L'exploitant de l'incinérateur impute son déficit à MPM
L'exploitant de l'incinérateur impute son déficit à MPM
D'habitude c'est le sentier pédagogique pour les scolaires. Mais ce mercredi, c'est la presse qui visite le centre de traitement des déchets de Fos-sur-Mer. Passé le bâtiment où sont stockés les mâchefers, résidus de la combustion, à la sortie de l'incinération et les bassins où transite l'eau de l'usine pour être dépolluée, le parcours est écourté. "Accès interdit", clame un panneau accroché à une grille qui nous barre le passage.
Derrière, se trouve la partie incendiée lors du week-end de la Toussaint. Dans ce bestiaire industriel, "les digesteurs", "les tubes de fermentation" et "la bâche souple" sont intacts (ouf !). Mais les centres de tri primaire et secondaire ne sont plus que des carcasses, comme avait pu le constater Marsactu lors d'un passage autour du site fin novembre. L'odeur de poubelles brûlées a cependant cédé le pas à celle, plus proche de la fosse septique, des eaux d'extinction de l'incendie encore présentes dans les bassins.
Au sol, des ouvriers et des engins s'activent. Une partie des installations touchées par le sinistre n'est plus immobilisée par l'enquête en cours. À côté, depuis l'arrêté préfectoral signé le 22 novembre, Everé a rallumé la machine. Bérenger Saltel-Pongy, responsable communication d'Everé, l'exploitant du site, souligne que "les seuils réglementaires sont respectés, la qualité des fumées est exactement identique à celle mesurée auparavant". Le message est clair : tout est sous contrôle, Everé travaille à revenir à la normale, y compris pour reconstruire le site, comme avant l'incendie.
Ce que Bérenger Saltel-Pongy ne dit pas, c'est que l'Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions, une association basée à Fos, a demandé à plusieurs reprises à pouvoir procéder à des mesures selon ses propres méthodes. Interrogé sur le sujet lors de la conférence de presse qui a précédé la visite, il a botté en touche : "On n'a pas été consulté là-dessus, ce sont les services de l'État qui nous font les demandes".
Les sujets de discussion n'ont pas manqué pour remettre en question la belle façade présentée par Everé. Surtout après la publication la semaine dernière d'un rapport au vitriol signé de la communauté urbaine de Marseille, donneur d'ordre public de l'entreprise.
En résumé, Marseille Provence métropole reproche à son délégataire de n'avoir pas tenu en 2011 et 2012 les objectifs du contrat en terme de recyclage. Elle s'inquiète également de sa situation financière, avec des déficits de plus de 20 millions d'euros par an. Dans ce contexte, la collectivité s'explique mal comment l'entreprise emploie 182 personnes au lieu des 100 prévues. Everé pourra-t-il faire face aux coûts supplémentaires induits par la mise en décharge de 15% des déchets, faute de disposer d'un site à 100% de ses capacités, et aux coûts de reconstruction, estimés à 70 millions d'euros ? Quid aussi de la sécurité du site, dans l'hypothèse où il s'agit d'un incendie volontaire comme le pense Everé ?
De l'autre côté du cercle de tables, la stratégie de défense semble mouvante, à l'image des trois interlocuteurs présents : Bérenger Saltel-Pongy, le communicant, Roberto Rodriguez, le PDG espagnol, et Joël Budanic, le responsables des ressources humaines. Les réponses oscillent entre les rebuffades polies (les surcoûts, "c'est de la responsabilité d'Everé"), les demi-aveux (les chiffres de MPM ne sont pas totalement vrais ou complets) et une ligne plus constante : "La situation financière ne vient pas directement de l'exploitation mais des surcoûts de construction dont la prise en charge a été réclamée à la communauté urbaine." Autrement dit, si MPM se décidait à verser les plus de 150 millions d'euros réclamés, les soucis d'argent ne seraient plus d'actualité. Mais comme elle s'y refuse, il faut attendre l'issue du bras de fer au tribunal administratif.
Si Everé rend responsable MPM de ses déficits et nuance certains chiffres, son patron se refuse à "rentrer dans un combat" au sujet du rapport présenté vendredi aux élus. "C'est notre client et ils représentent tous les Marseillais, on ne va pas chercher à savoir qui dit vrai, qui dit faux", glisse-t-il. En revanche, il tique à l'évocation des comptes prévisionnels 2013, dont sont "client" met en doute "la fiabilité et la sincérité". "Ça, ce n'est pas bien, ce n'est pas vrai. Le budget 2013 correspondait à peu de choses près aux prévisions." On ne le saura probablement jamais, ces prévisions étant parties en fumée en même temps qu'une partie de l'usine.
Commentaires
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…encore une réjouissance de laquelle les voisins de Marseille ont été tenus éloignés….
VIVEMENT LA METROPOLE, que l’on puisse enfin partager ces moments pagnolesques de HONTE qui font la renommée de Mareille à travers le monde(…et puis participer aux travaux du “vélodrome” oh oui, hhuummm…..)
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