Épargnées par le confinement, les écoles vont rouvrir dans le brouillard

Actualité
le 30 Oct 2020
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Pour cette seconde période de confinement, les écoles restent ouvertes dans un grand flou. Heure d'arrivée, stocks de masque ou protocoles sanitaires renforcés... Cette rentrée de vacances sous Covid est une équation à multiples inconnues.

(Image : Emilio Guzman)
(Image : Emilio Guzman)

(Image : Emilio Guzman)

L'enjeu

La rentrée sous confinement nécessite le port du masque dès six ans et un protocole renforcé dans les écoles. Un véritable casse-tête à deux jours du retour des élèves.

Le contexte

La France entière entre dans une nouvelle phase de confinement dans laquelle le maintien des élèves à l'école pose un épineux problème à toute la communauté éducative.

Alors 8 h 30 ou 10 heures ? Arrivée échelonnée ou ruée? À deux jours de la rentrée des vacances d’automne, tous les acteurs de l’école tâtonnent dans le brouillard. Pour ce deuxième confinement, la grande différence est le maintien de l’ouverture des établissements scolaires de la maternelle à la terminale.

Au plan national, il était prévu une rentrée à dix heures, ce lundi, le temps que les enseignants puissent échanger sur l’accompagnement pédagogique aux hommages à Samuel Paty, le professeur assassiné à Conflans-Saint-Honorine, après avoir présenté des caricatures de Mahomet. “Pour l’heure, nous n’en savons rien, constate Virginie Akliouat, déléguée SNU-IPP de l’enseignement primaire. La seule certitude est le maintien de la minute de silence à 11 h. Ce n’est pas simple non plus d’expliquer cet hommage, 15 jours après les faits, alors que les élèves étaient en vacances et pour certains protégés de cette terrible nouvelle”. C’est désormais une certitude : quel que soit le degré, les établissements accueilleront finalement les enfants dès 8 h dans les collèges et lycées, 8 h 30 en primaire et maternelle.

Arrivée en moulon ou échelonnée ?

À cette problématique, s’ajoute la difficulté liée à l’organisation même de l’accueil des enfants. Le dispositif Vigipirate est passé au niveau vigilance attentat après l’attaque dans une église de Nice. Il prévoit notamment d’éviter les regroupements à l’entrée des établissements scolaires. Cela se télescope avec le flou qui accompagne la rentrée des enfants pour laquelle, il n’est pas prévu d’échelonnement dans le temps pour éviter la foule devant le portail. Ces rentrées différées de quelques minutes ont été mises en place pendant les premières semaines du déconfinement mais elles dépendaient de décisions déclinées à l’échelle des établissements. Même chose pour l’organisation des temps de récréation ou de cantines.

Face à tant d’inconnues, la FSU prévoit un préavis de grève qui court du 2 au 7 novembre. “Il s’agit d’offrir un cadre aux mobilisations locales qui pourraient intervenir en cas de problème, explique Laurent Tramoni, secrétaire académique SNES-FSU, le syndicat du secondaire. Ce n’est pas un appel à la grève mais nous invitons par ailleurs les parents d’élèves à demander une réunion exceptionnelle des conseils d’école et d’établissement dans le secondaire. Il faut pouvoir remettre de l’expression démocratique à tous les niveaux“.

Masque obligatoire dès six ans : à qui les stocks ?

La grande nouveauté de cette rentrée confinée est l’obligation du port du masque pour tous les enfants dès 6 ans. Outre qu’elle inquiète les personnels sur la contagiosité des enfants, supposée jusque là faible, elle pose un vrai problème logistique. “Le ministre a dit que des masques seraient fournis aux enfants qui arriveraient sans masque ce lundi, reprend Virginie Akliouat. Mais nous n’avons de certitude d’en avoir pour nous mêmes après le retrait des masques DIM, réputés toxiques. Alors les masques pour les enfants… Ce qui est clair, c’est qu’on ne peut pas refuser un enfant parce qu’il n’a pas de masque“. Du côté du rectorat, sans être affirmatif à 100%, on certifie que les stocks de masques sont prêts, y compris pour les enfants.

Déjà, dans une lettre à Michèle Rubirola, le conseiller régional LR et conseiller d’arrondissements des 6/8, Ludovic Perney demande solennellement à la maire de Marseille de fournir masques et gel hydro-alcoolique aux 77 000 élèves de la ville ainsi qu’aux agents municipaux. Il met en avant les distributions initiées dès la rentrée par la région et le département, respectivement gestionnaire des lycées et des collèges. “C’est vrai que cela fait un coût pour les familles, reconnaît Pedro Lima, vice-président du MPE 13. Si vous avez un enfant au collège et deux en primaire pour lesquels il faut compter au minimum deux masques par jour, ça chiffre vite.”

La municipalité marseillaise n’a pas de stock de masques taille enfant. Du fait, jure-t-on dans les couloirs de la mairie, de délais trop courts, il faudra faire avec les maigres stocks déjà constitués et compter sur le rectorat pour fournir les établissements. Pour équiper tous les enfants, ou même prévoir des stocks de secours, plusieurs centaines de milliers d’unités seraient nécessaires, ce qui passe forcément par des marchés publics, toujours longs à lancer. Vendredi soir, par communiqué, la mairie a annoncé passer cette commande et s’engage d’ici leur réception à mettre à disposition “des masques adultes” pour les enfants se présentant sans masque à l’école. Par ailleurs, la Ville annonce qu’elle va mettre en place des dispositifs de “test rapide à destination de ses agents et des enseignants” dans les écoles.

Le protocole qui coince

Le point le plus épineux reste la question de la mise en œuvre du protocole sanitaire par les personnels municipaux. Déjà, depuis la rentrée, les fermetures se multiplient sur un fond croisé de préavis de grève nationale et de manque de personnel. Or désormais, le protocole renforcé nécessite plusieurs passages de virucide sur les zones de contact.

“Il ne faut pas se mentir, les agents sont épuisées, constate Yannis Darieux pour la SDU- FSU. Elles ne respectent déjà pas le temps de pause de 40 minutes après l’application du virucide, je ne vois pas comment elles pourront faire des efforts supplémentaires”. Le syndicaliste a fait ses calculs : il faudrait le recrutement de 300 agents supplémentaires pour atteindre le taux d’encadrement de 2009. “À l’époque, il y avait 2800 agents pour 68 000 enfants. Aujourd’hui, ils sont 2180 pour 80 000 enfants”, énonce-t-il. Ce sous-effectif chronique est une des raisons des fermetures à répétition : “un préavis de grève, cela permet aussi de se reposer, sinon elles pètent un plomb”.

Préavis de FO pour le 5 novembre

Force ouvrière de son côté a posé un préavis pour le 5 novembre prochain, dans le cadre d’un mouvement national. Sur son compte Facebook, le secrétaire général des territoriaux FO, Patrick Rué a donné le ton avec force majuscules et point d’exclamation : “La grève du 5 novembre sera massivement suivie dans les écoles car leur colère est grande !” Ce mouvement social concerne également les crèches avec la même promesse d’une mobilisation massive.

Pour alléger le travail des agents, la Ville a confirmé par communiqué qu’elle fera de nouveau appel à des sociétés privées en complément, l’état d’urgence sanitaire permettant d’alléger la mise en concurrence. Des agents “d’autre services” seront aussi mobilisés. Reste à savoir qui prendra en charge une facture qui risque de s’alourdir de semaine en semaine. Une fois les informations sur la rentrée stabilisées, une lettre aux parents devrait partir de a mairie cette fin de semaine pour les avertir du déroulé de la rentrée. Elle devrait conseiller aux parents qui le peuvent d’éviter de mettre leurs enfants à la cantine qui pose, elle aussi, un casse-tête organisationnel avec nettoyage des salles entre chaque service et un mètre de distance entre chaque enfant, forcément démasqué. N’ayez crainte, tout est sous contrôle, ça va bien se passer…

Actualisation le 30/10/20 à 21h15 avec les dernières annonces de la Ville de Marseille

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    On est heureux de voir que, dans ce brouillard, certains ne perdent pas les réflexes politiciens. La lettre du jeune Ludovic Perney, parfaitement inutile, a au moins le mérite de faire parler de lui.

    Il n’ignore pas – du moins peut-on l’espérer – que ce n’est pas en trois jours que la mairie peut constituer un stock de masque de taille “enfant”. Mais là n’est pas l’essentiel, probablement, pour ce jeune élu aux vieux réflexes.

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    • Alceste. Alceste.

      Cher 8e, merci d’avoir attiré notre attention sur le Perney. Un avocat, encore un qui choisit la mangeoire politique plutôt que le barreau. Un futur Moraine en quelque sorte. Il doit y avoir un élevage quelque part de ce genre de poussin. Celui-ci sort de la ferme de Bruno Gilles, c’est tout dire. Gilles faisait la sortie des club du troisième âge pour faire voter, Perney plutôt celle des écoles,politiquement bien sûr. Sa réflexion sur les masques est bête. Elle aurait put être argumentée, intelligente, réfléchie, pertinente. Non elle est bête.
      À croire que cela relève de la réflexologie dans cette famille politique. Enfin le barreau ne perd rien et Marsactu gagne un bon client, c’est déjà ça.

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