Je prends mes cours du soir à l'UMP

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le 3 Nov 2013
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Je prends mes cours du soir à l'UMP
Je prends mes cours du soir à l'UMP

Je prends mes cours du soir à l'UMP

La révolution, oui, mais la révolution civique. Quand l'UMP emprunte un vocable à la gauche, elle y ajoute sa touche. Après avoir fêté le "vrai travail" le 1er mai en pleine campagne présidentielle, la droite initie ce qu'elle présente comme un grand mouvement de société à base de services rendus à ses concitoyens, du soutien scolaire à l'assistance psychologique et juridique dans les cas de violences faites aux femmes. Avec cet embryon d'association Léo-Lagrange de droite, depuis six mois, la fédération UMP découvre quelques poignées de nouveaux venus. Plongée au coeur de la révolution.

Quand on lui parle de politique et surtout de l'UMP, Yassine hésite. Installé dans la salle principale de la permanence de la fédération UMP rue Sainte-Cécile (5e), on lui demande ce qui s'y déroule en général. "Il y a des réunions ici et il y a le président Nicolas Sarkozy. Après, je sais plus trop". Qui d'autre ? "François Hollande". Raté. Mais on pardonne vite au jeune homme, les sensibilités des hommes politiques du pays ne font pas vraiment partie du programme… de CE2 à l'école élémentaire Freissinet.

Hello Goodbye

Non, si du haut de ses huit ans, Yassine se creuse la tête à la fédé, c'est plutôt pour répondre en anglais aux questions de Dalida Benchalal. Diplômée en langues étrangères appliquées, cette militante UMP assure deux fois par semaine des cours "tout en anglais" au sein des locaux de son parti après avoir fait de même "dans des écoles et au Secours populaire". Ce soutien scolaire fait partie des mesures prônées par la révolution civique.

Pas de bachotage, juste "une aide aux devoirs pour qu'ils se concentrent", assure Dalida Benchalal. Ce soir-là, pour Yassine et son frère aîné Mohammed, ce sera les Beatles et leur Hello Goodbye dont les paroles paraissent tout droit sorties d'un livret pédagogique pour professeurs des écoles en manque d'inspiration. Entre deux bouts de phrase, on se permet d'interrompre – en français – les élèves du soir. Yassine dit qu'il trouve ça "bien d'être aidé" pour les devoir avant de jeter un regard vers son papa.

Salah Bey veille sur ses deux minots depuis plus d'une heure. Il est "obligé d'être là" mais "ça [lui] va bien". Philippe Memoli, responsable du projet, détaille la philosophie de cet accueil. "D'abord, je reçois les parents et les enfants. Je regarde s'ils ont vraiment envie, s'ils écoutent, s'ils sont polis. Parce qu'ici, nous, on le dit tout de suite, c'est pas une garderie ! Parfois, les parents viennent et me disent « je vais faire une course », ça ne marche pas comme ça."

Philippe Memoli est un militant RPR puis UMP de longue date. Ancien chauffeur d'élus, il travaille aujourd'hui à l'AP-HM. Vice-président national des Jeunes actifs de l'UMP, il revendique la paternité du projet, initié un an après les échecs à la présidentielle et aux législatives. "Il nous faut montrer que la politique peut être utile au quotidien, que les gens se rendent compte que l'UMP, ce n'est pas que des élus, pas que des costards-cravates mais aussi des gens comme nous", plaide-t-il.

Une permanence pour les femmes victimes de violence

Outre l'aide aux devoirs, dans un petit bureau à l'étage, les militants UMP nous présentent une petite dizaine de personnes qui aident ou ont été accompagnées par la révolution civique. On y évoque pêle-mêle la création d'entreprise, les violences faites aux femmes, l'assistance à la recherche d'emplois ou de logement, etc. Les thèmes se développent selon les bonnes volontés des uns et des autres. Le bouche-à-oreille et les relais sur les réseaux sociaux doivent permettre de se faire connaître.

Responsable d'une maison de quartier dans le 5e arrondissement, Wahida Ben Mrad accueille et soutient les femmes victimes de violences. "Je les écoute et je les comprends, ayant moi-même été victime. De mon propre chef, j'ai suivi une formation gratuite organisée par la Ville avec un juge aux affaires familiales. J'oriente ces femmes vers des structures existantes, je leur explique ce qu'elles peuvent faire pour s'en sortir", explique-t-elle.

Encartés ou pas, de droite ou pas, tout le monde est accueilli, assure Memoli qui émet tout de même une réserve : "Je m'assure que les gens ne viennent pas pour trouver Pôle emploi ou Century 21. Si ce ne sont pas des assistés, à ce moment-là, on les oriente et on les aide".

Certains thèmes traités, comme l'aide dans la recherche de logement et de places en crèche, se rapprochent plus de l'action municipale. La révolution civique résiste-t-elle alors au clientélisme ? Philippe Memoli assure que c'est tout le contraire : "Je ne vais pas demander une place en crèche à Bruno Gilles ou un logement à Patrick Padovani". Militant dans le 4/5, Memoli est pourtant un homme de terrain et de confiance du premier, maire du secteur… Où est aussi élu le second, président de l'office HLM de la Ville.

Un stage, un emploi

Le cas de Marie Settouti, que nous présente Philippe Memoli, est en ce sens éclairant. Elle aussi a poussé la porte de l'UMP "parce que Philippe est un ami de [son] ex-ami". "Je cherchais un stage dans le culturel, explique-t-elle. Je me suis dit qu'avec 2013, il y avait des possibilités à la Ville de Marseille". "Elle est venue et je lui ai donné l'adresse où écrire, au 90 boulevard des Dames. C'est un gain de temps pour elle, pas un passe-droit", répond Memoli. La jeune femme obtient un stage à l'accueil de l'exposition du Grand atelier du midi au palais Longchamp. "J'ai vu des Van Gogh, des Picasso", s'émerveille-t-elle. Elle espère poursuivre dans le domaine culturel à la Ville. "Mais j'ai reçu un courrier de madame Pustorino [conseillère municipale, élue du secteur, ndlr] pour me dire qu'il fallait attendre et qu'elle me dirait quand un poste se libèrerait. Vous voyez bien que ce n'est pas du clientélisme. Sinon, j'aurais eu un emploi", conclut-elle.

Croisée dans les couloirs de la fédération, Marine Pustorino confirme l'histoire et ajoute : "Nous, on a toujours fonctionné comme ça, bien avant la révolution civique !" Philippe Memoli l'assure, cela ne fait pas plus d'adhérents pour les actions militantes mais il concède : "On fait ça sans rien attendre en retour. Mais je ne vais pas vous mentir. Bien sûr que, quand arriveront les élections, je vais leur passer un coup de téléphone pour leur dire d'aller voter. « Votez bien, votez malin ! »" Pour Yassine et Mohamed, ce sera un peu tôt pour les municipales de 2014. "Peut-être que dans vingt ans, ces enfants qui viennent seront députés", s'enthousiasme Memoli. Mohamed lui est déjà délégué de sa classe de sixième. Sa prof du soir ajoute : "Élu au suffrage universel".

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Une véritable œuvre de charité ! La chapelle Union Mamour et Paix !!!

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  2. Karim Karim

    l’UMP tente-t-elle de se rattraper après la remarque de P. Mennucci ?

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  3. kerozene kerozene

    Du concret, de l’utile.le genre d’initiatives qui fait progresser l’humanitu et reculer le fn.

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  4. kerozene kerozene

    Du concret,de l’utile…qui fait progresser notre humanite et reculer le front national

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  5. Anonyme Anonyme

    Ouaouh, du pur clientélisme, qui se base sur l’absence de services publics à la hauteur…
    Les militants de l’UMP pallient ainsi opportunément l’absence d’implication de leurs élus dans la vie de la cité, bravo!
    et bien sûr, “On fait ça sans rien attendre en retour”, c’est ça!
    Enfin, comme ça au moins je sais enfin où aller pour pouvoir demander directement à Bruno Gilles de faire quelque chose pour l’école et le péri-scolaire de mon enfant, qui est bien délaissée par la mairie du 4/5.
    C’est vraiment super, la démocratie sauce UMP: l’addition du clientélisme de Guérini et de la “démocratie participative” de Ségolène Royal, à la sauce marseillaise! Manque plus que FO!

    Enfin, vaut mieux encore embrigader les gosses là-dedans que leur apprendre à balancer des insultes racistes à une ministre de la République.

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  6. Anonyme Anonyme

    il font garderie aussi ? ça m’intéresse vu le niveau de l’accueil collectif proposé par le maire UMP de cette ville

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  7. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Toutes ces “activités” charitables ne sont certainement pas dénuées d’arrière pensées électoralistes à quelques mois des élections municipales.
    Grâce à cet assistanat qui vient combler des manques l’UMP peut se faire des obligés ou des électeurs à peu de frais.
    Une autre forme de clientélisme certaine mais bon, moins agressive que celle de MENNUCCI et sa suppléante!

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  8. Anonyme Anonyme

    IL faudrait surtout que l’ump commence à apprendre à lire et à écrire à ses élus et responsables locaux après ils joueront aux professeurs

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  9. Anonyme Anonyme

    Merveilleux, le premier parti politique qui se noie tout seul et feint l’auto-sauvetage ! On aura tout vu ! Merci pour les centres commerciaux…

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