Les communistes tentent de sauver La Marseillaise

Les communistes tentent de sauver La Marseillaise

L'avenir de La Marseillaise repose sur un unique candidat à la reprise. Après la clôture de l'appel d'offres du quotidien régional par l'administrateur judiciaire, une seule offre a été déposée, qui sera examinée le 9 février par le tribunal de commerce. "Ce projet, présenté partiellement en CE [comité d'entreprise], prévoit la reprise de 115 salariés sur 208 au total, et la fermeture de 10 agences sur la zone de diffusion Paca-Languedoc-Roussillon", précise un communiqué commun des syndicats SNJ-CGT et Filpac-CGT.

Comme le précisait le journal dans ses colonnes le 17 janvier, au lendemain du CE, l'offre est portée par une société créée en décembre sous le nom des Éditions des Fédérés. Le plan social inclura notamment les 21 salariés de l'imprimerie qui sera externalisée auprès du groupe Riccobono à Vitrolles dont les rotatives éditent déjà l'Humanité. Il peut encore évoluer mais serait de toute manière important et les syndicats ont sollicité le candidat pour une rencontre. Au menu :

Les exigences défendues depuis des années par le SNJ-CGT et la Filpac-CGT : de porter un véritable projet d'entreprise avec un cahier des charges précis, le respect de notre charte éditoriale [et] la mise en place d'un réel dialogue social au sein de l'entreprise.

Comme l'a déjà noté Le Ravi, le candidat ainsi interpellé est une connaissance de l'équipe de La Marseillaise en la personne de Pierre Dharréville, secrétaire départemental du parti communiste. Selon nos informations, le président des Éditions des fédérés a reçu des remarques de l'administrateur judiciaire sur la solidité du montage financier. Journaliste de profession, il travaille actuellement à améliorer l'offre, avec l'appui technique du quotidien l'Humanité, par lequel il est passé. En cas de réussite de son offre, Dharréville, qui n'a pas retourné nos appels, devrait quitter ses fonctions au sein du PCF pour se consacrer au journal du cours d'Estienne-d'Orves. L'administrateur judiciaire Frédéric Avazéri n'a pas souhaité s'exprimer sur ce dossier.

Des élus communistes de Seine-Saint-Denis

Parmi les actionnaires de la société dont le capital de départ est de 10 000 euros, on compte Michel Montana, déjà actionnaire de La Marseillaise et créateur du Mondial à pétanque. Il comprend aussi l'association des amis de La Marseillaise qui a récolté ces dernières semaines plus de 600 dons pour la survie du journal pour une somme globale "comprise entre 10 000 et 100 000 euros" selon son président, Serge Baroni.

Le réseau communiste local comme national s'est aussi mobilisé : l'ancien député des Bouches-du-Rhône Michel Vaxès, l'adjoint au maire de Saint-Denis Stéphane Peu et l'ancien secrétaire de la fédération du 93 Patrice Charrié ont chacun pris 15% du capital. Né en 1943 dans la clandestinité sous la houlette d'un réseau de résistants communistes, le titre avait rompu le lien organique avec le PCF en 1997. Lors de la conférence dite du New York – le bar du Vieux-Port, pas la ville – les dirigeants de l'époque se revendiquaient d'une ligne "progressiste" plus large. À côté des questions sociales et financières, c'est aussi le pluralisme de la presse locale qui se jouera dans une quinzaine de jours à la barre du tribunal de commerce.