Les dossiers chauds du conseil municipal du 25 novembre 2019
Rapport de la chambre régionale des comptes, plan local d'urbanisme, polémique sur l'école Ruffi: la séance de ce lundi s'annonce chargée. Sur le premier dossier, la majorité de Jean-Claude Gaudin prend le parti de l'attaque.
Claude Bertrand, ici à gauche de Jean-Claude Gaudin au conseil municipal.
Poings faits, armes fourbies. Yves Moraine n’a qu’une hâte : “Pouvoir juger les juges”. Le président du groupe majoritaire au conseil municipal ne cachait pas son impatience, lors de la conférence de presse préalable au conseil municipal, à l’idée de pouvoir débattre du contenu des deux rapports de la chambre régionale des comptes sur la gestion de la ville. Depuis que la presse (dont Marsactu) a rendu public le contenu de ces documents accablants pour le maire et son équipe, le maire des 6/8 ne change pas de ligne de défense : l’attaque. “Très lourdes erreurs, pauvreté d’analyse rare, manquements déontologiques”, décline Yves Moraine qui lâche sa formule : “Ce n’est plus la CRC, c’est la CDC. Le café du commerce”.
Il réserve cette dernière saillie aux pages que la chambre consacre à l’état des écoles, seul dossier sur lequel il communique avant la séance de ce lundi : “De par mon métier, je côtoie fréquemment des magistrats. C’est la première fois que je vois des magistrats appuyer leur analyse sur des articles de presse. Ils citent un dossier préfectoral que personne n’a jamais vu.” Lors de la consultation des sources de la CRC, la Ville n’a pas trouvé ledit dossier, affirme ainsi le directeur général des services. Vérification faite par nos soins, il n’est pas plus mentionné dans le rapport des magistrats…
Les différents élus d’opposition ne manqueront pas de reprendre à leur compte les conclusions (Relire notre analyse du rapport de la CRC). Quant aux magistrats eux-mêmes, ils défendront leur travail lors d’une conférence de presse mercredi. En attendant, cet avant-dernier conseil municipal de l’ère Gaudin contient son lot de dossiers chauds, dont certains font fortement écho à ceux tirés du feu par les magistrats de la chambre.
Une nouvelle cité administrative en location
Dans son rapport, la chambre régionale des comptes fustige notamment la gestion que fait la Ville de son patrimoine, peu scrupuleuse quand elle est propriétaire et peu sourcilleuse sur l’augmentation des coûts quand elle est locataire. La Ville offre un nouveau cas d’école, ce lundi, avec la création d’une nouvelle “cité administrative” en location dans un immeuble d’Euroméditerranée, le Grand horizon, qui accueillait jusque-là des services de la région. Il doit accueillir le direction du personnel, la direction de gestion et de prévention des risques, des ressources partagées, des services de proximité et le comité d’action sociale, privé de siège depuis un arrêté de péril.
Les syndicats s’en sont émus en comité technique, lieu de débat entre l’administration et les représentants du personnel avant chaque conseil. “Ce projet lancé à 6 mois du renouvellement du mandat nous paraît totalement décalé : soit trop tardif, soit trop en avance“, tance ainsi le représentant de l’alliance CFE-CGC/CFTC. Les syndicats s’étonnent également de ne pas connaître le coût global de l’opération : “Toutes les grosses opérations de relogement telles Allar ou Fauchier ont été finalement plus coûteuses que prévu, écrit encore le délégué. Par ailleurs, la Ville deviendrait locataire de locaux délaissés par la région parce que les loyers y étaient trop élevés.”
Le plan local d’urbanisme abandonne les tourelles à côté du Corbusier
Document stratégique inédit, le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) qui couvre les 18 communes autour de Marseille doit être adopté par chacun de ces conseils municipaux avant le vote solennel lors du conseil métropolitain du 19 décembre. Mais cet épais volume a subi depuis quelques évolutions en suivant les recommandations et réserves de la commission d’enquête publique. La principale de ces critiques portait sur la place faite au logement social.
“Nous avons créé des servitudes de logement social, notamment en centre-ville”, explique Laure-Agnès Caradec, adjointe à l’urbanisme. Il s’agit de zones où la part minimale de logements sociaux est fixée. La commission d’enquête demandait également d’augmenter de manière “substantielle” la part obligatoire de logements sociaux dans les opérations immobilières dépassant un certain seuil. De 30 logements dans des opérations de 100, “nous avons fixé un seuil de 30 pour des opérations supérieures à 80”, détaille l’adjointe. Insuffisant pour l’opposition socialiste dont le président de groupe Benoît Payan a annoncé qu’il porterait un recours devant le tribunal administratif sur cette question.
Enfin, un projet de construction de 1000 logements autour de la Cité radieuse, à Saint-Anne (8e), avait ému les riverains comme les défenseurs de ce monument historique inscrit au patrimoine de l’Unesco (lire notre article sur la peur des tourelles). “La proposition était trop aboutie”, reconnaît Laure Agnès Caradec qui indique qu’un périmètre d’attente devrait permettre de faire évoluer le projet. “Avec le risque que cela nous fasse revenir à l’ancien zonage qui prévoyait 2000 logements à cet endroit, commente Yves Moraine. Parfois trop d’honnêteté et de transparence nuit.”
RUFFI et la nouvelle école
Avec le rapport de la CRC et le plan local d’urbanisme, c’est le troisième dossier explosif que devra défendre la majorité municipale. À la rentrée prochaine, le groupe scolaire Antoine de Ruffi ajoutera 20 classes aux écoles du 3e arrondissement victimes de saturation depuis des années. Mais les parents d’élèves de l’actuelle école Ruffi, composée de préfabriqués, ont compris en suivant le périmètre du futur établissement qu’une bonne part de leurs enfants en seront exclus (Lire notre article).
La justification de l’adjointe déléguée à l’éducation, “garder la place pour les nouveaux habitants” d’Euroméditerranée, a ajouté à la colère, relayée par les partis d’opposition. Le groupe socialiste compte faire du vote un moment symbolique, en invitant les élus à se positionner personnellement.
Vassal prend de l’avance sur son programme sécuritaire
Martine Vassal n’est pas maire de Marseille, même si elle aspire à le devenir, ni même adjointe à la sécurité, mais elle a eu la primeur de plusieurs mois sur une mesure proposée au vote ce lundi : l’embauche de 20 policiers municipaux pour patrouiller le soir dans le métro, annoncée en juin par la présidente de la métropole, qui supervise à ce titre les transports en commun. Ils s’ajouteront aux 100 policiers nationaux et 223 agents de sécurité RTM présents sur l’ensemble du réseau et de la journée. Concrètement, un équipage de policiers municipaux sera présent entre 19 h et 1 h dans les rames et stations de chacune des deux lignes.
La majorité de Jean-Claude Gaudin exaucera un deuxième vœu sécuritaire de la candidate, qui a fait du verbe “protéger” un des axes de sa campagne. “Je souhaite créer un poste de police municipale en lieu et place de l’ancien commissariat d’Haifa dans le 8e”, lançait-elle le 18 octobre. En réalité déjà dans les tuyaux en lien avec l’État, le projet sera poursuivi par des études pour lesquelles un budget de 300 000 euros est proposé. “Ils font ça pour justifier ce qui est écrit sur ses tracts”, dénonce Benoît Payan, président du groupe socialiste.
UNe cité du cinéma à Saint-louis ?
La conversion est spectaculaire. La Ville lance une étude pour implanter une “cité du cinéma” dans les anciens abattoirs de Saint-Louis (15e), où devait être construite la grande mosquée de Marseille, projet associatif enterré faute de financement. Il s’agirait d’offrir “une base logistique d’accueil de tournage, définit la délibération. Ce lieu devra proposer des solutions aux professionnels en termes de bureaux de production, fabrication et stockage de décors, stationnement et tournage en studios et en extérieur.” La Ville a recensé 481 tournages à Marseille en 2018, dont 12 films. Martigues dispose déjà d’un équipement d’une autre ampleur avec Provence studios.
Gratuité dans les musées de Longchamp et au jardin des vestiges
Les musées de Marseille jouent un peu à Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure. Côté joie, la Ville se propose de fêter dignement les 150 ans du Palais Longchamp et les 200 du muséum d’histoire naturelle en offrant la gratuité des deux musées du jeudi 12 décembre au 4 janvier. Côté Jean-qui-pleure, il est aussi question de gratuité dans l’accès au musée d’histoire, désormais dotée d’une entrée monumentale, via le jardin des vestiges…
Mais, problème, la rénovation n’englobait pas l’ancienne cahute du gardien, inaugurée en 2008 et jamais ouverte malgré un coût prohibitif (lire notre article sur la porte à 600 000 euros). Or “le pavillon abritant la billetterie” a présenté “plusieurs difficultés de fonctionnement” ne permettant pas de la maintenir en l’état. Notamment “des problèmes d’inondation” lors des pluies d’octobre. Résultat, l’accès au jardin est gratuit en attendant “les travaux nécessaires à la réouverture normale”.
Remarquable unanimité des membres du gang Gaudin au conseil municipal, tous et toutes (y compris les deux candidat·e·s à la succession) qu’ils sont ultra-compétents et que les magistrats de la CRC sont des juges rouges qui font de la “politique politicienne” – ce qui n’arrive jamais à ces élus, bien entendu, qui n’argumentent que sur le fond…
Le Principe de Peter en direct live !
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quant à “juger les juges”…ça rappelle de drôles de méthodes dans un certain milieu à une certaine époque…
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Yves Moraine. “Parfois trop d’honnêteté et de transparence nuit. »
c’est vrai, mieux vaut être malhonnete et faire les choses en douce.
c’est tout à fait la méthode de l’équipe gaudin.
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Pour le coup, je connais bien le sujet évoqué par le petit Moraine. En fait de transparence, les habitants du quartier ont découvert in extremis le projet de bétonnage de l’îlot Le Corbusier au moment de l’enquête publique : il n’y avait eu aucune concertation auparavant, et le commissaire enquêteur n’a pas manqué de souligner – en dehors des défauts du projet – les protestations que cette façon de mettre les riverains devant le fait accompli a soulevées.
Si c’est ça, la transparence selon Moraine, elle est vraiment très opaque. Et il n’a visiblement rien compris à la conclusion de l’enquête publique, qui ne recommande pas de “punir” les habitants en doublant le nombre de logements à construire, mais de procéder à une concertation dans le quartier pour construire un projet équilibré !
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Les opposants n’ont pas été assez durs face à cette équipe, il fallait taper plus fort. Taper plus fort face à un Moraine ahurissant de bêtise, à un Assante totalement pitoyable en terme de Droit. Il n’a pas compris les conclusions de la CRC: incompétents et quasiment escrocs. Casanova dans le rôle de tout ce que je fais mon âne ……….
La défense de ces gens : le déni et la théorie du complot. Et puis toujours cette excuse , c’est la faute de DEFFERRE . Oh les gars, il est mort en 1986 soit 33 ans ! . Ils sont sordides .
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La gauche est en lambaux dans notre Ville (et notre région). Pour preuve, après 26 ans de règne calamiteux, couronnés par l’effondrement d’immeubles sur des habitants, la droite est encore en position de gagner au printemps prochain, quand le simple jeu de l’alternance devrait promettre une bascule à gauche (alors que c’est le FN qui espère tirer les marrons – pourris – du feu).
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La lecture des différents points est affligeante, jusqu’à l’inondation finale de la tèrs chère et jamais utilisée maison des gardiens du Jardin des Vestiges…
Quant à la location à prix fort, d’immeubles de bureaux privés ne trouvant pas d’occupants au “prix du marché” à Euroméditerranée, c’est une constante. L’immeuble “Grand Horizon” étant un voisin direct des immeubles Calypso et Astrolabe ayant accueilli (en location) le siège administratif, déménagé des beaux rivages du parc Borély, où les travaux d’une juteuse opération immobilière “de grand luxe” de 400 logements (+ crèche privée + école privée) sont sur le point de commencer.
https://marsactu.fr/demenagement-siege-rtm/
Son nom ? “ADN Borély”.
L’ADN de Gaudin et ses affidés, la privatisation des biens publics au profit des copains.
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Monsieur Gaudin et ses proches ne se sont pas trop fatigués pour répondre à la CRC : ils ont repris les mêmes “éléments de langage” qu’en 2013, qui consistent à s’en prendre aux magistrats plutôt qu’à leur répondre sur le fond : https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/10/07/gaudin-tacle-la-chambre-regionale-des-comptes-apres-un-rapport-critique-sur-marseille_3491293_823448.html
Not’ bon maire croit-il vraiment que quelqu’un le prend au sérieux quand, rapport après rapport, il se contente de mettre en cause la “vision partiale” et les “jugements contestables” de la Chambre, sans tenir aucun compte ensuite de leurs recommandations ?
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Dans la foulée il faudrait aussi que ce qui nous sert de maire attaque aussi le Général commandant la Gendarmerie et sa brigade financière. Il doit sûrement aussi faire partie du complot.
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