Il poltrone sospeso
Solidarité transalpine
Ce Billet voudrait mobiliser les usagers de la culture pour aider les acteurs du spectacle vivant sur le modèle de la tradition italienne du “café sospeso”. Cette tradition est pratiquée par au moins un lieu public à Marseille et j’y sacrifie bien volontiers chaque fois que j’y vais. Il s’agit du café coopératif l’Ecomotive que vous trouvez à gauche en descendant l’escalier d’honneur de la gare Saint-Charles. Dans ce café, vous pouvez à la manière de cafés italiens, aussi bien de Milan que de Gènes, commander un café et ajouter à l’invitation d’un post bien en évidence sur le comptoir :” et un café sospeso”. Littéralement, ça veut dire un café suspendu, mais derrière cette appellation énigmatique se cache une tradition coopérative très généreuse. Il s’agit, pour celui qui en a les moyens de payer deux cafés et d’en boire un. Le second sera donné gratuitement à quelqu’un qui n’a pas les moyens et qui demandera au service : “est-ce qu’il y a des café sospeso”? Bien sûr s’il connaît un peu l’Italien, il pourra mettre le pluriel “degli cafés sospesi”.
Pour que vive la culture
Je propose d’étendre ce modèle au spectacle vivant. Que ceux qui ne sont pas allés au théâtre ou au concert pendant le confinement et donc qui ont économisé le prix d’une ou plusieurs places en paient deux, lors de leur prochaine réservation de spectacle. Une pour eux-mêmes et une pour quelqu’un qui voudrait bien aller au spectacle, mais qui n’a pas les moyens de se le payer. En italien on pourrait dire qu’il s’agit d’un “poltrone sospeso”. Un fauteuil suspendu, jusqu’à ce que quelqu’un demande à s’y asseoir dessus. Il se peut que les contraintes de la réservation internet demandent un peu de travail pour intégrer cette pratique dans le logiciel de réservation. Mais, je pense que c’est possible à peu de frais. En tout cas, pour la gestion au jour le jour, il suffirait que les théâtres communiquent aux équipements sociaux (MPT, Centres Sociaux…CIQ) les disponibilités. Les centres sociaux se chargeraient de trouver des amateurs pour ces places gratuites.
La culture aussi en circuits courts
Il serait intéressant de savoir qui, parmi les défenseurs de la culture et de ses acteurs, serait volontaire pour cette opération de solidarité. EN principe elle ne durerait qu’une saison, le temps pour les compagnies de récupérer de l’épreuve du Covid. Mais, évidemment, pourquoi ne pas espérer que le monde d’après ne puisse voir s’installer cette solidarité culturelle dont les retours seraient sans doute très positifs? Mes parents, abonnés à l’Opéra de Marseille, donnaient leur place aux amis lorsque était à l’affiche un titre qu’ils avaient vu plusieurs fois. Je propose simplement de généraliser ce type d’initiative locale. N’est-ce pas à partir de petits pas locaux que nous allons construire le nouveau monde? J’espère que le partage des légumes et des fromages locaux s’étendra à celui des oeuvres culturelles. Un pas vers la réduction de la fracture sociale? Je me souviens cependant de la seule citation intéressante pour moi de Céline : “le bourgeois français est plus avare de son argent que de sa vie”. Alors pensez quand il s’agit de la vie (culturelle) des autres.
Commentaires
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Bonjour, je trouve votre proposition intéressante. Malheureusement elle n aurait aucun effet de solidarité envers les compagnies. Elle ne concernerait que le renflouement de la billetterie des theatres, en soi une bonne chose. Pour 90% des places à la vente dans les theatres marseillais ( criée, gymnase Bernardine, Zef, Joliette, Friche, Massalia, opéra, odéon, silo, . .en dehors du Toursky où une partie de l accueil peut s effectuer à la recette), les spectacles sont “achetés” sous forme de cessions de droit de représentation. Le nombre de public en salle n a donc aucun impact sur la rémunération des artistes. A moins que votre dispositif n encourage à acheter plus de cessions, mais je n y crois guère
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Merci pour les informations très utiles que vous apportez. Il faudrait sans doute que l’argent des billets abonde, dans une partie à discuter entre parties intéresées, un fonds de solidarité spécialement monté pour les compagnies. Le problème c’est qu’il faut éviter que la gestion de fonds solidaires ne les ampute pas trop. C’est en effet une difficulté que toute action de ce type rencontre.
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“degli cafés sospesi”… pas de “s” pour le pluriel en italien. Degli caffé… est plus adapté, même si Google se mélange un peu les pinceaux dans cette affaire.
Ceci dit, dans les périodes à arnaques que nous vivons, qui va contrôler si le deuxième café est bien attribué. Une démarche louable, certes, mais les resquilleurs sont si nombreux que les doublons risquent de ne pas suffire.
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Merci pour les remarques linguistiques pertinentes. J’avais un peu anticipé l’effet d’aubaine en proposant que les Centres sociaux ou MTP qui ont des activités théâtre, se voient attribuer les places offertes et prennent en charge leur répartition.
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Nous sommes malheureusement arrivés à un deuxième confinement qui appelle sans doute encore plus des mesures de solidarité avec la culture; Je pense que la formule “poltrone sospéso” ou “fauteuil solidaire” en français peut être pratiquement mise en place. La démarche consisterait à abonder par des dons de particuliers ( relevant éventuellement du crédit d’impôt) directement une caisse dédiée “places de spectacle offertes” mise en place par les équipements sociaux tels que les Maisons pour Tous ou Centres sociaux. Cela pourrait pourrait résoudre le problème opérationnel de l’initiative. Je préside l’Association d’habitants qui gère la Maison des familles et des Associations des 13-14art de Marseille. Je pense que nos animateurs qui ont l’expérience de l’accompagnement des enfants et ados aux spectacles pourraient rendre opérationnelle l’initiative. Un journaliste de marsActu pourrait suivre l’action afin d’en contrôler l’utilité.
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