L'année capitale sort un bouquet final de son chapeau

L'année capitale sort un bouquet final de son chapeau

On a eu la soirée d'inauguration de l'année capitale par Marseille-Provence 2013, grand rendez-vous populaire où une foule sentimentale de 400 000 Marseillais démontrait son envie de fête. Reporters embarqués pour cette soirée, les Sentimythos de la Savine, demandaient, candides : "Ça sera comme ça tous les soirs ?" Évidemment non. Devions-nous au moins avoir une soirée de clôture pour boucler la boucle ? Nenni. En tout cas pas dans la capitale régionale, où selon Daniel Hermann, adjoint à la culture de la Ville de Marseille, "ce n'était pas prévu. Nous avons considéré que l'année 2013 devait se terminer en douceur, sans manifestation particulière".

Du moins jusqu'à cette fin du mois de novembre où nous avons pu lire dans Ventilo, sans plus d'informations, que le Groupe F préparait une manifestation pour la soirée du 31 décembre, sur le port de Marseille, à 19 h. Il s'agit de l'épisode 8 d'une série démarrée lors du week-end d'inauguration à Arles et passée par le château d'If pour l'épisode 4. Le Groupe F basé au Mas-Thibert mixe images, lumières de feu, pyrotechnie, théâtre à ciel ouvert et intervient dans le monde entier. Le final de MP2013 devait se tenir à Istres, avec l'épisode 7 de ces Révélations, où il est prévu qu'une vague de feu apparaisse sur l'Hôtel de Ville et se propage sur l'Etang de l'olivier. Un événement final qui avait tout lieu de réjouir la municipalité d'Istres qui trouvait là une manière de marquer avec éclat le lancement de son nouvel édifice. Elle pourrait désormais y trouver un nouveau motif de grogne après son refus de remettre au pot pour régler la surchauffe de MP2013 attribuable selon elle à des événements marseillais.

Manque d'élégance

Nicole Joulia, déléguée à la culture pour la municipalité d'Istres, exprime son amertume. "Que Marseille ait son propre feu d'artifice le 31 décembre, cela ne me pose aucun souci, je me réjouis même pour les Marseillais. Ce qui me pose problème, c'est la façon dont les choses se sont passées. Nous avons appris l'existence d'un épisode supplémentaire, sans concertation préalable, en plein conseil d'administration [de MP2013]. La deuxième chose que je ne trouve pas très élégante, c'est que l'événement soit programmé à une heure seulement d'intervalle avec celui d'Istres. Il y aurait pu avoir un décalage symbolique à Marseille, vers minuit. Mais du coup, nous serons exigeants, la qualité devra être irréprochable à Istres !"

Il est vrai que l'épisode 7 des Révélations prévu à 18 h à l'étang de l'Olivier sera presque immédiatement suivi de l'épisode 8, planifié pour 19 h 15 à Marseille, laissant planer un risque de télescopage. Mais, selon l'élue, le Groupe F s'est montré rassurant, affirmant que l'équipe artistique resterait comme prévu à Istres et que des intermittents renforceraient l'équipe à Marseille. Le directeur artistique Christophe Bertheneau devrait circuler entre les deux sites. "C'est vrai qu'au départ on avait proposé un événement de clôture plutôt un autre jour, nous pensions au 13 décembre. Mais avec les délais de préparation, cela est apparu compliqué. Nous nous sommes entendus sur le 31 décembre", justifie Jean-François Chougnet, le directeur de l'association Marseille-Provence 2013. Une conférence de presse se prépare pour les prochains jours, histoire d'éclaircir les dernières zones d'ombre.

"Une version apéro"

Dans tous les cas, la soirée de clôture marseillaise ne devrait pas creuser le déficit de MP2013 car il s'agit en partie d'une initiative de la Ville. D'après Daniel Hermann, "le sénateur maire Jean-Claude Gaudin a annoncé qu'il offrait cette soirée aux Marseillais". Selon Jean-François Chougnet, "la Ville apporte le financement et un mécénat est en train de se dessiner avec les Terrasses du Port. Sans cette aide nous n'aurions pas pu ajouter cet événement… L'association, elle, apporte la technique et l'industrie."

Et si l'on peut s'inquiéter que la fin du spectacle programmée avant 20 h génère quelques frustrations, le directeur réplique : "Une partie "jets d'eau" devrait durer plus longtemps, mais de toute façon on a voulu organiser une version apéro. En fin de soirée, cela risque d'être compliqué d'assurer la présence des marins pompiers et des forces de l'ordre. Et puis le soir du réveillon, en général, les gens vont faire leur propre fête".

Quoi qu'il en soit, à l'approche des municipales, ces vexations autour de la capitale culturelle semblent préfigurer les futures querelles métropolitaines. "Autour de la table, lorsqu'on a appris la nouvelle, raconte Nicole Joulia, certains se sont exclamés "eh bien voilà !". C'est là un exemple de ce qu'il ne faudrait pas faire avec la métropole".