Problème d'aiguillage politique pour le train de la Côte Bleue

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le 21 Fév 2014
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Problème d'aiguillage politique pour le train de la Côte Bleue
Problème d'aiguillage politique pour le train de la Côte Bleue

Problème d'aiguillage politique pour le train de la Côte Bleue

"Retard 25 mn. Attente personnel", "Retard 20 mn. Pb de gestion trafic", "Train de 12h28 supprimé le 24/02. Attente matériel", "Fin de l’accident, reprise progressive des circulations. Retards de 10 à 90 minutes à prévoir." Ce type de SMS, les usagers de la ligne de la Côte bleue (Marseille-Miramas) ne s’étonnent plus de les recevoir. Avec beaucoup d'ironie, ils déclarent que "les TER en retard, supprimés ou encore qui ne s’arrêtent pas, c’est normal".

À bout de nerf, ils se sont mobilisés mercredi à la gare de l’Estaque. "Notre vie quotidienne est touchée, explique Paul Bichat, un usager. On galère pour aller au travail, certains ont des problèmes avec leurs patrons. On a vraiment l’impression que la SNCF se fout de nous". Elise Buffet qui voyage quotidiennement sur la ligne déplore : "Il y a plus de jours où ça ne va pas que de jours où tout se passe bien. Chaque matin c’est la surprise". Impressions confirmées par les statistiques officielles :

 

 

La situation actuelle est d'autant plus compliquée que la SNCF a mis en place un plan de transport allégé du 10 février au 18 avril. Soixante trains (7% du trafic de la région) ont ainsi été supprimés, dont le 8h44 de l'Estaque, apprécié de nombreux parents, qui avaient le temps avant de partir travailler de déposer leur enfant à l'école.

Cette mesure vise à assurer des horaires fiables, sans retards, ni annulations supplémentaires et devrait permettre d’apporter les réparations nécessaires sur le matériel. En effet, la SNCF n’arrive plus à assurer l’entretien de son parc matériel. L’entretien des trains de la région est assuré à 90% au technicentre de la Blancarde, qui aux dires de tous les acteurs touche ses limites.

Quelle "PrioriT" ?

La SNCF souhaite augmenter les capacités de maintenance en faisant tourner ce centre 100 heures par semaine au lieu de 40. Mais elle s'est heurté à un refus du personnel concerné. Pour les cheminots, la direction, en les mettant en cause, n'assume pas ses responsabilités. Dans La Provence, Gilles Cientar, secrétaire du syndicat CGT des cheminots déclare ainsi : "La SNCF veut embaucher mais des intérimaires ou des CDD, bref elle veut créer un peu plus de précarité. C'est hors de question. La situation est catastrophique du fait que pendant des années, alors que la région demandait un trafic plus intense, la direction n'a rien fait en terme de maintenance."

En 2010 déjà, la SNCF avait lancé le plan "PrioriT" pour faire face à un nombre considérable de retards et d'annulations. Ce plan a entraîné une nette amélioration dès 2011. En 2013, si le taux d'annulation des trains express régionaux n'a pas augmenté, le nombre de retards a rattrapé les chiffres de 2010. La SNCF justifie ces dysfonctionnements par des problèmes de maintenance et les nombreux travaux sur des voies déjà saturées.

 

 

Autre raison avancée par l'entreprise ferroviaire, l'augmentation de l'offre et de la fréquentation des TER. "À une période, ce n’était pas la mode de prendre le train. Différents facteurs ont changé la donne, entre autres la crise économique, l’offre Zou ou l’augmentation du prix du carburant. À la rentrée 2011, le nombre d’usagers TER a explosé. Dans la région on compte 91 000 voyageurs par semaine. Nous avons dû mettre tout notre matériel à disposition. Il y a eu plus de trains en marche, et moins de réparations", explique-t-on à la SNCF.

Une tendance observé sur toute la France, avec des conséquences indirectes en Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Nous louions des trains à d'autre régions, ce qui nous permettait de pallier un manque de matériel, se justifie la SNCF. Cette option est aujourd'hui impossible puisque les régions en question ont besoin de ces trains."

Menace de sanction

Ces soucis de fiabilité enveniment les relations entre l'opérateur ferroviaire et le conseil régional. Depuis la loi de décentralisation de 2002, cette collectivité supervise le service des TER : fréquence des trains, tarif des billets et gares desservies. Il finance aussi la mise en place de nouvelles rames, les travaux de modération des voies ferrées et le réaménagement des gares. Jean-Yves Petit, vice-président chargé des transports assure que "la région a pris ses responsabilités alors que la SNCF n’a pas été assez réactive." De son côté, la SNCF déplore dans un communiqué que la quantité de trains n'a pas évolué ces cinq dernières années, ce qui revient à renvoyer la balle à la région dont c'est la compétence.

Il y a quelques années, vingt-six rames ont été commandées par la région auprès des entreprises Bombardier et Alstom. Les premières livraisons étaient prévues pour l’été 2013. À ce jour, elles ne sont toujours pas arrivées. regrette Jean-Yves Petit pointe cette fois-ci la responsabilité des fabricants : "Ils étaient bien contents quand les régions ont fait une commande groupée, personne ne les a forcés à signer pour une telle échéance", grince-t-il.

Le conflit pourrait prendre une dimension financière : "L’attitude de la SNCF nous donne beaucoup de soucis. Ce ne sont pas les cheminots qui sont en cause mais la façon dont est gérée cette entreprise. Elle nous doit ce que nous payons, ce n’est pas le cas aujourd’hui", a tonné le président du conseil régional Michel Vauzelle, en séance plénière ce vendredi. Certaines régions, comme le Nord-Pas-de-Calais, ont gelé leurs subventions. PACA menace de ne payer qu’au prorata des trains partis à l’heure, selon Europe 1. "Nous ne sommes pas dans une situation de rupture comme dans les autres régions puisqu’il y a des négociations en cours", explique Jean-Yves Petit. Concrètement, la collectivité pourrait décider de sérieuses pénalités ou revoir à la baisse sa contribution pour les TER.

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Commentaires

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  1. GM GM

    Evidemment , si on veut moins de voitures dans le centre ville la seule solution c’est des transports en commun qui marchent!!
    Je sais , je radote ………………

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  2. QUESTION QUESTION

    D’accord, je vais aussi radoter avec GM, des transports en commun qui roulent correctement sont la seule solution pour désengorger les Centres des Villes.. pour les TER en retard, il ne faut pas s’étonner puisque T.E.R. est le sigle des Trains En Retard…

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  3. dib dib

    GM, je radote avec vous, forcé et contraint par près de 40 ans de discours verbeux annonçant lors de chaque campagne électorale qu’on allait voir ce qu’on allait voir : des transports en commun oui, des voitures en villes non… 2014, la région et la SNCF ne sont capables que de se crêper le chignon. dib

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  4. Gilbert SOULET Gilbert SOULET

    Bonjour
    A mon tour, je vous souhaite bonne lecture de Ah, L’Estaque! dont j’ai été le Chef de gare de 1981 à 1985.

    Très cordialement,
    Gilbert SOULET

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  5. Citoyen de l'Estaque Citoyen de l'Estaque

    L’usager contraint par les effets de la crise attend de la SNCF une offre de transport en commun solidaire à la hauteur de ses besoins forcément maitrisés pour ses déplacements pendulaires. Les fondamentaux nommés, cadencement, régularité, fiabilité et service public en général, doivent présider à la solidarité nationale. Aujourd’hui, à la SNCF, le sens de l’adage bien connu de tous s’est inversé car l’on parle désormais des trains qui arrivent à l’heure…Tout fout le camp.

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  6. Jacques D'Andréa Jacques D'Andréa

    J’ai été moi aussi chef de gare à l’Estaque pendant près de 5 ans, comme Gilbert Soulet qui est venu après moi. C’était une époque où nous avons connu des trains supprimés parce que il n’étaient empruntés par les usagers. Les temps ont changés d’après ce que je lis. Mais m

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  7. Charly Charly

    Tout le monde parle de désengorger les ville, tous les trains de Miramas Marseille passent par le ROVE. Il y avait une gare qui a été supprimée, peut-être pas assez utilisée à une certaine période. Mais aujourd’hui Le ROVE compte 5000 habitants et nous devons prendre notre véhicule pour aller à NIOLON ou à l’Estaque pour prendre le train. Je fais un appel aux hommes politiques pour remédier à cette aberration. Merci

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  8. gerard pibouleu gerard pibouleu

    quand je pense qu’il y a30 ans nous étions une centaine d’agent et qu’a l’époque la régularité était prioritaire mais s
    ça c’était avant????

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  9. Trésorier Trésorier

    La métropole aura fort à rattraper après la gestion calamiteuse des EPCI à la con, CG13 et CR PACA. Et après on s’étonne de l’omniprésence de la voiture et des morts dus à la pollution atmosphérique…

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  10. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Un autre train a des difficultés dans la région : celui des Chemins de Fer de Provence, qui relie Nice à Digne. Même s’il n’est pas marseillais, il fait partie des infrastructures (et du patrimoine) régional.

    Une pétition citoyenne est proposée pour le sauver des risques qui pèsent sur lui après l’accident qu’il a subi il y a un mois : la préfecture du 04 semble préférer rétablir la route plutôt que la voie ferrée… Pour signer, c’est ici : http://www.mesopinions.com/petition/autres/sauvons-chemins-fer-provence/11594

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  11. Marius Marius

    Voilà un des exemples des lourds inconvénients de la décentralisation excessive.
    A la place du service public de la SNCF qui jadis faisait l’admiration de toute l’Europe, on a maintenant un monstre à trois têtes : SNCF – RFF – Régions.

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