L'adjointe aux écoles rempile, les ennuis avec

L'adjointe aux écoles rempile, les ennuis avec

Danielle Casanova s'était réfugiée dans une petite salle du palais des congrès pour laisser l'orage passer. Mais les manifestants du collectif DZ ont fini par la débusquer en plein forum "L'École à Chanot" où l'adjointe au maire aux écoles démarrait ce nouveau mandat. Avec des pancartes où s'inscrit notamment "Tata, où t'es ?", des parents avec leurs enfants, des enseignants et des agents des écoles sont venus célébrer à leur manière la reconduction de l'élue comme adjointe aux écoles dans la municipalité Gaudin IV. Leurs critiques sont multiples, de l'état avancé de délabrement de certaines écoles aux piscines introuvables en passant par le manque de personnel municipal dans les écoles ou la qualité des repas à la cantine.

Vendredi dernier, Jean-Claude Gaudin a reconduit Danielle Casanova âgée de 68 ans à ce poste particulièrement exposé. Au porte-feuille éducatif s'est même ajoutée une vice-présidence de commission d'appel d'offres qui a encore chargé la barque de cette élue des 9e et 10e arrondissements. Cataloguée teissiériste, celle-ci s'est toujours placée en bonne soldate du maire de Marseille qui aime rappeler, lui l'ancien prof d'histoire-géo, le passé de directice d'école de son adjointe. "Je lui ai dit que j'avais besoin d'elle", a expliqué Gaudin lors de sa reconduction.

Rythmes scolaires : "On ne sera pas prêts"

Alors, Danielle Casanova rempile, sa pile de dossiers chauds sous le bras. D'abord, les rythmes scolaires, bien entendu, avec son lot d'atermoiements politiques. Le maire de Marseille, s'il a un temps claironné qu'il n'appliquerait pas la loi, s'y était finalement résolu "après le rejet de son projet de loi", dixit Casanova. Mais, à l'heure où la réponse doit être rendue en fin de semaine à l'inspection académique et la copie rédigée dans le mois, le flou reste de mise. L'audit de recensement des associations et des locaux susceptibles de proposer des activités périscolaires commandé à KPMG en fin d'année dernière n'a toujours pas apporté ses conclusions. "Certains inspecteurs ont donné pour consigne aux directeurs d'écoles de ne pas répondre à leurs questions", ose Casanova.

Reste qu'à l'approche de la date limite, la Ville est plus qu'embêtée. La porte qui a été ouverte à "un assouplissement" sur la réforme des rythmes scolaires par Manuel Valls a tout de suite été refermée par Benoît Hamon, le nouveau ministre de l'Éducation nationale. Résultat : "Jean-Claude Gaudin est plutôt favorable à ce qu'on respecte la loi mais…" L'adjointe ne finit pas sa phrase mais elle s'est montrée davantage explicite un peu plus tôt : "On ne sera pas prêts à mettre tous les élèves en face d'un animateur." Le flou entoure donc la rentrée scolaire. Avec l'école le mercredi matin, c'est désormais à 15 h 45 que les écoliers seront libérés par leurs enseignants. Les justifications sont les mêmes depuis un an et l'annonce de la réforme : nécessité de recruter 3500 animateurs, problème de locaux et budget colossal estimé à une vingtaine de millions d'euros.

Pour lancer son mandat, Danielle Casanova a tout de même pu présenter quelques avancées. Il y a bien sûr les différentes nouvelles écoles prévues : l'adjointe en promet "quatorze à première vue en trois ans" notamment au Rouet ou à Chanterelle. Mais elle est vite ramenée à la situation de pénurie. Cette année, vingt-cinq classes ne peuvent ouvrir faute de place, en particulier dans le centre-ville, "et l'année dernière, c'était plus", souffle un proche du dossier. Danielle Casanova promet de trouver une solution notamment en transformant des salles d'activités ou de pause pour les enseignants. Selon elle, "tout sera réglé pour la rentrée" mais cela ressemble tout de même à de "la bricole" comme le souffle une maman manifestante du collectif DZ.

Écoles ou Vélodrome : "les choix" de la Ville

Danielle Casanova pourra promouvoir a contrario les 9 millions d'euros supplémentaires débloqués dès la rentrée pour l'opération "coup de pouce", un dispositif d'aide à l'apprentissage d'aide à la lecture et à l'écriture à l'école élémentaire pour des élèves en difficulté. Elle vante aussi, dans un système proche de celui porté par le concurrent socialiste Patrick Mennucci pendant la campagne municipale récente, "la possibilité d'ouvrir la garderie le matin dès 7 h 30 si au moins cinq parents en font la demande et de la garder ouverte jusqu'à 18 heures le soir".

Des mesures concrètes qui ne suffisent pas à contenter les militants du collectif DZ qui rappelle, comme l'ancien ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon que "le budget école de la Ville de  Marseille est équivalent à celui de Toulouse qui a moitié moins d'élèves". Le contexte autour de l'école n'aide pas non plus à les rassurer. Le manque criant de piscines (de la compétence de l'adjoint aux sports) comme les soucis dans les cantines scolaires reviennent comme des ritournelles dans la bouche des habitants. "Je ne peux pas faire un pas dans la rue sans qu'on me parle des piscines", confie ainsi une autre élue.

Alors, face aux manifestants, Danielle Casanova finit par esquisser ses divergences avec les politiques menées : "Vous savez, la politique est une affaire de choix. Si on ne faisait pas des tarifs réduits ou la gratuité pour 21 000 enfants dans les cantines, on pourrait envisager un encadrement plus élevé des enfants. C'est un choix. Quand on fait le choix de faire le stade Vélodrome, on aurait pu là aussi faire un autre choix." L'adjointe au maire arrête là cet exercice où pointait une auto-critique. Elle sait qu'elle aura fort à faire dans ce mandat. Dans la manifestation de l'après-midi, se trouvait Annie Lévy-Mozziconacci, ancienne vice-présidente de la fédération de parents d'élèves FCPE et nouvelle élue socialiste à la mairie. Elle a déjà annoncé la couleur pour les prochains conseils municipaux : "On ne les lâchera pas durant le mandat, sur les piscines, sur les cantines, etc. Pour nous, compte tenu de la gestion des écoles, le maintien de madame Casanova est un signe de mépris." Premier round le 28 avril avec un débat sur les rythmes scolaires.