Grève ou Covid, pourquoi les écoles ferment à Marseille
Ce mardi, jour de grève, au moins 110 écoles marseillaises n'ouvriront pas faute de personnel pour mettre en œuvre le protocole sanitaire. Passage en revue des points grippant de cette rentrée à nulle autre pareil.
Une Atsem dans une cour d'école. (Image LC)
“Iphigénie, elle vient manger avec nous demain midi ? C’est la maman de Lisandre qui demande…” Avec le rhume et les cache-nez, la petite phrase est un indice saisonnier : à peine la rentrée dévalée, voici les écoles municipales au cœur d’une nouvelle crise avec des fermetures intempestives. Les parents sont donc contraints de remettre en route les vieilles ficelles de l’entraide. Avec, cette année, une difficulté supplémentaire : ce ne sont plus seulement les cantines qui ferment – avec ou sans pique-nique autorisé – mais les écoles entières, obligeant les parents à un art de la jongle bien plus périlleux.
C’était notamment le cas le 17 septembre dernier avec 250 écoles fermées sur les 470 que gère la Ville. Ce mardi, il devrait y avoir plus 110 écoles fermées sans compter toutes celles qui ne pourront pas offrir de repas à la cantine. Passage en revue des points bloquants de cette rentrée où les écoles ferment sans crier gare.
Les écoles ferment-elles parce qu’il y a grève ?
Le calendrier de la rentrée sociale n’est pas simple pour la municipalité. La CGT appelle à des journées d’action qui sont souvent suivies bien au-delà du nombre d’encartés que compte le syndicat qui dépose le préavis. Le 17 septembre en était une, la seconde tombe ce mardi 29 septembre.
À cela, s’ajoute un second préavis au long cours déposé le 21 août dernier par le syndicat Sud pour l’ensemble des salariés de la fonction publique, du 1er au 30 septembre. Ce mouvement, “suivi de manière perlée”, indique-t-on à la Ville, ajoute un bruit de fond permanent aux “perturbations” entraînées par les journées d’action, comme ce fut le cas le 17 septembre dernier. “Pour moi, ce jour-là, il y a eu un bug, explique Josselyne Cozzolino, déléguée syndicale de l’UNSA. Normalement, la Ville sait plus ou moins combien il y a de grévistes et croise ses données avec celle du rectorat. Mais, ce jour-là, l’info est remontée très tard et ils n’ont pas pu prévenir les parents à temps”. Même parmi les responsables syndicaux, on trouve des voix -anonymes- pour critiquer ces préavis au long cours “qui sapent le droit de grève en créant une vraie confusion chez les usagers”.
Pourquoi les parents ne sont-ils pas prévenus à temps ?
“Nous en sommes à la troisième information contradictoire depuis le début de la journée, peste Christophe Leterrier, parent d’élève à l’école Michelet-Foch (4e). On reçoit d’abord un SMS de l’instit’ qui nous dit que l’école reste ouverte. Puis à 14h 30, mail de la Ville et nouveau message de l’instit’ qui nous dit qu’elle ferme. Et à 16 h 40, nouveau contre-ordre, l’école sera ouverte mais on ne sait pas d’où vient l’info puisque l’équipe pédagogique est partie“. Cet imbroglio de communication ajoute des larges pincées de piment sur l’humeur des parents.
De fait, la Ville n’est pas en première ligne pour communiquer avec les parents, puisque ce sont les professeurs qui accueillent les enfants à l’entrée ou dans les salles de classes. Pour pallier cette difficulté, un système d’alerte par mail a été mis en place. Dès vendredi, un mail annonçait donc des perturbations pour ce début de semaine. Mais la communication par mail bute sur l’accès de tous à internet, à l’usage du français…
Des affichettes sont aussi réalisées mais là encore, l’administration rencontre des problèmes très concrets d’impression avant l’heure de départ des enfants. Un système d’alerte SMS serait à l’étude, sans date de mise en service. Par ailleurs, les grévistes sont tenus d’informer leur direction le jour même avant huit heures du matin. La Ville comme les parents sont ainsi mis devant le fait accompli.
Les écoles ferment-elles à cause du Covid-19 ?
C’est une certitude réjouissante : très peu d’écoles ferment à cause de la situation sanitaire des personnes qui la fréquentent. Elles seraient trois aujourd’hui dont celle du parc Dromel (10e) et de Bois-Luzy (12e). Elles ferment dans ce cas précis sur demande de l’Agence régionale de santé (ARS) en fonction du nombre de malades ou de cas contacts parmi les agents. Toutes les autres écoles ferment en réalité faute de personnel suffisant pour mettre en œuvre le protocole sanitaire de la Ville. “C’est un protocole très difficile à appliquer, explique Yannis Darrieux, secrétaire général de la FSU-SDU 13. Cela ajoute un surcroît de travail alors que les agents sont en sous-effectifs. Par exemple, elles sont censées nettoyer les tables et chaises entre tous les services de la cantine. Or, elles font manger les enfants par niveau. Cela veut dire cinq nettoyages à toute vitesse”.
Faute de personnel pour nettoyer les espaces comme le recommande l’ARS, la Ville préfère fermer les écoles. L’adjoint chargé de l’éducation et des cantines scolaires, Pierre Huguet martèle un couplet responsable : “Nous appliquons strictement le protocole sanitaire imposé par l’État. J’ai une responsabilité, je ne jouerai pas à la loterie avec la santé des Marseillais”. En revanche, les syndicats n’apprécient guère de voir les agents passer d’une école à l’autre pour pallier les absences, au risque de propager elles-mêmes le virus.
Les écoles ferment-elles faute de personnel ?
C’est un héritage de l’ère Gaudin. Alors qu’il s’agit du secteur qui bénéficie du plus d’agents, les écoles sont frappées d’un manque chronique de personnel. En comparaison des autres grandes villes, le taux d’encadrement des enfants dans le temps de cantine est exagérément bas. À cela s’ajoute les congés maladies liés à l’épidémie et les absences dues aux gardes d’enfants. “En plus, certains chefs de secteur ont cru bon de mettre les agents en récupération en plein milieu de la rentrée”, peste Josselyne Cozzolino de l’UNSA. À cela s’ajoutent les troubles chronique d’un personnel vieillissant, dont l’absentéisme est souvent plus élevé que dans d’autres services.
Pour faire face à ce déficit connu, la Ville a programmé un vaste plan de recrutement dont les effets tardent à se faire sentir. “La plus grande campagne de recrutement depuis 20 ans a été lancée cet été pour renforcer les équipes, se félicite ainsi Pierre Huguet. 348 nouveaux agents nous ont rejoints. nous avons consolidé les contrats des agents les plus précaires“. Le secrétaire général FO, Patrick Rué, maugrée : “Cela correspond plus ou moins à ce que la Ville faisait pour boucher les trous chaque année. Cela serait plus clair de procéder à des embauches statutaires. Mais pour cela, il faut avoir le temps de poser une vraie réflexion sur le rôle de chacun”.
Parmi ces nouvelles recrues, le plus gros contingent sont les ASIC, pour agent de temps inter-classes, qui assurent la surveillance durant la pause méridienne. Ils seraient en tout 240 à avoir été recrutés avec des contrats de 28 heures semaines et sans implication dans la mise en œuvre du protocole Covid.
Les agents des écoles embauchés sont seulement 108, dont d’anciens Asic qui ont été titularisés dans des écoles. Or, ces embauches supplémentaires ont aussitôt été absorbées pour faire face aux absences dues au Covid, et elles ne sont pas suffisantes pour assurer la mise en œuvre du protocole dans toutes les écoles.
La Ville peut-elle avoir recours au privé ?
Ce n’est pas une mesure très populaire parmi les syndicats, mais certains plaident pourtant pour cela. “Au moment du déconfinement, la Ville avait embauché une entreprise pour nettoyer tous les points contacts des écoles dans les parties communes, explique Yannis Darrieux de la FSU. Nous ne sommes jamais favorables au recours au privé mais cela soulageait grandement les personnels“.
“De fait, le recours au privé se poursuit de manière ponctuelle et très localisée”, rétorque Pierre Huguet. Il concernerait selon nos informations sept écoles en particulier. En parallèle, la Ville cherche des volontaires notamment dans les mairies de secteur pour épauler les personnels des écoles.
Quel recours pour les parents ?
À l’école Michelet-Foch, les enfants enchaînent la troisième semaine d’école avec un jour qui saute. “La semaine dernière, c’était la maternelle le jeudi et le primaire le vendredi, soupire Christophe Leterrier. Pour la cantine, on sait faire, on s’organise mais là, cela pose un vrai problème de continuité du service public”. Et donc une rupture pédagogique pour des enfants qui ont parfois souffert des longs mois de confinement. Du côté du rectorat, on explique que la gestion des personnels d’école comme la mise en œuvre du protocole sanitaire relèvent strictement de la collectivité locale. Pourtant c’est bien d’éducation dont il est question.
Pour l’association de parents MPE 13, le compte n’y est pas. “Nos adhérents nous font remonter des histoires folles avec des écoles fermées parce qu’une tata est en congé et l’autre en garde d’enfants, peste Séverine Gil, sa représentante. C’est inadmissible. La santé a bon dos. C’est à la Ville de prévoir les choses en assurant le nettoyage la veille pour que l’école ouvre même sans tata”. Parmi ses adhérents, certains parents fourbissent déjà les arguments juridiques pour déposer un recours. Une idée qui suit son chemin aussi du côté de Michelet-Foch. “On consulte des avocats. On se renseigne”, reconnaît Christophe Leterrier. Au moment du déconfinement, des parents d’élèves du Panier étaient parvenus à obtenir du juge des référés que la Ville rouvre les maternelles pour les petites sections.
Commentaires
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si j’osais je proposerai à Mme Ghali et à Mr Payant de s’occuper du problème
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bien sur quand les bars et les restaurants auront réouverts
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“En comparaison des autres grandes villes, le taux d’encadrement des enfants dans le temps de cantine est exagérément bas.” Y a t-il des sources fiables à ce sujet ?
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Il suffit d’avoir des enfants à l’école pour le savoir….
On ne peut pas compter sur la mairie pour avoir des chiffres fiables.
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kkk
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Dans une école du 8e deux tatas pour surveiller quelques 140 enfants dans la cours sur le temps méridien. De l’immeuble qui surplombe la cour de récréation les parents d’élèves constatent chaque jours que les deux tatas ne se séparent jamais afin d’étendre leur “surface de surveillance”. Et je n’évoquerai pas ici les méthodes éducatives d’un autre temps, décrites par les enfants, et qui témoignent d’un manque de formation évident du personnel municipal. Conséquences: sur la dernière année deux incidents gravissimes sur le temps méridien: une intrusion d’un papa pour rendre justice à son enfant et tentative d'”évasion” d’un groupe d’enfants miraculeusement arrêtés par un professeur qui n’était pas en service au moment du forfait. Conclusion : sous effectifs+ manque de formations= absence de conscience professionnelle et du sens du service publique
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Avec l’hôpital dont l’ensemble de la gouvernance est à revoir (bien avant les problématiques budgétaires), le problèmes des tatas est sans doute le chantier prioritaire par Mme Olivia Fortin (délégation à la fonction publique territoriale). Soit elle et le nouveau DGS arrivent à réorganiser complètement la fonction publique territoriale (école en priorité) et il sera alors possible de transformer Marseille pour le plus grand bien de tous, soit ils échouent et alors le PM sera balayé à la prochaine élection.
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l’hôpital, fonction publique hospitalière, ne relève pas des compétences de la Ville
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Effectivement le problème plus que quantitatif est surtout qualitatif pour les personnels de cantine particulièrement: absentéisme récurrent, faible motivation, perte du sens du service public, abandon de l’encadrement, absence des élus en charge de ce domaine …symbole de cette perte de sens dans une école du 9ème (plutôt privilégié) : grève le dernier jour de classe en juillet dernier ! Sans parler des dizaines de jour de grève durant les trois dernières années sans pique-nique avec des parents laissés à leur “débrouillardise marseillaise” comme toujours depuis des décennies…
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“Par ailleurs, les grévistes sont tenus d’informer leur direction le jour même avant huit heures du matin”. C’est une blague ? La loi ne prévoit-elle pas ce qu’on appelle un préavis ?
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On peut remercier l’héritage de Mr Gaudin, il faut le rappeler! Les enfants apprennent à se débrouiller seuls, petite anecdotes, mon fils qui ne savait pas encore couper sa viande seul a appris à manger celle ci en plantant sa fourchette dans sa viande et à la manger comme ça!
Par contre si PM n’arrive pas à corriger le tir il risque d’avoir une retour de bâton terrible. Recruter peut prendre du temps car même en temps de chômage de masse ce n’est pas un boulot qui fait rêver d’autant que les besoins sont concentrés sur la pause méridienne (d’où temps partiel). Le recours au privé peut être également une solution.
Dans tous les cas, je remercie la CGT et les agents qui suivent cet appel à la grève dans nos écoles pour des revendications nationales contre la politique délétère de notre gouvernement. Ce n’est effectivement pas la période alors que l’économie n’est pas au beau fixe et que le Covid entraine des complications pour tout le monde. Donc Merci à la CGT et à Sud de leur solidarité, leur clairvoyance quant à l’opportunité de réunir des centaines de personnes dans des manifestations. Je tiens à préciser que je n’apprécie pas la politique de l’Etat et suis pour le droit de grève.
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Merci pour ces explications.
Les attentes envers la nouvelle mairie sont énormes, et pour l’instant on ne voit aucun changement.
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Il faut cesser de les appeler les tatas !
Il faut revenir sur la formation et les salaires !
Il est temps que les écoles de Marseille changent et respecte ce personnel exclusivement féminin et vieillissant!!!!!
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Tata est plutôt affectif vis-à-vis de ces dames qui s’occupent des petits. Comment voulez-vous les nommer : technicienne de la restauration infantile ?.
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