Le musée Réattu veut restaurer une oeuvre grâce au mécénat participatif

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le 24 Oct 2014
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Le musée Réattu veut restaurer une oeuvre grâce au mécénat participatif
Le musée Réattu veut restaurer une oeuvre grâce au mécénat participatif

Le musée Réattu veut restaurer une oeuvre grâce au mécénat participatif

Le mécénat populaire a décidément le vent en poupe. Depuis le lancement de l'opération "tous mécènes" en 2010, plusieurs musées ont expérimenté le financement participatif pour restaurer des oeuvres. C'est le cas du Louvre, en vue d'acquérir une "table de la paix", pièce d'orfèvrerie du XVIIIe, mais aussi du musée départemental de l'Oise, à Beauvais, pour assurer la restauration d'une toile de Thomas Couture. Pour la première fois, le musée Réattu d'Arles s'y met à son tour afin de restaurer une oeuvre de François-Xavier Fabre, "La prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert", une huile sur toile réalisée entre 1790 et 1791. Associée à la plateforme de crowdfunding My Major Company, la conservatrice Pascale Picard espère récolter près de 30 000 euros d'ici la fin de l'opération en décembre 2014.

Pourquoi vouloir sauver cette oeuvre ?

Pascale Picard : Cette oeuvre est importante pour la collection du musée Réattu. François-Xavier Fabre est un artiste de la fin du XVIIIe siècle, contemporain de Jacques Réattu qui a donné son nom et son fonds d'atelier au musée. De plus, l'état de l'oeuvre est très inquiétant, une intervention est urgente. C'est une oeuvre qui n'a jamais été exposée et qui est toujours restée dans le fonds d'atelier de Réattu car elle est inachevée.

Quelle est son histoire ?

Réattu et Fabre ont tous deux gagné le prestigieux Grand prix de Rome. Ils ont dû se rencontrer en Italie où sont allés à l'Académie de France de Rome. Mais en pleine Révolution française, le voyage est écourté. Réattu a ramené la peinture de Fabre qu'il a conservé toute sa vie. L'oeuvre est riche pour l'histoire de Réattu et la carrière de Fabre. Ce dernier a débuté la peinture dans le cadre d'une commande officielle du mécène Philippe-Laurent de Joubert [trésorier des Etats du Languedoc – ndlr] dédiée à la chapelle des pénitents bleus de Montpellier. Mais le commanditaire a fait faux-bond sans doute en raison du contexte historique. Du coup, seul un fragment du tableau qui devait faire quatre mètres sur deux est réalisé. On a retrouvé des esquisses préparatoires qui présentaient la toile dans son intégralité.

Pourquoi recourir à une opération de mécénat participatif ? Est-ce pour pallier un manque de moyens ?

Non, de toute façon, l'Etat nous vient en aide. D'une manière ou d'une autre, l'oeuvre doit être restaurée. Ce type de financement n'est pas nouveau, même si avec le temps la formule s'adapte. Ce qui est nouveau pour nous, c'est de mettre en place une plate-forme de financement participatif sur internet. Du coup, le public concerné appartient à une tranche d'âge plutôt jeune. Le patrimoine commence à s'intéresser à cet outil.

Le succès de ce type d'opération révèle-t-il une forme d'appropriation du patrimoine artistique à travers une implication accrue des citoyens ?

La dynamique actuelle fait que le mécénat n'est pas seulement une relation d'argent. Chaque citoyen peut profiter de ce trésor de notre mémoire. Habituellement, on pousse la porte d'un musée et on se contente de découvrir ce qu'il veut bien montrer. Là, on propose d'aller plus loin. L'idée est de faire sortir les oeuvres des réserves. On s'appuie sur l'engagement du public et on offre un rapport privilégié à une oeuvre. Le citoyen peut toucher du doigt les coulisses du musée plutôt que d'attendre que l'oeuvre sorte des réserves. Le rapport est intime entre le visiteur et l'oeuvre dans la mesure où celui-ci a accès à son état de santé. Nous avons envie de susciter une forme de conscience patrimoniale.

A quels niveaux la restauration de l'oeuvre se fera-t-elle ?

Il y aura une intervention sur la couche picturale, sur le support et sur son conditionnement. Plusieurs paliers seront nécessaires. La peinture a déjà subi une première intervention de conservation d'urgence l'année dernière pour stopper les dégradations qui menaçaient l'oeuvre de destruction.

L'oeuvre sera-t-elle exposée après sa restauration ?

Oui, nous avons envie de la montrer très vite après l'intervention. En particulier en 2017, à l'occasion d'une grande exposition sur Jacques Réattu où il sera question de montrer comment l'artiste a tissé des liens avec ses contemporains tels que François-Xavier Fabre. A cette heure, l'oeuvre est absolument immontrable.

Pourra-t-il y avoir d'autres opérations de ce genre à l'avenir ?

Absolument. Nous envisageons de lancer une autre campagne en vue de cette grande exposition de 2017 pour réhabiliter des oeuvres de Jacques Réattu. Il s'agit en particulier de quatre toiles grand format, de six mètres sur deux mètres cinquante, des décors révolutionnaires rares de l'artiste.

 

 

François-Xavier Fabre, La Prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert, 1790-1791. Huile sur toile, 245,5 x 200 cm. Arles, musée Réattu © I. Foriel – Destezet

Pour participer à la restauration de l'oeuvre, cliquez ici

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Il y en a marre de ces mécénats participatifs partout.C’est à l’Etat, aux municipalités, aux régions de financer la conservation du patrimoine. Plus on paie d’impôts, plus l’état et les villes se désengagent …

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  2. REALITE REALITE

    L’Etat,l’Etat,l’Etat. Il n’y a plus d’argent ! le patrimoine c’est quoi ? c’est entretenir ce qui appartient à la Nation.La France à un trésor entre châteaux, cathédrales et églises, des peintures, des sculptures, des objets, des villes et villages. Oui cela appartient à la Nation.Mais aujourd’hui l’Etat qui est responsable de la Nation, de facto l’Etat C”EST N O U S aussi bien les pouvoirs publics que les mécènes, que les particuliers c’est nous-mêmes les particuliers et contribuables. Donc tout le monde peut participer.Bonne journée

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  3. savon de marseille savon de marseille

    La Directrice Pascale PICARD connait Pierre Alechinsky. Les Grands artistes pourraient-ils également contribuer au financement des restaurations ?. Une idée à creuser : le mécénat d’Artistes.

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  4. julijo julijo

    Encore faudrait-il que les musées restent ouverts pour qu’on puisse admirer les oeuvres !!!! ce n’est pas le cas à Marseille ! Pas toujours, faute de personnel réellement, et non pour les pbs techniques annoncés souvent….
    Je propose donc un “mécénat” participatif afin de financer des personnels de musées…déductible des impôts bien sûr, et là franchement, moi je suis OK pour payer un peu !!

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  5. Josiane Josiane

    Bien sûr que ce serait aux collectivités d’intervenir mais c’est aussi à nous de conserver notre patrimoine , le Musée Réattu est un Musée municipal il est riche de merveilleuses oeuvres il est situé dans une ville exceptionnelle
    aidez-nous à restaurer ce magnifique tableau , venez visiter la Ville où Van Gogh a réalisé la plus part de ses tableaux et où il voulait faire l’atelier des artistes.La Ville vous rendra mille fois votre investissement,
    Merci à vous tous Donateurs ….

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