Test de résistance pour le journal La Marseillaise
Ce jeudi, La Marseillaise a inauguré une exposition sous le signe de la résistance. Si le travail de l'association le groupe Marat accueilli par la Maison de la région se concentre sur la naissance du journal dans la clandestinité il y a 70 ans, c'est une résistance plus actuelle qui était dans toutes les têtes. Lundi, le PDG de La Marseillaise Jean-Louis Bousquet et les représentants des personnels ont rendez-vous au tribunal de commerce, après la déclaration de cessation de paiements du vendredi 14 novembre. L'entreprise, qui édite aussi l'Hérault du jour et compte environ 210 salariés, devrait perdre entre 1 et 1,5 million d'euros en 2014. "L'alerte que nous sommes en train de lancer est sérieuse, nous pouvons disparaître. Cependant, l'élan lancé depuis jeudi avec la création d'un comité de soutien et les chèques que l'on nous adresse me laissent penser que nous pouvons réussir", a-t-il assuré à la tribune.
Sur la Canebière, en attendant l'arrivée du président du conseil régional Michel Vauzelle, se pressait un mélange de cadres et journalistes du titre, mais aussi d'élus, pour beaucoup communistes. À l'intérieur, des responsables commerciaux en profitaient pour écouler des abonnements et le numéro spécial des 70 ans du journal. "Il faut que le journal soit capable de se remettre en cause, a poursuivi le PDG. On doit faire un journal qui surprend davantage, qui soit là où on ne l'attend pas et il doit évoluer vers le bi-média de manière beaucoup plus forte. Le web ne doit être ni à côté, ni derrière. Mais quoi qu'on dise, le papier va continuer à exister."
Une restructuration insuffisante
Car c'est bien au redressement que vise son passage au tribunal de commerce, même si la "restructuration" engagée en 2012 n'aura pas suffi pour éviter cette procédure. Depuis cette date, la société a connu une vague de départs – en grande partie des journalistes*. Pour la seule année 2013, la masse salariale a été réduite d'un million d'euros, sur un chiffre d'affaires de 12,5 millions. Aujourd'hui, Jean-Louis Bousquet se refuse à parler d'un éventuel plan social : "On n'en est pas là. Pour l'instant, on va attendre la décision du tribunal sur notre demande de placement en redressement judiciaire et la nomination d'un administrateur judiciaire". Sous la houlette de ce dernier, il travaillera alors à un plan de redressement au "coût social le moins élevé possible".
Les interrogations concernent notamment les 21 salariés de l'imprimerie du cours d'Estienne-d'Orves. Marc Pinci, mandaté par la fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication (Filpac-CGT), évoque la piste de "sous-traiter l'impression pour au moins sauver le quotidien". Là encore, Jean-Louis Bousquet réserve ses explications au tribunal de commerce : "Notre dossier est en train de se construire, cela fait partie des choses à l'étude."
Marc Pinci est lui plus précis : "On a déjà entamé des négociations avec le groupe Riccobono, propriétaire de l'imprimerie MOP de Vitrolles." Les possibilités de reclassement semblent toutefois réduites, "avec le type de matériel qui existe maintenant dans les imprimeries de presse. On travaille aussi sur la question de la distribution, mais je vais être honnête, ce n'est pas ça qui va combler [la fermeture de l'imprimerie]."
Le siège a déjà été vendu
Si cette piste était finalisée, la question se poserait du devenir de ces locaux, situés au rez-de-chaussée du bâtiment amiral du cours d'Estienne-d'Orves. En effet, la Seilpca, société qui édite La Marseillaise n'en est plus propriétaire. Le 27 décembre 2012, elle a conclu une cession-bail : elle a vendu son siège à Batimap, filiale de plusieurs antennes régionales de la Caisse d'épargne dont celle de Languedoc-Roussillon et signé dans le même temps un crédit-bail avec cette entreprise. L'opération a permis une belle rentrée d'argent – 2,5 millions d'euros – qui a en partie servi à financer le plan de départs volontaires. Mais en contrepartie, l'entreprise devra louer les locaux jusqu'en 2024, date à laquelle elle pourra les racheter "à une valeur résiduelle symbolique", précise une annexe aux comptes 2013.
Si le rapport de gestion de la même année constate que le titre "arrive tout au plus à maintenir le lectorat", c'est d'ailleurs que viennent les difficultés selon la direction. "Nous sommes dans un contexte de grave crise de société et de la presse en particulier, avec les contrats publicitaires qui baissent d'année en année. Ce n'est pas comme si nous étions un éclair dans un ciel bleu", lance Jean-Louis Bousquet, qui évoque notamment Le Ravi, mensuel régional également en cessation de paiement.
Le poids des collectivités
Fin juillet, dans nos colonnes, le syndicaliste SNJ-CGT Jean-Marie Dinh ajoutait un élément plus spécifique à ce contexte global : les alternances politiques des dernières municipales, notamment à l'Est avec la mairie et l'agglo d'Aubagne. Si nous n'avons pas pu vérifier ces coupes auprès de ces collectivités, la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône, elle aussi perdue par les communistes, nuance cette vision : "Depuis les élections, nous avons réduit tout ce qui est coûts publicitaires, ce n'est pas particulièrement lié à La Marseillaise, la baisse des dotations de l'État nous oblige à réduire les budgets. [Tous supports confondus] on est passés de 15 000 euros à environ 3000." Jean-Louis Bousquet emboîte le pas à cette logique : "Ce n'est pas la perte d'Aubagne ou autre, c'est la diminution globale de tous les budgets de communication, entreprises comme collectivités. Quand un gouvernement supprime 10 milliards d'euros de dotations aux collectivités, que croyez-vous qu'elles fassent ?"
Directeur adjoint de la régie publicitaire, Marc Grillon se fait plus précis : "Sur les marchés publics, pour notre seul support, la baisse des achats est de l'ordre de 800 000 euros. Ça ne veut pas dire qu'il y a moins de marchés, mais certaines collectivités font des économies avec la dématérialisation. Ces économies se font au dépend d'une économie locale, de journalistes. Ce n'est pas une manne !" Moins citée qu'Aubagne, la communauté urbaine de Marseille a ainsi drastiquement réduit la voilure des "annonces et insertions" : 400 000 euros en moins pour La Marseillaise. Interrogé en marge du vernissage de l'exposition, Michel Vauzelle a assuré que la région "fera tout ce qu'elle pourra", à l'image de Nice-Matin, "dès lors qu'il y a une possibilité juridique". La Marseillaise n'étant pas engagée dans une reprise en coopérative, c'est peut-être par le biais d'encarts que "ce sera le plus facile", a-t-il précisé. Mais la fenêtre pour achetr des publicités est réduite. Avec les élections régionales en décembre 2015, la communication institutionnelle sera interdite à partir du mois de juillet six mois avant le scrutin.
Mauvaise nouvelle : la baisse des dotations de l'État devrait se poursuivre jusqu'en 2017. Dans ce contexte, le journal devra aussi compter sur le soutien de ses lecteurs. Les chiffres de ventes du journal restent incertains puisqu'ils ne sont pas déposés à l'office de justification de la diffusion (OJD), l'organisme de référence en la matière. Leur présentation par la direction suffit à saisir leur faiblesse : "Nous vendons six à sept fois moins que l'ensemble des autres journaux." La "remise en question" évoquée par le PDG paraît donc indispensable. En juillet, Jean-Marie Dinh appelait à "remettre le lecteur au centre des objectifs et donc la rédaction au centre de notre entreprise".
*Benoît Gilles, ancien journaliste de La Marseillaise, a rejoint Marsactu à cette occasion.
Commentaires
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La mesure qui pourrait sauver la Marseillaise serait le départ de MONTANA et consorts qui y pantouflent et ne servent plus à rien car ils n’ont pas une vision moderne de la presse papier et internet.
Pourquoi ne pas aider via une aide de certaines collectivités et une souscription publique?
Lepersonnel et les donateurs pourraient gérer ce beau journal qui mérite de survivre pour la pluralité d’opinion.
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Le pluralité d’ opinion dans la marseillaise c est une grosse blague là. L information n est traitée qu a travers un seul prisme celui des communistes. Seuls les élus communistes sont entendus. C est pellicani qui va faire la tronche….
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en face de la Marseillaise il n’y a que la presse de Tapie
et c’est un journal qui depuis des années s’intéresse à autre chose que les ” centres commerciaux ” ou l’OM La culture , par exemple
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je ne vois pas pourquoi un journal, quel qu’il soit, vivrait avec des subventions des collectivités locales. au nom de quoi?
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Elle peut exister cette presse qui voit le monde organisé différemment mais il faut rajeunir les cadres,les méthodes et les principes,il faut innover,chercher,s imposer,recruter et sourire.
En un mot ce sera dur mais pourquoi pas.
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Mr Bousquet directeur de la Marseillaise pourrait-il nous dire pourquoi ce journal n’a jamais sérieusement parle des affaires de Guerini?Alors la ligne éditoriale n’est pas que communiste elle est aussi Gueriniste.
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montana est essentiel car il est dans les vrais reseaux
ce n est pas la gauche qui perdrait mais bien les gens d un certain mileu
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ah la marseillaise,georges marchais,les communistes,les greves la cgt les dockers,le port autonome,la rtm,moscou,l union de la gauche qui nous a amené un certain mitterand au pouvoir,moi a la place je verrais bien un centre commercial mais uniquement alimentaire,pas de fringue,un marché provençal,chic et pas cher,hummmmmmmmm.
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peut être verra-t-on enfin ce bel immeuble refait, c’est une honte de l’avoir laissé aussi longtemps ce dégradé comme ça!!!
que le journal et son imprimerie partent vers salengro pourquoi pas…..
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La chute prévisible de ce titre jadis prestigieux était annoncée, et plus que probable pour peu que l’on connaisse un peu le système réel de gestion de cet ancien “quotidien communiste”, qui avait remis depuis longtemps son sort entre les mains des publicitaires. M. Jean Laplayne (s’agit-il de l’ancien “patron” du Provençal?) met le doigt sur la difficulté majeure de La Marseillaise: le manque chronique de rentrées financières et es errances de positionnement qui vont avec. Avec en corollaire l’absence d’une ligne éditoriale franche. Marseille a un vague journal généraliste avec La Provence, cela lui suffit. Pourquoi pas soutenir La Marseillaise? mais au nom de quel combat? Voilà une question que les dirigeants de La Marseillaise ne doivent pas être les seuls à se poser.
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Je ne suis pas communiste, mais la perte d’un journal partisans serait une perte pour la liberté d’expression.
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Après la guerre, à Marseille, il y avait cinq quotidiens, sans parler de celui du soir. Il n’y en aura bientôt plus qu’un.
Ont successivement disparu “Rouge-Midi” qui doublonnait avec La Marseillaise, puis La France qui ne se différenciait guère du Méridional. Ce dernier a été repris par Le Provençal qui s’est lui-même transformé en La Provence. Quant au Soir, qui était édité par Le Provençal, il a disparu purement et simplement il y a près de quarante ans. La Marseillaise, qui bat de l’aile depuis longtemps, risque d’être la prochaine victime. Il restera la Provence. Pourra-t-elle tenir longtemps ?
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Après la guerre les gens lisaient, maintenant ils sont devant la télé. Et qui lit plus d’un quotidien, pour répondre à ceux qui évoquent le pluralisme de la presse ? Les médias actuels exploitent nos émotions et nous incitent à consommer, pas à réfléchir.
Ce qui est nouveau, c’est que nous avons maintenant l’internet où chacun cherche ce qui l’intéresse. Il offre le moyen de peser le « pour » et le « contre » mieux qu’on pourrait le faire dans un seul journal. La Provence est ouverte aux commentaires acceptables par ce journal qui ne veut pas fâcher ses annonceurs. La Marseillaise est également ouverte aux commentaires mais cette fonctionnalité était peu utilisée par les lecteurs, trop peu nombreux ou pas toujours très jeunes. On trouve dans Médiapart des articles critiques sur notre région, souvent en association avec Marsactu, deux purs journaux en ligne. Le Ravi qui a parfois été complaisant avec ses financeurs est en train de rendre l’âme : le CG13 aurait diminué sa subvention de 90% et la région de 44% (source Marséco). C’est triste aussi. La région subventionne maintenant GoMet, tandis que la Mission interministérielle pour le projet métropolitain fait la pub de ce nouveau média en ligne : http://www.mouvement-metropole.fr/newsletter/voir/id/1-novembre-2014/categorie/8-citoyennetes.sls
S’y expriment aussi les brillants universitaires qui avaient travaillé aux programmes qui ont débouché sur l’échec des candidats de gauche aux deux dernières municipales. Le problème est que pas grand monde ne semble lire GoMet et que personne ne commente les articles du « web média qui colle au territoire ». Les articles de Marsactu et les commentaires de ses lecteurs s’intéressent aussi au territoire, mais ils ne sont pas à la colle des discours officiels sur la métropole. Marsactu c’est aussi une communauté de lecteurs où des opinions assez diverses s’affrontent, ce dont témoignent les commentaires. Nous avons donc presque autant de supports de presse, papier et en ligne à Marseille, qu’à la Libération.
Il ne faut pas non plus voir l’actualité, même locale, seulement au travers du prisme de la presse locale. Il y a des quotidiens nationaux et beaucoup de ressources en ligne sur le national et l’international. Qui parfois remettent en perspective notre actualité locale.
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