie du patrimoine de la Nation.” Des récifs artificiels à la restauration de la cuvette de Cortiou en passant par la chasse aux filets de pêche égarés et la dépollution des friches du littoral Sud, voici la liste des actions programmées, classées par enveloppe financière :
Certains intitulés du contrat de baie on été reformulés pour plus de clarté.
En fait, cette visualisation est incomplète. Pour des raisons de lisibilité, nous en avons retiré la “pièce maîtresse”, selon Guy Teissier, président de la communauté urbaine : le contrat d’agglomération, déjà signé en juillet 2014 et qui représente une part écrasante de trois-quarts du budget. À l’intérieur de cette poupée russe, 92% sont consacrés à la construction de cinq bassins de rétention. Là encore, ces gros travaux seront financés par un prélèvement sur les factures d’eau des Marseillais, dont ils expliquent une bonne part de l’augmentation récente. “On multiplie par dix notre capacité de stockage d’eaux de pluie et ainsi nous nous mettrons à l’abri d’inondations meurtrières comme celles qu’a connu la Côte d’Azur, avec qui nous partageons la même topographie”, insiste Guy Teissier. En parallèle, la réduction des rejets direct dans l’Huveaune pendant les orages permettra d’éloigner le spectre de la fermeture des plages, même si la barre a déjà été redressée ces dernières années. L’Europe prévoit en effet de durcir les normes de baignade à partir de 2017.
La prévention des inondations occupe une part importante dans le reste du contrat, avec notamment le parc des Aygalades. “Que l’on appelle cela rio seco en Espagne, oued sur l’autre rive, nous connaissons le même régime de pluies torrentielles que le reste de la Méditerranée”, note Franck Geiling, directeur de l’architecture et de l’urbanisme d’Euroméditerranée. Ce parc qui est au coeur du périmètre d’Euroméditerranée 2 doit servir de zone d’expansion de crues, c’est-à-dire qu’au lieu de dévaler le ruisseau ou de déborder ailleurs, l’eau s’y étalera de manière plus anticipée.
“Le contrat d’agglomération est le gros morceau en terme financier, mais le reste permettait de préfigurer la métropole, avec un territoire allant de Martigues à Saint-Cyr-sur-Mer (…) Demain, nous aurons à construire ensemble un plan local d’urbanisme métropolitain qui ne pourra pas se passer d’une réflexion sur l’eau”, souligne Didier Réault, adjoint à la mer de la ville de Marseille. Tout ce petit monde voisine déjà dans le comité de baie, qui compte 55 membres. Cet été, au moment de valider le contrat, l’agence de l’eau lui demandait d’ailleurs “d’étudier l’élargissement du contrat à l’ensemble du périmètre de la métropole” dès 2017. Et notamment au golfe de Fos, où la tâche ne sera pas mince.
Article actualisé le 30/10 : le contrat de baie court sur six ans et non huit ans comme précédemment écrit.
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