Pour garder son siège, le maire d’Allauch espère ne pas être rattrapé par son passé

Actualité
le 3 Fév 2021
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Élu maire d'Allauch en juin dernier, Lionel de Cala était-il inéligible du fait de son emploi au conseil régional ? C'est la question que doit trancher le tribunal administratif de Marseille qui examinait mardi le recours de ses opposants.

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L'hôtel de ville d'Allauch. (Photo d'archives : Julien Vinzent)

L'hôtel de ville d'Allauch. (Photo d'archives : Julien Vinzent)

C’est un parcours bien connu de la politique : apparaître dans la lumière électorale après des années passées dans l’ombre d’autres élus. Depuis juillet dernier, Lionel de Cala a ceint l’écharpe de maire d’Allauch. Mais son sort est encore suspendu à des recours portés par des opposants et des citoyens allaudiens qui contestent son éligibilité devant le tribunal administratif. Et c’est son passé que Lionel de Cala voit remuer. La principale requérante, Monique Robineau-Chailan, conseillère municipale d’opposition alliée aux soutiens de l’ancien maire et issue de LR comme lui, estime que son emploi au conseil régional ne lui permettait pas de candidater à l’élection.

Tout son raisonnement est inclus dans un alinéa du code électoral qui empêche les plus hauts cadres des régions et des départements de se présenter dans des communes qui sont sur leur territoire. Cela concerne en particulier les chefs de service : “Les personnes exerçant, au sein du conseil régional […] les fonctions de directeur général des services, directeur général adjoint des services, directeur des services, directeur adjoint des services ou chef de service”.

Un communicant parisien pour la région

Jusqu’à son élection, Lionel de Cala, occupait à la région un poste de “directeur de projets”. A priori, l’appellation n’est pas dans la liste mais, en droit, il convient de voir si l’intitulé ne cache pas un des postes interdits. Il faut se baser sur “un faisceau d’indices”, rappelle le rapporteur public du tribunal administratif, et donc se concentrer sur la réalité de son poste. Lionel de Cala travaillait à la direction de la communication et de la marque. Ancien directeur de la communication du parti Les Républicains, il mettait au service de la collectivité – et de son président Renaud Muselier – son réseau parisien dans les médias.

Pour l’avocat de Monique Robineau-Chailan, Arnaud Chavalarias, il est clair que ce poste devait valoir interdiction de se porter candidat. Il s’appuie pour ce faire sur la rémunération de Lionel de Cala : 6500 euros au grade d’administrateur général, le plus important. “Je ne connais aucun agent qui touche cette somme qui n’a pas de responsabilités”, assure-t-il. “Selon sa fiche de poste, il devait animer et coordonner la relation avec la presse ce qui implique nécessairement un encadrement”, appuie-t-il.

Un poste “technique” à la région

“Il a été uniquement recruté sur le niveau des compétences techniques pour communiquer au niveau national”, répond Benjamin Bail, l’avocat du maire d’Allauch. Et celui-ci de rappeler que la collectivité était dans ce cas “libre de fixer la rémunération” de son contractuel. Celle-ci apparaît toutefois très élevée, à l’image de celle de nombreux conseillers du président Renaud Muselier et de son prédécesseur Christian Estrosi.

Le rapporteur public, Arnaud Claudé-Mougel, le magistrat chargé dans cette procédure de donner son avis sur le dossier à ses collègues qui doivent rendre la décision, suit la défense du maire d’Allauch et demande le rejet de tous les recours. S’il reconnaît que le sujet est “délicat”, il estime que Lionel de Cala “travaillait sous la direction de la directrice de la communication”. Plus généralement, il dit voir “assez mal l’influence” des fonctions de Lionel de Cala à la région “sur les électeurs indécis d’Allauch et sur l’indépendance de l’élu”, autres critères retenus par la loi. Le tribunal administratif rendra dans les semaines qui viennent sa décision, susceptible d’appel devant le Conseil d’État.

Monique Robineau-Chailan recalée par la commission des comptes de campagne
La commission des comptes de campagne (CNCCFP) a rejeté le compte de campagne de Monique Robineau-Chailan, la dissidente LR allaudienne. Celle-ci s’est emmêlée dans les dates et n’a pas déposé à temps son compte pour la campagne de premier tour. Au second, sa fusion avec les soutiens du maire sortant décédé Roland Povinelli aurait dû la contraindre à déposer un compte distinct en septembre. En déposant tout en septembre, elle aurait donc mal interprété la règle. Une erreur de bonne foi, a estimé le rapporteur public qui examinait aussi cette autre affaire ce mardi : il n’a pas requis d’inéligibilité, face à une décision “très sévère” de la CNCCFP. Monique Robineau-Chailan aura tout de même perdu l’argent engagé dans sa campagne, près de 20 000 euros selon une source proche du dossier.
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Commentaires

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  1. Happy Happy

    Allauch, ton univers impitoyable… Le décès du parrain povinelli n’a pas asséché l’inspiration des piètres scénaristes du feuilleton…

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  2. Mistral Mistral

    6500€ par mois pour un poste sans grande responsabilité !
    Muselier applique les mêmes recettes que son ex-mentor, JC Gaudin, pour enrichir ses amis et vider les caisses des collectivités.

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      la voix de son maitre

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  3. Manipulite Manipulite

    Il faut être un magistrat déconnecté des réalités pour ne pas voir la force de frappe d’une direction de la comm dans une collectivité locale de cette catégorie. Directeur de projet contractuel au conseil régional PACA, recruté pour son réseau politique, ce type avait le temps, l’autonomie, les moyens et l’influence pour faire campagne à Allauch. A ce niveau de responsabilité il avait la large liberté d’agir …pour son intérêt électoral personnel. Dans une préfecture un simple chef de bureau n’a pas le droit de se présenter aux élections sur son territoire.

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  4. petitvelo petitvelo

    Roland finira par nous manquer, c’est dire !

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