"Dans la future métropole, on peine à voir où se situera le citoyen"
"Dans la future métropole, on peine à voir où se situera le citoyen"
Les poubelles ou la métropole ? Le choix paraît incongru. Pourtant, le sociologue André Donzel vient de faire paraître coup sur coup deux ouvrages qui traitent de ces sujets. Marsactu a déjà publié les "bonnes feuilles" du livre qu'il a cosigné avec le syndicaliste Pierre Godard (SDU-FSU) intitulé Éboueurs de Marseille (Syllespe). Dans la foulée, il a signé un portrait du territoire, paru dans la collection "Questions contemporaines" des éditions L'Harmattan et titré Le nouvel esprit de Marseille. La métropolitisation en cours et sa traduction institutionnelle est à la fois un fil rouge de l'ouvrage et un sujet d'actualité avec l'adoption par le Sénat de la première mouture de la loi Notre (Nouvelle organisation territoriale de la République) avant son examen par l'assemblée nationale.
Sur notre plateau, André Donzel s'est efforcé de mettre en perspective le cas marseillais au sein du phénomène global de métropolisation. Celui-ci affecte le territoire d'Aix Marseille Métropole depuis plusieurs années mais s'inscrit dans un mouvement international qui touche à la fois aux questions économiques, urbanistiques, sociologiques, culturelles et démocratiques. "La métropolisation est une concentration des ressources économiques et humaines sur un territoire. C'est une tendance très forte de l'évolution des villes à l'échelle de la planète, explique le chercheur sur notre plateau. Marseille s'inscrit dans ce processus. Elle bénéficie de ses avantages mais en subit aussi les inconvénients. Il s'agit d'un processus très contradictoire."
Au milieu du classement mondial
Si la métropolisation suppose une création accrue de valeur ajoutée, elle entraîne aussi de fortes inégalités. "Globalement, Marseille est une ville qui ne s'appauvrit pas. Elle produit toujours beaucoup de valeur ajoutée à travers le port bien sûr, mais aussi les nouvelles technologies, sans oublier non plus l'économie dite résidentielle. Une métropole génère de l'activité dans la production de logements, dans les services, l'éducation, la santé…" Marseille se situe plutôt bien à la fois sur le plan européen et à l'échelle mondiale où l'on dénombre près de 600 métropoles en compétition les unes avec les autres. "Marseille se situe dans le milieu de ce classement" qui compte une majorité d'agglomérations urbaines d'1,5 à 2 millions d'habitants et quelques mégalopoles de 20 à 40 millions d'habitants.
Si la métropole institutionnelle qui se dessine est remarquable par son étendue – "deux fois le grand Londres, quatre fois le grand Paris" -, elle se superpose à une réalité très diverse que le géographe Marcel Roncayolo a rassemblé sous le terme de "métropole polycentrée" entre Aix, Marseille et le pourtour de l'étang de Berre. Cela rend d'autant plus difficile l'exercice institutionnel en cours d'écriture au parlement. "On se retrouve devant un format qu'on ne pensait pas avoir : celui d'une métropole très centralisée, unifiée qui remettrait en cause les intercommunalités qui existaient jusque-là."
Constatant l'opposition des maires, le sociologues s'interrogent sur de nécessaires adaptations notamment en termes de périmètre : "une métropole doit être assise sur une région économique cohérente. Le département des Bouches-du-Rhône était une bonne assise. Il y a Marseille, Aix mais il y a aussi le lien au Rhône qui a toujours été une dimension économique importante." Pour ne pas conforter le très gênant président du CG13, le gouvernement a choisi de ne pas fusionner département et métropole, au risque de créer un échelon politique supplémentaire et de réveiller "des conflits entre commune centre et périphérie".
Le retour de l'Etat
Dans une tradition très française de la décentralisation, l'Etat marque son grand retour en reprenant pied dans l'aménagement des grandes villes "parce que c'est là que se produit une bonne partie de la richesse nationale". Parce que cela lui permet également de retrouver une assise politique sur le territoire qu'il a en partie perdu du fait de l'intégration européenne. Ce retour passe par le recours à des instances souvent partenariales à l'instar d'Euroméditerranée ou les groupements d'intérêt public dédiés à la rénovation urbaine ou à la politique de la ville.
Dans ce paysage institutionnel en cours de recomposition, le sociologue peine à voir où se situe le citoyen : "On peut créer des institutions par décret, mais si elles ne trouvent pas l'approbation et l'implication des citoyens, elles auront très peu de légitimité démocratique. On ne peut pas éluder la question de la proximité car, en France, la démocratie concrète s'est fondée sur l'échelon communale, la proximité politique, les quartiers où les interactions entre les citoyens et les élus pouvaient s'opérer." Avec un mode d'élection indirecte pour le conseil métropolitain, cinq niveaux d'institutions décentralisées, "on peine à voir quelle place aura le citoyen".
Commentaires
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Je n’ai pas encore visionné le talk, mais la teneur du texte est très intéréssant, peut être une autre approche plus réaliste qui démontre la marche en avant, bon gré, malgré, de la métro.
Et faire taire les mauvais coucheurs qui n’argumentent et surfent que sur des discours anti Marseille et Marseillais et rien d’autre.
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André Donzel pose la question de la place du citoyen ds la future métropole et la création éventuelle de conseils de territoire. Quid des CIQ ?
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André Donzel pose la question de la place du citoyen ds la future métropole et la création éventuelle de conseils de territoire. Quid des CIQ ?
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Les CIQ ne sont pas en concurrence avec les Conseils de Territoires ou siégeront les Maires des communes de la Métropole.
Par contre les CIQ sont en concurrence directe avec les CONSEILS DE QUARTIERS .En effet les Comités sont des structures associatives représentatives des intérêts des habitants alors que les Conseils sont des structures politiques avec à leur tête un élu.A marseille et environs ils y a plus de 100 CIQ et un seul Conseil créé à l’initiative du Maire de secteur Mr Menucci
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Hors cas de figure du village où un maire sans étiquette parle avec tout le monde, le citoyen est bien éloigné de ses représentants. Les élus en général ont-ils réellement le contact avec ceux d’entre-nous qui sont dans les situations les plus difficiles ? Sont-ils en mesure de comprendre ce qu’il se passe, sont-ils capables de faire remonter quelque chose d’utile vers les échelons où se prennent les décisions qui façonneront notre quotidien ? Ce qui n’empêche pas les élus de communiquer sur leurs œuvres pour préparer leur réélection. Les cabinets de communication s’en étonnent eux-mêmes, la communication est toujours descendante pour expliquer les décisions prises et faire comprendre que ce sont les meilleures. Jamais on ne demande aux communicants de faire le contraire, d’interroger la population sur ce qu’elle comprend de la politique de ses élus, sur ce qu’elle voudrait voir changer et de le faire remonter vers les élus.
Alors, quelle est la place du citoyen dans la métropole qui vient ? Dans un des premiers textes diffusés par la mission de préfiguration, on pouvait lire que les élus n’auraient plus qu’à choisir pour les mettre en œuvre, les projets mis en forme par cette mission. Derrière l’élu il y a des techniciens qui leurs préparent le boulot, jusqu’à les prendre pour des cons dans leurs discussions privées, lorsqu’ils se montrent « incapables » de suivre leurs préconisations. Les projets se maturent au sein d’un isolat culturel où voisinent techniciens de l’urbanisme et de l’aménagement, gestionnaires de SIG (systèmes d’information géographique) où se trouvent compilées toutes les informations estimées utiles pour l’aménagement du territoire, communicants et membres de cabinet. Les consultations publiques et les conseils de développement attirent souvent les mêmes passés à la retraite. Ils attirent les responsables associatifs dont le nombre d’adhérents est infime par rapport à la population. Le nombre de citoyens qui s’expriment dans les consultations publiques est ridicule. C’était le cas à propos des aménagements du Vieux Port. On trouve aussi dans le film de Nicolas Burlaud, « La fête est finie » un exemple savoureux de concertation menée avec la population dans le cadre des aménagements d’Euroméditerranée : http://www.marsactu.fr/culture/le-premier-docu-qui-demonte-le-cheval-de-troie-de-la-capitale-culturelle-37756.html
Les enquêtes publiques et les concertations demanderaient pour réellement entendre la population, un travail d’information préalable important qui lui permette de comprendre les enjeux et les contraintes de l’aménagement.
Et puis déjà, si l’on développait l’écoute au sein des instances de décision, plutôt que de s’écouter soi-même. Nous sommes tous dans des isolats culturels plus ou moins étendus qui s’ignorent les uns les autres. Le sujet est d’actualité, puisqu’il est question d’instaurer un service civil qui nous permettrait d’avoir des références communes et de nous frotter aux différences.
« Une métropole doit être assise sur une région économique cohérente. Le département des Bouches-du-Rhône était une bonne assise. Il y a Marseille, Aix mais il y a aussi le lien au Rhône qui a toujours été une dimension économique importante. » Mettons qu’un des critères soit celui d’une métropole assise sur une région économique cohérente. Ce n’est pas vraiment le cas, les extensions logistiques de l’ouest de l’Etang-de-Berre et depuis le port de Fos, vers St-Martin-de-Crau et Arles, dans un système qui rejoint l’A9 au plus vite, sont en dehors du périmètre de la métropole : http://www.marsactu.fr/justice-affaires/aux-abords-de-marseille-le-far-west-des-terres-agricoles-37015.html#comment-405775
Mettons que la métropole qui se dessine soit le plus beau projet qu’il nous appartient de faire aboutir. Comme il n’y a pas eu de concertation avec la population dans une large phase d’écoute, on s’est privé d’une adhésion large des citoyens. Même si la concertation n’avait servi qu’à ça, c’était déjà ça de pris.
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Ce sociologue semble critiquer la métropole pour son éloignement des citoyens.
Penses y il que les EPCI à la con sont proches des citoyens ?
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Environ 4000 km²,1.800.000abitants, des territoites dfférents qui peuvent s’avérer complémentaires, des compétences élargies, en parallèle avec une autonomie communale compréhensible, à condition que les élus jouent le jeu, sur le papier théoriquement, la métro est séduisante, et peut apporter un + sur l’essentiel des activités économiques. Ce ne sera pas la panacée universelle mais elle lorgnera beaucoup moins du côté de Saint Just, ce qui n’est pas une mauvaise chose….Maintenant si mauvaise volonté il y a du fait d’enjeux politiques politiciens ce ne sera pas les figues du même panier.
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Au sud rien de nouveau.
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