[Comment ça va les théâtres de quartier ?] “Depuis mars, on prend une gifle par semaine”

Interview
le 12 Nov 2020
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Durant le premier confinement, Marsactu avait suivi les "premiers de corvée" qui continuaient à travailler. Pour cette saison 2, nous nous intéressons chaque jour à celles et ceux que la crise économique frappe avant la crise sanitaire. Pour les théâtres de quartier, l'épidémie est une disparition annoncée. Entretien avec Christophe Pécoraro, président d'une association qui les unit.

La salle du théâtre de l
La salle du théâtre de l'Archange, vide depuis plusieurs mois. Photo : DR.

La salle du théâtre de l'Archange, vide depuis plusieurs mois. Photo : DR.

Ne les appelez pas “petits”. Ces lieux de culture se définissent plus par la proximité que par le nombre de places qu’ils alignent face à la scène. Réunis en collectif depuis juin, seize théâtres de quartier marseillais interpellent une nouvelle fois les politiques sur la situation dramatique qu’ils connaissent depuis le début de la pandémie. À l’année, ils accueillent plus de 130 000 spectateurs, revendiquent plus de 2000 élèves réguliers avec près de 160 salariés en chômage depuis juin.

Ils ont donc chiffré à quatre millions d’euros le soutien public supplémentaire qu’ils estiment nécessaire pour passer l’hiver sans tirer le rideau. Et permettre que ce tissu culturel de proximité continue de faire vivre la culture au quotidien. Entretien avec Christophe Pécoraro, le directeur du théâtre de l’Archange, rue Négresko et président du collectif des théâtres des quartiers marseillais.

Comment ça va les théâtres de quartier ?

Depuis mars, on ne travaille pas normalement. Nous avons vécu le premier confinement, l’annulation des festivals, la demi-jauge, le couvre-feu et le reconfinement. Vous n’êtes pas essentiel, merci bonsoir. C’est simple, on prend une gifle par semaine depuis mars. Et pourtant personne n’a jamais entendu parler d’un cluster dans un théâtre. D’un point de vue financier, nous sommes tous dans le rouge. Certains ont obtenu des prêts garantis par l’État mais ce n’est rien de plus qu’une avance qu’il faudra rembourser. Comment faire quand on n’a plus d’activités ? Le théâtre des Chartreux se retrouve avec l’électricité à payer et la menace d’une coupure. Les théâtres fonctionnent de mi-octobre à mi-mars et on vient d’en être amputé d’une bonne partie. Et cela risque de durer jusqu’en juin 2021.

Pourquoi vous adressez vous d’abord aux collectivités locales ?

Nous sommes le premier vecteur de diffusion de la culture. Les enfants découvrent souvent le théâtre par nous. La première scène, les auteurs, c’est nous. Nous avons un rayonnement local. Il est donc normal que nous nous tournions vers la Ville. Elle peut communiquer différemment sur nos lieux, faire en sorte que les voitures ne se garent plus devant nos entrées. Elle peut aussi nous aider financièrement quel que soit notre statut juridique. Aujourd’hui, seules les associations perçoivent des subventions. Or, quand j’ai créé mon théâtre, j’ai opté pour une société car c’était la seule façon d’obtenir un bail commercial. Marseille n’est pas une station balnéaire, si on veut qu’elle rayonne, il faut aider les gens à l’année.

L’élu à la culture a répondu à votre appel en se disant attentif à vos besoins. Qu’attendez-vous d’eux ?

Nous voulons des actes. Déjà, pendant la campagne, nous avions interpellé les candidats et il était le seul à venir à une réunion. Nous devons le revoir ce jeudi. Mais le discours ne suffit pas. Aujourd’hui, nous ne savons pas si nous allons passer Noël. Nous sommes 23 théâtres de moins de 300 places qui réunissons plus de 130 000 personnes par an. C’est énorme. Pour tenir et faire vivre les compagnies et les auteurs qui existent à travers nous, nous avons besoin de quatre millions d’euros supplémentaires. Si le département ou la métropole veulent se joindre à la Ville, c’est volontiers. Aujourd’hui, ce sont nous qui offrons des cours, faisons venir les scolaires. Sans nous, c’est tout un pan de la culture qui pourrait disparaître.

 

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