Municipales : Jean-Philippe Agresti se met en marche dans la dernière ligne droite
Le doyen de la faculté de droit réclame le soutien de la République en marche pour être candidat à la mairie de Marseille. Pressentie depuis des mois, cette déclaration épouse le scénario d'une mise en retrait de l'étiquette que dessine le parti présidentiel, au profit d'un "arc progressiste".
Jean-Philippe Agresti lors de l'annonce de sa candidature le 3 décembre. (Image JV)
L'enjeu
Jean-Philippe Agresti est le troisième homme à officialiser sa candidature à l'investiture de LREM pour Marseille.
Le contexte
Après des mois de spéculations, le parti d'Emmanuel Macron n'a toujours pas désigné de tête de liste pour mener la campagne des municipales à Marseille.
Cette fois-ci ça tourne. Installés dans les fauteuils du cinéma Pathé de la Joliette, autour de 300 spectateurs assistent à la déclaration de candidature de Jean-Philippe Agresti pour les municipales de Marseille. Un scénario attendu depuis de longs mois, non sans à-coups. “Le temps de la réflexion”, assume le doyen de la faculté de droit, qui veut “réunir au-delà de la majorité présidentielle”. Esquissée en juin à l’occasion d’une “visite privée” de Brigitte Macron, suivie d’une participation iconoclaste à un meeting de Martine Vassal, cette candidature se formalise ainsi pendant les prolongations que s’accorde le parti présidentiel. Entre temps, le choix prévu en septembre a été repoussé en octobre, puis subordonné à une mission de défrichage confiée à Jean-Marc Borello, dont le dénouement est imminent.
Autant de péripéties éludées dans sa déclaration par Jean-Philippe Agresti, au profit du détail du “contrat avec les Marseillais” qu’il propose, notamment dans la constitution d’une équipe “exemplaire” et “représentant toute la diversité de Marseille”. En aparté, il insiste sur le fait qu’il demande à LREM un “soutien” et non une “investiture” et que c’est l’ouverture de cette possibilité, dit-il, qui l’a finalement décidé à se lancer. Cette subtilité sémantique colle avec la toile de fond posée par l’envoyé du parti, début novembre dans La Provence. “Je me suis rendu compte que ce qui gêne le plus [ceux qui ont envie de s’engager], c’est l’étiquette. Mais que si on leur parle d’une liste citoyenne simplement soutenue par La République en Marche, ils sont intéressés et prêts à se lancer. Cela me semble être la bonne solution”, a en effet estimé Jean-Marc Borello.
Marcheur non encarté
Dans l’équipe du candidat, on revendique une démarche dans le sillage de celle de la présidentielle 2017. “Ça me rappelle un peu le début d’En marche”, surlignait mi-novembre, lors d’une soirée en petit comité Mehdi Belmajdoub, qui avait coordonné les prémices de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron à Marseille. Dans la salle, on aperçoit Jean-Sébastien Souchon, revendiqué “plus vieux marcheur du département avec Mehdi” mais qui a toutefois soutenu une candidature dissidente aux législatives. “J’étais resté en contact avec Jean-Philippe et Sabrina [Roubache, sa compagne, ndlr], qui ont pas mal aidé pendant la présidentielle”, atteste-t-il. Le président de la République ne l’ignore pas, lui qui a invité la productrice à monter sur scène lors de son meeting de la porte de Versailles, en décembre 2016.
Marcheur sans être encarté, Jean-Philippe Agresti se démarque ainsi à la fois de Saïd Ahamada, député LREM, ou d’Yvon Berland, ex président de l’université Aix-Marseille. Le premier, qui se revendique “le seul candidat de la République en marche”, rassemble en outre plusieurs cadres locaux du parti, même s’il ne déroge pas à l’importance accordée à la “société civile”. Le second affiche 400 noms dans son comité de soutien mais ne s’était jusqu’à lors pas engagé en faveur du parti.
Peu disert sur ces considérations stratégiques au pupitre comme face aux journalistes, préférant répondre aux multiples sollicitations des sympathisants venus le saluer, Jean-Philippe Agresti laisse le déroulé de la soirée parler pour lui. Sur le grand écran ou en personne, sept soutiens se succèdent pour incarner cet “arc progressiste” que le parti appelle de ses vœux. L’ex journaliste Patrick Lemoine joue la carte “société civile”, qui trouve son pendant dans le public, avec des patrons et dirigeants associatifs. Côté LREM, la députée Claire Pitollat, le sénateur Michel Amiel, l’ex candidat aux législatives et sociologue Jean Viard et le responsable du comité du 8e arrondissement Jean-Marc Maini font le nombre.
Balle au centre
À l’heure où les partis centristes n’ont pas affiché de préférence officielle, la cheffe de file du Modem Marie-Florence Bulteau-Rambaud vient envoyer en personne un autre signal que celui du président du Modem 13 Miloud Boualem, engagé aux côtés d’Yvon Berland. Un axe complété hors champ par la cheffe de file de l’UDI Anne Claudius-Petit, elle aussi en son nom propre, et Jean-Luc Ricca, conseiller municipal Agir. Aussi invitée à s’exprimer lors de la soirée, la conseillère municipale socialiste Annie Lévy-Mozziconacci ouvre le spectre plus à gauche. Après avoir brigué sans succès l’investiture LREM lors des législatives 2017, elle naviguait entre les deux mouvements. “Je suis à ma place”, sourit celle qui défend “un rassemblement de premier tour sur un projet et des idées plutôt qu’un rassemblement de second tour”. Sans surprise, cette recherche de soutiens croise aussi la route de militants, d’ex élus ou candidats, souvent en froid avec leur formation politique d’origine, quand il ne les ont pas multipliées.
Côté LR, le rassemblement proposé à Martine Vassal n’est plus au casting. En août 2019, dans un entretien accordé à Marsactu, Jean-Philippe Agresti le justifiait par la “division de l’électorat républicain, du centre-gauche au centre-droit, [qui] fera que dans de nombreux secteurs, ces listes arriveront derrière le Rassemblement national, devant à 30 %, suivi par plusieurs listes entre 10 et 15 %. Or, ce n’est pas à ce moment-là que nous pourrons nous entendre sur un projet”. Aujourd’hui, il considère que “la porte s’est resserrée chez les Républicains, le message est très clair”, ainsi qu’il l’a dit à La Marseillaise.
Lutte contre les inégalités et “tolérance zéro”
On a un adversaire, le Rassemblement national, et un concurrent qu’il faut battre, les héritiers de Jean-Claude Gaudin
Jean Viard
Ses critiques du bilan de la droite, il faut les lire en creux dans ses priorités affichées sur l’habitat indigne et le patrimoine scolaire, ou son focus sur la “lutte contre les inégalités sociales et territoriales”. D’autres points l’en éloignent, comme cette évocation du classement du New York Times plaçant Marseille en deuxième place des villes à visiter, élément de langage récurrent de la municipalité. Il déroule également un discours de “tolérance zéro”, veut “remettre de l’ordre”, en adepte de la théorie du “carreau cassé” de l’ex maire de New York Rudolph Giuliani.
Il ne trace d’ailleurs pas de ligne de démarcation, à l’inverse d’un Saïd Ahamada pour qui “les Marseillais auront le choix entre ceux qui se mettent dans l’équation de Jean-Claude Gaudin et ceux qui se mettent en face”. Mais là encore, d’autres acteurs se montrent plus directs. “On a un adversaire, le Rassemblement national, et un concurrent qu’il faut battre, les héritiers de Jean-Claude Gaudin parce que l’état de la ville justifie qu’on tourne brutalement la page”, professe Jean Viard, ancien élu local socialiste, au public du cinéma. Version non censurée au montage.
Commentaires
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“On a un adversaire, le Rassemblement national, et un concurrent qu’il faut battre, les héritiers de Jean-Claude Gaudin”, déclare doctement Jean Viard. Sans évoquer l’abstentionnisme qui terrifie les politiciens car il menace leur raison d’être.
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mais ne les gêne en rien, ils ne voient que leur élection avec ou sans base solide ils s’en foutent. à quand un quorum ?
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Seule question qui compte : que font-ils au second tour (car ils n’auront pas 30 ou 40% et devront fusionner, c’est le système électoral qui veut ça) ? Avec les héritiers de Gaudin, comme Agresti l’a initié avec sa venue pour le moins hasardeuse au meeting de Vassal ? Ou avec la ou les gauches-écolos qui pèsent 30 à 35% dans cette ville (cf. présidentielle et scrutin européen) ? LREM n’échapera pas à la question.
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Il y a visiblement autant de foutoir du côté de LREM que du côté des gauches dans cette ville. Incroyable qu’à trois mois des élections, à peine plus, un parti au fonctionnement aussi vertical soit incapable d’avoir une ligne, un projet et un candidat. Est-ce une forme de mépris pour Marseille ?
Il faut sans doute y voir le fait que la défaite a déjà été anticipée et intériorisée. Défaite qui permettra à certains de voler au secours de la victoire en se ralliant, toute honte bue et sans conditions, à Martine Gaudin entre les deux tours, histoire de s’assurer une place au chaud.
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Une liste LREM n’est sans doute pas en mesure de remporter la ville, mais elle peut obtenir quelques sièges au Conseil Municipal. Suffisant pour offrir une planche de salut à quelques sortant.es mis au ban de leur parti. Je ne vois pas ce qu’il y a de progressiste là-dedans
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Doyen de la faculté de droit et candidat : Où est l’obligation de réserve liée à sa fonction ? L’ami du couple Macron (par sa femme) se mettra t-il en retrait ?
Quant à Jean Viard, il va sans doute conseiller aux jeunes de Marseille de voyager dans le monde avec l’argent du chômage comme il le disait à la radio.
Il est vrai que Jean Viard est conseiller rémunéré du mégacomplexe (abandonné) Europacity en région parisienne. Gare au béton !
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L’obligation de réserve n’a jamais existé, c’est une vieille histoire de cornecul que l’on ressort régulièrement çà et là. Les fonctionnaires sont tenus à une obligation de discrétion sur les cas particuliers dont ils ont la responsabilité du dossier, un point c’est tout. Ils sont au service de la République, pas d’un gouvernement, et ils ont tous les droits de tout citoyen.
À part ça, il est bon de savoir qui est le monsieur bons-offices de LaReM : Borello est l’homme qui a marchandisé un très large secteur du secteur social et médico-social.
Avec les années et le développement important que connaît le groupe SOS, la notoriété s’amplifie. Jean-Marc Borello est surnommé « le Bernard Tapie », « l’industriel du social » ou « Vivendi » par la presse22, où il est accusé par certains de reproduire dans le monde associatif « les logiques prédatrices du capitalisme classique », et d’avoir constitué avec le groupe SOS « un petit empire géré de façon clanique »
Vous trouverez d’autres infos sur ce proche de Macron ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marc_Borello
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Je ne comprends pas l’intérêt de sa candidature!
Le gars s’est ouvertement affiché avec Vassal au Silo il y a 2 mois! Bref, il semble avoir les dents longues et prêts à n’importe quel arrangement avec la mere Vassal et les bébés Gaudin. En résumé, une candidature inutile!
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De toute façon lui ou un autre proposera une fusion a Lr au second tour..
Bref on va se manger pour 6 ans de beaux spécimens de la vieille garde gaudiniste…A mois qu une gauche unie…
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L’obligation de réserve est effectivement une convention destinée à brider la liberté d’expression des fonctionnaires mais il faut distinguer le grade et la fonction.
M. Agresti est professeur de droit et il a été élu doyen de sa faculté. La moindre des corrections de la part de M. Agresti eut été qu’il fasse état de sa qualité de professeur de droit et qu’il démissionne de ses fonctions de doyen dès lors qu’il proclamait sa candidature à la mairie de Marseille car il ne pouvait engager la faculté de droit toute entière dans ses choix politiques et sa candidature.
Ce manquement à la en dit long sur le sens de la déontologie en vigueur dans la planète Macron.
Sur un autre membre de cette planète M. Borello je rejoins tout à fait les remarques de Zumbi un peu plus haut. Voir les commentaires que j’ai écrits sur Marsactu https://marsactu.fr/a-marseille-la-republique-en-marche-joue-au-chamboule-tout-a-cinq-mois-des-municipales/ 16 novembre 2019 à 22h18 et la petite polémique qui s’en est suivi ainsi que ma réponse (19 novembre 2019 à 22h46)
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Sur l’obligation de réserve je préfère ce commentaire à celui péremptoire de Zumbi.
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J’ajoute que la Faculté de Droit en tant que telle a une obligation de neutralité et que par conséquent son Conseil aurait du démissionner M. Agresti de ses fonctions de doyen depuis un certain temps puisqu’il ne l’a pas fait de lui même, mais ce Conseil est surement composé de fidèles macronistes …
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Je suis en accord avec Jean Viard.
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?? jean viard me donne le mal de mer.
Je connais des girouettes qui tournent moins vite !!
la brochette de gens “connus” qui entoure agresti est quand même époustouflante. ah pour ratisser large, il ratisse large…
ca va donner l’ “arc républicain” !!
au passage, ces gens “connus” pensent-ils à la ville ???
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pardon, pas “arc républicain”, mais PROGRESSISTE !! c’est mieux, plus ouvert…
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Si on commence à placer le “progressisme” au-dessus de la République, ça ne sent pas forcément très bon. Et j’attends toujours qu’on m’explique ce qu’est le progressisme dans un monde où l’on semble vouloir revenir au droit du travail du 19e siècle…
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Grosse manif ce jour, beaucoup de colère et LREM en galère
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Le devoir de réserve d’après le site https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F530 impose à l’agent public de surveiller la forme de son langage, sur le fond il reste libre
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Ce n’est pas qu’une question de forme. Le doyen de la faculté de droit d’Aix-Marseille candidat à la mairie de Marseille est tenu, surtout compte tenu de son rang, à l’obligation de réserve.
Le fait d’exciper de sa fonction tout en état candidat est une entorse à l’usage républicain. Il appartiendra peut-être aux tribunaux de trancher et aux étudiants en droit de commenter…
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-101241QE.htm
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